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Publié le lundi 18 mai 2015

Résumé

Par l’interdisciplinarité de sa pensée, sa dimension internationale et l’actualité de ses idées, mais aussi par la méconnaissance de son travail en France, Espaces et Sociétés consacre son prochain dossier auteur à Patrick Geddes, pionnier de l’urbanisme moderne et des méthodes interdisciplinaires, précurseur de l’environnementalisme. En effet, la question environnementale n’a pas émergé d’un coup en urbanisme, elle remonte au XIXe siècle et au tournant du XXe avec des auteurs tels que lui. Son choix s’est imposé par l’interdisciplinarité de sa pensée, sa dimension internationale et l’actualité de ses idées, mais aussi par la méconnaissance de son travail en France : il faudra, en effet, attendre 1994 pour avoir une première traduction de son ouvrage, Cities in Evolution (1915). C’est également cet oubli, cette mise à l’écart, que ce numéro voudrait comprendre et combler, en appelant à une relecture critique de son œuvre.

Annonce

Argumentaire

 Après Raymond Ledrut (n° 57-58, 1989), Henri Lefebvre (n° 76, 1994), Paul-Henry Chombart de Lauwe (n° 103, 2000), Espaces et Sociétés consacre son prochain dossier auteur à Patrick Geddes (1854-1932), pionnier de l’urbanisme moderne et des méthodes interdisciplinaires, précurseur de l’environnementalisme. En effet, la question environnementale n’a pas émergé d’un coup en urbanisme, elle remonte au XIXe siècle et au tournant du XXe avec des auteurs tels que lui. Son choix s’est imposé par l’interdisciplinarité de sa pensée, sa dimension internationale et l’actualité de ses idées, mais aussi par la méconnaissance de son travail en France : il faudra, en effet, attendre 1994 pour avoir une première traduction de son ouvrage, Cities in Evolution (1915). C’est également cet oubli, cette mise à l’écart, que ce numéro voudrait comprendre et combler, en appelant à une relecture critique de son œuvre.

Geddes influença le mouvement environnementaliste états-unien à travers son disciple Lewis Mumford (1895-1990) ou le paysagiste Ian McHarg (1920-2001). Ses idées ont été récemment reprises en Italie par l’école territorialiste d’Alberto Magnaghi (2000, 2014). En dehors des multiples rééditions anglaises, il a été traduit en espagnol (1934, 1960, 2009), italien (1970), portugais (1994) et a été reconnu pour son apport à l’économie écologique (Martínez Alier, 1995). Par contre, en France, il est resté dans l’ombre. Si quelques urbanistes de la SFU (Marcel Poëte, Gaston Bardet, Robert Auzelle) se sont réclamés de lui, le groupe Team Ten lui a consacré un numéro de sa revue Le Carré bleu (1993) et Françoise Choay lui a fait une place dans son anthologie de l’urbanisme (1965), il n'a pas été aussi reconnu que dans les autres pays. Récemment, Dominique Bourg et Augustin Fragnière l’ont inséré dans une anthologie de la pensée écologique (2014).

1. Biologiste et botaniste, Geddes s’est fait sociologue urbain et urbaniste. Il inventa le «survey before plan», principe fondateur de la planification urbaine et régionale moderne. Interdisciplinarité, dépassement de la distinction sciences sociales et sciences naturelles, approche holistique par un rapport homme/environnement (Kalaora et Vlassapoulos, 2013) distinguent sa recherche. Mais le dépassement de cette opposition, comme la mise en relation théorie/pratique par le simple recours à l’intuition (Bergson), ou sa vision vitaliste de la ville, soulèvent des questions. Revisiter Geddes invite aussi à interroger plus largement l’urbanisme, sa construction inter(trans)disciplinaire, ses échelles d’action, sa perspective holistique, sa relation théorie/pratique. 

À partir des travaux et de la démarche de Geddes, que peut-on induire sur les enjeux épistémologiques de l’urbanisme et sa construction interdisciplinaire ? Quel regard critique porté sur la discipline à partir de sa démarche ? Comment penser le rapport théorie/pratique, l’articulation savoir/action dans l’aménagement ? Quelles sont les conditions d’une (re)formulation interdisciplinaire, d’une prise en compte de l’environnement, plus particulièrement dans l’urbanisme durable en gestation ?

