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Comparer des expériences

Comparing experiences - Éducation comparée journal issue 16 or 17

Revue Éducation comparée n°16 ou 17

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Publié le lundi 18 janvier 2016

Résumé

La mobilité ne cesse de se développer marquée par des immersions de longue durée (expatriations, séjours humanitaires ou touristiques). Chaque année, avec un ensemble de programmes de mobilité internationale, un nombre conséquent d’individus séjournent plusieurs mois dans un pays dont ils connaissent approximativement la langue. Ce type de situation interculturelle peut être un formidable terreau pour le chercheur désireux de comparer les expériences. La comparaison des expériences scolaires met en lumière l’ethnocentrisme des conceptions éducatives ainsi que les spécificités culturelles. Est-il possible de comparer des expériences et comment les comparer ? Sachant que nous n’entendons pas ici la comparaison comme une évaluation des expériences, mais une mise en lumière de leurs spécificités culturelles. C’est la question à laquelle ce numéro d’Éducation comparée tente de répondre.

Annonce

Argumentaire

« Nous sommes devant un besoin urgent de procéder à une révolution méthodologique des approches comparées. » (Novoa, 2003 : 79)

La mobilité ne cesse de se développer (Appadurai, 2001), marquée par des immersions de longue durée (expatriations, séjours humanitaires ou touristiques). Chaque année, avec un ensemble de programmes de mobilité internationale, un nombre conséquent d’individus séjournent plusieurs mois dans un pays dont ils connaissent approximativement la langue. Ce type de situation interculturelle peut être un formidable terreau pour le chercheur désireux de comparer les expériences. Leur situation interculturelle peut permettre de porter un regard nouveau et particulier sur les expériences sociales – et notamment sur les expériences scolaires – de par la mise en exergue de spécificités culturelles (souvent négligées dans les analyses sociologiques), comme Brougère l’a par exemple montré concernant l’éducation préscolaire (Brougère, 2002, 2005 : 22 ; Brougère et Rayna, 2000 ; Brougère et Tobin, 2000 : 168).

La comparaison des expériences scolaires met en lumière l’ethnocentrisme des conceptions éducatives ainsi que les spécificités culturelles comme l’ont montré Alexander (2000, 2003) d’une part et Tobin, Wu et Davidson (1989) d’autre part, dans deux célèbres ouvrages qui comparent des ethnographies de l’école primaire dans quelques pays. Est-il possible de comparer des expériences et comment les comparer ? Sachant que nous n’entendons pas ici la comparaison comme une évaluation des expériences, mais une mise en lumière de leurs spécificités culturelles. C’est la question à laquelle ce numéro d’Education comparée tente de répondre.

Dans le champ de l’éducation comparée, la comparaison est généralement située au niveau des systèmes scolaires, très rarement au niveau des expériences scolaires ; l’analyse est effectuée de façon nationale et il n’existe pas de comparaisons internationales des expériences scolaires. Les grandes études internationales comme PISA (Programme for International Student Assessment) comparent généralement les compétences ou les performances des élèves. Ces statistiques nous semblent insuffisantes pour avoir une image satisfaisante des systèmes éducatifs et il est nécessaire d’avoir un matériau sur les expériences, et en particulier sur les comparaisons d’expériences.

Ces grandes études internationales occupent désormais une place centrale en éducation comparée et sont très critiquées par quelques chercheurs, notamment parce qu’elles « répondent à des questionnements socio-politiques plus proches de la culture des décideurs que de celle des chercheurs en sciences humaines, dont elles ignorent souvent les problématiques » (Peyronie, 2011 : 55). Par ailleurs l’utilisation politique et médiatique des résultats de ces recherches pose question pour des chercheurs (Mons, 2007). Leur unique objet est l’évaluation, ce qui fait débat et ne va pas de soi pour tous les comparatistes (tant dans les modalités méthodologiques d’évaluation que dans cette finalité de l’éducation comparée) (Chevalier, 2012 ; Mons, 2007). Certains vont jusqu’à regretter que leur développement impacte à ce point l’éducation comparée : « les catégories des recommandations internationales qui impulsent les réformes nationales ont tendance à constituer elles-mêmes la colonne vertébrale de la démarche comparatiste ; “l’unité“ est donnée au départ, on identifie ses variations dans les processus d’acculturation au sein des cultures nationales ou régionales » (Peyronie, 2011 : 67-68). Peyronie relève l’importance du développement de recherche en éducation comparée continuant « de relayer la tradition de la recherche critique en sciences humaines » (2011 : 68). L’enjeu est ainsi la mise en place de méthodologies permettant d’« allier approche comparatiste et questionnement sociologique » (2011 : 70).

