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Étrangers et voyageurs

Strangers and Pilgrims

Déplacements et métamorphoses spatiales du religieux dans les mondes anglophones

Displacements and spatial transformations of religion in the English-speaking world

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Publié le mardi 28 avril 2015

Résumé

L’expérience du déplacement, de l’arrachement au lieu familier et de la translation en territoire étranger est inscrite en profondeur dans le parcours historique et spirituel des monothéismes, pour ne mentionner que ces traditions religieuses. La Réforme, puis la projection coloniale et la mondialisation ont considérablement amplifié les mouvements de translation et de transplantation qui ont en retour profondément modifié la géographie religieuse des mondes anglophones. Le colloque vise à explorer dans leurs différentes dimensions les métamorphoses spatiales du religieux à la lumière de l’expérience des diasporas, des minorités religieuses issues de l’exil ou des migrations ainsi que des marchands, colons, missionnaires, voyageurs ou soldats.

Annonce

Argumentaire

Méditant sur le parcours du peuple juif dans L’Esprit du christianisme et son destin, le jeune Hegel insistait sur l’arrachement à la terre natale et au sol sacré des ancêtres comme le geste premier de l’invention monothéiste : ce « déchirement de la vie » plaçait le fidèle en position d’étranger non seulement vis-à-vis des siens et de la nature entière, mais également à terme à l’égard de sa propre existence terrestre, désormais conduite sous le signe inconfortable – à la fois désespérant  et exaltant – de l’errance et de la tribulation.

L’Épître aux Hébreux invite les chrétiens à se déclarer, à la suite des patriarches, « étrangers et voyageurs sur la terre » (Heb. 11,13) et fait du ciel leur patrie véritable. Les termes grecs (xenoi kai parepidēmoi epi tēs gēs) sont néanmoins susceptibles d’une interprétation plus littérale, en résonance avec l’histoire du christianisme des premiers temps jusqu’à nos jours, comme avec celle du judaïsme. Le renoncement au lieu d’origine et l’acceptation de la condition au moins temporaire d’étranger, voire d’apatride, répondent à une nécessité spirituelle, de manière transparente dans les cas du prosélyte et du missionnaire, de manière plus ambiguë dans celui de l’exilé ; dans les deux cas cependant, la réponse de la foi à l’appel divin doit se manifester dans l’épreuve de la délocalisation, qu’elle soit choisie ou subie. L’expérience du déplacement, de l’arrachement au lieu familier et de la translation en territoire étranger est ainsi inscrite en profondeur dans le parcours historique et spirituel des monothéismes, pour ne mentionner que ces traditions religieuses marquées – même si c’est de manière ambiguë – par un projet universaliste de transcendance des frontières.

La Réforme, puis la projection coloniale et la mondialisation ont considérablement amplifié les mouvements de translation et de transplantation qui ont en retour profondément modifié la géographie religieuse des mondes anglophones. La visée du colloque est d’explorer dans leurs différentes dimensions les métamorphoses spatiales du religieux à la lumière de l’expérience des diasporas, de celle des minorités religieuses issues de l’exil ou des migrations, mais aussi de celle des voyageurs, des missionnaires, des marchands, des colons, des soldats, etc. Dans quelle mesure la mobilité et la circulation affectent-elles la vie religieuse, et réciproquement comment la religion dans ses différentes dimensions est-elle susceptible de transformer subjectivement et objectivement l’espace à l’occasion de ces déplacements ?

Le comité scientifique sera réceptif à toute proposition sur le thème se rapportant aux mondes anglophones sans limitation de période ni d’aire géographique – y compris en dehors des religions monothéistes – mais il sera tout particulièrement sensible aux communications susceptibles d’entrer en résonance avec les axes thématiques suivants :

