AccueilLe transcendantal en question

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Le transcendantal en question

The transcendental in question

Critiques du transcendantal dans le néokantisme, la phénoménologie et la métaphysique contemporaine

Critiques of transcendentalism in Neo-Kantism, phenomenology and contemporary metaphysics

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Publié le mercredi 25 novembre 2015

Résumé

Ce colloque voudrait envisager la pertinence philosophique actuelle de la  notion de transcendantal, en procédant à partir d’un examen de certaines de ses plus importantes critiques. Compte-tenu de la richesse des trois traditions envisagées, il ne vise évidemment pas à l’exhaustivité dans leur étude. Il s’agit plutôt d’un premier balisage, devant permettre de dégager quelques grands points de force transversaux, qu’il pourra s’agir ensuite d’étudier plus précisément.

Annonce

Contexte et objectifs généraux du colloque

Le débat philosophique récent, notamment au sein de la philosophie dite continentale, a rouvert la discussion autour de cette notion, sous l’influence de deux facteurs : d’une part, l’engouement certain pour une nouvelle forme de réalisme directement opposé à toute conception transcendantaliste de la philosophie, c’est-à-dire à toute entreprise philosophique qui veuille penser, non pas le monde, mais les conditions subjectives de la donation du monde ; d’autre part, la prise en compte de plus en plus importante, au sein même de la philosophie continentale, des positions de la métaphysique contemporaine (dite analytique), ainsi que de la philosophie de l’esprit et des sciences cognitives. La notion de transcendantal, et plus largement les philosophies transcendantalistes, semblent selon ces perspectives irrémédiablement datées, prisonnières de l’illusion selon laquelle le kantisme aurait constitué une révolution définitive dans l’histoire de la pensée, quand il n’en était en fait qu’une petite parenthèse.

Cependant, une difficulté tient au fait que ces critiques radicales du transcendantalisme ignorent la grande variété, parfois d’ailleurs source de confusions, dans les usages de la notion de transcendantal. Désignant les conditions de possibilité de l’expérience, cette notion déborde largement le kantisme historique, et même la postérité en ligne directe de Kant. Elle permet un changement de regard philosophique (depuis les choses vers les conditions subjectives de la possibilité de leur connaissance) qui a longtemps été considéré comme fécond, et qui peut être utilisé dans de nombreux contextes. On la retrouve bien sûr dans la phénoménologie d’inspiration husserlienne, dans les différents néokantismes, mais aussi dans la métaphysique descriptive d’un Strawson par exemple, dans la philosophie du langage ordinaire ou encore en philosophie morale. La phénoménologie française de la fin du XXe siècle a été de plus en plus explicitement méfiante à l’égard du transcendantalisme. Les renouveaux actuels dans l’étude du néokantisme montrent que le transcendantal a pris bien d’autres figures que celles de l’orthodoxie kantienne ou même néokantienne au sens de l’école de Marbourg.

La question est de savoir si toutes ces critiques « internes » de la notion de transcendantal, qui visent à critiquer un sens reçu du transcendantal sans l’abandonner tout à fait, sont comparables, et peuvent permettre d’apporter des réponses aux critiques « externes » et contribuer à conserver une pertinence à l’usage philosophique de la notion de transcendantal et du raisonnement transcendantal.

Différentes lignes de critiques, qui font bouger les lignes philosophiques

L’intérêt d’une réflexion de ce type, c’est qu’elle permet de reconfigurer, autour de la notion de transcendantal, les fractures philosophiques habituelles. En effet, s’il existe bien une différence entre deux lignes de critiques du transcendantal, elle ne recoupe pas la différence entre philosophie analytique et continentale, mais la traverse :

  • Les critiques externes du transcendantal trouvent leur origine, au sein de la philosophie continentale, dans les différents matérialismes et aujourd’hui finalement dans le « matérialise spéculatif » ou plus largement dans ce qu’il est convenu d’appeler le « réalisme spéculatif ». Or ces critiques rejoignent celles de la métaphysique contemporaine ou de la philosophie de l’esprit, dans la mesure où elle est réaliste. Elles peuvent toutes deux être englobées sous l’expression de critiques métaphysiques du transcendantal. Il faut toutefois noter une différence.  Le « matérialisme spéculatif » semble construit directement contre l’héritage kantien, et par conséquent la critique du transcendantalisme y est constante et explicite. En revanche, la métaphysique contemporaine, n’étant que fort peu sous l’influence de Kant, discute moins directement cette question. Paradoxalement, cela lui permet peut-être de réintroduire de manière plus ou moins explicites des arguments transcendantaux, procédant suivant la recherche des conditions de possibilité de l’expérience (explicitement chez Van Til, peut-être chez Plantinga). L’un des objectifs de ce colloque serait d’objectiver les critiques implicites de la notion de transcendantal dans le réalisme contemporain, mais aussi de discuter la persistance plus ou moins explicites de modes d’argumentation transcendantaux chez certains de ses représentants.
  • Les critiques internes peuvent elles aussi être catégorisées en deux grands courants :

