AccueilLa ville et ses personnages illustres de l’Antiquité au XXIe siècle

AccueilLa ville et ses personnages illustres de l’Antiquité au XXIe siècle

La ville et ses personnages illustres de l’Antiquité au XXIe siècle

The city and its famous figures from Antiquity to the 21st century

Congrès de la Société française d’histoire urbaine

Société française d’histoire urbaine conference

*  *  *

Publié le mardi 30 juin 2015

Résumé

Les hommes et femmes illustres sont au centre de la fièvre commémorative qui s’est emparée des acteurs de la vie publique. Ils sont dans le même temps objets de réflexions historiographiques, qui s’attachent à montrer la construction historique de figures légendaires, ou encore à explorer les expériences de vie d’illustres inconnus. Or, les villes participent étroitement aux phénomènes de distinction et de célébration des hommes et femmes du passé, ce qui a été jusqu’à présent peu mis en relief. « Aux grands hommes [et femmes], [la ville] reconnaissante » ? Ce colloque propose d’explorer, de façon systématique, pluridisciplinaire et sur la longue durée, le lien dialectique entre les villes et leurs grands hommes en tous genres.

Annonce

Argumentaire

La dénomination des rues, et par extension des édifices publics, relève de la compétence des communes de plus de 2 000 habitants, en vertu du code général des collectivités territoriales (décret 94-1112, du 19 décembre 1994). Le conseil municipal est ainsi le seul habilité à honorer ou à commémorer par ce biais des événements, des lieux ou des personnalités. Il peut cependant, s’il en ressent la nécessité, consulter la population communale sur les choix envisagés. Laquelle peut, de son côté, pétitionner pour demander l’attribution d’un nom de rue. Peu de limites sont posées à cette faculté des villes ; suite à plusieurs litiges1, elles ont tout juste été invitées à ne pas désigner une personnalité vivante et à ne pas « porter atteinte » par leur choix « à l’image de la ville ou du quartier concerné ».

La Ville est ainsi désignée comme l’un des acteurs majeurs de la fabrique d’illustres personnages, hommes ou femmes. Si les gouvernements urbains contribuent à alimenter la réputation d’individus, dont d’anciens enfants de la cité, ils sont aussi garants d’une identité collective (« l’image de la ville ») qui doit fixer une ligne de conduite dans les entreprises de commémoration toponymique.

Prenant acte de l’étroitesse du lien qui existe entre les villes et la reconnaissance des grands hommes et femmes, le 18e Congrès de la Société Française d’Histoire Urbaine propose d’en explorer les ressorts.

Ce lien n’est pas le propre des temps contemporains. Déjà, au haut Moyen Âge, les hagiographies exaltent des saints évêques qui incarnent la cité et constituent le ferment d’une communauté civique. Puis les éloges urbains de la Renaissance intègrent dans leurs évocations de villes un passage consacré aux personnalités de la cité.

Les hommes et femmes illustres marquent l’espace urbain des places, parcs, jardins et édifices publics. Ils sont rendus manifestes par des noms de rue2, des plaques commémoratives, des monuments, voire des fêtes et intéressent en cela les historiens de toutes les périodes, mais aussi les historiens d’art, les littéraires, les architectes et les urbanistes…

– Une première voie d’accès à la thématique du Congrès est de s’intéresser aux hommes et aux femmes dont les villes font mémoire.

Les villes, et ce à l’échelle mondiale, sont porteuses de marques de distinction qui embrassent un large spectre de personnalités, d’envergure locale à nationale. Parmi ce vaste ensemble d’hommes et de femmes plus ou moins illustres, il conviendra de se focaliser avant tout sur les acteurs mêmes de la ville. Quelle est proportionnellement leur place dans l’entreprise de commémoration ? Quels furent les profils retenus par les villes à travers l’histoire : simples natifs ou résidents, fondateurs, architectes et bâtisseurs, urbanistes, gouvernants, notables… ?

Dans une perspective d’histoire du genre, on pourra aussi considérer la part des femmes et les types de marqueurs spatiaux auxquels elles sont attachées.

Si l’actuelle législation relative à la dénomination des rues écarte la distinction de personnalités en vie, les pouvoirs publics urbains ont et avaient d’autres moyens de distinguer les mérites de certains concitoyens de leur vivant. Il s’agira dans ce cas de sérier les profils concernés et la nature des marques de reconnaissance.