  • Les transformations de l’expérience religieuse de l’espace au travers des voyages, migrations, exils, pèlerinages ou missions : enracinement / déracinement ; déterritorialisation / reterritorialisation ; ouverture / fermeture à l’altérité ; espace public / espace privé ; continuité / discontinuité ; dispersion / concentration ; distance / proximité ; nomadisme / sédentarité ; extraterritorialité. On pourra par exemple porter l’attention sur la perception ou l’appropriation de l’espace public ou intime – y compris l’espace sacré d’autrui – en tant qu’étranger, ou bien à l’inverse, sur les perceptions de l’étranger. On pourra aussi explorer les dilemmes propres à la condition de xenos, leur traduction spatiale et leur expression différenciée selon le genre. Les situations coloniales ou postcoloniales représentent également un champ fertile dans cette ligne d’investigation, qui invite aussi à explorer les modalités spatiales du dialogue, de la conflictualité et de la négociation des identités religieuses.
  • Déplacements et mutations du lien religieux. Quels sont les effets du déplacement sur le lien (et les liens) entre coreligionnaires, à l’intérieur des groupes déplacés ou à travers les frontières ? On pourra se pencher sur la constitution et sur le fonctionnement des réseaux transnationaux dans leurs différentes modalités – communication épistolaire bien sûr, et, plus récemment, l’usage des nouvelles technologies de communication – mais aussi sur les autres dimensions des interactions (y compris affectives). Comment la circulation des informations, des personnes mais aussi des objets à l’intérieur de ces réseaux affecte-t-elle qualitativement les relations entre coreligionnaires à travers l’espace ?
  • Le voyage des doctrines et des liturgies : les déplacements d’individus et de groupes religieux impliquent fréquemment une transplantation des textes (traduction ou adaptation), des dogmes et des pratiques cultuelles qui empruntent ces couloirs pour se diffuser mais aussi pour se transformer. Ces transpositions peuvent parfois s’effectuer en dehors de tout transfert effectif de personnes physiques, mais rarement en l’absence de relais humains ou matériels – techniques de communication ou de transport par exemple – qui sont à leur tour susceptibles de les façonner ou de les influencer. Comment les doctrines et les pratiques voyagent-elles, comment sont-elles reçues et transformées par la translation ?
  • Orthodoxies et dissidences à l’épreuve de la délocalisation. Il est bien connu que l’hérésie incite au voyage, et que la répression contribue à déplacer – parfois à grande échelle – hommes et doctrines, et donc aussi à les disséminer. De même, la confrontation avec des paysages religieux exotiques, ou la simple distance établie avec le lieu d’origine (ou de référence) peuvent nourrir l’innovation religieuse. Le mouvement n’est cependant pas à sens unique : la situation de minorité déplacée pourrait au contraire renforcer la volonté, voire le besoin d’orthodoxie ou d’orthopraxie, aboutissant dans certains cas à la redécouverte (ou à l’invention) de traditions, ou bien à une certaine standardisation revendiquée des doctrines et des pratiques. Comment la  délocalisation influe-t-elle sur les réalités – et sur les catégories – de l’orthodoxie et de l’hétérodoxie ?

Modalités de soumission

Format des propositions : autour de 300 mots (en français ou en anglais) accompagnés d’un titre provisoire ainsi que d’une brève notice biobibliographique.

Envoi à : remy.bethmont@univ-paris8.fr et Cyril.Selzner@univ-paris1.fr

  • Date limite : 15 juin 2015

  • Réponse avant le 15 juillet 2015).
  • Date et lieu du colloque Paris, 28-29 janvier 2016

Selon des modalités à préciser ultérieurement, le colloque donnera lieu à la publication d’une sélection de communications.

Organisation

  • Réseau Culture et Religion dans les Pays Anglophones (CRPA),
  • Transferts critiques et dynamique des savoirs (EA1569 - Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis), 
  • PHARE (FRE 3643 - Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne),
  • Centre de Recherches Anglophones (CREA EA 370 - Université Paris Ouest Nanterre La Défense).

Comité scientifique

  • Rémy Bethmont (Paris 8),
  • Jacqueline Clais-Girard (Université d’Angers),
  • Françoise Deconinck-Brossard (Paris Ouest Nanterre),
  • Yannick Deschamps (Paris-Est Créteil)
  • Claire Joubert (Paris 8),
  • Pierre Kapitaniak (Paris 8),
  • Clotilde Prunier (Paris Ouest Nanterre),
  • Cyril Selzner (Paris 1 Panthéon-Sorbonne),
  • Bertrand van Ruymbeke (Paris 8).

Lieux

  • Paris, France (75)

Dates

  • lundi 15 juin 2015

Mots-clés

  • anglophone, espace, exil, diaspora, minorité, voyage, migration, orthodoxie, dissidence

Contacts

  • Rémy Bethmont
    courriel : remy [dot] bethmont [at] univ-paris8 [dot] fr
  • Cyril Selzner
    courriel : Cyril [dot] Selzner [at] univ-paris1 [dot] fr

Source de l'information

  • Cyril Selzner
    courriel : Cyril [dot] Selzner [at] univ-paris1 [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Étrangers et voyageurs », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 28 avril 2015, https://doi.org/10.58079/sj1

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