Il est ainsi essentiel de mettre en parallèle ces recherches quantitatives avec des résultats qualitatifs relatifs aux comparaisons des expériences scolaires qui font apparaître des spécificités nationales et permettent d’affiner les problématiques comparatistes. De plus, il est essentiel d’effectuer une comparaison des expériences dans la mesure où celle-ci permet une comparaison des cultures d’une autre nature qu’une comparaison des cultures à partir des systèmes – la culture étant ici appréhendée comme un processus qui n’existe pas en dehors des expériences (Becker, 1985). Au regard de la littérature actuelle, la comparaison des expériences fait défaut. Bray et Thomas (1995), qui ont catégorisé une grande partie des recherches en éducation comparée réalisées il y a quelques années, ne font pas mention de la possibilité d’une comparaison des expériences par des acteurs en situation de mobilité. Potts (2010), qui prône fortement le développement d’approches quantitatives en éducation comparée, va jusqu’à souligner l’importances de l’analyse des incidences biographiques sur le chercheur de l’engagement en éducation comparée.

Après que le n°7 d’Education comparée (2012) a questionné les évaluations internationales, ce volume proposera une autre façon de conduire des recherches en éducation comparée, à partir d’une comparaison des expériences. Mais celle-ci n’est pas sans poser des questions méthodologiques et épistémologiques et la comparabilité des expériences est à construire (Robin, 1994).

Le type de recherche attendu pour ce volume d’Education comparée se situe en différenciation de l’hégémonie positiviste-mathématique des grandes études internationales, dans la lignée d’un ensemble de recherches en éducation comparée accordant un primat au particularisme (Boudesseul 2010, Potts, 2010 ; Raveaud, 2007 ; Alexander, 2000 ; Alexander et al., 1999). En revanche, ce type de recherche consiste fréquemment en une comparaison d’ethnographies. Peyronie (2011), dans sa note de synthèse sur les études comparatistes relatives à la formation des enseignants mentionne l’intérêt de comparaison d’études entre différents pays, sans jamais noter la possibilité que puisse exister une ethnographie de la comparaison. Or, la comparaison des expériences est un moyen pertinent de développement de la connaissance (Brougère, 1997 : 47; La Borderie, 2000 : 24; Novoa, 2001 : 53), et notamment par les acteurs eux-mêmes.  

Deux types de contributions sont attendus pour ce numéro d’Education comparée :

1. Des recherches présentant des résultats empiriques à partir d’une comparaison d’expériences (Wallenhorst, 2010a, 2010b, 2013), du croisement de regards de différentes provenances culturelles sur une même expérience, ou travaillant à partir du discours d’acteurs ayant fait l’expérience d’une autre expérience. Des récits de chercheurs rendant compte de la façon dont ils ont réalisé une « éducation comparée sur le terrain » (Groux et Porcher, 2000 : 67) où des acteurs de différentes provenances culturelles sont entrés en relation les uns avec les autres.

2. Des articles présentant des réflexions méthodologiques et épistémologiques. Comment réaliser un travail d’éducation comparée compréhensive ? Quels essais « d’inventivité méthodologique » (Sirota, 2006 : 32) ont été réalisés ? Comment l’interculturel a-t-il pu être utilisé comme moyen d’accès à des données ? Comment « tirer parti de ceux qui ont vécu un autre système » (Kodron, 1994 : 94) pour la production de connaissance ? 

Les contributions pourront porter sur différents types de population comme les élèves, les étudiants, les enseignants, éducateurs ou formateurs, les volontaires en mission de solidarité internationale, des personnes en situation d’expatriation, tous types de personnes en immersion dans autre espace national et réalisant de ce fait « une autre expérience ».  

Conditions de soumission et calendrier

1. Envoi d’une proposition de texte d’une page (titre, résumé, éléments bibliographiques)

d’ici le 29 février 2016.

2. Retour des coordinateurs du volume mi février 2016.

3. Envoi d’un texte en français ou en anglais de 25 000 à 50 000 signes d’ici fin août 2016. Ce texte doit comprendre un résumé en français et en anglais ainsi que 5 mots clés.

4. Expertises en double aveugle menée par le comité de rédaction d’Education comparée. Retour vers les auteurs avec avis en octobre 2016.

5. Envoi des textes définitifs avant le 15 décembre 2016.

6. Publication du volume début 2017 (n°16 ou 17 d’Education comparée). Le comité de rédaction se réserve le droit de ne pas publier un texte s’il n’était pas en cohérence avec le volume dans son ensemble.

Vos textes doivent être adressés aux coordinateurs de ce numéro : Nathanaël Wallenhorst (nathanael.wallenhorst@uco.fr) et Christian Jamet (cjamet@uco.fr).

