AccueilL’attachement religieux. Exercices de la foi, engagement spirituel et résignation en Europe moderne

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L’attachement religieux. Exercices de la foi, engagement spirituel et résignation en Europe moderne

Religious Attachment. Exercises of Faith, Spiritual Commitment and Resignation in Early Modern Europe

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Publié le vendredi 09 octobre 2015

Résumé

Articulé à un thème central – L’attachement religieux. Exercices de la foi, engagement spirituel et résignation en Europe moderne –, ce cycle de journées d’étude se déploie en cinq principaux registres d’enquête étroitement imbriqués à l’analyse de la corporéité, des émotions et des sens aux prises avec la spiritualité. Il s’intéresse prioritairement aux mondes francophone et anglophone, sans exclure les recherches portant sur d’autres pays de l’aire européenne.

Annonce

Ce cycle d’étude, élaboré en partenariat entre le Séminaire d’Histoire Moderne des Religions de l’Institut protestant de théologie (Faculté de Montpellier) et l’Institut de recherche sur la Renaissance, l’âge Classique et les Lumières (UMR 5186) de l’université Paul-Valéry à Montpellier, est programmé sur trois ans (2016-2018), à raison d’une à deux rencontres annuelles aux mois de mars et d’octobre sous forme de journée d’étude ou de colloque.

Procédant par appels à contribution, ce cycle souhaite faire dialoguer les disciplines des sciences humaines et sociales liées au champ du religieux, en intégrant aux débats les doctorants du laboratoire et les jeunes chercheurs d’institutions tant françaises qu’européennes.

Le cycle débutera par les journées d’étude des 18 et 19 mars 2016. Articulé à un thème central – L’attachement religieux. Exercices de la foi, engagement spirituel et résignation en Europe moderne –, il se déploie en cinq principaux registres d’enquête étroitement imbriqués à l’analyse de la corporéité, des émotions et des sens aux prises avec la spiritualité. Il s’intéresse prioritairement aux mondes francophone et anglophone, sans exclure les recherches portant sur d’autres pays de l’aire européenne.

Présentation du thème de recherche

L’attachement désigne une affection et un lien. Explorer la notion d’attachement religieux vise ici à appréhender les modes d’union à Dieu, à une confession, à une communauté, la façon de les revendiquer, de les taire ou de les déguiser, d’en critiquer la dissimulation, d’en valoriser la manifestation. Il s’agit de cerner les dispositifs (dévotionnels, corporels, langagiers, symboliques) et les modalités d’expression, c’est-à-dire d’énonciation et de manifestation, du lien spirituel. Les participants sont invités à les explorer aussi bien en temps de construction confessionnelle de part et d’autre de La Manche – autrement dit de périodes d’alternances politico-religieuses et d’affrontements, de (re)conquête spirituelles, d’interdit religieux et d’oppression (sous les Valois et les Bourbon, dans la France des guerres de Religion et de la Contre-Réforme, au cours du long régime révocatoire et du Désert huguenot, dans l’Angleterre des Tudors et des Stuarts aux prises avec ses revirements confessionnels, de la réforme henricienne aux révolutions et guerres civiles du XVIIe siècle) –, qu’en temps d’atermoiements religieux et de dissensions internes (débats et controverses liés à l’Église d’Angleterre ; guerres civiles françaises et anglaises notamment) liées à des options spirituelles conflictuelles (abjuration, exil, résistance ouverte ou clandestine, conformisme religieux), à des reformulations doctrinales ou à des séparatismes théologiques (jansénisme, arminianisme, laudianisme par exemple).

Attentive à la formulation des sentiments aussi bien qu’aux actes qui manifestent cette union ou entendent exprimer une appartenance, cette enquête collective porte autant sur la façon de témoigner de cette attache de manière intime ou publique (que ce soit sur le mode de la confession, de la revendication, de la proclamation ou de la protestation), que sur la manière dont elle est défendue ou combattue, proscrite ou requise par les directeurs de conscience en temps d’épreuve ou de prospérité, lorsqu’elle vient à s’émousser, à être occultée ou abandonnée.

