AccueilMinorisation linguistique et inégalités sociales

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Minorisation linguistique et inégalités sociales

Linguisitc minorisation and social inequalities

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Publié le mardi 08 novembre 2016

Résumé

Depuis sa création, en 1987, le Centre de recherche en linguistique appliquée (CRLA) de l’université de Moncton privilégie la recherche en aménagement linguistique en milieu francophone minoritaire. La pertinence de cette orientation découle de réflexions qui ont amené les linguistes du CRLA à reconnaitre la nécessité d’approfondir les questions reliées à la problématique des inégalités et des discriminations linguistiques persistantes dans l’unique province officiellement bilingue du Canada, le Nouveau-Brunswick. Pour souligner ses trente ans, le CRLA propose d’explorer les modes de construction, les modalités de manifestation ainsi que les possibilités de contestation de la minorisation linguistique.

Annonce

Colloque international soulignant le 30e anniversaire du Centre de recherche en linguistique appliquée (CRLA) de l’Université de Moncton

Présentation

Depuis sa création, en 1987, le Centre de recherche en linguistique appliquée (CRLA) de l’Université de Moncton privilégie la recherche en aménagement linguistique en milieu francophone minoritaire. La pertinence de cette orientation découle de réflexions qui ont amené les linguistes du CRLA à reconnaitre la nécessité d’approfondir les questions reliées à la problématique des inégalités et des discriminations linguistiques persistantes dans l’unique province officiellement bilingue du Canada, le Nouveau-Brunswick. Compte tenu de cette priorité, le CRLA a encouragé les projets de recherche qui visaient à donner un fondement scientifique à l’identification et au développement de stratégies d’intervention susceptibles de promouvoir une plus grande égalité pour la communauté francophone acadienne du Nouveau-Brunswick (voir notamment Phlipponneau, 1991 ; Boudreau et Dubois, 1996 ; Boudreau et al., 2002).

Pour souligner ses 30 ans, le CRLA propose d’explorer les modes de construction, les modalités de manifestation ainsi que les possibilités de contestation de la minorisation linguistique en lançant un appel à communication dans le cadre d’un colloque international qui aura lieu du 4 au 7 octobre 2017.

Argumentaire

Le colloque vise à creuser la question de la minorisation linguistique, notion qui pourra être envisagée sous divers angles.

  • La minorisation linguistique pourra être appréhendée dans sa construction. Quels sont les liens entre minorisation et représentation, minorisation et catégorisation, minorisation et stigmatisation ? Comment minorisation, discriminations linguistiques et inégalités sociales s’articulent-elles (Blanchet, 2016) ?
  • La minorisation linguistique pourra aussi être examinée comme un rouage social. À quoi sert-elle, qui sert-elle et qui dessert-elle ? Quels en sont les enjeux ? (Klinkenberg, 201
  • On tentera également de saisir les conséquences de la minorisation linguistique, en particulier la discrimination linguistique, non seulement dans les dimensions matérielles et statutaires (restriction du champ des possibles) mais aussi dans les dimensions subjectives. Quelles sont les « séquelles » de la minorisation entre honte, auto-odi et silence ? (Boudreau, 2016)
  • La minorisation linguistique gagnera également à être croisée avec d’autres variables sociologiques discriminantes (intersectionnalité), en particulier avec les notions de genre, de classe, de race (Urbain, 2016 ; Woolard et Schieffelin, 1994). On s’intéressera notamment au cas de minoritaires vivant à l’intérieur d’une autre minorité : ainsi les migrants francophones en Acadie (Violette, 2010 ; Tending, 2014) ou ailleurs au Canada (Lamarre et Lamarre, 2009), les femmes en milieu minoritaire (LeBlanc, à paraitre), les travailleurs précaires (Duchêne, 2012). Dans quelle mesure les compétences linguistiques (la « qualité » de la langue) servent-elles d’alibi pour des formes de discrimination socialement non-acceptables (Cameron 1995) ?
  • On pourra s’arrêter aussi aux modalités de remédiation : comment travailler à la « déminorisation » ? (Boudreau, 2016).
  • On pourra par ailleurs regarder la mobilisation rhétorique du motif de la minorisation dans différents espaces discursifs : comment des représentants de groupes majoritaires, reprennant à leur compte l’argument et les ressorts rhétoriques de la minorisation, se disent minorisés et victimes de discriminations (LeBlanc, 2007) ? Comment d’autres acteurs sociaux, issus de la communauté minoritaire ou non, remettent en question la pertinence même des modèles et des concepts de la minorisation ?
  • De plus, en tant que chercheurs travaillant sur des minorités linguistiques, on pourra interroger en quoi nos descriptions visant souvent à souligner l’altérité de la parole minoritaire, nos discours de revendication de la diversité linguistique, couramment construits à partir de cadres de recherche décontextualisés, majoritaires (Arrighi et Boudreau, sous presse) peuvent servir in fine à redoubler la minorisation de nos « sujets ». Dans la mesure où bien des travaux de linguistes ont contribué à faire du marquage linguistique de l’identité une forme de performativité, d’agentivité, qu’en est-il du fait que les locuteurs ne choisissent pas nécessairement leur façon de parler (Hambye, 2016) ?
  • Toujours en lien avec le travail « scientifique » sur les situations minoritaires, on pourra encore se demander plus largement si l’on pourrait être plus ambitieux (voir notamment les réflexions de Hughes dès 1948 sur les a priori et les angles aveugles de la recherche sur les minorités).

