AccueilExtrême-Orient : collectionneurs et collections d'aujourd'hui

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Publié le mardi 05 mai 2015

Résumé

L’objet de ce colloque sera d’étudier les collections privées ou publiques liées à l’Extrême-Orient dans une perspective contemporaine. Si notre ambition sera d’accorder une large place à l’art contemporain, les collections envisagées pourront également rassembler des objets plus anciens, et pas seulement des objets d’art. Le terme « Extrême-Orient » sera ici compris dans un sens large, incluant les îles de l’Asie de l’Est et du Sud-Est. L’approche sera interdisciplinaire, mêlant histoire de l’art, esthétique, anthropologie, sociologie, économie ou même politique.

Annonce

Argumentaire 

L’objet de ce colloque sera d’étudier les collections privées ou publiques liées à l’Extrême-Orient dans une perspective contemporaine. Si notre ambition sera d’accorder une large place à l’art contemporain, les collections envisagées pourront également rassembler des objets plus anciens, et pas seulement des objets d’art. Le terme « Extrême-Orient » sera ici compris dans un sens large, incluant les îles de l’Asie de l’Est et du Sud-Est. L’approche sera interdisciplinaire, mêlant histoire de l’art, esthétique, anthropologie, sociologie, économie ou même politique. Nous proposons les quatre panels suivants :

Panel I : Profils et motivations des collectionneurs

Les collectionneurs privés sont des passionnés des cultures visuelles et matérielles de l’Extrême-Orient. En Chine, depuis les années 2000, le nombre de collectionneurs augmente à une vitesse vertigineuse, en même temps que se développe un marché de l’art en pleine expansion : la collection d’art est devenue avant tout un symbole de réussite sociale pour gens fortunés ou nouveaux riches et pour une partie de la classe moyenne qui compte environ 400 millions de personnes. Désormais, les collectionneurs occidentaux ne sont plus seuls actifs sur le marché de l’art chinois, loin s’en faut. Parmi les différentes strates connues de collectionneurs (fortunes établies, jeunes employés dynamiques, universitaires avec un budget limité, bourgeois tendance qui investissent de nouveaux quartiers, etc.), deux catégories notamment se démarquent au Japon : celle des grands entrepreneurs et, plus récemment, celle des « collectionneurs salariés ». Les premiers préfèrent ouvrir des fondations plutôt que de spéculer, se sentant investis d’une mission sociale. Forts du soutien de leurs entreprises respectives, ils ont ouvert la voie à un modèle original de mécénat à la japonaise. Les seconds, bénéficiant d’un revenu sinon confortable, du moins régulier, sont le symbole de l’accès au loisir de la collection d’une classe moyenne éduquée. Par leurs diverses stratégies d’acquisitions et leurs relations aux diverses institutions, ils font vivre le marché de l’art au quotidien. Dans cette première session, nous ferons un point sur les profils socio-économiques des collectionneurs en Extrême-Orient et analyserons leurs motivations pour amasser objets d’art et artefacts asiatiques. De fait, il faut nécessairement faire la part entre les désirs d’ordre psychologique, souvent invoqués, et l’idée d’un investissement qui peut éventuellement être monétarisé (avec un profit dans le futur). Par ailleurs, que penser du prestige et de la hausse du statut social des propriétaires de collections jugées « importantes » ? Les collectionneurs privés de ce type peuvent-ils prétendre contribuer à enrichir la connaissance scientifique des cultures visuelles et matérielles asiatiques ?

Panel II : Collections institutionnelles et collectives

Si au Japon, l’État agit relativement peu sur la scène artistique (les marges de manœuvre de l’Agence pour les Affaires culturelles pour soutenir les artistes apparaissent limitées pour des raisons budgétaires, tandis que la politique fiscale à l’égard des collectionneurs, des mécènes et des fondations demeure timide), il n’en est pas forcément de même en Chine, en Corée, ou ailleurs. En Chine, l’Etat accorde ouvertement son soutien au monde de l’art depuis les années 1990, et plus encore depuis l’an 2000, en finançant et en organisant des expositions qui relèvent notamment de l’art contemporain chinois, cherchant ainsi à manifester son implication dans la mondialisation économique. Partout, l’État se pose en collectionneur grâce à l’entrée des collections privées dans le patrimoine public. Si le développement de ce type de collections a varié au cours du temps, avec une baisse notable dans la période récente au Japon, les musées n’en demeurent pas moins un débouché important pour les galeristes. Quand ils choisissent d’exposer – et à plus forte raison d’acquérir – les œuvres de jeunes artistes, les gains pour ces derniers, en tout cas sur le plan symbolique, sont considérables. Quel est donc l’impact de ces collections collectives sur l’évolution des cotes des artistes, ou en termes de soutien à l’art contemporain ? Comment faire la part entre un « art orienté musée » et un « art orienté marché » ? Les entreprises peuvent-elles encore peser dans les collections au vu de la pression accrue de leurs actionnaires, dans un secteur – la culture – réputé moins « rentable » que le sport ou l’environnement ? Quelle est la part des arts visuels dans leurs actions de mécénat en  Asie extrême-orientale ?