Furetière indique que l’attachement « ne se dit qu’au figuré de la liaison qu’on a avec quelque personne ou quelque parti, de l’application qu’on donne à quelque chose ». Il est de l’ordre de l’attestation, une attestation volontaire et néanmoins un lien qui oblige et peut se révéler contraignant. Parce qu’il induit d’un côté une diligence, de l’autre sous-tend une réalisation, c’est autant la détermination à témoigner de son attachement que le défaut d’application et de résolution à l’exprimer que le cycle se fixe d’explorer à des époques diversifiées. Comment témoigne-t-on – ou est-on appelé à témoigner – de son attachement religieux ? Celui-ci est-il soumis à une codification théologique, relève-t-il d’un discours normatif ? Y a-t-il une rhétorique ou un registre littéraire privilégié, en pratique une attitude valorisée, voire appropriée ? Fait-il l’objet d’un contrôle, d’un processus d’authentification. Comment s’exprime, à l’inverse, la désaffiliation et quels en sont les modes ?

Au cœur de cette notion générique domine l’examen des notions d’engagement et de résignation qui lui sont intimement associées. Le thème de l’attachement religieux est abordé ici dans son articulation à l’exercice et à la défense de la foi. Parce qu’il « se dit figurément en morale de l’engagement que l’on a à quelque chose », il introduit à l’examen des modes d’implication pour la foi, autrement dit à la façon de se lier par une promesse, de se placer (de parler et d’agir) au service d’une croyance, d’exprimer son adhésion à une religion, d’exercer sa foi, c’est-à-dire de la mettre en œuvre et de l’éprouver. Il interroge à ce titre les formes de militances, les motivations qui président à son expression, la façon aussi de s’exposer au nom d’une confession et de s’employer à préserver ou à aiguiser sa piété, de mettre en usage sa foi au titre d’une appartenance. Liés aux registres de l’apprentissage, de l’expérimentation et de la preuve, ce sont là des champs d’investigation qui questionnent les moyens d’action que se donnent les fidèles pour exprimer/manifester leur filiation. Il importe de fouiller le besoin de dire. À quels titres s’engage-t-on ? Comment cultive-t-on sa foi ou pense-t-on devoir l’entretenir hors du culte ? Parce que l’engagement a trait aussi à l’exercice de piété, quelles pratiques lui associe-t-on ? Comment en rendre compte ? Que pense-t-on devoir faire ? De même, comment cet engagement s’appréhende-t-il dans l’épreuve ? Quelle piété cette dernière éveille-t-elle et quelle forme de dévotion lui oppose-t-on ? Quelle ferveur en émane ou s’en revendique ?

Le sujet soulève symétriquement la question de la résignation spirituelle, de son acception et des défis qu’elle lève, des pratiques qu’elle découvre. Sujet d’autant plus fécond avec celui de l’engagement que sa traduction est problématique, son étymologie double. La résignation qui annonce un renoncement (une démission) désigne en même temps une déférence entière, un « abandonnement qu’on fait de soy-même à la volonté […] d’autruy […] de Dieu » (Furetière). À ce titre, la résignation peut être une modalité de l’engagement dans le fait d’accepter sans protester, d’endurer en dépit des aléas la volonté supérieure de Dieu. C’est à ce double processus – abandonner et s’abandonner à Dieu – que s’intéresse également ce programme de recherche. Ce faisant, il importe d’observer comment la résignation est traitée d’un point de vue théologique. Quels vocables pour désigner l’engagement, quelles figures pour évoquer le désistement ? Quelles formes l’engagement et la résignation épousent-ils, et quels espoirs ou reproches suscitent-ils ? Il s’agit d’examiner les façons dont ces notions (de conquête et de démission) et ces modulations de militance sont investies par les fidèles et les directeurs de conscience et comment elles s’articulent aux discours de combat. Ce sont là deux champs d’exploration centraux.

