AccueilLes souverainetés indigènes. Royautés, principautés, républiques et empires autochtones dans les mondes atlantiques

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Les souverainetés indigènes. Royautés, principautés, républiques et empires autochtones dans les mondes atlantiques

Indigenous sovereignties. Royalties, principalities, republics and empires in the Atlantic world

Amériques et Afrique, XVe-XIXe siècle

Americas and Africa, 15th-19th century

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Publié le lundi 14 mars 2016

Résumé

Pour la tenue du colloque « Souverainetés indigènes », trois grandes thématiques se dessinent : celle d’abord de l’étude des souverainetés indigènes, parfaites et imparfaites selon les normes bodiniennes ; celle ensuite de leur place dans la controverse du Nouveau monde et des antiquités américaines ; celle enfin du miroir tendu par ces souverainetés autochtones aux pratiques souveraines européennes où le reflet révèle alors dans ces dernières moins des systèmes et des imaginaires drapés dans un glorieux absolu que des réalités elles-mêmes imparfaites d’abord et relatives ensuite à ces formes indigènes qu’elles pensaient rejeter dans leurs marges.

Annonce

Argumentaire

Pour la tenue du colloque « Souverainetés indigènes », trois grandes thématiques se dessinent : celle d’abord de l’étude des souverainetés indigènes, parfaites et imparfaites selon les normes bodiniennes (1) ; celle ensuite de leur place dans la controverse du Nouveau monde et des antiquités américaines (2) ; celle enfin du miroir tendu par ces souverainetés autochtones aux pratiques souveraines européennes où le reflet révèle alors dans ces dernières moins des systèmes et des imaginaires drapés dans un glorieux absolu que des réalités elles-mêmes imparfaites d’abord et relatives ensuite à ces formes indigènes qu’elles pensaient rejeter dans leurs marges (3).

Si l’on prend un peu de distance vis-à-vis de la conception bodinienne, ou philosophique de la souveraineté comme unité absolue, et que l’on pense cette notion à la fois comme relative et pas nécessairement déterminée par les marques qui la définissent usuellement dans les Etats, il devient possible de penser les différentes formes de droit au gouvernement que reconnurent, implicitement ou explicitement, les empires aux groupes amérindiens, ou comportant des Amérindiens tout au long d’une époque coloniale étirée jusqu’à la fin du XIXe siècle. La (re)construction ou la reconnaissance d’autorités indigènes au sein des empires ou les relations diplomatiques avec les polités indiennes décrivent ce spectre des souverainetés. Cette perspective implique une réflexion sur la nature de ces cités indiennes, prenant au sérieux la capacité de ces derniers à former des gouvernements bien ordonnés, même si non étatiques le plus souvent. Il s’agit aussi d’éviter le biais d’une ethnicisation ou d’une racialisation abusives, pour à la fois décrire la pluralité des types de gouvernements indigènes, le caractère souvent bigarré de leur composition, et les formes diverses de leur articulation aux empires. Des villages pluriethniques de réfugiés algonquiens décrits par le Middle Ground de Richard White aux Indios de comunidad des Andes espagnoles, des Six-Nations iroquoises à la République autonome de Tlaxcala, de l’apachería mexicaine à l’Empire comanche des grandes plaines (Pekka Hamalainen, 2009), ces polités, dotées d’une souveraineté parfaite ou non, reconnues par les empires ou les républiques, ou non, doivent être repérés comme des acteurs fondamentaux de la fabrique impériale, puis républicaine, et de la transformation de l’espace américain en territoires politiquement constitués. Les guerres ou les révoltes indiennes, et les négociations qui les accompagnent, diplomatiques ou non, constituent l’un des observatoires les plus intéressants pour comprendre ces souverainetés indiennes, du point de vue des deux partis en présence. Concernant le XIXe siècle, qui semble rejouer les scènes tragiques de la Conquête, deux processus mériteraient également une analyse fine. D’une part, l’association des Indiens au souverain populaire en Amérique latine, sous les espèces de la citoyenneté, avec les résultats mitigés que l’on connaît. D’autre part, l’absorption des dernières souverainetés parfaites indigènes dans les républiques américaines, aux Etats-Unis, en Argentine ou au Chili, sous les figures du removal jacksonien ou de la guerre sans quartier.

Le deuxième thème concerne la reconstruction d’un passé indigène au cours du XVIIIe siècle, visant à soutenir, notamment, la position pro-américaine dans le cadre de la controverse du Nouveau Monde (Gerbi, Cañizares-Esguerra), et l’éloge des souverainetés et des lois indiennes du passé. Le débat sur la capacité politique des indigènes – comme « hommes naturels », « bons sauvages » ou peuples stupides et paresseux, « dégénérés » depuis la Conquête – se trouve en arrière-plan ; il intéresse directement l’intégration des autochtones à la citoyenneté.

