AccueilEffervescence spirituelle en chrétienté au temps de Luther (1483-1546) dans les pays gagnés par la Réforme

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Effervescence spirituelle en chrétienté au temps de Luther (1483-1546) dans les pays gagnés par la Réforme

Spiritual effervescence in Christianity in the age of Luther (1483-1546) in countries subject to the Reformation

Aux origines du protestantisme

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Publié le jeudi 18 août 2016

Résumé

L'objectif de ce colloque sera de réfléchir sur la période où s'est affirmée la Réforme, de s'interroger sur l'évolution des sensibilités religieuses au moment où se diffusent les idées nouvelles dans une multitude de livres imprimés. Le foisonnement des courants spirituels a-t-il influencé les milieux dévots et contribué à rejeter les pratiques traditionnelles ? L'humanisme a-t-il été précurseur de la Réforme ? Pourquoi Luther a-t-il choisi de rompre avec l'Église ? Comment et pourquoi les expériences de réformes se sont-elles multipliées ? Autant de questions auxquelles la SMERP (la Société montalbanaise d'étude et de recherche sur le protestantisme) invite à débattre et à échanger.

Annonce

olloque de la SMERP (Montauban 17 et 18 novembre 2017)

Argumentaire

A la fin du XVe siècle, la chrétienté européenne est confrontée à de grands bouleversements qui ébranlent les conceptions philosophiques et religieuses héritées du Moyen Âge. Avec la découverte des Amériques qui ouvre de nouveaux horizons économiques et les progrès de l’imprimerie qui fait exploser la diffusion des livres et des idées, les Européens ont définitivement rompu avec le passé ; une nouvelle vision du monde et de l’homme s’impose et, avec elle, on observe une recomposition des croyances. Si l’inquiétude spirituelle préoccupe les chrétiens depuis le XIVe siècle, lorsque des mouvements jugés hérétiques naissent autour de théologiens influents (notamment John Wycliff et Jean Huss), une nouvelle sensibilité religieuse éclot, en rompant avec la philosophie scolastique et en critiquant sévèrement le fonctionnement d’une Église à laquelle on peut reprocher son éloignement des vertus bibliques. Les remontrances mettant en cause la conduite des papes et des évêques ont gagné la chrétienté occidentale ; les prélats sont accusés de ne pas respecter le célibat, même à la cour de Rome, de pratiquer la simonie et de manquer de morale. Erasme s’empare de ce thème dans son Eloge de la Folie. Dès les prémices de la Renaissance, la devotio moderna permet aux laïcs de devenir acteurs de leur salut, en dehors des voies traditionnelles et, notamment de l’état monastique, en proposant de revenir à la pureté évangélique et en définissant l’Église comme l’assemblée des fidèles dont seule « l’imitation de Jésus-Christ » (l’ouvrage portant ce titre sert alors de référence) peut permettre de faire leur salut.

Si l’on connaît relativement bien les processus des changements qui se sont produits à la Renaissance, des questions se posent quant au cheminement des nouvelles façons de croire et de prier. Faire son salut, voilà une préoccupation majeure pour le croyant dont on peut se demander à quel point elle est devenue prioritaire ; se demander aussi à quel point le foisonnement des courants spirituels a grandement influencé les milieux dévots et contribué à rejeter les pratiques traditionnelles.

Sans conteste, le facteur décisif de la diffusion des idées nouvelles est l’invention, par Gutenberg, de l’imprimerie à caractères mobiles et de l’utilisation de la presse. En quelques décennies, la mise au point de techniques qui permettent de fabriquer des livres, de plus en plus vite et de moins en moins cher, rend possible la publication de millions d’ouvrages. 340 ateliers fonctionnent dans les villes allemandes dès le XVe siècle, et toutes les grandes villes, en France, accueillent, au siècle suivant, des imprimeurs qui vulgarisent des livres en langue française.

Cette vulgarisation des savoirs a-t-elle favorisé une soif d’apprendre, de comprendre et de communiquer ? A-t-elle déterminé une nouvelle façon de croire ? La multiplication des imprimés a-t-elle été le vecteur déterminant de la diffusion des idées nouvelles ou celles-ci se sont-elles imposées en profitant de ce formidable moyen d’accroître leur impact ?

Les humanistes appliquent également aux corpus des textes sacrés les outils forgés pour rétablir les textes de l’antiquité gréco-latine dans leur pureté originale. Grâce à ces humanistes chrétiens, la théologie échappe aux clercs et commence à sortir des universités médiévales. Le premier d’entre eux en France, Jacques Lefèvre d’Étaples, écrit en 1523 dans sa préface des Évangiles, en langue vernaculaire : « Maintenant le temps est venu que nostre Seigneur Jésuchrist, seul salut, vérité et vie, veult que son Évangile soit purement annoncée par tout le monde. Et affin que ung chascun qui a cognoissance de la langue gallicane et non point du latin soit plus disposé à recevoir ceste présente grâce, vous sont ordonnées en langue vulgaire par la grâce d’icelui [Jésus-Christ] affin que les simples membres du corps de Jésus Christ ayans ce en leur langue puissent estre aussi certains de la vérité évangélique comme ceulx qui sont en latin ».

L’humanisme a-t-il été précurseur de la Réforme ? Cette question que l’historiographie a souvent posée devrait s’appliquer à l’étude de penseurs moins connus qu’Erasme, mais tout aussi influents dans les milieux lettrés et dans le clergé. Thomas More en Angleterre, Johannes Reuchlin, le meilleur spécialiste de l’hébreu dans le Saint-Empire, Jacques Lefèvre d’Étaples en France et d’autres humanistes méritent qu’on étudie leur implication dans les nouvelles approches de la foi.

