AccueilLa bande dessinée historique, un objet d’histoire ?

AccueilLa bande dessinée historique, un objet d’histoire ?

La bande dessinée historique, un objet d’histoire ?

The historical comic book - an object of history?

*  *  *

Publié le jeudi 19 mai 2016

Résumé

Cette journée d’étude des doctorants d'histoire de l'université Paris 8 – Saint-Denis, d’aborder la bande dessinée historique à la fois comme un objet et comme un vecteur d’histoire. Il ne s’agit pas de refaire une « histoire de la bande dessinée », ni même d’étudier la bande dessinée dans l’histoire, mais de s’attacher à comprendre d’où viennent les images véhiculées par la bande dessinée, ce qu’elles disent de notre vision de l’histoire et de notre manière de faire de l’histoire.

Annonce

Argumentaire

La bande dessinée historique est un sous-genre à la fois prolixe et très divers : en 2014, elle représentait plus de 450 titres publiés en France. Les historiens s’intéressent pourtant peu à ce medium et c’est du côté de la recherche littéraire que l’on trouve des études portant sur le sujet. La bande dessinée antique a ainsi fait l’objet d’un colloque organisé en 2011 à l’Université de Pau par le département de Lettres (Publication des actes dans Julie Gallego (dir.), La bande dessinée historique. Premier cycle : l’Antiquité, Presses de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour, Pau, 2015).

Nous nous proposons, lors de cette journée d’étude, d’aborder la bande dessinée historique à la fois comme un objet et comme un vecteur d’Histoire. Il ne s’agit pas de refaire une « Histoire de la bande dessinée », ni même d’étudier la bande dessinée dans l’Histoire, mais de s’attacher à comprendre d’où viennent les images véhiculées par la bande dessinée, ce qu’elles disent de notre vision de l’Histoire et de notre manière de faire de l’Histoire.

La bande dessinée a en effet cela d’intéressant, par rapport à d’autres media s’attachant à l’histoire (tel le roman historique), qu’elle associe texte et image dans une séquence qui elle-même raconte une histoire. Nous prendrons donc une définition large de bande dessinée entendue comme « art séquentiel » qui comprend à la fois la bande dessinée dite franco-belge, le roman graphique, le comics ou le manga. La bande dessinée « historique » s’entend quant à elle comme l’ensemble des titres qui font référence à un moment donné de l’Histoire humaine sans se limiter aux ouvrages à visée didactique.

Plusieurs axes d’étude sont envisagés :

1. Quelle Histoire dans la bande dessinée historique ?

La bande dessinée est un medium désormais important pour la transmission du savoir historique : elle ne couvre pourtant pas le passé de manière uniforme. Par exemple l’histoire militaire, et en particulier les deux guerres mondiales, occupent une place disproportionnée. Certains moments, personnages, milieux, sont mis en scène de manière préférentielle, tandis que d’autres sont complètement laissés de côté. Très souvent un sous-genre de la bande dessinée historique apparaît strictement associé à une période donnée, comme le genre de la fantasy pour le Moyen Âge. Il y a donc une demande de mémoire ciblée sur certains domaines, que la bande dessinée renforce et légitime. De plus, toute production de la bande dessinée passe à travers un contrôle des contenus. D’un côté, le pouvoir public exerce encore une activité de contrôle sur la bande dessinée à travers la « Loi du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse », jamais abrogée. De l’autre, l’autocensure dictée par les exigences du marché littéraire et par la demande d’histoire du public conditionne les choix des auteurs. Les visions, clichés et stéréotypes transmis à travers les bandes dessinées, les langages privilégiés, les conséquences sur la culture historique de la société, et l’influence de la société sur la production de la bande dessinée historique sont donc des enjeux majeurs de la question.

2.       Aux sources de la bande dessinée historique :

La particularité de la bande dessinée est de s’appuyer essentiellement sur des images. Mais d’où viennent ces images ? A priori, nous pouvons supposer que le dispositif de l’image narrative se nourrit d’un ensemble de sources. Cependant, il n’est pas suffisant de prendre seulement en considération des sources « matérielles » pour comprendre le véritable « art de faire », les logiques et les pratiques qui président à la production d’une bande dessinée, même si celle-ci se destine à représenter une vision plus ou moins fidèle du passé. Ce dernier est parfois lointain, enfoui et donc sans traces. Or l’image prend d’abord naissance dans notre mémoire et doit donc être pensée comme le produit de notre activité psychique. Il est ainsi légitime d’étendre notre questionnement à l’imaginaire ou à l’inconscient collectif et de se demander dans quelle mesure les représentations d’une société donnée influence la plume des dessinateurs. Ceci afin de mieux comprendre comment se sont fixées les représentations graphiques d’un lieu, d’un événement, d’une époque.