Le troisième thème rappelle que les souverainetés européennes et les formes d’Etat qui les mettent en pratique ne sont pas déconnectées des expériences américaines et africaines de ces mêmes Etats au travers de la colonisation ultramarine et de la gouvernance impériale. La souveraineté se construit dans un processus social, religieux, philosophique et politique complexe dans lequel la dimension impériale et/ou coloniale est partie prenante des débats. S’il ne faut pas réduire la souveraineté indigène à un essentialisme sans histoire, l’avertissement vaut tout autant pour celle(s) des Européens qui n’arrivent pas en Afrique et en Amérique avec une Souveraineté comme un bagage dans les soutes de leurs navires. D’une manière certaine les souverainetés européennes se sont réalisées contre les souverainetés indigènes. Tout contre précisément. C’est-à-dire avec, aussi.

Programme

Jeudi 24 mars

9h accueil des participants

9h30 introduction du colloque par José Emilio Burucúa (Universidad Nacional de San Martín/IEA Nantes)

Session I : Souverainetés indigènes et longue durée (10h-13h)

Présidence : Éric Schnakenbourg (Université de Nantes, CRHIA)

  • 10h / Bernard Gainot (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) : « Comptoirs, territoires, intermédiaire : les souverainetés emboîtées. Réflexions sur le devenir du Sénégal, d’une colonisation à l’autre »
  • 10h25 / Francisco Ortega (Universidad Nacional de Colombia) : « El problema de la soberanía y los lenguajes políticos de la diferencia social »

Questions : 10h50-11h15

Pause : 11h15-11h30

  • 11h30 / David Gilles (Université de Sherbrooke) : « Les Abénakis en Nouvelle-France : De la souveraineté militaire à la lutte pour la féodalité (XVIIe-XXe siècle) »
  • 11h55 / Lionel Larré (Université Bordeaux-Montaigne) : « De la couronne de Tannassy à l’État de Sequoyah : une histoire de la souveraineté cherokee »

Questions : 12h20-12h45

Session II : Les souverainetés indigènes : échanges et circulations (14h30-17h30)

Présidence : Bertrand Van Ruymbeke (Université Paris VIII)

  • 14h30 / Dylan Ruediger (Georgia State University) : « Nether utterly to reject them, nor yet to drawe them to come in : Subordinated Sovereignty, Tribute, and the making of the Settler Colony in Early Modern Virginia »
  • 14h55 / Laurence Machet (Université Bordeaux-Montaigne) : « The best Country I could go to : Souveraineté et ingression en Caroline au XVIIIe siècle »

Questions : 15h20-15h45

Pause : 15h45-16h

  • 16h / Boris Jeanne (École des Hautes Études en Sciences Sociales, CERMA) : « Les souverainetés indigènes présentées en cours de Rome et de Madrid par les missionnaires de la première modernité. Triompher religieusement sans perdre politiquement »
  • 16h25 / Jessica Criales (State University of New Jersey) : « A People Set Apart : Religious Sovereignty of Indigenous Peoples in the Americas. 1742-1867 »

Questions : 16h50-17h15

Vendredi 25 mars

Session III : Les souverainetés à l’épreuve des institutions (9h30-12h30)

Présidence : Isabelle Surun (Université Lille III Charles-de-Gaule, IRHIS-IEA)

  • 9h30 / Caroline Cunill (Université du Maine) : « Les municipalités indiennes du Yucatán : une juridiction disputée (XVIe siècle) »
  • 9h55 / Elisabeth Heijmans (Universiteit Leiden) : « Souverainetés négociées : le cas du comptoir de Ouidah au début du XVIIIe siècle »

Questions : 10h20-10h45

Pause : 10h45-11h

  • 11h / Eric Roulet (Université du Littoral Côte d'Opale) : « Les caciques et la défense de la seigneurie indigène en Nouvelle-Espagne au XVIe siècle »
  • 11h25 / Nadine Béligand (Université Lumière Lyon II, LARHRA) : « Définir l’espace et le territoire. Ajuster la souveraineté (Mexique central, XVe-XVIe siècle) »

Questions : 11h50-12h15

Session IV : Outils politiques et instruments du droit : une histoire régressive (14h-17h30)

Présidence : Nadine Béligand (Université Lumière Lyon II, LARHRA)

  • 14h / Michel Morin (Université de Montréal) : « De l’indépendance à la souveraineté autochtone »
  • 14h25 / Marcela Echeverri (Yale University) : « Liberal Experiments and Indigenous Citizenship in New Granada, 1810-1814 »
  • 14h50 / Mamadou Hebie (MIDS – Genève) : « Le rôle de la doctrine de l’esclavage par nature dans l’expansion coloniale européenne du XVe au XVIe siècle »

