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Shakespeare et la peur

Shakespeare and fear

Congrès 2017 de la Société Française Shakespeare

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Publié le jeudi 24 mars 2016

Résumé

En ces temps de violences économiques, d’angoisses écologiques, de migrations forcées, de guerres et de terrorismes, il apparaît pertinent d’examiner les manières dont les scènes élisabéthaine et jacobéenne ont thématisé et utilisé la peur, et de réfléchir aux résonances qu’elles continuent de susciter aujourd’hui. On citera à cet égard le livre de Robert Appelbaum, qui n’hésite pas à nommer « terrorisme » la violence qui a secoué la société anglaise de la première modernité, du massacre de la Saint-Barthélemy aux complots et aux révoltes populaires. Le rapport entre Shakespeare et la peur passe notamment par les réappropriations des pièces dans le contexte des crises que nous traversons aujourd’hui. Comment se sert-on ou s’est-on appuyé sur Shakespeare pour conjurer la peur, ou pour déconstruire les mécanismes de la terreur, tant celle de la dictature que celle des attentats aveugles.

Annonce

Texte de cadrage

En ces temps de violences économiques, d’angoisses écologiques, de migrations forcées, de guerres et de terrorismes, il apparaît pertinent d’examiner les manières dont les scènes élisabéthaine et jacobéenne ont thématisé et utilisé la peur, et de réfléchir aux résonances qu’elles continuent de susciter aujourd’hui. On citera à cet égard le livre de Robert Appelbaum, qui n’hésite pas à nommer « terrorisme » la violence qui a secoué la société anglaise de la première modernité, du massacre de la Saint-Barthélemy aux complots et aux révoltes populaires1. Le rapport entre Shakespeare et la peur passe notamment par les réappropriations des pièces dans le contexte des crises que nous traversons aujourd’hui. Comment se sert-on ou s’est-on appuyé sur Shakespeare pour conjurer la peur, ou pour déconstruire les mécanismes de la terreur, tant celle de la dictature (on pense à To be or not to be d’Ernst Lubitsch) que celle des attentats aveugles (voir par exemple les mises en scène récentes de Shakespeare en Syrie).

Il n’est sans doute aucune œuvre théâtrale de Shakespeare ou de ses contemporains qui ne mette en jeu la peur sous une forme ou sous une autre. De l'appréhension comique d’être cocu jusqu’à l’effroi de Macbeth à la vue du fantôme de Banquo, de l’inquiétude des artisans à l’idée que le « lion » puisse effrayer les dames du public à la crainte suscitée par la tyrannie de Richard III, on trouve tous les degrés de la peur chez Shakespeare, tout comme chez Marlowe, Middleton ou Webster. Que la tragédie cherche encore à susciter la terreur sacrée ou que la comédie tourne en dérision les modes de mise en scène de l’effroyable, que les pièces historiques analysent en détail les ressorts de la terreur politique telle qu’elle fut théorisée par Machiavel ou que les tragédies à grand spectacle capitalisent sur l’attirance croissante des spectateurs de la période jacobéenne pour les délices de l’épouvante, la thématique de la peur se décline à l’infini dans le théâtre shakespearien, reflétant des peurs intimes (« the dread of something after death » de Hamlet) autant que sociales (comme le spectre toujours présent de la peste ou de l’invasion étrangère). Shakespeare distingue entre « fear » (plus de 800 occurrences dans le canon) et « dread » (une cinquantaine d’occurrences) ou encore « fright », terme qu’on trouve souvent utilisé dans un contexte ironique, avec la suggestion latente que les événements concernés ne justifient pas vraiment la crainte qu’ils éveillent.