Les néo-kantismes dans leur diversité, dans la mesure où ils re-déploient la notion de transcendantal dans des cadres qui peuvent être empiristes voire matérialistes. Cette diversité des « retours à Kant » (Ferrari) fait aujourd’hui l’objet d’une redécouverte importante, et tout particulièrement à l’Université de Lorraine par la participation des Archives Poincaré au projet de recherche « Pour une nouvelle histoire du néo-kantisme ». Ce colloque serait l’occasion, en associant des chercheurs engagés dans ce projet, de faire le point sur certains usages de la notion de transcendantal. Dans les écoles de Marbourg et de Bade bien sûr, qui préparent en partie la possible reprise du raisonnement transcendantal dans la métaphysique descriptive (notamment parce que la critique par H. Cohen de toute interprétation ontologique de l’idéalisme transcendantal prépare en un sens la possibilité d’utiliser le mode de raisonnement transcendantal indépendamment de tout engagement envers l’idéalisme), et dans la philosophie morale (Apel, Habermas, Korsgaard). Mais par-delà ces deux écoles, il sera intéressant d’envisager les usages du transcendantal et les critiques qu’ils impliquent dans les néokantismes empiristes. Certains membres de ce courant tendent à ancrer les règles a priori de la connaissance dans une psychologie voire une physiologie (par exemple Albert Friedrich Lange ou Hermann von Helmholtz), ce qui implique évidemment une redéfinition conséquente de la notion de transcendantal, mais ouvre en même temps la possibilité d’une discussion sur les problèmes contemporains de philosophie de l’esprit. Mais on peut également ranger dans ce courant des auteurs pour qui le transcendantal ne désigne pas tant des structures psycho-physiologiques de la connaissance humaine, que des jugements synthétiques a priori ou conventions librement formées par notre esprit, mais dont le choix est guidé par l’expérience (Poincaré, par exemple).

La phénoménologie, qui semble avec Husserl et l’idée de constitution intentionnelle, entièrement dépendante d’un projet transcendantaliste au sens le plus fort du terme (mais cette évidence serait-elle même à interroger), tend, dans son développement, à s’éloigner de cette interprétation selon plusieurs directions. Dans des perspectives différentes voire opposées, et dans la suite de M. Merleau-Ponty ou M. Henry, C. Romano et J.-L. Marion mettent en question non seulement la nature constituante de la structure intentionnelle, mais jusqu’à cette structure elle-même. La phénoménologie allemande connaît une évolution du même genre, déjà dans l’œuvre de Heidegger puis, d’une façon à la fois extrême et emblématique, de M. Richir (« Rien n’est transcendantal ») ou de Gilles Deleuze. Ainsi on trouve en fait, à l’intérieur de cette tradition qui peut extérieurement sembler la plus engagée avec le transcendantal, de nombreuses et diverses critiques de la notion. Toutefois, ces critiques posent parfois la question de savoir si, en allant jusqu’à mettre en cause l’un des plus importants de leurs principes méthodologiques, certaines phénoménologies ne courent pas le risque soit de disparaître purement et simplement comme phénoménologies, soit de développer un discours de plus en plus apophatique.

Modalités de soumission

Les propositions de 1000 signes max. sont à envoyer

avant le 31 décembre

à l'adresse anthony.feneuil@univ-lorraine.fr

Comité scientifique

  • C. Bouriau (UL),
  • N. Depraz (Archives Husserl),
  • A. Feneuil (UL),
  • L. Husson, Y. Meessen (UL),
  • L. Sosoe (Université du Luxembourg),
  • P. Welsen (Université de Trêves)

Lieux

  • Metz, France (57)

Dates

  • jeudi 31 décembre 2015

Fichiers attachés

Mots-clés

  • transcendantal, métaphysique, phénoménologie, néokantisme, Kant, réalisme, idéalisme, a priori

Contacts

  • Anthony Feneuil
    courriel : anthony [dot] feneuil [at] univ-lorraine [dot] fr

Source de l'information

  • Anthony Feneuil
    courriel : anthony [dot] feneuil [at] univ-lorraine [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Le transcendantal en question », Appel à contribution, Calenda, Publié le mercredi 25 novembre 2015, https://doi.org/10.58079/tuo

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