Accueil Des (psycho)traumatismes de la période esclavagiste :
 grands chantiers interdisciplinaires pour une (ré)émergence de la psychologie africaine ?

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Des (psycho)traumatismes de la période esclavagiste :
 grands chantiers interdisciplinaires pour une (ré)émergence de la psychologie africaine ?

Twoma tribò babò depi epòk lesklavaj : Gwo chantye nan kafou plizyè disiplin pou nou (re)mete jèvrin nan yon Sikoloji Afriken ?

Psychology and trauma in the slave era: the main interdisciplinary lines of research in the reemergence of African psychology?

Festival international de psychologie africaine 2016

International Festival of African Psychology 2016

Premye Festival Entènasyonal Sikoloji Afriken

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Publié le vendredi 19 février 2016

Résumé

Le festival international de « psychologie africaine » est un immense événement scientifique, culturel, pluridisciplinaire annuel autour de la thématique de l’influence des manière d’être et savoir-faire spécifiques imprégnant la psychologie des peuples afro-descendants. Son objectif est de faire le plaidoyer auprès du grand public pour l’aménagement de la place de cette approche en matière de conceptualisation des phénomènes psychologiques et de pratique de soins de santé mentale. Ce festival a été conçu par l’Association Sikotwomatis ak Afrikanite (SITWOMAFRIKA), un Institut de recherche sur les traumatismes de l’esclavage et la psychologie africaine. En partenariat avec l’Institut de recherches et d’études Africaines de l’université d’État d’Haïti et le Département psychosocial de Zanmi Lasante/Partners in Health, trois journées d'activités scientifiques, artistiques et culturelles seront organisées à Port-au-Prince du  27 au 29 Mai 2016, afin de brancher un grand coup de projecteur sur les conséquences psychopathologiques et psychologiques de la transmission du trauma archaïque de l’esclavage, tout en jetant les bases d’une (ré)-émergence d’une discipline de la psychologie inspirée de la philosophie africaine ou afro-centrée.

Annonce

Argumentaire

Des études scientifiques, incluant des survivants et des enfants de survivants de grands traumas historiques, tels que l’holocauste nazi (massacre et persécution subis par des Juifs), le génocide arménien, les dictatures au Chili et en Argentine (citées par Baubet et al. 2006), ou des catastrophes naturelles, comme le séisme de 2010 en Haïti (Blanc et al., 2015a), ont mis en lumière l’existence d’une transmission neurobiologique, psychologique, et socioculturelle, de génération en génération des traumatismes liés à ces évènements d’un « passé lointain ». L’esclavage des périodes coloniales n’a pas été pris en compte parmi les évènements traumatiques signalés dans le Diagnostic Statistical Manual (DSM) ou la classification des maladies mentales de l’Association des Psychiatres Américains (APA) (2013). Néanmoins, plusieurs scientifiques des sciences humaines s’accordent, sur le fait que tous les critères sont réunis, dans le cas des descendants d’anciens esclaves, pour évoquer une exposition « multi-traumatique » prénatale, à travers les tortures physiques et morales infligées quotidiennement aux ancêtres Indiens, et Africains arrachés sauvagement de leur terre natale, puis réduits à l’état de biens-meubles des colons un peu partout dans les Amériques au XVe siècle jusqu'au début de la révolte haïtienne en 1791 et de l’abolition officielle de l’esclavage. Il s’agit d’un trauma historique et culturel. Pour certains historiens, ce phénomène, marque ce que l’on considère comme le plus grand génocide de tous les temps : destruction des familles, travaux forcés, fouets, meurtres, mutilations, humiliations, viols, christianisation. À travers le code noir, légalement quinze millions d’individus ont été dépouillés de leur humanité.

Les retombées psychologiques et psychopathologiques du trauma de la traite négriére ont déjà été étudiées sous forme de comportements suicidaires des esclaves, de syndrome post-traumatique de l’esclavage, de fonctionnement schizoïde, de faible estime de soi, de troubles identitaires, de symptômes de reviviscence, d’hyperexcitation ou d’activation neurovégétative, d’altération de la pensée et de l’humeur, d’asthénie et de léthargie, que certains auteurs décrivent comme caractéristiques de la personne de couleur (Joy Degry, 2005 ; Wilson 1978 ; Charles, 2015).

Ces conséquences psychologiques et psychopathologiques de la lutte pour la liberté, sont
 susceptibles d’avoir des retombées marquantes à long terme sur la psychè de l’individu et de celle de son groupe d’appartenance. Haïti est un symbole de cet état de fait. Apres avoir conquis son indépendance en 1804, elle continue de faire face à des défis de taille, entravant son développement sur les plans éducatif, économique et social. Compte tenu de l’impact de la colonisation, l’urgence de guérison des traumatismes de l’esclavage est incontournable, mais surtout cruciale pour l’avancement de cette nation.

