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Le film documentaire : la question du style

Documentary films - the style issue

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Publié le mercredi 16 mars 2016

Résumé

Si la question du style est généralement mobilisée par les études littéraires, ce colloque ambitionne de l’appréhender dans le septième art, notamment dans le cinéma documentaire. Force est de constater que, contrairement à l’écriture et à la peinture (expériences artistiques proprement solitaires), le cinéma relève du collectif. Le film est le fruit de l’intervention d’une multitude de mains qui collaborent ensemble à sa création. Il est issu de moultes opérations techniques et de choix esthétiques exécutés par des personnes (des sensibilités ?) nombreuses et différentes. Partant de ce constat, peut-on appréhender le style dans le cinéma selon des paramètres similaires ou équivalents à ceux adoptés par les critiques littéraires et les plasticiens pour la littérature et la peinture ?

Annonce

Argumentaire

Le style est une notion qui, malgré sa simplicité apparente, résiste à toute tentative de définition unique et exhaustive tant ce terme recouvre une multiplicité de formes et d’usages. Dans son acception la plus large, le style désigne l’ensemble des traits qui caractérisent des œuvres relevant généralement du domaine des Beaux-Arts et des œuvres littéraires. Or, nul n’ignore qu’en tant que phénomène exclusivement anthropologique, le style transcende le champ assez vaste de l’art pour s’étendre à une panoplie de pratiques et d’objets qui ne produisent pas forcément un artefact (meubles, vêtement, bijoux, cuisine, danse, décoration, etc.)

Le style est alors souvent associé à des propriétés, à des traits singuliers qui, à force de se répéter, deviennent repérables et révélateurs de la spécificité d’un individu ou d’une œuvre. Selon Pierre Guiraud, le style désigne « le caractère spécifique d’une action »1. Il a pour fonction de marquer l’individualité d’un auteur et la singularité de sa « manière de faire », de son rapport à la création. Il est l’expression de la subjectivité d’un sujet (écrivain, peintre, sculpteur, cinéaste, etc.) qui, par le recours constant à des formes stylistiques spécifiques, affirme une individualité qui, à la réception de l’œuvre, sera reconnue, et donc reconstruite par le lecteur ou le spectateur. Le style relève ainsi du domaine proprement esthétique où les facultés perceptives et les connaissances symboliques du récepteur préludent à l’énonciation de jugements tels que : « ça, c’est du Flaubert ! » ou « c’est du Chris Marker ! ».

Dans Le Degré zéro de l’écriture, Roland Barthes tente de définir le style en l’opposant à l’art, ce qui pourrait paraître étrange. Barthes affirme que le style renvoie à un ensemble de composantes qui « naissent du corps et du passé de l’écrivain et deviennent peu à peu les automatismes mêmes de son art »2. Le style s’apparente ainsi à une force biologique ou à une « poussée » involontaire plutôt qu’à une « intention », d’où le retour automatique, d’une œuvre à l’autre d’un auteur donné, de certains traits caractéristiques (automatismes).

Cependant, nombreux sont les théoriciens du style qui s’entendent sur le fait que dans tout style, il y a une dialectique de passivité et d’activité3 qui sous-tend la pratique de tout artiste. Autrement dit, le style est souvent perçu comme étant à la fois spontané et/ou inconscient (c’est ce qui est consubstantiel à la vision du monde et à la sensibilité de l’auteur et qui va imprégner toute sa production sans qu’il le sache lui-même », et délibéré (car il n’y a pas de style sans stylisation préméditée et recherchée et dont l’artiste prend conscience tout en tentant de la prolonger par cette prise de conscience).

1 Pierre Guiraud, La Stylistique, Paris, Presses Universitaires de Paris, 1954, p. 6.
2 Roland Barthes, Le Degré zéro de l’écriture, Paris, Editions du Seuil, 1972, p. 16.
3 Laurent Jenny, Du style comme pratique, Littérature, n°118 (juin 2000), pp.98-117

Si la question du style est généralement mobilisée par les études littéraires, ce colloque ambitionne de l’appréhender dans le septième art, notamment dans le cinéma documentaire.

D’emblée, force est de constater que, contrairement à l’écriture et à la peinture (expériences artistiques proprement solitaires), le cinéma relève du collectif. Le film est le fruit de l’intervention d’une multitude de mains qui collaborent ensemble à sa création. Il est issu de moultes opérations techniques et de choix esthétiques exécutés par des personnes (des sensibilités ?) nombreuses et différentes. Partant de ce constat, peut-on appréhender le style dans le cinéma selon des paramètres similaires ou équivalents à ceux adoptés par les critiques littéraires et les plasticiens pour la littérature et la peinture ?

Pistes de réflexion

Cette première interrogation en appelle d’autres, qui s’imposent comme autant de pistes de réflexion autour desquelles s’articulera le colloque :

  • Quand un film est co-écrit par deux auteurs-cinéastes, comment peut-on faire ressortir l’originalité du style propre à chacun ?

  • Peut-on encore s’appesantir sur la question du style face à un cinéma documentaire 1 qui, aujourd’hui, réussit de mieux en mieux à conjuguer l’inscription de la beauté, la force du sujet, l’exploitation de toutes les ressources techniques (image, son) et la puissance de l’émotion ? Le style, ne risque-t-il pas de perdre sens face à la force de l’émotion sur laquelle misent de nombreux cinéastes ?

