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Ce que l'environnement fait aux conflits et vice versa

Les luttes écologiques d'aujourd'hui

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Publié le mardi 12 mai 2015

Résumé

Dans la nuit du 25 au 26 octobre 2014, un tir de grenade offensive tue sur le coup un jeune militant écologiste, Rémi Fraisse, venu manifester contre le projet de construction d'un barrage controversé à Sivens, dans le Tarn. Cet événement, dramatique et rare dans un projet d'aménagement, met en lumière la violence d'un conflit qui oppose depuis plusieurs mois les opposants au projet, aux forces de l'ordre et aux défenseurs de ce projet. Il est le révélateur de tensions socio-spatiales et de divergences fortes sur la notion d'intérêt général arrivées à leur paroxysme. De par leur proximité géographique immédiate avec cet événement, les géographes et sociologues de l'axe de recherche Politiques Publiques Environnement et Sociétés du Centre Universitaire d'Albi se voient interpelés sur leur compréhension et leur interprétation de ce type de conflit.

Annonce

Argumentaire

Dans la nuit du 25 au 26 octobre 2014, un tir de grenade offensive tue sur le coup un jeune militant écologiste, Rémi Fraisse, venu manifester contre le projet de construction d'un barrage controversé à Sivens, dans le Tarn. Cet événement, dramatique et rare dans un projet d'aménagement, met en lumière la violence d'un conflit qui oppose depuis plusieurs mois les opposants au projet, aux forces de l'ordre et aux défenseurs de ce projet. Il est le révélateur de tensions socio-spatiales et de divergences fortes sur la notion d'intérêt général arrivées à leur paroxysme. De par leur proximité géographique immédiate avec cet événement, les géographes et sociologues de l'axe de recherche Politiques Publiques Environnement et Sociétés du Centre Universitaire d'Albi se voient interpelés sur leur compréhension et leur interprétation de ce type de conflit.

Du point de vue des sciences de l'aménagement, tout autant sûrement que de celui des politiques en ce domaine, ce type de conflit vient interroger la notion commune d'intérêt général. Si l'idée d'intérêt général faisait relativement consensus dans les projets d'aménagement du territoire en France avant les années 1970, force est de constater avec l'abandon, la transformation ou le report de grands projets d'infrastructures sous l'effet de la contestation, que l'idée d'intérêt général ne fait plus consensus au sein de la population depuis les années 1970 avec la prise en compte et la diffusion progressive des idées écologistes. Si les luttes écologiques sont encore rares dans les années 1970 mais fortement emblématiques et médiatisées (Le Larzac, Plogoff, Creys-Malville...), elles se généralisent à partir des années 1980 sous l'effet conjugué de l'évolution des représentations sur les enjeux des politiques d'aménagement au sein de la population, de la crise économique et la crise de légitimité de l'Etat et des élites politiques et techniques, et de la croissance des classes moyennes qui deviennent acteurs de la contestation (Subra, 2014). Le modèle de développement économique des décennies passées est de plus en plus contesté, notamment suite à plusieurs grandes catastrophes environnementales (Amoco Cadiz, Bhopal, Tchernobyl, Fukushima...).

D'un point de vue plus sociologique, il s'agit de s'interroger sur les évolutions de l'action collective en lien avec les thématiques environnementales, les réponses des pouvoirs publics face à celles-ci et plus globalement sur le sens des mouvements sociaux aujourd'hui. De nouveaux répertoires de l'action collective (Tilly, 1984) apparaissent dans ce type de conflit comme la création de ZAD (Zones à Défendre) en lieu et place des Zones d'Aménagement Différées, opérant une subversion tant physique que symbolique de la langue des aménageurs. Ces nouvelles modalités d'action semblent pousser à une modification de la doctrine du maintien de l'ordre en France (Jobard, 2014) susceptible d'avoir de profondes implications politiques. Par ailleurs, si les préoccupations écologiques ont pu se trouver au centre de l'émergence des nouveaux mouvements sociaux (Touraine, 1978), elles se trouvent aujourd'hui englobées dans des mouvements dont on peine à dégager la nature, au double sens du terme : il y est certes question d'environnement, mais d'un environnement qui se retrouve pensé, projeté, comme devant faire partie de la société et non plus comme étant placé à ses environs. Ce type de mouvement interroge aussi de par l'accent qu'il met sur la notion de vie (protection de la biodiversité, contestation des biotechnologies, de l'accaparement du vivant, ...), incarnant par là une lutte pour le façonnement et l'appropriation d'une nouvelle biopolitique (Bès, Blot, Ducournau, 2015, soumis).

L'objectif de ce séminaire est donc de croiser les perspectives géographiques et sociologiques de ce type de conflit, de s'interroger sur les motivations des acteurs, leurs représentations, leurs moyens d'actions, et sur les impacts de leurs mouvements. Ce séminaire vise à comprendre les racines idéologiques des luttes écologiques d'aujourd'hui (mouvements écologistes, anarchistes, libertaires...) et finalement à se questionner sur ce que l'environnement fait au conflit et vice versa.

Programme

9h30 : Accueil

  • 10h - Introduction : Quand l’aménagement fait conflit : pour une approche géopolitique du tandem aménagement/environnement, Thibault Courcelle (MCF, géographe, CUFR d’Albi, laboratoire LISST)
  • 10h30/11h30 - Espace, territoire et environnement : problématiques géographiques et libertaires, Philippe Pelletier (professeur, géographe, Université Lyon 2)
  • 11h30/12h30 : L’aménagement de la coexistence entre élevage et prédateurs : vers un co-apprentissage de la conflictualité ?, Antoine Doré (sociologue, Chargé de Recherche à lINRA)

Pause déjeuner

  • 14h-14h30 - Quand la nature fait conflit : enjeux biopolitiques et redéfinition des rapports nature/société aujourd’hui, Pascal Ducournau (MCF, sociologue, CUFR d’Albi, laboratoire LISST)
  • 14h30-15h30 - Sivens : quand le dialogue devient impossible. Chronique d’un drame annoncé., Frédérique Blot (MCF, géographe, CUFR d’Albi, laboratoire GEODE), Marie-Pierre Bès (MCF, socio-économiste, laboratoire LISST) Pascal Ducournau (MCF, sociologue, CUFR d’Albi, laboratoire LISST)

15h30-17h : discussion et débats.

Contact séminaire

frederique.blot@univ-jfc.fr
thibault.courcelle@univ-jfc.fr
pascal@ducournau.org

Lieux

  • Auditorium 2, Maison multimédia - Place de Verdun
    Albi, France (81)

Dates

  • mercredi 13 mai 2015

Mots-clés

  • environnement, conflits, aménagement, géopolitique

Contacts

  • Thibault Courcelle
    courriel : colloquemappamundi [at] listes [dot] univ-jfc [dot] fr
  • Frédérique Blot
    courriel : frederique [dot] blot [at] univ-jfc [dot] fr
  • Pascal Ducournau
    courriel : pascal [at] ducournau [dot] org

Source de l'information

  • Thibault Courcelle
    courriel : colloquemappamundi [at] listes [dot] univ-jfc [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Ce que l'environnement fait aux conflits et vice versa », Journée d'étude, Calenda, Publié le mardi 12 mai 2015, https://doi.org/10.58079/smv

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