2. On doit à Geddes les concepts de « conservative surgery », « regional survey », « regionalism », « conurbation », « bioregion », « biotechnique »« paleotechnique », « neotechnique », « valley section », « web of Life »... On a parlé de son impact sur les théories et les pratiques urbanistiques et paysagistes actuelles, sur l’urbanisme durable en élaboration (Espaces et Sociétés, n° 147, 2011), sur le questionnement, en général, des rapports entre aménagement et environnement.

Peut-on reconnaître des généalogies, des parcours d’idées, circulations de concepts geddesiens de son époque à nos jours ? Un regard critique et archéologique sur les idées et réflexions actuelles à partir de Geddes serait bienvenu. Cette multiplication des interprétations, récupérations, filiations relèvent-elles d’une volonté de revisiter de façon critique et réflexive ses travaux ou de fabriquer une légitimation pour certaines pensées et pratiques urbanistiques actuelles (Chabard, 2005) ? Les approches historiques et critiques de la réception, diffusion, réélaboration de l’œuvre et de la pensée de Geddes, par tel ou tel milieu intellectuel ou professionnel, dans différents contextes nationaux, et dans une perspective comparative, intéressent également ce dossier.

3. Éducateur et pédagogue, Geddes voulait également éveiller et élever la conscience civique des citoyens, condition indispensable, à ses yeux, à une bonne gestion urbaine. La production, transmission et démocratisation des connaissances sur la ville et l’urbanisme fut, pour lui, un enjeu essentiel : il inventa à cette fin le néologisme anglais « Civics » et créa à Edimbourg l’Outlook Tower. Pierre Clavel (1971) a vu dans Geddes un sociologue impliqué dans la cité, précurseur des approches de la participation. Aujourd’hui, au moment où l’on parle de « savoir habitant », de « savoir citoyen », où « empowerment » est devenu un mot d’ordre répandu, il serait intéressant de resituer cette question dans une perspective historique et d’interroger l’évolution de ses formulations théoriques.

Quel lien entre les théories actuelles de la participation et les idées de Geddes ? Revenir à son œuvre, à partir de cette problématique, permet-il de mieux valoriser les enjeux et défis actuels de la démocratie locale et de la participation en urbanisme, mais aussi de la pratique des urbanistes ? Les objectifs pédagogiques, pour renforcer la citoyenneté et la « capabilité » des habitants (Amartya Sen) et pour questionner le savoir-faire des urbanistes, sont-ils toujours d’actualité ? Quel enseignement, quelle suite tirer de ses propositions et actions dans ce domaine ? Quelle validité, quelle portée de ses idées sur ces problématiques ?

Les contributions attendues pourraient porter sur ces trois points, séparément ou en les croisant, mais pas exclusivement, d’autres approches et d’autres apports de/sur son œuvre sont possibles.

Calendrier

  • 30 juin 2015 : date limite de remise des articles

  • 27 juillet 2015 : information des auteurs

 Adresse pour la correspondance

exclusivement en version électronique par courriel aux trois adresses suivantes :

  • mariacr@arq.uva.es
  • alblevy@club-internet.fr
  • adebiase@paris-lavillette.archi.fr 

Les auteurs qui s’interrogent sur la pertinence de leur proposition peuvent contacter les coordinateurs

Attention :

  •  La revue ne demande pas de propositions d’articles, mais directement les articles,
  •  Les articles ne dépassent pas 42 000 signes (espaces compris) en incluant : texte, notes, références bibliographiques, annexes, mais hors résumés.
  •  Les conseils aux auteurs figurent dans chaque numéro.
  •  Les normes de présentation et les conseils aux auteurs sont disponibles sur le site de la revue : http://www.espacesetsocietes.msh-paris.fr/conseils.html
  •  La revue rappelle que tout auteur peut lui adresser, à tout moment, un article en hors dossier, si celui-ci concerne le rapport espaces, territoires et populations au sens large et s’il respecte les normes de publication ; en cas d’acceptation, ces articles sont publiés rapidement.

