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L'enfance et la famille autochtones

Childhood and the native family

Revue « Enfances Familles Générations », printemps 2016

Enfances Familles Générations journal, spring 2016

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Publié le jeudi 13 novembre 2014

Résumé

Les enfants et la famille constituent un enjeu central pour les sociétés autochtones. Ce numéro de la revue Enfances Familles Générations entend contribuer à une réflexion de fond sur l'enfance et la famille autochtones en abordant les sujets suivants : l’identité, la langue, la culture et le territoire chez les jeunes autochtones ; les rapports intergénérationnels au sein des communautés et la transmission du savoir et des valeurs autochtones entre grands-parents et petits-enfants ; le métissage culturel chez les jeunes autochtones, notamment en ce qui a trait à l’utilisation de formes récentes d’art (hip-hop, rap, vidéo) ; les politiques des gouvernements autochtones et non autochtones au sujet de l’enfance et de la famille.

Annonce

Argumentaire

Plus encore que pour les sociétés occidentales, les enfants et la famille constituent un enjeu de taille pour les sociétés autochtones. Au Canada, les enfants autochtones ont été au cœur du projet d’assimilation mis en œuvre au moyen des tristement célèbres pensionnats, qui font actuellement l’objet des travaux de la Commission vérité et réconciliation. La « rafle des années 1960 » a eu pour effet de retirer de nombreux enfants autochtones de leur famille et de les confier en adoption à des familles non autochtones. Des politiques semblables ont été appliquées dans d’autres pays où les peuples autochtones ont fait face à la colonisation. Dans tous les cas, ces politiques ont eu des effets dévastateurs sur les enfants et les familles autochtones, notamment en brisant les liens entre les différentes générations au sein des communautés. Pourtant, l’enfance autochtone est porteuse d’espoir : qui représente mieux le renouvellement de la vie que les enfants ? Cependant, la réalisation de ce potentiel dépend non seulement des transformations sociales en cours au sein des communautés autochtones et de l’atteinte de l’autonomie gouvernementale, mais aussi de l’évolution de politiques étatiques relatives à l’enfance autochtone, notamment dans les domaines de l’éducation, de la protection de la jeunesse et de la justice pénale.

Les jeunes autochtones sont au cœur des transformations sociales qui affectent leurs communautés. Pour eux, la culture autochtone et la culture occidentale constituent deux pôles d’attraction avec lesquels ils doivent composer. La question se pose d’abord en termes linguistiques : de nombreux jeunes autochtones ne maîtrisent pas la langue de leur peuple, ce qui rend d’autant plus difficile l’accès à leur culture. La pratique des activités traditionnelles sur le territoire occupe aussi une place réduite dans la vie de nombreux jeunes. Cette dynamique rend plus difficile la transmission de la culture entre grands-parents et petits-enfants ; ceux-ci doivent concilier une volonté d’affirmer leur identité autochtone et d’assumer la culture transmise par les générations précédentes avec leur participation à la modernité. Au-delà des défis reliés à la transmission de la culture, les enfants autochtones sont confrontés à un malaise identitaire qui découle de la dévalorisation de la culture autochtone. Or, des pratiques récentes visent à revaloriser la culture autochtone chez les jeunes et à combattre ce malaise.

Les réalités politiques actuelles font que les enfants autochtones sont aussi assujettis à divers systèmes étatiques, notamment le système d’éducation, le système de protection de la jeunesse et le système de justice pénale pour adolescents. Même si l’assimilation a été officiellement désavouée comme objectif de ces systèmes, il n’en reste pas moins que ceux-ci demeurent principalement définis par la société non autochtone et qu’ils ont souvent pour effet d’évacuer la culture autochtone et d’imposer des pratiques ou des valeurs issues de la société non autochtone. Par exemple, la surreprésentation des autochtones à toutes les étapes du système de protection de la jeunesse est un phénomène bien connu, et plusieurs communautés autochtones ont entrepris des démarches afin de reprendre le contrôle de ce système, en partie ou en totalité. De la même manière, la prise en charge d’un enfant autochtone par le système de justice pénale peut signifier son éloignement de la communauté et un séjour prolongé dans une institution qui ne reflète aucunement sa culture. Bref, l’analyse des répercussions des systèmes étatiques sur les peuples autochtones et l’étude des initiatives autochtones afin d’établir des régimes parallèles constituent des enjeux cruciaux de la recherche sur l’enfance et la famille autochtones.