Panel III : Collections : regards croisés

Si les Occidentaux collectionnent peu le jade, les éventails ou les estampes, leur préférant largement la peinture à l’huile, les Asiatiques, eux, acquièrent volontiers les calligraphies, les peintures à l’encre monochrome ou la céramique… Dans le cadre de ce panel, il conviendra d’étudier, à l’ère de la mondialisation et de l’ouverture extraordinaire du marché de l’art aux cultures les plus diverses, la manière dont un imaginaire est perçu par un autre. On pourra aussi être attentif à la manière dont les frontières entre art, artisanat et objets de tous genres s’estompent. On pourra analyser les collections d’art extrême-oriental en Europe, par exemple, ou bien les collections d’art occidental au Japon ou en Chine. L’angle de vue contemporain viendra compléter certaines recherches déjà effectuées sur ce phénomène dans le passé. Comment tel collectionneur européen contemporain ou tel musée public effectue-t-il ses choix parmi des œuvres asiatiques ? Quel en sera l’impact sur la scène artistique locale ? On pourra s’interroger sur les stratégies des collectionneurs occidentaux qui s’associent avec une forme exotisante et souvent idéalisée de l’Autre asiatique. Quelle sera la vision d’un collectionneur taiwanais sur l’art européen ? Comment un galeriste japonais envisagera-t-il l’art chinois contemporain? Ce sera aussi l’occasion d’évoquer les différences de conception de la collection en Extrême-Orient et en Occident, ainsi que les conséquences de la mondialisation : ainsi, les différences entre art occidental et asiatique ne tendent-elles pas à s’estomper aujourd’hui ?

Panel IV : Marché de l’art et enjeux identitaires

Selon une enquête récente (2014) effectuée pour la maison aux enchères internet Artprice.com, une multinationale basée à Lyon, 53 des 100 artistes contemporains les plus cotés sur le marché de l’art mondial sont d’origine asiatique, avec une forte majorité d’artistes chinois. La création récente des Art Fairs et des Biennales en Asie prend en effet beaucoup d’ampleur : « Art Basel Hong Kong », « Art Fair Tokyo » et « Art Revolution Taipei » par exemple. Le dynamisme des économies et des technologies dans les pays de l’Extrême-Orient joue sans doute un rôle important : plusieurs travaux ont en effet démontré que, a contrario d’une idée communément admise selon laquelle « l’art n’a pas de frontière » ou que la nationalité n’a pas d’impact sur les cotes des artistes, les classements des artistes sur le long terme placent toujours les pays les plus forts économiquement au sommet du marché de l’art. Par ailleurs, les créateurs des collections de l’art et des artefacts asiatiques veulent-ils exprimer un aspect de leur identité nationale et ethnique (« indigénisme ») à travers leurs collections ? La collection d’objets asiatiques n’est pas une affaire neutre mais inclut des enjeux identitaires pour lesquels les collectionneurs sont prêts à payer des prix de plus en plus élevés.

Modalités de soumission

Les propositions de communication (un titre, un abstract de 500 mots maximum, une bio-bibliographie de 10 lignes maximum et 5 mots-clés en anglais ou en français) seront à envoyer

pour le 30 juin 2015, délai de rigueur,

à Cléa Patin (cleapatin@gmail.com) et Marie Laureillard (mlaureillard@free.fr).

Le Comité scientifique se réunira début juillet pour établir le programme des communications du colloque. Les réponses seront communiquées le 15 juillet 2015.

Les communications ne devront pas excéder 20/25 minutes afin que chaque intervention  puisse donner lieu à une discussion ouverte. Les langues des communicants seront l’anglais ou le français.

Colloque organisé par l’Université de Lyon et l’Université nationale de Taiwan les 24 et 25 mars 2016 à Lyon

A l’issue du colloque, les intervenants seront invités à transmettre une version rédigée de leur communication. Cette dernière fera l’objet d’une expertise en vue d’une publication des actes.

Comité scientifique

  • Annie Claustres (MCF HDR Histoire de l'art contemporain, université Lyon 2), Christophe Comentale (Conservateur en chef, Musée de l’Homme, Paris),
  • Marie Laureillard (MCF Langue et civilisation chinoises, université Lyon 2),
  • Liu Chiao-mei (MCF Histoire de l’art, université nationale de Taiwan),
  • Cléa Patin (MCF Langue et civilisation japonaises, université Lyon 3),
  • Paul van der Grijp (Professeur Anthropologie, université Lyon 2)

Comité d’organisation

Marie Laureillard, Cléa Patin, Paul van der Grijp

(Université Lyon 2, Université Lyon 3, ENS, Musée des Confluences, Université Nationale de Taiwan)

Lieux

  • ENS de Lyon, 15 parvis René Descartes
    Lyon, France (69007)

Dates

  • mardi 30 juin 2015

Mots-clés

  • marché de l'art, culture matérielle, culture visuelle, identité, transdisciplinarité

Contacts

  • Marie Laureillard
    courriel : mlaureillard [at] free [dot] fr
  • Cléa Patin
    courriel : cleapatin [at] gmail [dot] com

Source de l'information

  • Annie Claustres
    courriel : annie [dot] claustres [at] univ-lyon2 [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Extrême-Orient : collectionneurs et collections d'aujourd'hui », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 05 mai 2015, https://doi.org/10.58079/smc

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