  • Le style, n’est-il pas un artifice puisqu’il est raisonné intellectuellement par le documentariste (Laurent Jenny défend l’idée de l’intentionnalité du style) ? ou bien demeure-t-il l’expression de l’individualité, ou de l’identité (on pourrait parler d’ipséité) de l’artiste, du moment qu’il est sous-tendu par une dialectique d’activité et de passivité, d’intentionnalité et de spontanéité ?

  • S’adresse t-il à l’intellect (intelligence et savoirs symbolique, idéologique, cinématographique... du spectateur appelé à reconnaître la «touche personnelle » de tel ou tel cinéaste), ou bien à l’affect (les émotions ressenties sont décuplées par les choix stylistiques et formels de l’auteur) ? D’aucuns estiment que le style est plus une question de regard, d’empathie et d’attention du documentariste vis-à-vis des personnages et des réalités qu’il donne à voir, qu’une question de savoir-faire d’ordre technique ou mécanique qui transformerait le film en un simple formalisme creux et insipide.

  • Quel est le degré d’importance du « temps » pour l’affirmation du style d’un cinéaste. Partant du postulat communément admis que le style d’un réalisateur ne se manifeste nettement qu’au fil de sa filmographie, il convient de se demander si la conquête immédiate d’un vaste public revient à dire que le cinéaste doit impérativement sacrifier le style ? N’est-il pas admis que pour que le style d’un documentariste se révèle, il faut qu’il parie sur la durée, seul garant d’une reconnaissance progressive de son style au fil des années et des films ?

  • Dans le cas du « documentaire de commande », peut-on encore parler de style ? Le documentariste, n’est-il pas contraint à faire des concessions sur le style afin de répondre aux exigences de la commande ?

1 conventionnellement défini comme « l’art de capter ou de capturer la vie à sa source », mais à travers le « double filtre d’une vision subjective et d’un dispositif plus propice au rêve qu’à l’attention critique », alchimie de la création oblige. Voir Guy Gauthier, Le Documentaire, un autre cinéma, Paris, Armand Colin, 4ème édition, 2013, p. 15.

−Si au moment du montage, le monteur s’attache à dégager, des longues heures de rushes qu’on lui propose, ce quelque chose d’inconscient et de spécifique qui imprègne l’univers propre au cinéaste, peut-on affirmer que le monteur contribue, de manière (in)consciente au modelage du style du documentaire et du documentariste ?

Les propositions de communications (200 à 300 mots), incluant vos coordonnées, institution d’affiliation et domaine de spécialisation sont à envoyer avant le 31 mars 2016 à l’adresse mail suivante : style.documentaire.kech2016@gmail.com.

Le Colloque international aura lieu les 26 et 27 mai 2016 à Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Marrakech MAROC

Responsables

  • Ayoub Bouhouhou, Université Cadi Ayyad, Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Marrakech Licence professionnelle : Cinéma, Audiovisuel et Médiation Courriel : bouhouhou7@gmail.com
  • Hanane Essaydi, Université Cadi Ayyad, Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Marrakech Licence professionnelle : Cinéma, Audiovisuel et Médiation Courriel : hanane.essaydi@gmail.com

Comité scientifique

  • Hanane Essaydi, Enseignante-chercheuse à la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Marrakech, Membre de l’équipe pédagogique de la licence professionnelle : Cinéma, Audiovisuel et Médiation, Université Cadi Ayyad 
  • Claude Bailblé, Enseignant-chercheur, maître de conférences au département Cinéma de l'université de Paris VIII et intervenant dans des écoles professionnelles. 
  • Ayoub Bouhouhou, Enseignant-chercheur à la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Marrakech, Responsable pédagogique de la licence professionnelle : Cinéma, Audiovisuel et Médiation, Université Cadi Ayyad 
  • Youssef Ait Hammou, Enseignant-chercheur à la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Marrakech, Membre de l’équipe pédagogique de la licence professionnelle : Cinéma, Audiovisuel et Médiation, Université Cadi Ayyad 
  • Rochdi Elmanira, Enseignant-chercheur à la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines d’Agadir, Université Ibn Zohr, Membre de l’Association Marocaine des Critiques de Cinéma (AMCC)

Contacts

Faculté des Lettres et des Sciences Humaines Quartier Amerchich

B.P. 3737, 40000 Tél : : (+212) 5 24 30 27 42 Fax : : (+212) 5 24 30 20 39 Email : contact@uca.ma https://www.uca.ma/site/flshm

Lieux

  • Faculté des Lettres et des Sciences Humaines Quartier Amerchich
    Marrakech, Maroc (40000)

Dates

  • jeudi 31 mars 2016

Mots-clés

  • cinéma documentaire, style, individualité, signature

Contacts

  • Hanane Essaydi
    courriel : h [dot] essaydi [at] uca [dot] ma

Source de l'information

  • Hanane Essaydi
    courriel : h [dot] essaydi [at] uca [dot] ma

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Le film documentaire : la question du style », Appel à contribution, Calenda, Publié le mercredi 16 mars 2016, https://doi.org/10.58079/um6

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