Axes d’enquête

L’étude de ces phénomènes s’organise autour de cinq axes d’enquête appelés à être affinés au fil de l’avancée des travaux.

  • Le premier – « Affiliation/Désaffiliation spirituelle » – explore le thème de l’appartenance confessionnelle et s’intéresse à l’évaluation de ses seuils (d’un point de vue idéologique et spirituel, théologique et pragmatique) : où situe-t-on la frontière et quelles pratiques en constituent le critère ?
  • Le deuxième axe – « Preuve et mise à l’épreuve de la foi » – examine le sujet sous l’angle du témoignage, autrement dit de l’expression (énonciation, manifestation, réception).
  • Le troisième axe – « Abandon(s), sacrifice, renoncement » – s’attache à l’exploration de la résignation saisie dans sa bivalence étymologique (celle de don entier et de désertion), en particulier à l’étude des modes, processus et usages de l’attachement/détachement religieux, appréhendée dans la sphère essentiellement intime. Une attention singulière est accordée à l’expression de la capitulation, d’une part aux sujets de désengagement, d’autre part aux motifs de son énonciation.
  • Le quatrième registre d’enquête – « Militances, revendications, combats » – a pour objet d’étude les formes de piété partisanes, revendicatives et contestataires qui animent la sphère intime et excèdent le for privé. Il se fixe d’analyser les dispositifs et les parcours d’engagement au service de l’avancée d’une cause, de la conquête d’un droit ou de la revendication d’une liberté. Comment dire son engagement ? Ce thème propose également d’évaluer les aspirations qui suscitent le témoignage d’un attachement, qui stimulent la revendication d’une appartenance. Quels objectifs sont visés ? Dit autrement que cherche-t-on à obtenir par ces témoignages d’attachement, quelle forme de combat l’expression de l’attachement soutient-elle et quelle force lui attribue-t-on ? L’ultime domaine d’étude qui structure les quatre autres a trait à l’identification d’un corpus propre au sujet (types de sources, registres littéraires).

Libre aux intervenants de choisir leur axe de prédilection et d’investir divers thèmes du programme d’étude.

Ce programme de recherche confronte deux espaces, francophone et anglophone, et vise à identifier, au prisme d’altérités tant géographique que confessionnelle au sein de l’Europe, la proximité, les transferts et les particularismes des discours et des pratiques des uns et des autres – catholiques et protestants (des îles britanniques et du Continent, des pays d’exil et du Refuge). Il aspire à explorer ces champs à l’appui de sources inédites ou jusqu’ici peu travaillées, et à participer à la constitution d’un corpus de sources de langues française et anglaise.

Le souhait de donner la visibilité à des corpus peu connus recoupe celui d’examiner les sources favorisant l’approche de l’expression de l’attachement religieux sur les trois siècles de l’époque moderne : celui-ci a-t-il un mode singulier d’expression, un lexique spécifique, des registres d’énonciation de choix, des lieux théologiques propres, des motifs littéraires ou philosophiques persistants, une économie symbolique générale, un genre littéraire prédominant ? Quelles sont ses mises en récit et en écriture ? L’enquête se prête à des examens resserrés. Chacun des auteurs peut choisir de travailler un type de source de façon à dégager des variables, à identifier des modèles, à considérer les écarts aux références les plus courantes ou généralement admises de façon à joindre à l’examen thématique l’analyse des dispositifs rhétoriques. Il en va de l’analyse des processus de codification du lien religieux et de l’appréhension des expressions les plus spontanées (ou, disons, les moins réglées) de l’union spirituelle. Il demeure en effet essentiel de l’intercepter aussi en infraction, loin de toute expression normée, dans l’intimité d’une considération.