A partir de là, une série de questionnements est envisageable : sur quoi les représentations qui remplissent tant les bandes dessinées que l’esprit de leurs auteurs s’appuient-elles ? Que disent-elles de notre vision d’une période, des biais de nos représentations ou sources visuelles ? Pour chacune des périodes historiques narrativisées par le biais — en partie seulement ou exclusivement — des images, quels éléments sont privilégiés par les auteurs ? Comment peut-on expliquer les surreprésentations ou au contraire, les dissimulations ? En retour, quel est l’effet de la popularisation d’un certain imaginaire historique à travers le medium qu’est la bande dessinée ?

3.       La bande dessinée historique et le monde des historiens.

La bande dessinée et la recherche sont deux mondes à part mais qui semblent opérer un certain rapprochement ces dernières années. D’une part, parce que des historiens tel Pascal Ory se sont intéressés à l’histoire de la bande dessinée et à la place de la bande dessinée dans l’Histoire. Mais aussi parce que, de plus en plus, des chercheurs — historiens ou archéologues — sont associés à des projets de bande dessinée et participent de près ou de loin à leur création, que ce soit en tant que consultants historiques, rédacteurs de dossiers pédagogiques ou même en tant que (co)scénaristes. 

Aussi, dans le prolongement du deuxième axe, est-il possible de se demander dans quelle mesure les historiens participent à la fabrication d’images que l’on retrouve dans la bande dessinée. Les mutations constatées dans le champ de la bande dessinée, qui concernent notamment les manières de pratiquer cet art, reflètent-elles plus largement de nouvelles façons de faire de l'histoire ? Quels liens est-il possible de tracer entre la recherche historique, l’historiographie et les évolutions dans la bande dessinée ? L’association entre dessinateurs et historiens à laquelle pense par exemple Ivan Jablonka, nous invite à rompre avec l’idée que l’on se fait traditionnellement du type idéal de la bande dessinée dite historique : « l’illustration d’une ‘réalité’ passée » qui confine davantage au mythe qu’elle n’emprunte les méthodes du savoir historique. Pourtant, l’enquête historique peut parfaitement se matérialiser et prendre forme à travers cet art graphique qu’est la bande dessinée.

La rencontre entre le 9e art et les sciences historiques peut-elle s’émanciper des simples questions autour de la transmission et de la pédagogie ? La bande dessinée doit-elle seulement favoriser l’administration d’un savoir, d’un récit, d’une leçon ? Comment est-il possible d’envisager le renouvellement de la recherche, des façons de faire par cette rencontre entre deux univers professionnels distincts mais qui partagent en commun un même intérêt pour le passé ? Qu’est-ce que le dessin nous permettrait de dire, autrement mais aussi en plus, du récit historique ?

Organisation

La journée d’étude aura lieu au Mémorial de la Shoah (17 rue Geoffroy l’Asnier 75004 Paris), le mardi 13 septembre de 9h à 17h.

Une visite de l’exposition temporaire, « Femmes en résistance », sur les bandes dessinées du même nom, sera organisée par le Mémorial lors de la journée.

Modalités de soumission

Nous invitons les étudiants en doctorat,  en master et les jeunes docteurs à envoyer leurs propositions (500 mots maximum)

au plus tard pour le 10 juin 2016

à l’adresse suivante : bdhistoriqueP8@gmail.com.

Les propositions pourront porter sur un album particulier ou un corpus composé de plusieurs œuvres ; toutes les périodes historiques pourront être prises en compte.

Comité organisateur

Trois doctorants de l’Université Paris 8 – Saint-Denis :

  • Pauline Ducret, doctorante en Histoire ancienne (paulineducret.univ@gmail.com)
  • Thibault Guichard, doctorant en Histoire contemporaine (tibo.guichard@gmail.com)
  • Martino Oppizzi, doctorant en Histoire contemporaine (martino.oppizzi@gmail.com)

Comité scientifique

  • Gwladys Bernard, MCF d’Histoire ancienne à l’Université Paris 8 – Saint-Denis
  • Martin Gravel, MCF d’Histoire médiévale à l’Université Paris 8 – Saint-Denis
  • Marie-Anne Matard-Bonucci, Professeure d’Histoire contemporaine à l’Université Paris 8 – Saint-Denis

Lieux

  • Mémorial de la Shoah, 17 rue Geoffroy l’Asnier
    Paris, France (75004)

Dates

  • vendredi 10 juin 2016

Mots-clés

  • bande dessinée, manga, comics, roman graphique

Contacts

  • Pauline Ducret
    courriel : paulineducret [dot] univ [at] gmail [dot] com

Source de l'information

  • Pauline Ducret
    courriel : paulineducret [dot] univ [at] gmail [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« La bande dessinée historique, un objet d’histoire ? », Appel à contribution, Calenda, Publié le jeudi 19 mai 2016, https://doi.org/10.58079/v41

Archiver cette annonce

  • Google Agenda
  • iCal
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search