Questions : 15h15-15h50

Pause : 15h50-16h05

  • 16h05 / Thomas Grillot (CNRS) : « La socialisation du concept de souveraineté : une vue depuis le pays sioux (1972-1980) »
  • 16h30 / Kent McNeil (York University, Toronto) : « La relativité de la souveraineté de jure au Canada, 1600-2016 / The relativity of de jure sovereignty in Canada, 1600-2016 »

Questions : 16h55-17h10

Samedi 26 mars

Session V : Les souverainetés autochtones dans le regard européen (9h30-12h30)

Présidence : Gilles Havard (CNRS-EHESS, CENA)

  • 9h30 / Susanne Lachenicht (Universität Bayreuth) : « Third Space Knowledge and European Sovereignty in the French Atlantic World »
  • 9h55 / Gordon M. Sayre (University of Oregon) : « Louis Nicolas and the Souvereign Beast of Native American Natural History »

Questions : 10h20-10h45

Pause : 10h45-11h

  • 11h / Grégory Wallerick (Université de Nantes) : « La confiscation des souverainetés indigènes en Amérique dans l’imagerie bryenne, à la fin du siècle de l’appropriation des Amériques »
  • 11h25 / Guida Marques (CHAM - Universidade Nova de Lisboa) : « De la reconnaissance (ou non) de souverainetés indigènes dans l’empire atlantique portugais du XVIIe siècle »

Questions : 11h50-12h15

Session VI : Souverainetés indigènes en situation comparée (14h-16h30)

Présidence : Michel Morin (Université de Montréal)

  • 14h / Mairi Cowan (Toronto University) : « Circumscribed Sovereignties in New France and New England : Indigenous approaches to autonomy at Sillery and Natick »
  • 14h25 / George Milne (Oakland University) : « To Box Their Ears : Étienne Périer, the Moors, the Natchez, and Indigenous Sovereignties in Africa and Louisiana »
  • 14h50 / Isabelle Schulte-Tenckhoff (Institut des Hautes Etudes Internationales et du Développement, Genève) : « Traités Nord / Sud : souverainetés rivales au Canada et au Chili (XVIIe-XIXe siècles) »

Questions : 15h15-15h50

Pause : 15h50-16h05

16h05-16h30 : Conclusion et clôture du colloque

Partenaires du colloque

  • Université de Nantes
  • Centre de Recherches en Histoire Internationale et Atlantique - Université de Nantes (CRHIA)
  • Programme STARACO – Statuts, race et couleurs dans le monde atlantique
  • Labex EHNE – Ecrire une nouvelle histoire de l’Europe
  • Institut des Amériques
  • Casa de Velázquez (Madrid)

Comité scientifique

  • António de Almeida Mendes, (Université de Nantes, CRHIA),
  • Nadine Béligand (Université Lyon II-LARHRA),
  • Capucine Boidin (Université Paris III-Sorbonne Nouvelle, IHEAL),
  • Ângela Domingues (Universidade Nova de Lisboa, CHAM-Açores),
  • Marcela Echeverri (Yale University),
  • Eduardo França Paiva (Universidade Federal de Minas Gerais, CEPAMM),
  • Christophe Giudicelli (Université Rennes II – CHACAL),
  • Thomas Grillot, Centre Nationale de la Recherche Scientifique-EHESS, CENA,
  • Gilles Havard, (CNRS-EHESS, CENA),
  • Michel Morin (Université de Montréal),
  • Isabelle Surun (Université Lille III Charles-de-Gaulle, IRHIS – IEA),
  • Bertrand Van Ruymbeke (Université Paris VIII)

Comité organisateur

  • Yann Lignereux, Université de Nantes (Université de Nantes, CRHIA),
  • Luis Mora Rodríguez, (Universidad del Costa Rica, IEA),
  • Grégory Wallerick, (Université de Nantes, CRHIA),
  • Clément Thibaud, (Université de Nantes, CRHIA)

Lieux

  • Château des Ducs de Bretagne - 4 Place Marc Elder
    Nantes, France (44)

Dates

  • jeudi 24 mars 2016
  • vendredi 25 mars 2016
  • samedi 26 mars 2016

Mots-clés

  • souveraineté, indigène, royauté, principauté, république, empire, autochtone

URLS de référence

Source de l'information

  • Grégory Wallerick
    courriel : gwallerick [at] gmail [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Les souverainetés indigènes. Royautés, principautés, républiques et empires autochtones dans les mondes atlantiques », Colloque, Calenda, Publié le lundi 14 mars 2016, https://doi.org/10.58079/ukn

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