Coordinateurs scientifiques

  • Nathanaël Wallenhorst, Maître de Conférences en Sciences de l'éducation à l'Université Catholique de l'Ouest – Laboratoire : EXPERICE (Paris 8, Paris 13) ; PESSOA (UCO)
  • Christian Jamet, Maître de Conférences en Sciences de l'éducation à l'Université Catholique de l'Ouest – Laboratoire : PESSOA

Bibliographie

  • Alexander R (2000) Culture and pedagogy. Oxford : Blackwell Publishing.
  • Alexander R (2003) Pédagogie, culture et comparaison : vision et versions de l’école élémentaire. Revue française de pédagogie 142 : 5-19.
  • Alexander R Broadfoot P Phillips D (eds) (1999) Learning from comparing vol 1. Oxford : Symposium Books.
  • Appadurai A (2001) Après le colonialisme. Paris : Payot.
  • Becker HS (1985) Outsiders. Études de sociologie de la déviance. Paris : Métailié.
  • Boudesseul G (2010) Introduction Plans, projet, attentes et aspirations : vers une comparaison internationale des choix de diplômes. Les Sciences de l’éducation – Pour l’Ere nouvelle 43 : 7-22.
  • Bray M et Thomas RM (1995) Levels of Comparison in Educational Studies : Different Insights from Different Literatures and the Value of Multilevel Analyses. Harvard Educational Review 65(3) : 472-490.
  • Brougère G (1997) Jeu et objectifs pédagogiques : une approche comparative de l’éducation préscolaire. Revue française de pédagogie 119 : 47-56.
  • Brougère G (2002) L’exception française : L’école maternelle face à la diversité des formes préscolaires. Les Dossiers des Sciences de l’Education : 9-19.
  • Brougère G (2005) Parents et professionnels face à l’accueil et à l’éducation du jeune enfant. In : G Brougère et S Rayna (eds) Accueillir et éduquer la petite enfance. Lyon : INRP, pp. 9-23.
  • Brougère G et Rayna S (2000) (eds) Traditions et innovations dans l’éducation préscolaire. Lyon : INRP.
  • Brougère G et Tobin J (2000) Culture et sexualité à l’école maternelle. Etude comparée entre les Etats-Unis et la France. Education et Sociétés : 167-185.
  • Chevalier M (2012) Ce que PISA veut dire : usages et mésusages des évaluations en éducation comparée. Regards croisés sur l’économie 12 : 65-68.
  • Groux D et Porcher L (2000) Les échanges éducatifs. Paris : L’Harmattan.
  • Kodron C (1994) Nouveaux défis, nouvelles démarches comparatives. Revue internationale d’éducation Sèvres, Approches comparatives en éducation : 87-95.
  • La Borderie R (2000) L’art du voyage, repères pour la comparaison. In : D Groux et N Tutiaux-Guillon (eds) Les échanges internationaux et la comparaison en éducation, pratiques et enjeux. Paris : L’Harmattan, pp. 9-26.
  • Mons N (2007) L’évaluation des politiques éducatives. Apports, limites et nécessaire renouvellement des enquêtes internationales sur les acquis des élèves. Revue internationale de politique comparée 14 : 409-423.
  • Novoa A (2001) Etats des lieux de l’éducation comparée, paradigmes, avancées et impasses. In : RSirota (eds) Autour du comparatisme en éducation. Paris : PUF, pp. 41-48.
  • Peyronie H (2011) Les problématiques sociologiques de la formation des enseignants et de leur socialisation identitaire : quelles comparaisons internationales ? Les Sciences de l’éducation – Pour l’Ere nouvelle 44 : 53-76.
  • Porcher L (1997) Introduction. Revue française de Pédagogie 121 : 5-7.
  • Potts P (2010) La place de l’expérience dans la recherche en éducation comparée. In : M Bray B Adamson B Mason (eds) Recherches comparatives en éducation. Bruxelles : De Boeck, pp. 71-88.
  • Raveaud M (2007) L’éducation comparée : nouveaux débats pour des paradigmes bicentenaires Revue internationale de politique comparée 14 : 377-384.
  • Robin D (1994) Construire la comparabilité. Revue internationale d’éducation Sèvres, Approches comparatives en éducation : 27-34.
  • Sirota R (2006) Petit objet insolite ou champ constitué, la sociologie de l’enfance est-elle encore dans les choux ? In : R Sirota (eds) Éléments pour une sociologie de l’enfance. Rennes : Presses universitaires de Rennes, pp. 13-34.
  • Tobin J Wu DYH et Davidson DH (1989) Preschool in Three Cultures. New Haven : Yale University Press.
  • Wallenhorst N (2010a) Primauté et centralité de l’école dans la vie d’un lycéen français. Éducation et Société 26 : 177-190.
  • Wallenhorst N (2010b) Relation pédagogique et figure de l’enseignant. Comparaison franco-allemande. Éducation comparée : 155-182.
  • Wallenhorst N (2013) L’école en France et en Allemagne. Comparer des expériences scolaires. Bern : Peter Lang.

Dates

  • lundi 29 février 2016

Mots-clés

  • expérience, éducation comparée, mobilité, interculturel, méthodologie

Contacts

  • Nathanaël Wallenhorst
    courriel : nathanael [dot] wallenhorst [at] uco [dot] fr

URLS de référence

Source de l'information

  • Nathanaël Wallenhorst
    courriel : nathanael [dot] wallenhorst [at] uco [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Comparer des expériences », Appel à contribution, Calenda, Publié le lundi 18 janvier 2016, https://doi.org/10.58079/u5z

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