Néanmoins, si la guérison de la psychè haïtienne et d’autres peuples afro-descendants apparaît centrale pour leur développement, plusieurs auteurs ont par ailleurs attiré l’attention de la communauté scientifique sur la difficulté, ou l’échec de la psychologie occidentale à penser et soigner adéquatement des comportements de l’individu afro-descendants. Ils soulignent que la tendance des spécialistes euro-descendants à faire croire à l’universalité de leurs constructions nosologiques s’avère dangereuse, quand ces critères nosologiques deviennent synonymes de pathologie et nécessitent un traitement, fort souvent déterminé et profondément ancré dans l’idéologie hégémonique coloniale (Hickling & Hutchinson, 2000). La naissance de la psychologie occidentale, à l’instar de celle des autres sciences humaines et sociales, a été entachée de discours racistes diffusés par des « grands penseurs », tels que Carl Gustave Jung (psychanalyse), Francis Galton (psychologie de l’intelligence), Edward L.Thorndike (Behaviorisme), Stanley G. Hall (Psychologie du développement), Mac Dougal (psychologie sociale) ; et tant d’autres ayant décrit les peuples de cultures différentes, notamment les afro-descendants comme intellectuellement et affectivement inferieurs aux autres d’ascendance européenne.

Le Dr Louis Mars (1906-2000), un psychiatre haïtien qui s'intéressait tant au  Vaudou qu'à la décolonisation, inventa le concept d’« ethnopsychiatrie » et posa que des peuples n'ayant pas de tradition écrite possèdent tout de même des savoirs. L’ethnopsychiatrie renvoie à la« psychiatrie », qui a son équivalent dans chaque culture humaine. En Amérique du Nord, des penseurs afro-américains œuvrent depuis quelque temps pour une (ré)-émergence ou la réappropriation de l’héritage africain dans l’avènement de la psychologie générale. La Psychologie africaine ou afro-centrée est conçue ici en tant que système de connaissances (philosophie, définitions, concepts, modèles, procédures et pratiques) à propos de la nature de l’univers social dans une perspective de la cosmogonie africaine. Ainsi, cette psychologie n’est ni plus ni moins le réveil, l’articulation, l’opérationnalisation, et l’application des principes de la réalité structurelle africaine en rapport aux phénomènes psychologiques (Baldwin, 1986).

Dans le but :

1) de nourrir la réflexion sur la place de l’histoire de l’esclavage dans le développement psychosocial des colonisés, ou sur l’incapacité de la psychologie occidentale à comprendre les personnes de culture africaine dans toutes leurs dimensions ;

et 2) de contribuer à faire (re)-émerger, ou de promouvoir des paradigmes théoriques, des outils, des techniques et méthodes thérapeutiques inspirés de la vision du monde cosmocentrique africaine;

l’Asosyasyon  Sikotwomatis ak Afrikanite (SITWOMAFRIKA), un Institut de Recherche sur les Traumatismes de l’Esclavage et la Psychologie Africaine en partenariat avec l’Institut de Recherches et d’Etudes Africaines d’Haiti (IERAH/ISERSS), et le Département Psychosocial de Zanmi Lasante (Partners in Health) se proposent d’organiser à Port- au-Prince les 27, 28 et 29 Mai 2016, son premier Festival International de Psychologie autour du thème :“Des (psycho)traumatismes de la période esclavagiste:  Grands chantiers interdisciplinaires pour une (ré)émergence de la Psychologie Africaine ? ».

Ces trois journées festives et pluridisciplinaires prendront la forme de symposium (intervenants locaux et internationaux) et d’évènements culturels (projection cinématographique, concert, théâtre, danse, exposition et foires, etc).

Les propositions de communication toucheront principalement aux thématiques suivantes:

1) Philosophie africaine

2) Nature, Structure et Dynamisme  de la culture

3) « Ethnosciences » et approches de santé mentale

4) Mythologie et psychologie

5) Héritage africain dans la psychologie générale

6) Culture et développement psychologique

7) Colonialisme, esclavage et (psycho)-traumatismes

8) Trauma culturel

9) Mémoire de la traite négrière et mémoire traumatique

10) Théories racistes et  développement des Sciences Humaines et Sociales

11) Langues  et trauma de l’esclavage

12) Système éducatif et colonisation

13) Marronnage : stratégie de défense psychologique

14) Théorie de la libération  

15) Louis Mars et l’Ethnopsychiatrie

16) Arts et  mémoire de l’esclavage

17) Culture afro-centrée et thérapie

18) Esclavage, réparations et santé mentale.

Conditions de soumission

Les propositions de communication peuvent être soumises en créole, français ou anglais  sous forme d’un résumé de 500 mots maximum (Objectifs, Méthode, Résultats et Conclusion, suivis de 7 mots clefs) en faisant figurer le titre de la communication, les nom et prénom de ou des auteurs, l’affiliation institutionnelle et l’adresse courriel.

