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Défendre la mer à grande échelle : bases navales et infrastructures maritimes (XIXe-XXe siècles)

Defending the sea on a large scale - naval bases and maritime infrastructures (19th-20th centuries)

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Publié le mercredi 11 mai 2016

Résumé

À l’articulation de l’histoire de la ville, de l’histoire de l’architecture et des techniques, de l’histoire de la défense et de l’histoire du patrimoine, la troisième rencontre scientifique du programme Patrimoine militaire (2012-2024) invite collègues et chercheurs à se pencher sur la planification militaire maritime à grande échelle aux XIXe et XXe siècles à travers l’étude des bases navales qui ont suscité peu de recherches jusqu’ici.

Annonce

Direction scientifique

Colloque international sous la direction scientifique de Nicolas Meynen (Toulouse – Jean Jaurès, FRAMESPA/UMR5136 CNRS) et d’Émilie d’Orgeix (Bordeaux Montaigne, EA538-Centre FG Pariset) en partenariat avec l’association Valoriser les Patrimoines Militaires.

Date et lieu 

Bordeaux, Auditorium du Musée d’Aquitaine, jeudi 20 et vendredi 21 octobre 2016

Argumentaire

À l’articulation de l’histoire de la ville, de l’histoire de l’architecture et des techniques, de l'histoire de la défense et de l’histoire du patrimoine, la troisième rencontre scientifique du programme Patrimoine militaire invite collègues et chercheurs à se pencher sur la planification militaire maritime à grande échelle aux XIXe et XXe siècles. Si le regain d’intérêt pour l’histoire architecturale de la guerre n’a pas faibli depuis l’exposition Bunker Archéologie organisée par Paul Virilio en 1975 (Kemp, 1981 ; Kaufman, 2006 ; Cohen, 2011), de nombreux chantiers restent ouverts. L’étude des bases navales, infrastructures militaires à grande échelle, réalisées sur des territoires étendus, souvent dans un temps limité, a ainsi suscité peu de travaux. Construites dans ou aux marges des villes, elles ont pourtant largement modelé le territoire urbain tant par leur emprise au sol que par les multiples servitudes (visuelles, d’accès, de navigation, de survol ou encore radioélectriques) qu’elles ont imposées. L’exemple de la base de Saint-Nazaire, inversant l’orientation du centre urbain historique est, à cet égard, exemplaire. Elles ont également recomposé des territoires portuaires entiers bouleversant profondément les accès et les flux de circulation maritimes et viaires. Cette manipulation à grande échelle du paysage urbain générant, en corolaire, de vastes espaces propices aux bombardements par nappe, a une profonde incidence sur le développement ultérieur des villes. Les zones militaires entourant les bases navales offrent, comme à Bordeaux-Bacalan, des réserves foncières dont le travail de suture avec la ville est complexe. Planifiées dans des ports dont l’économie repose aujourd’hui (à l’exception de Brest qui reste dominé par la Défense) sur le tourisme et le commerce maritime (Saint-Nazaire, Bordeaux-Bacalan, Lorient-Keroman, La Rochelle-La Palice…), la réappropriation de leurs immenses volumes horizontaux de béton suscite toujours des questionnements forts que ce soit en France ou à l’étranger. Mettant en jeu échelle territoriale large, obsolescence fonctionnelle, difficulté de destruction, complexité de réaffectation, mémoire de guerre douloureuse et ambition patrimoniale hésitante, elles constituent, en définitive, des points de tension étonnamment propices à l’étude et au croisement des approches.

Rayonnant autour de ces différentes pistes de réflexion, cet appel à communication ambitionne de repenser collectivement les processus dialectiques de construction et de réappropriations urbaines, historiques et patrimoniales de ces ensembles militaires à grande échelle.

Si Histoire et patrimoine n’ont pas toujours marché de concert, comme l’a justement souligné Pierre Nora dans Les lieux de Mémoire, le recours à la notion de « projet à grande échelle » fournit une entrée qui permet d’articuler dimension, temps et architecture au travers de la construction de ces grandes infrastructures urbaines qui préfigurent, à de nombreux titres, les réalisations sous forme de plans-masses des années 60. Comment, aujourd’hui réconcilier ville, territoire et architecture de guerre sans toutefois oblitérer la mémoire militaire de ces ensembles ? Quels types d’études préalables peuvent nourrir une histoire de la ville palimpseste ? Comment isoler les éléments architecturaux pouvant alimenter une histoire de la modernité architecturale militaire ? Quels exemples de reconversion, tant en France qu’à l’étranger, peuvent aujourd’hui alimenter les réflexions sur le devenir de ces infrastructures ?

Les contributions s’inscriront, en priorité, dans l’une des quatre thématiques suivantes :

1 La base navale et la ville : contexte, planification, infrastructures

Différemment des réseaux d’ouvrages de défense maritimes de petite dimension, souvent enterrés et isolés (batteries, réduits, forts, casemates, abris, bunkers, tobrouks…) qui participent à leur défense, les bases navales s’apparentent à des projets urbains. Elles recomposent la ville en modifiant son tissu urbain. Infrastructures routières, maritimes et ferroviaires, zones de servitudes, berges, canaux et écluses ont un impact fort sur la ville préexistante. Leur construction s’est également accompagnée d’une planification urbaine intensive : réseau viaire, ateliers, bureaux, stations de pompage, entrepôts de carburant, centrales électriques, plates-formes de défense aériennes, bassins à torpilleurs, bases sous-marines. 