Coordination du dossier

María Castrillo Romón, Albert Lévy et Alessia de Biase

Comité de rédaction

  • Jean-Yves Authier,
  • Christian Azaïs,
  • Bernard Barraqué,
  • Fatiha Belmessous,
  • Catherine Bidou-Zachariasen,
  • Maurice Blanc,
  • Florence Bouillon,
  • Alain Bourdin,
  • Olivier Chadoin,
  • Anne Clerval,
  • Jérôme Dubois,
  • Joëlle Jacquin,
  • Leïla Kebir
  • Albert Lévy,
  • Jérôme Monnet,
  • Stéphane Nahrath,
  • Jean Remy,
  • Thomas Sauvadet,
  • Stéphanie Vermeersch

Comité de lecture international

  • Lauren Andres (Birmingham, Grande-Bretagne),
  • Maria Encarnação Beltrão Sposito (São Paulo, Brésil),
  • José Virgílio Borges Pereira (Porto, Portugal),
  • Julie-Anne Boudreau (Montréal, Québec),
  • Philippe Bourgois (Philadelphie, États-Unis),
  • María A. Castrillo Romón (Valladolid, Espagne),
  • Angela Giglia (Mexico, Mexique),
  • Abdou Salam Fall (Dakar, Sénégal),
  • Güzin Kaya (Istanbul, Turquie),
  • Marc Levine (Milwaukee, États Unis),
  • Beatriz Nates Cruz (Manizales, Colombie),
  • Janice Elaine Perlman (New-York, États Unis),
  • Caecilia Pieri (Beyrouth, Liban),
  • Rainer Neef (Göttingen, Allemagne),
  • Robert Shields (Alberta, Canada),
  • Panayotis Tournikiotis (Athènes, Grêce).

Références bibliographiques

  • BOURG, D. ; FRAGNIÈRE, A. (sous la dir. de) 2014. La pensée écologique, une anthologie. Paris, PUF.
  • CHABARD, P. 2005. « Comment un livre change : Cities in Evolution et les usages de Patrick Geddes (1912-1972) », Genèses, 2005/3 (n°. 60), p. 76-97.
  • CHOAY, F. 1965. L'urbanisme, utopies et réalités : une anthologie, Paris, Éditions du Seuil.
  • CLAVEL, P. 1971. « Introduction to the Torchbook Edition », dans GEDDES P. [1915]. Cities in Evolution, an Introduction to the Town Planning Movement and to the Study of Civics. Londres, Harper Torchbooks - New York, Dover, p. vii-xxiii.
  • GEDDES, P. 1915. Cities in Evolution: An introduction to the Town Planning Movement and to the Study of Civics. London, Williams & Norgate (édition française : L’évolution des villes, une introduction au movement de l’urbanisme et à l’étude de l’instruction civique, Paris, Temenos, 1994, épuisée).
  • KALAORA B. ; VLASSAPOULOS, Ch. 2013. Pour une sociologie de l'environnement : environnement, société et politique, Seyssel,  Éditions Champ Vallon.
  • Le Carré bleu, Revue Internationale d’Architecture, 1993. nº 2 « L'actualité de Patrick Geddes. Biologiste, éducateur, urbaniste ».
  • MAGNAGHI, A. 2000. Il progetto locale. Torino: Bollati Boringhieri (édition française : Liège, Mardaga, 2003).
  • MAGNAGHI, A. 2014. La Biorégion urbaine, Petit traité sur le territoire bien commun. Paris, Eterotopia/ Rhizome.
  • MARTINEZ ALIER, J. (sous la dir. de). 1995. Geddes, P.; Podolinsky, S.A.; Soddy, F. Los principios de la economía ecológica. Madrid, Argentaria-Visor. 

Lieux

  • Paris, France (75)

Dates

  • mardi 30 juin 2015

Mots-clés

  • Patrick Geddes, histoire de l’urbanisme, histoire de l’environnementalisme, épistémologie de l’urbanisme, participation

Contacts

  • Joëlle Jacquin
    courriel : Espacesetsocietes [at] msh-paris [dot] fr

URLS de référence

Source de l'information

  • Joëlle Jacquin
    courriel : Espacesetsocietes [at] msh-paris [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Revisiter Patrick Geddes », Appel à contribution, Calenda, Publié le lundi 18 mai 2015, https://doi.org/10.58079/rg9

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