Les résumés sont à envoyer à fesapap@gmail.com ou juditeblanc@sitwomafrika.org

avant le 15 mars 2016.

L’article final de la communication, d’une longueur maximale de 5000 mots, devra nous parvenir au plus tard le 15 juin 2016 (les consignes de présentation vous seront  transmises avec le retour de la réponse du comité scientifique).

Les textes de communication finale seront publiés dans les actes du colloque du Festival de Psychologie Africaine.

Calendrier

  • Résumé de la communication (500 mots) : 15 mars 2016

  • Réponse du comité scientifique : 30 mars 2016
  • Bulletin d’inscription : 29 avril 2016
  • Dates du Festival International de Psychologie Africaine : 27, 28 et 29 mai 2016 à l'université d’État d’Haïti, Port-au-Prince
  • Envoi des textes de communication finale (3 000 mots) : 30 juin 2016 

Comité scientifique

  • Suze Mathieu, Ph.D, Professeure d’Anthropologie Culturelle à l’Université d’Etat d’Haïti (UEH), Haïti
  • Lenz Jean-François, Ph.D, Professeur de Psychologie Sociale et Responsable du Département de Psychologie à Faculté des Sciences Humaines de l’Université d’Etat d’Haïti (FASCH/UEH), Haïti
  • Judite Blanc, Ph.D., Enseignante en Psychologie à l’Université d’Etat d’Haïti/Université Notre Dame d’Haïti,  et Coordonnatrice de SITWOMAFRIKA, Haïti
  • Sterlin Ulysse, Ph.D., Professeur d’Histoire de l’Art à l’Institut de Recherches et d’Etudes Africaines d’Haïti (IERAH/ISERS) de l’Université d’Etat d’Haïti, Haïti
  • Marc Désir, Ph.D., Professeur D’Histoire et Doyen de IERAH/ISERSS, Haiti.
  • Hérold Toussaint, Ph.D, Professeur de Psychologie Sociale et de Communication Politique à l’Université d’Etat d’Haïti (UEH), Haïti
  • Josiane EZIN HOUNGBE, Ph.D., Professeure de Psychiatrie, Faculté des Sciences de la Santé de Cotonou et Chef du Service de Psychiatrie du Centre National Hospitalier et Universitaire HKM de Cotonou, Bénin.
  • Gislene Mariette, Ph.D, Groupe de travail sur les soins en contexte de désastre, Association of Black Psychologists, États-Unis d’Amériques
  • Michel DeGraff, Ph.D., Professeur de Linguistique,  Massachussetts Institute of Technology (MIT)/ MIT-Haiti Initiative/ Akademi Kreyòl Ayisyen,  Etats-Unis d’Amériques /Haiti
  • Daniel Derivois, Ph.D., Professeur de Psychologie  à l’Université de Bourgogne, Franche Compte, France
  • Ena Eluther, Ph.D., Spécialiste de la Littérature Caribéenne,  Groupe « Fanm Ki Ka », Guadeloupe
  • Eddy Eustache, Psychologue et Responsable du Département Psychosocial de Zanmi Lasante (Partners in Health/Haïti).

Comité d’organisation

  • Judite Blanc,
  • Sterlin Ulysse,
  • John Justafort,
  • Gislene Mariette,
  • Michaelle Amedee Gedeon,
  • Jerry Michel,
  • Yv-Mari Seraline,
  • Christa Simonis,
  • Jean Widler Pierresaint,
  • Edwin Magloire,
  • Corency Charles,
  • Tatiana Theorosmy,
  • Henry Hogarth,
  • Eddy Eustache,
  • Viviane Nicolas.

Responsable scientifique du projet

  • Dr Judite Blanc : juditeblanc@sitwomafrika.org / Tel : (509) 38 26 69 56.

Coordonnées

fesapapa@gmail.com / festival_sikoloji_afriken@sitwomafrika.org

Lieux

  • Institut de recherches et d'études africaines d'Haiti (IERAH/ISERSS), 92 Lafleur Ducheine
    Port-au-Prince, Haïti

Dates

  • mardi 15 mars 2016

Mots-clés

  • africologie, mémoires, esclavage, trauma historique

Contacts

  • Judite Blanc
    courriel : juditeblanc [at] sitwomafrika [dot] org

Source de l'information

  • Judite Blanc
    courriel : juditeblanc [at] sitwomafrika [dot] org

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Des (psycho)traumatismes de la période esclavagiste :
 grands chantiers interdisciplinaires pour une (ré)émergence de la psychologie africaine ? », Appel à contribution, Calenda, Publié le vendredi 19 février 2016, https://doi.org/10.58079/ucn

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