Conditions de soumission

Toutes ces questions pourront être saisies dans le cadre d’études empiriques, théoriques ou réflexives, à travers l’interrogation des terrains divers. Une telle confrontation entre le contexte acadien et les autres permettrait de problématiser les difficultés « d’ordre terminologique, définitoire et méthodologique » face à l’objet « minorité » ainsi que l’arrimage, parfois délicat, de celui-ci avec les notions de minoration, minorisation (Bothorel-Witz, 2005).

Les doctorant·e·s sont vivement encouragés à soumettre une proposition ; leurs communications seront intégrées dans le programme général. Ils pourraient aussi bénéficier d’un financement.

La langue du colloque est le français toutefois des propositions en anglais pourront être considérées.

Les propositions sont à envoyer à cette adresse ainsi qu’à laurence.arrighi@umoncton.ca

au plus tard le 15 décembre 2016.

La proposition ne peut accéder 500 mots (références comprises, pas de bibliographie SVP).

Vous recevrez les résultats de l’évaluation de notre comité scientifique le 10 janvier 2017.

Dates du colloque : du 4 au 7 octobre 2017

Références

  • Arrighi, Laurence et Annette Boudreau (sous presse) « Langue et légitimité : l’exemple acadien » dans Laurence Arrighi et Annette Boudreau (dir.) La construction du locuteur francophone : Langue et légitimation, Québec, Les Presses de l’Université Laval : 1-18.
  • Blanchet, Philippe (2016) Discriminations : combattre la glottophobie, Paris, Textuel.
  • Bothorel-Witz, Arlette (2005) « Introduction aux journées d'études « Minorations, minorisations, minorités : dynamiques sociolinguistiques et socioculturelles » », Cahiers de sociolinguistique n° 10 : 9-15.
  • Boudreau, Annette (2016) À l’ombre de la langue légitime – L’Acadie dans la francophonie, Paris, Garnier
  • Boudreau, Annette, Lise Dubois, Jacques Maurais et Grant McConnell(2002) L’écologie des langues/ The Ecology of Language, Paris, L’Harmattan.
  • Boudreau, Annette et Lise Dubois (dir.) (1996) Les Acadiens et leur(s) langue(s) : quand le français est minoritaire, Actes du colloque, Centre de recherche en linguistique appliquée – Université de Moncton, Moncton, Éditions d’Acadie & Centre de recherche en linguistique appliquée.
  • Cameron, Deborah (1995) Verbal Hygiene – The Politics of Language, Londres, Routledge.
  • Duchêne, Alexandre (2012) « Des marchés, des locuteurs et des langues », Sociolinguistica no26 : 120-135.
  • Hambye, Philippe (2016) « Est-ce que les locuteurs choisissent leurs voyelles ? Habitus linguistique, déterminisme et changement social », conférence plénière au congrès de la VALS-ASLA, Genève, le 20 janvier 2016.
  • Hughes, Everett (1996) « L’étude des relations ethniques », Le regard sociologique (morceaux choisis), Paris, Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales : 201-207 [traduction française de (1948) « The Study of Ethnic Relations », Dalhousie Review, no 27 : 153-158].
  • Klinkemberg, Jean-Marie (2015) La langue dans la cité - Vivre et penser l’équité culturelle, Bruxelles, Les Impressions Nouvelles.
  • Lamarre, Patricia et Stéphanie Lamarre (2009) « Montréal «on the move » : Pour une approche ethnographique non-statique des pratiques langagières des jeunes multilingues», dans Thierry Bulot (dir.) Formes & normes sociolinguistiques. Ségrégations et discriminations urbaines, Paris, L’Harmattan : 105-134.
  • LeBlanc, Isabelle (à paraitre) « Le rapport à la langue dans le discours identitaire de femmes acadiennes » dans Paroles et regards de femmes en Acadie. D’hier à aujourd’hui (sous la direction de Jimmy Thibeault et al.), Presses de l’Université d’Ottawa.
  • LeBlanc, Matthieu (2007) « “Bilinguals Only Need Apply ?” : luttes et tensions dans un lieu de travail bilingue en Acadie du Nouveau-Brunswick », Francophonies d’Amérique no 27 : 77-103.
  • Phlipponneau, Catherine (dir.) (1991) Vers un aménagement linguistique de l’Acadie, Actes du symposium de mai 1990, Moncton, CRLA-Université de Moncton.
  • Tending, Marie-Laure (2014) Parcours migratoires et constructions identitaires en contextes francophones. Une lecture sociolinguistique du processus d’intégration de migrants africains en France et en Acadie du Nouveau-Brunswick, thèse de doctorat, Université de Moncton et Université de Tours.
  • Urbain, Émilie (2016), « Towards a “Bilingual American Citizen”: Language ideologies, citizenship and race in 19th century French Louisiana », Language and Communication, DOI : http://dx.doi.org/10.1016/j.langcom.2016.07.006  
  • Violette, Isabelle (2010) Immigration francophone en Acadie du Nouveau-Brunswick : langues et identités. Une approche sociolinguistique des parcours d’immigrants francophones à Moncton, thèse de doctorat, Université de Moncton et Université de Tours.
  • Woolard, Kathryn et Bambi B. Schieffelin (1994) « Language Ideology », Annual Review of Anthropology, Vol. 23 : 55-82.