Au-delà des modalités spécifiques à la scène de la Renaissance anglaise, la peur peut se déplacer hors du monde de la fiction et du rapport entre scène et public. On s’intéressera dès lors à la peur de Shakespeare que peut susciter la canonisation de ses œuvres et l’institutionnalisation de son étude à l’école, ou encore celle qu’a pu provoquer au XVIIIe siècle son arrivée sur les scènes continentales chez un public plus habitué au théâtre classique : on pense à Voltaire mais aussi aux dramaturges romantiques qui ont voulu se hisser au niveau du « Barde » et le concurrencer sur son propre terrain. Et l’on ne saurait faire l’impasse sur toute la mouvance qui se regroupe encore aujourd’hui sous l'en-tête allitératif de « no fear Shakespeare ». La peur de Shakespeare peut aussi se transformer en peur pour Shakespeare, tant les remises en question de son identité ont pu fleurir à partir du XIXe siècle.

Nous espérons rassembler dans ce colloque historiens, spécialistes de littérature, de théâtre ou de « cultural studies », praticiens, mais aussi psychanalystes, sociologues et anthropologues.

Appel à contributions

Les contributions pourront porter sur (liste non exhaustive) :

  • Comment la peur est-elle théorisée à l’époque élisabéthaine et jacobéenne ?

  • Les différents degrés de la peur ;

  • Les symptômes de la peur sur scène (gestuelle, vocalité, masques, costumes, maquillage etc) ; phénoménologie de la peur ;

  • De quoi et de qui a-t-on peur sur la scène de Shakespeare et de ses contemporains ? (présages terrifiants, menaces, exécutions exemplaires, spectacles horribles et effroyables, mutilations et assassinats, fantômes effrayants, interventions surnaturelles, etc) ;

  • Comment et pourquoi susciter la peur chez les spectateur.rice.s ? (artifices de mise en scène, bruitages, fumées, apparitions, etc) ;

  • La peur de Shakespeare/ « No fear Shakespeare » ;

  • La peur pour Shakespeare ;

  • Les réappropriations de Shakespeare dans un contexte de guerre, de terreur ou de terrorisme ;

  • Comment se sert-on de Shakespeare pour conjurer la peur ?

Modalités pratiques d'envoi des propositions

Congrès de la Société Française Shakespeare, 12 au 14 janvier 2017, Fondation Deutsch de la Meurthe, Cité Internationale Universitaire de Paris.

Merci d’envoyer un résumé (maximum 500 mots) et une notice biographique (maximum 200 mots)

avant le 25 mai 2016

à contact@societefrancaiseshakespeare.org.

Comité scientifique

  • Yan Brailowsky (Université Paris Ouest, Société Française Shakespeare)
  • Mark Burnett (Queen’s University, Belfast)
  • Jean-Michel Déprats (Université Paris Ouest Nanterre La Défense)
  • Pascale Drouet (Université de Poitiers)
  • Dominique Goy-Blanquet (Université de Picardie)
  • Sarah Hatchuel (Université du Havre, Société Française Shakespeare)
  • Pierre Kapitaniak (Université Paris VIII)
  • Harry Keyishian (Fairleigh Dickinson University)
  • Sophie Lemercier-Goddard (ENS Lyon)
  • Ronan Ludot-Vlasak (Université de Lille III)
  • Chantal Schütz (École Polytechnique, Société Française Shakespeare)
  • Nathalie Vienne-Guerrin (IRCL / Université Paul-Valéry – Montpellier III, Société Française Shakespeare).

Lieux

  • Fondation Deutsch de la Meurthe, Cité internationale universitaire de Paris
    Paris, France (75)

Dates

  • mercredi 25 mai 2016

Mots-clés

  • Shakespeare, peur, terrorisme, théâtre

Contacts

  • Yan Brailowsky
    courriel : covid [at] yanb [dot] eu

URLS de référence

Source de l'information

  • Yan Brailowsky
    courriel : covid [at] yanb [dot] eu

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Shakespeare et la peur », Appel à contribution, Calenda, Publié le jeudi 24 mars 2016, https://doi.org/10.58079/uo0

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