AccueilLes natures dans la ville du Moyen-Orient et du Maghreb

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Les natures dans la ville du Moyen-Orient et du Maghreb

Nature in the city in the Middle East and Maghreb

IIe congrès du GIS « Moyen-Orient et mondes musulmans » - projet d'atelier

2nd GIS project: "The Middle East and the Islamic world" workshop project

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Publié le mardi 31 mai 2016

Résumé

Les villes du Maghreb et du Moyen-Orient comptent parmi les plus vieilles du monde, où la nature a toujours eu une place privilégiée : les jardins de Babylone, de Damas, de Marrakech et de Bagdad, dont les modèles sont issus à la fois de l’héritage perse et des descriptions du Coran, ont marqué les imaginaires et étaient des éléments-clés de la ville islamique (Gillot 2006). Au-delà de la fonction d’agrément, la fonction agricole, à travers l’agriculture urbaine et périurbaine, a toujours été constitutive du fait urbain dans le monde arabe (Nasr & Padilla 2004).(...)

Annonce

Argumentaire

Les villes du Maghreb et du Moyen-Orient comptent parmi les plus vieilles du monde, où la nature a toujours eu une place privilégiée : les jardins de Babylone, de Damas, de Marrakech et de Bagdad, dont les modèles sont issus à la fois de l’héritage perse et des descriptions du Coran, ont marqué les imaginaires et étaient des éléments-clés de la ville islamique (Gillot 2006). Au- delà de la fonction d’agrément, la fonction agricole, à travers l’agriculture urbaine et périurbaine, a toujours été constitutive du fait urbain dans le monde arabe (Nasr & Padilla 2004).

Malgré cet héritage, la question de la place de la nature dans la ville maghrébine et moyen- orientale se pose avec acuité. Plusieurs menaces pèsent sur la préservation des espaces de nature dans la ville : l’industrialisation, appliquée selon une idéologie développementaliste, l’émergence de mégaprojets dans des métropoles de plus en plus concurrentielles et le processus d’urbanisation, alimenté par la croissance démographique et l’exode rural (certes tari en Egypte et en Tunisie, mais qui se poursuit en Turquie et au Maroc par exemple), qui conduirait à un doublement de la population urbaine en 2050 (Barthel & Zaki 2011). Néanmoins, les politiques d’aménagement prenant en compte les « espaces verts » ne cessent de se développer, en partie pour répondre aux défis du 21e siècle, tels que faire face au changement climatique, nourrir la population urbaine ou encore gérer l’accès à l’eau dans des régions où les ressources sont rares. Ainsi, ces dernières années, des villes comme Casablanca, Rabat ou Le Caire ont mis en place des projets de quartiers « durables » (Barthel 2011).

Par ailleurs, le modèle du jardin arabo-islamique a évolué en se nourrissant de l’influence de différents courants, qu’il s’agisse de la pensée occidentale moderne hygiéniste (Ragon 2010), de l’islam politique prônant l’aménagement d’espaces verts présentés comme une solution aux maux de la ville (Lavergne 1993 ; Fleury 2007), de la récente injonction à « l’idéologie verte » dans les projets urbains (Calenge 2003), ou encore de la circulation des modèles d’agriculture urbaine. Dans le même temps, la société civile veut participer à la fabrique de la ville pour la rendre conforme à « [son] désir le plus cher » (Harvey 2011 : p.8), parmi lesquels le désir de nature. Les « révolutions arabes », principalement urbaines, si elles avaient comme point d’orgue la contestation, voire le renversement, des régimes autoritaires, étaient indissociables de la question : « Selon quelles modalités voulons-nous vivre ? », et portaient des revendications de démocratie, de libertés individuelles, mais aussi d’équités territoriales, de lutte contre l’exclusion socio-spatiale, et de revendications écologistes, dont le mouvement contestataire de Gezi Park dans les grandes villes turques constitue l’exemple le plus prégnant, puisqu’il a débuté par une opposition à la destruction des arbres d’un parc. Issues de cette conscientisation au droit à la ville et aux questions environnementales globales et locales, de nouvelles formes de nature apparaissent dans les villes, dans la lignée des mouvements de guérilla jardinière étatsunienne.

Les villes du Maghreb et du Moyen-Orient, à la croisée de leurs héritages et des influences multiples qui les traversent, présentent ainsi des formes de nature variées, comprenant parcs urbains, jardins maraîchers et partagés, formes résiduelles de végétalisation, friches, forêts, dont les représentations et usages sont multiples. Ces natures sont façonnées par des volontés publiques de préservation d’un patrimoine historique, d’autosuffisance alimentaire, d’établissement d’un ordre moral urbain (Montabone 2013), ou encore d’initiatives populaires telles que le militantisme écologiste ou les pratiques agricoles de production vivrière et de sociabilités, dans un contexte de déplacement massif des populations, notamment à travers le conflit syrien.