2 Architecture-test, types, formes et équipements

Au centre d’un vaste ensemble défensif formé de batteries de côtes et de bunkers, l’architecture des bases navales joue pleinement sur l’antithèse entre emploi d’un vocabulaire architectural historiciste (principalement néoclassique) et innovations formelles qui s’opposent au bâti civil qui l’entoure, caractérisé par la transparence et l’ouverture. Innovations et expérimentations se retrouvent d’ailleurs également sur l’ensemble des équipements et du mobilier, souvent standardisés et fréquemment innovants : portes d'acier, ventilateur, aérateur filtrant, moyens de télécommunication, moyens de détection/radar, radiophonie, périscopes, télémesure optique… Les bases navales sont d’importants lieux d’expérimentations scientifiques.

3 Matérialités et techniques

Matériau quotidien de l’architecture moderne, le béton marque, depuis la crise de l’obus torpille, la culture technique et l’architecture militaires d’une empreinte puissante. Cette session abordera la précocité de l’emploi des bétons militaires dans la définition des aspects de surface (alchimie des bétons, expériences sur le matériau, camouflage), dans la réalisation de formes complexes mais aussi dans la pérennité des objets (expériences balistiques, résistance à la désintégration). Elle interrogera également les techniques de construction et l’emploi d’éléments préfabriqués.

4 Patrimonialisation et valorisation

Ce dernier volet s’attachera à dresser un état des expériences récentes menées en matière de restauration et de mise en valeur des ouvrages militaires dont l’image à laquelle ils renvoient et les contraintes qui leurs sont intrinsèques ont pu freiner leur prise en compte patrimoniale. Identifiée pour certains encore à l'occupant, la base sous-marine restitue la figure d'un espace, d'une réalité militaire caractérisée par la maîtrise de la mer et celle de la profondeur des mers. Indestructible, difficilement reconvertible, souvent accompagnée de la destruction massive de ses abords, la base navale engage aujourd’hui à une forme de négociation inédite entre architecture militaire et civile, projet et histoire.

Modalités de soumission

Les propositions de communication (1 page maximum, bibliographie comprise) devront être envoyées

avant le 30 juin 2016

conjointement à Nicolas Meynen (nicolas.meynen@univ-tlse2.fr) et à Émilie d’Orgeix (emilie.dorgeix@u-bordeaux-montaigne.fr)

Bibliographie sélective

Cérino Christophe et Lukas Yann, Keroman. Base de sous-marins, 1941-2015, Éditions Palantines, 2015.

Chazette Alain, Alain Destouches, Bernard Paich, Atlantikwall, Le Mur de l’Atlantique en France 1940-1944, Heimdal, Bayeux, 1995.

Lanoy-Ratel Philippe., « Les vestiges militaires : des points de repères utiles à la connaissance de l’évolution du trait de côte », Cahiers de Géographie physique, 1998, n°12, p.89-99.

Cohen, Jean-Louis, Architecture en uniforme ? Projeter et construire pour la seconde guerre mondiale, Montréal-Paris, Hazan, CCA, 2011.

[Comité pour l’histoire de l’armement] Les bases et arsenaux français d’outre-mer, du Second Empire à nos jours, Paris, Lavauzelle, 2004.

Prélorenzo Claude, « Patrimonialiser les bases de sous-marins et le Mur de l’Atlantique », IN SITU, 16|2011 [en ligne]

Roz Michel, Les bases de sous-marins en France 1943-1993, Construction et reconversion. Rapport de recherche, Ministère de l’équipement, de l’urbanisme et du logement, Paris, [s.n], v. 1994.

Prieur Jérôme, Le mur de l’Atlantique : Monument de la Collaboration, Paris, Denoël, 2010.

Rossignol Benoît. et Le Borgne Roland., « Reconstruction, restructuration et modernisation des bases navales (1944-1949) », Revue historique des armées, n°220, 2000, p. 98-111.

Saffroy Frédéric, Le Bouclier de Neptune. La politique de défense des bases françaises en Méditerranée (1912-1931), PUR, 2015.

Virilio Paul, Bunker Archéologie, Paris, CCI-Centre Georges Pompidou, 1975 (Réédition 1991, Éd. du Demi-Cercle).

Voldman, Danièle, La reconstruction des villes françaises de 1949 à 1945, histoire d’une politique, Paris, L’Harmattan, 1997.

Programme Patrimoine militaire (2012-2024) 

Le programme de recherche Patrimoine militaire, engagé depuis 2012 entre les universités de Toulouse– Jean Jaurès (Nicolas Meynen) et de Bordeaux Montaigne (Emilie d’Orgeix), invite à opérer un renouvellement des problématiques liées au patrimoine militaire en croisant pratiques historiennes, architecturales et patrimoniales. Conçu sous la forme de rencontres biennales publiées dans une série dédiée de la collection Architectures des Presses Universitaires du Midi, il engage à l’étude de l’architecture militaire, non pas envisagée comme une sédimentation d’isolats et d’expériences « micro-territoriales », mais selon une double approche topographique et typologique. Ce parti pris permet d’éclairer les articulations fécondes qui unissent terrain et formes architecturales de manière diachronique tout en étudiant des territoires larges, rarement connectés.

Lieux

  • Auditorium du Musée d'Aquitaine
    Bordeaux, France (33)

Dates

  • jeudi 30 juin 2016

Mots-clés

  • base navale, base sous-marine, infrastructure, port, militaire, architecture-test, culture technique, béton, patrimonialisation, valorisation

Contacts

  • Emilie D'Orgeix
    courriel : emilie [dot] dorgeix [at] ephe [dot] sorbonne [dot] fr
  • Nicolas Meynen
    courriel : cfhc2025 [at] gmail [dot] com

Source de l'information

  • Nicolas Meynen
    courriel : cfhc2025 [at] gmail [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Défendre la mer à grande échelle : bases navales et infrastructures maritimes (XIXe-XXe siècles) », Appel à contribution, Calenda, Publié le mercredi 11 mai 2016, https://doi.org/10.58079/v1b

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