Les interrogations sur la piété et les vives critiques à l’encontre d’un clergé, peu enclin aux dévotions et davantage soucieux de ses prébendes, ont touché des prêtres et des moines exaspérés par leurs confrères. Les ordres religieux mendiants, en particuliers, se divisent par l’apparition de courants plus exigeants, favorables au rétablissement des règles conventuelles comme les franciscains. Né en 1483, un moine augustin doit être placé au premier rang des ecclésiastiques contestataires, il s’agit de Martin Luther, professeur de théologie à l’université de Wittenberg en Saxe, particulièrement hostile aux indulgences décidées par la papauté afin de financer des travaux à Rome.

Son cheminement et ses interrogations qui l’ont conduit à la rupture avec l’Église institutionnelle (Les 95 thèses affichées à Wittenberg, le 31 octobre 1517) pourraient être approfondis comme le rôle joué par Philippe Melanchthon dans l’élaboration d’une doctrine.

La naissance de la Réformation et la mise en place des Eglises dans le Saint Empire a été rapide tant le message de Martin Luther, dans sa simplicité biblique a conquis les foules. Dès les années 1530, des divergences avec la théologie luthérienne ont surgi dans des grandes villes telles Strasbourg avec Bucer, Zurich avec Zwingli, Bâle avec Oecolampade, puis Genève avec Calvin. Ces quatre théologiens ont adopté une doctrine plus radicale dans la théologie de la cène, puis dans la liturgie, dans l’aménagement des lieux de culte et la structuration même des nouvelles Eglises qui abandonnent le système épiscopal au profit d’une direction synodale. Ils rejettent toutes les manifestations traditionnelles, toutes les représentations visuelles des saints et du Christ et acceptent de jouer un rôle politique au sein de la cité.

Des questions se posent sur la multiplication des églises réformées dans une diversité qui tient aussi à des choix politiques : le calvinisme en Suisse, en France et aux Pays Bas, le presbytérianisme en Écosse et surtout l’anglicanisme en Angleterre se sont imposés. Mais la règle du cujus regio ejus religio telle que Luther voulait qu’elle s’applique n’a-t-elle pas, dès l’origine, renforcé l’idée que la religion était, plus que jamais, liée au pouvoir politique ?

Un autre courant contestataire refuse de rompre avec l’Église catholique, mais entreprend de la réformer, de l’intérieur, dans le cadre du royaume de France. Au premier rang se trouve Guillaume Briçonnet, l’évêque de Meaux qui entend combattre la dépravation des mœurs et le relâchement de la discipline du clergé. Cet ami de Jacques Lefèvre d’Etaples dont il a contribué à diffuser les œuvres, devient le directeur spirituel de la sœur du roi de France, la reine Marguerite de Navarre. Il met en application, dans son diocèse, un programme de réformes de l’Église qu’élabore le Cénacle de Meaux, un groupe où se retrouvent, autour de Briçonnet, des proches comme Lefèvre d’Etaples et d’autres prélats tels l’évêque Gérard Roussel, l’hébraïsant François Vatable, les prédicateurs Guillaume Farel et Martial Mazurier, Michel d’Arande que Marguerite de Navarre a fait nommer évêque en Dauphiné.

Autant d’ecclésiastiques lettrés que l’on peut considérer comme des humanistes et qui affichent des positions novatrices soucieuses de s’appuyer sur la connaissance approfondie des Saintes Écritures. A partir de leurs expériences, on peut s’interroger sur les projets de réforme, sans rupture ouverte avec Rome, qui s’insèrent dans un cadre des Etats de leur temps et par conséquent sur l’existence éventuelle d’une troisième voie (« ni-Rome, ni-Genève »).

Objectifs

Ce colloque, consacré à « l’effervescence spirituelle en chrétienté au temps de Luther dans les pays gagnés par la Réforme », entre 1483 et 1546, se donne deux objectifs majeurs :

  • Rassembler et faire dialoguer les historiens-chercheurs à partir de leurs recherches menées aujourd’hui sur cette période clé où s’est affirmée la Réforme.
  • S’interroger sur l’évolution des sensibilités religieuses à une époque marquée par la multiplication exponentielle des livres publiés.

Axes thématiques

3 thématiques pourront être abordées :

  • Les voies des réformes : foisonnement des courants spirituels, diffusion des livres, humanisme
  • Luther de la contestation à la rupture
  • La multiplication des expériences de réformes

Modalités pratiques d'envoi des propositions 

Appel à communications à adresser au Président de la SMERP(astoul.guy@orange.fr) 

 avant le 15 décembre 2016.

Comité scientifique et d'organisation

  • Anne-Marie Cocula,
  • Philippe Chareyre,
  • Didier Poton de Xaintrailles,
  • Eckart Birnstiel,
  • Françoise Moreil,
  • Hélène Guicharnaud,
  • Guy Astoul

Lieux

  • Salle Pierre Bayrou - Ancien collège, rue du Collège à Montauban
    Montauban, France (82)

Dates

  • jeudi 15 décembre 2016

Fichiers attachés

Mots-clés

  • Luther, Calvin, humanisme, protestantisme

Contacts

  • Guy ASTOUL
    courriel : astoul [dot] guy [at] orange [dot] fr

Source de l'information

  • Guy ASTOUL
    courriel : astoul [dot] guy [at] orange [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Effervescence spirituelle en chrétienté au temps de Luther (1483-1546) dans les pays gagnés par la Réforme », Appel à contribution, Calenda, Publié le jeudi 18 août 2016, https://doi.org/10.58079/vm7

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