Ces hommes et femmes esquissent-ils, dans leur ensemble et à une époque donnée, une image singulière de chaque ville ? Renvoient-ils au contraire à un tableau stéréotypé du monde urbain d’une époque ? Au terme de l’analyse, on pourra ainsi se demander si, de la multiplicité d’hommages, émergent des figures tutélaires durables de la Ville.

Afin de mieux dépasser les individualités, une place a parfois été accordée à des allégories personnifiées, telle l’Argentina qui surplombe à nouveau le Palais Universitaire de Strasbourg. Au-delà de simples figures artistiques, ces personnages fictifs ont-ils pu être des vecteurs d’identification à la ville, comme la Marianne l’est à la République française ?

De l’approche biographique des acteurs urbains célébrés par les villes peut découler un questionnement sur l’exploitation, par l’historien, des indices mémoriaux biographiques conservés dans la ville. Permettent-ils d’écrire une histoire urbaine ? Font-ils vraiment émerger les acteurs opérationnels de la ville ?

On s’interrogera en outre sur le nombre, l’abondance ou la rareté des figures de proue dans la ville. Seraient-elles simplement le reflet de hiérarchies urbaines ? Ou, traduisent-elles plutôt une volonté politique particulière de faire lien entre les habitants de la ville par la sanctification de héros ou de modèles civiques ?

– C’est donc aussi une interrogation sur les politiques urbaines de distinction, de production et de célébration des hommes et femmes illustres que sous-tend ce Congrès.

Il est bien sûr possible de cerner les évolutions institutionnelles sur le temps long : Quelle fut, avant les lois de décentralisation, la part des instances municipales dans le processus d’héroïsation ? Des conflits surgissent-ils au cours de l’entreprise et dans ce cas quelles oppositions intra-urbaines cristallisent-ils ?

L’étude sur une longue durée ouvre des perspectives sur les nombreuses reconfigurations dont les égéries urbaines peuvent avoir fait l’objet. On envisagera par exemple l’évolution des formes d’hommage ou de distinction, de l’Antiquité à nos jours ou le changement de profil de telle ou telle figure illustre.

En effet, les villes elles-mêmes se sont parfois trouvées au cœur de remaniements politiques d’envergure – Strasbourg, où se tiendra ce Congrès en est l’archétype. Le déboulonnage de la statue de Guillaume 1er en 1918 sur une place désormais appelée Place de la République y a marqué les esprits. Il évoque d’autres renversements comme ceux des statues de Lénine et Staline après la chute du mur. Il s’avère ainsi pertinent d’étudier les processus d’effacement, de déconstruction ou de remplacement des célébrités dans l’espace urbain liés aux évolutions politiques.

Après plusieurs générations, les statues, les monuments, les plaques de rue ou les plaques commémoratives tiennent souvent davantage du pittoresque et du décor urbain que de lieux de mémoire actifs. Combien de temps faut-il pour verser dans l’anonymat et pour oser remplacer les références du passé ? A quelles conditions la mémoire des illustres ancêtres peut-elle rester vivante ? Il faudra, pour répondre à ces questions, analyser la pédagogie municipale déployée par exemple quand les rues sont débaptisées et rebaptisées. D’une façon plus générale, on étudiera l’instrumentalisation politique des héros et héroïnes de la ville et leur mise au service d’une identité et d’une mémoire collectives, d’une conscience urbaine ou encore d’une représentation spatiale de la ville.

– Concurrences, interactions et complémentarités dans la « fabrique » des hommes et des femmes illustres par les villes

Aucune ville n’a ou n’avait toutefois d’exclusive dans l’hommage ou l’appropriation de grandes figures de l’histoire. Il y a de ce fait des hommes ou des femmes illustres que des villes se disputent de façon concurrentielle, à l’image de Jeanne d’Arc, ou encore de Gutenberg que revendiquent à la fois Strasbourg et Mayence. Il importe alors de cerner quelques-unes de ces concurrences et d’étudier d’éventuelles interactions entre villes. Ces interactions ne se bornent du reste pas à des rivalités. Autour d’hommes ou de femmes illustres ont en effet pu être mis en place des réseaux de villes ou, à tout le moins des jumelages. Ils joignent alors au parcours dans la ville un parcours interurbain, et une forme de commémoration intégrée. L’itinéraire Heinrich Schickhardt, promu itinéraire culturel du Conseil de l’Europe en 2004, en est un exemple probant, qu’il s’agirait de confronter à d’autres cas. Le partenariat urbain autour de la mémoire d’un même homme, architecte et maître d’œuvre de la Renaissance, s’affirme ici comme une façon de dépasser le cadre local et national de panthéonisation et d’atteindre, par le biais des systèmes urbains, des horizons européens ou mondiaux.