Axes thématiques

Dans une perspective interdisciplinaire, nous encourageons les personnes intéressées à proposer des communications intégrant au moins un des aspects suivants :

  • La place de la nature dans la pensée islamique
  • L’influence de l’islamisme environnementaliste sur les politiques publiques
  • Les politiques d’aménagement d’espaces verts
  • Les stratégies de patrimonialisation des espaces végétalisés en ville
  • Les représentations de la nature chez les acteurs de la ville
  • Les représentations et/ou les pratiques de la nature en ville, plus particulièrement chez les néo-citadins
  • La place de l’agriculture urbaine, en lien avec la question de l’autosuffisance alimentaire
  • Les jardins vivriers des populations déplacées liés à l’habitat informel
  • La mise en place de réseaux de solidarité en ville qui remettent en cause les modèles de consommation dominants
  • L’émergence des « écologies de soi » (Adamiec 2014)
  • La convergence entre luttes urbaines et mouvements écologistes, notamment autour de l’idée de droit à la ville

Modalités pratiques d'envoi des propositions

Proposition de communication de 300 mots maximum (en français ou en anglais) + une brève présentation de l’auteur

À envoyer à : gis2017.natureville@gmail.com

Avant le 1er septembre 2016

Responsables d’atelier

  • Agathe Fautras (ENeC / IFEA)
  • Helin Karaman (EHESS / IFEA)

** Nous ne pouvons assurer ni les frais d’inscription au congrès, ni les frais de transport **

Références

  • ADAMIEC, Camille (2014), « Devenir sain : morales alimentaires, pratiques de santé et écologie de soi », Université de Strasbourg, thèse de doctorat en sociologie sous la direction de Nicoletta Diasio.
  • ARNAUD, Jean-Luc (sous la dir.) (2005). L’urbain dans le monde musulman de Méditerranée, Maisonneuve et Larose,  220 pages.
  • BARTHEL, Pierre-Arnaud et Lamia ZAKI (sous la dir.) (2011). Expérimenter la « ville durable » au Sud de la Méditerranée, Éditions de l’Aube, 352 pages.
  • BARTHEL, Pierre-Arnaud (2011), « Premiers quartiers urbains « durables » dans les pays arabes : enseignements sur une génération spontanée. », Espaces et sociétés, n° 147, pages 99 à 115.
  • CALENGE, Christian (2003). « Idéologie verte et rhétorique paysagère », Communications, n°74, pages 33 à 47.
  • FLEURY, Antoine (2007). « Les espaces publics dans les politiques métropolitaines. Réflexions au croisement de trois expériences : de Paris aux quartiers centraux de Berlin et Istanbul », Université Paris I Panthéon-Sorbonne, thèse de doctorat en géographie sous la direction de Thérèse Saint-Julien.
  • GILLOT, Gaëlle (2006). « Du paradis à Dream Park, les jardins dans le monde », Annales de Géographie, tome 115, n°650, pages 409 à 433.
  • HARVEY, David (2011). Le capitalisme contre le droit à la ville : néolibéralisme, urbanisation, résistances, Éditions Amsterdam, 93 pages.
  • LAVERGNE, Marc (1993). « L’islamisme à la conquête de la ville arabo-musulmane : un champ d’étude pour le géographe », Recherches urbaines sur le monde arabo-musulman, Fascicule de Recherches n°24, URBAMA, pages 35 à 54. 
  • MONTABONE, Benoît (2013). « Droit à la ville et contestation de l’ordre moral urbain en Turquie », EchoGéo [En ligne]. URL : http://echogeo.revues.org/13567
  • NASR, Joe et Martine PADILLA (sous la dir.) (2004). Interfaces : agriculture et villes à l’Est et au Sud de la Méditerranée, Editions Delta, IFPO, 249 pages.
  • RAGON, Michel (2010). Histoire de l’architecture et de l’urbanisme modernes, tome II, Points,  348 pages.

Lieux

  • INALCO
    Paris, France (75)

Dates

  • jeudi 01 septembre 2016

Mots-clés

  • nature, ville, agriculture urbaine, parcs urbains, guérilla jardinière, Moyen-Orient, Maghreb, patrimonialisation, politiques publiques, pratiques, représentations, autosuffisance alimentaire, solidarités

Contacts

  • Agathe Fautras
    courriel : fautras [dot] a [at] gmail [dot] com

Source de l'information

  • Agathe Fautras
    courriel : fautras [dot] a [at] gmail [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Les natures dans la ville du Moyen-Orient et du Maghreb », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 31 mai 2016, https://doi.org/10.58079/v7a

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