Le double particularisme géographique et confessionnel qui privilégie l’Europe chrétienne moderne n’exclut pas des excursus en d’autres contrées. La dimension comparative favorise l’ouverture de l’enquête à de tierces confessions et religions monothéistes susceptibles d’éclairer la spécificité des usages catholiques et protestants, eux-mêmes appréhendés dans leur déclinaison confessionnelle plurielle (catholicismes romain et orthodoxe, protestantismes luthérien, calvinien, presbytérien et anglican). Le comparatisme temporel est également privilégié : il importe de discerner les spécificités de la première modernité de celles des XVIIe et XVIIIe siècles, de dissocier les pratiques au long cours et les dissemblances chroniques, en veillant individuellement à interroger la spécificité de nos études respectives une fois replacées dans le temps long de la modernité. Ceci afin d’appréhender les innovations et de différencier les simples réactivations des attitudes et démarches proprement originales.

L’optique est d’isoler les régularités des pratiques davantage novatrices en prenant soin d’identifier les prorogations ou réactualisations (durabilité, variabilité ou ajustement des registres de langue, des figures bibliques, des procédés rhétoriques, des modèles de piété mobilisés notamment dans la manifestation de la foi).

Modalités de soumission

Les propositions de communication ne doivent pas excéder 1500 caractères (15 lignes). Titre et résumé de présentation sont à envoyer à Paula Barros (paula.barros@univ-montp3.fr) et Chrystel Bernat (chrystel.bernat@gmail.com)

avant le 15 novembre 2015

assortis (dans un même fichier) d’une courte notice biographique (curriculum vitae d’une page maximum précisant notamment les champs de recherche, affiliations et publications récentes). Les langues de communication seront le français et anglais.

Comité scientifique

  • Paula Barros (Université Paul-Valéry, Montpellier)
  • Christian Belin (Université Paul-Valéry, Montpellier)
  • Chrystel Bernat (Institut protestant de théologie, Faculté de Montpellier)
  • Hubert Bost (École pratique des hautes études, Paris)
  • Luc Borot (Université Paul-Valéry, Montpellier)
  • Bernard Cottret (Université Paris 8)
  • Françoise Deconinck-Brossard (Université Paris 10)
  • Jérémie Foa (Aix-Marseille Université)
  • Frédéric Gabriel (CNRS)
  • Simon Icard (CNRS)
  • Pierre Lurbe (Paris IV Sorbonne) 
  • Anne Page (Aix-Marseille Université – IUF)
  • Bertrand van Ruymbeke (Université Paris 8)
  • Ruth Whelan (Maynooth University, Irlande)

Organisation

Paula Barros et Chrystel Bernat

Séminaire d’Histoire Moderne des Religions

Institut protestant de théologie – Faculté de Montpellier

(13, rue Louis Perrier – 34000 Montpellier)

Institut de recherche sur la Renaissance, l’âge Classique et les Lumières

IRCL, UMR 5186, CNRS – Université Paul-Valéry, Montpellier

(Site Saint-Charles rue du Professeur Henri Serre – 34080 Montpellier)

Lieux

  • Université Paul-Valéry, Montpellier 3, Site Saint-Charles rue du Professeur Henri Serre
    Montpellier, France (34080)

Dates

  • dimanche 15 novembre 2015

Mots-clés

  • représentation, émotions, religion, spirtualité, Europe moderne

Contacts

  • Chrystel Bernat
    courriel : chrystel [dot] bernat [at] gmail [dot] com
  • Paula Barros
    courriel : paula [dot] barros [at] univ-montp3 [dot] rf

Source de l'information

  • Paula Barros
    courriel : paula [dot] barros [at] univ-montp3 [dot] rf

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« L’attachement religieux. Exercices de la foi, engagement spirituel et résignation en Europe moderne », Appel à contribution, Calenda, Publié le vendredi 09 octobre 2015, https://doi.org/10.58079/tee

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