1 L’un des derniers conflits en date a pour cadre Béziers en mars 2015, où le maire Robert Ménard, soutenu par le FN, a rebaptisé la « rue du 19 mars 1962 », date des accords d’Evian, du nom d’Hélie Denoix de Saint-Marc, un ancien résistant, partisan de l’Algérie française.

2 À l’image de la promenade que la municipalité parisienne vient de consacrer à Dora Bruder, jeune déportée morte à Auschwitz, dont Patrick Modiano a fait un roman éponyme. Le discours officiel de Modiano lors de l’inauguration de la promenade souligne qu’elle fut une fille du quartier, mais que sa mise en mémoire lui donne une dimension nouvelle : Dora Bruder « représente désormais dans la mémoire de la ville les milliers d’enfants et d’adolescents qui sont partis de France pour être assassinés à Auschwitz, celles et ceux dont Serge Klarsfeld, dans son livre Mémorial a rassemblé inlassablement les photos pour qu’on puisse connaître leurs visages. » « Je crois que c’est la première fois qu’une adolescentes qui était une anonyme est inscrite pour toujours dans la géographie parisienne. »

Modalités pratiques d'envoi des propositions

Les propositions de communication peuvent être envoyées par courriel en français, en allemand et en anglais en fichier joint à l’adresse suivante :

Laurence Buchholzer (Université de Strasbourg) lbuchholz@unistra.fr

Elles comporteront un titre et un résumé d’environ 1500 signes, de même que les coordonnées de l’intervenant (nom, prénom, fonction et rattachement institutionnel, courriel, adresse postale).

Date limite d’envoi des propositions :

15 octobre 2015

La SFHU propose de soutenir la participation de doctorants au Congrès, en attribuant trois bourses destinées à couvrir une partie des frais d’hébergement et de transport, d’un montant de 150 € chacune.

Comité d’organisation

  • Laurence Buchholzer,
  • Thomas Brunner,
  • Anne-Marie Châtelet,
  • Damien Coulon,
  • Eric Hassler,
  • Shahram Hosseinabadi,
  • Jean-Yves Marc,
  • Catherine Otten.

Comité scientifique

  • Boris Bove, Florence Bourillon,
  • Georges Bischoff,
  • Thomas Brunner,
  • Laurence Buchholzer,
  • Youri Carbonnier,
  • Anne-Marie Châtelet,
  • Laurent Coudroy de Lille,
  • Natacha Coquery,
  • Damien Coulon,
  • Catherine Denys,
  • Stéphane Frioux,
  • Jean-Pierre Guilhembet,
  • Eric Hassler,
  • Shahram Hosseinabadi,
  • Laurence Jean-Marie,
  • Gilles-Antoine Langlois,
  • Jean-Yves Marc,
  • Virginie Mathé,
  • Catherine Maurer,
  • Denis Menjot,
  • Frédéric Moret,
  • Catherine Otten,
  • Dominique Poulot,
  • Thibault Tellier,
  • Olivier Ratouis,
  • Mélanie Traversier,
  • Charlotte Vorms.

Lieux

  • Université de Strasbourg
    Strasbourg, France (67)

Dates

  • jeudi 15 octobre 2015

Mots-clés

  • ville, mémoire, grands hommes et femmes, genre

Contacts

  • Laurence Buchholzer
    courriel : lbuchholz [at] unistra [dot] fr

URLS de référence

Source de l'information

  • Natacha Coquery
    courriel : natacha [dot] coquery [at] wanadoo [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« La ville et ses personnages illustres de l’Antiquité au XXIe siècle », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 30 juin 2015, https://doi.org/10.58079/syo

Archiver cette annonce

  • Google Agenda
  • iCal
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search