Conférencières et conférencier invités

  • Annette Boudreau, Université de Moncton (Acadie, Canada)
  • Philippe Hambye, Université catholique de Louvain (Belgique)
  • Patricia Lamarre, Université de Montréal (Québec, Canada)

Événements annexes

  • Lancement

Le colloque s’ouvrira le mercredi 4 en soirée par le lancement de l’ouvrage soulignant les 30 ans du CRLA : Le CRLA a 30 ans : témoignages, expériences et réalisations [titre provisoire].

  • Table ronde

Le colloque se clora le samedi 7 en matinée par la tenue d’une table ronde présentant des récits de minorisation linguistique et sociale : La minorisation linguistique : expériences vécues [titre provisoire].

Invités à confirmer.

Informations

crla@umoncton.ca

Inscriptions 

Frais de participation : 

  • 100 $ pour les professeures et professeurs
  • 40 $ : pour les doctorantes et doctorants présentant une communication
  • Gratuit pour les étudiantes et étudiants ne présentant pas de communication
  • Participation libre au lancement et / ou à la table ronde. 

S’ajouteront aux frais d’inscription une participation aux coûts du banquet (à déterminer).

Comité d’organisation

  • Laurence Arrighi (Université de Moncton)
  • Karine Gauvin (Université de Moncton)
  • Lise Landry (Université de Moncton)
  • Isabelle LeBlanc (Université de Moncton)
  • Mélanie LeBlanc (Université de Moncton)
  • Émilie Urbain (Université de Moncton)

Comité scientifique Moncton 2017

  • Ozouf Sénamin Amedeganto, University of Calgary (Alberta)
  • Geneviève Bernard-Barbaud, Université du Québec à Trois-Rivières (Québec)
  • Philip Comeau, Université du Québec à Montréal (Québec)
  • James Costa, Université de Paris 3 (France)
  • Alexandre Duchêne, Institut de plurilinguisme de Fribourg (Suisse) ;
  • Gilles Forlot, Institut national des langues et des cultures orientales (France)
  • Michel Francard, Université catholique de Louvain (Belgique) 
  • Alexandra Jaffe, California State University at Long Beach (États-Unis)
  • Sandrine Hallion, Université de Saint-Boniface, Winnipeg (Manitoba)
  • Jean-Marie Klinkenberg, Université de Liège (Belgique)
  • Matthieu LeBlanc, Université de Moncton (Nouveau-Brunswick)
  • Marinette Matthey, Université de Grenoble 3 (France)
  • Claudine Moïse, Université de Grenoble 3 (France)
  • Isabelle Monnin, Université de Paris 4 (France) 
  • Marie-Ève Perrot, Université d’Orléans (France)
  • Cristina Petras, Université Alexandru Ioan Cuza, Iasi (Roumanie)
  • Gaëlle Planchenault, Simon-Fraser University (Colombie-Britannique)
  • Wim Remysen, Université de Sherbrooke (Québec)
  • Cécile Vigouroux, Simon-Fraser University (Colombie-Britannique)
  • Chantal White, Université Saint-Anne (Nouvelle-Écosse)

Lieux

  • Édifice Léopold-Taillon - 18, avenue Antonine-Maillet
    Moncton, Canada (E1A 3E9)

Dates

  • jeudi 15 décembre 2016

Mots-clés

  • minorisation linguistique, inégalité sociale, discrimination linguistique, genre, classe, race

Contacts

  • Lise Landry
    courriel : crla [at] umoncton [dot] ca

Source de l'information

  • Lise Landry
    courriel : crla [at] umoncton [dot] ca

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Minorisation linguistique et inégalités sociales », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 08 novembre 2016, https://doi.org/10.58079/w2j

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