Cependant, les politiques relatives à l’enfance et à la famille autochtones doivent tenir compte de la spécificité du concept même de famille au sein des sociétés autochtones. Chaque peuple autochtone possède ses spécificités à cet égard, notamment quant à son système de parenté. L’importance de la famille élargie est néanmoins commune à la plupart des peuples autochtones. De plus, les principes de la filiation diffèrent de ceux que connaissent les sociétés occidentales et comprennent diverses formes d’adoption ou de circulation des enfants. Or, l’adoption dite « coutumière » n’est pas toujours reconnue par les instances de l’État, notamment au Québec, où cette forme d’adoption est souvent considérée comme contraire au Code civil et où l’on attend encore l’adoption d’une loi encadrant sa reconnaissance officielle. Ainsi, une adoption coutumière peut être considérée comme une forme d’abandon par les autorités de protection de la jeunesse, alors qu’il s’agit d’une manière culturellement appropriée d’assurer le développement d’un enfant au sein des sociétés autochtones.

Ces questions se posent avec encore plus d’acuité lorsqu’une famille est composée d’un parent autochtone et d’un parent non autochtone. Dans ce cas, l’enfant peut véritablement appartenir aux deux cultures, et un conflit familial risque de se traduire par un conflit culturel. Par exemple, en cas de divorce, le maintien des liens de l’enfant avec sa famille élargie, sa communauté d’origine et sa culture autochtone est un enjeu dont l’importance n’est pas toujours reconnue.

Axes thématiques

En vue de la publication de ce numéro spécial, la revue Enfances Familles Générations invite les chercheurs universitaires et les praticiens à soumettre des textes portant notamment sur les sujets suivants :

  • Les effets intergénérationnels des pensionnats ;
  • L’identité, la langue, la culture et le territoire chez les jeunes autochtones ;
  • Les rapports intergénérationnels au sein des communautés et la transmission du savoir et des valeurs autochtones entre grands-parents et petits-enfants, notamment dans un contexte de perte de la langue autochtone ;
  • Le métissage culturel chez les jeunes autochtones, notamment en ce qui a trait à l’utilisation de formes récentes d’art (hip-hop, rap, vidéo) pour exprimer l’identité autochtone ;
  • Les répercussions des systèmes de protection de la jeunesse sur les enfants et les familles autochtones, notamment l’adoption d’enfants autochtones par des non-autochtones ;
  • Les répercussions du système de justice pénale sur les enfants et les familles autochtones ;
  • Les politiques des gouvernements autochtones et non autochtones au sujet de l’enfance et de la famille ;
  • L’adoption coutumière et sa reconnaissance par les organes de l’État ;
  • La démographie des communautés autochtones et les questions relatives au statut d’Indien ou de membre d’une Première nation ou aux autres formes de citoyenneté autochtone ;
  • L’application du droit de la famille au sein des communautés autochtones, notamment les questions de garde d’enfant ou de patrimoine familial ;
  • L’enfance et la famille autochtones en contexte urbain.

Modalités de soumission

Le résumé de la proposition doit être soumis sur le site de la revue

avant le 19 janvier 2015.

Pour ce faire, vous devez créer un compte d’usager en tant qu’auteur, en cliquant sur l’onglet « s’inscrire » ou, si vous possédez déjà un compte, sur l’onglet « se connecter ».

Votre soumission doit comprendre un titre provisoire, un résumé (1500 à 2000 caractères, espaces compris) ainsi que les coordonnées de tous les auteurs.

Les manuscrits complets des propositions retenues par les rédacteurs invités devront être soumis en ligne avant le 15 juin 2015.

Les articles soivent compter de 50 000 à 60 000 caractères, espaces compris, excluant le résumé et la bibliographie.

Les auteurs sont priés de se conformer aux règles d’édition de la revue : http://www.efg.inrs.ca/index.php/EFG/about/submissions#authorGuidelines

Parution prévue au printemps 2016.

Conditions d'évaluation

Tous les manuscrits sont acceptés ou refusés sur la recommandation de la direction et des responsables du numéro thématique après avoir été évalués à l'aveugle par deux ou trois lecteurs externes.

Coordinateurs scientifiques

  • Christiane Guay, Université du Québec en Outaouais (Canada)
  • Sébastien Grammond, Université d’Ottawa (Canada)

Dates

  • lundi 19 janvier 2015

Mots-clés

  • autochtonie, premières nations, famille, enfance, adolescence, métissage culturel, transmission culturelle, politique familiale, droit de la famille

Contacts

  • Delphine Lobet
    courriel : efg [at] ucs [dot] inrs [dot] ca

Source de l'information

  • Delphine Lobet
    courriel : efg [at] ucs [dot] inrs [dot] ca

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« L'enfance et la famille autochtones », Appel à contribution, Calenda, Publié le jeudi 13 novembre 2014, https://doi.org/10.58079/ra8

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