AccueilSociabilités et pratiques de la démocratie en Grande-Bretagne, 1760-1850

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Sociabilités et pratiques de la démocratie en Grande-Bretagne, 1760-1850

Sociability and democratic practices in Great Britain, 1760-1850

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Publié le lundi 02 janvier 2017

Résumé

Des mouvements populaires associés à la figure de John Wilkes dans les années 1760, aux Chartistes des années 1830 et 1840, un nombre croissant de revendications s'exprime en-dehors des grandes institutions étatiques et ecclésiastiques (cour, Parlement, Église), et souvent contre elles. Dans les années 1780, les partisans de la réforme parlementaire s'unissent en associations de comtés en Angleterre, en sociétés de burgh reform en Écosse.

Annonce

Argumentaire

Des mouvements populaires associés à la figure de John Wilkes dans les années 1760, aux Chartistes des années 1830 et 1840, un nombre croissant de revendications s'exprime en-dehors des grandes institutions étatiques et ecclésiastiques (cour, Parlement, Eglise), et souvent contre elles. Dans les années 1780, les partisans de la réforme parlementaire s’unissent en Associations de comtés en Angleterre, en sociétés de burgh reform en Ecosse. A la faveur de la Révolution française se développe une sociabilité ‘plébéienne’, faite de sociétés et de clubs politiques ‘radicaux’ ou ‘jacobins’, mais aussi ‘anti-jacobins’ ou ‘loyalistes’. L’abolitionnisme, les mouvements ouvriers et syndicaux, les ligues locales ou nationales comme l’Anti-Corn Law League et bien sûr le Chartisme viennent porter des revendications morales, religieuses, économiques, de classe… Ces quelques exemples n’épuisent pas la diversité es mouvements adoptant des formes associatives plurielles et évolutives.

Au-delà de l’idéologie, l’historiographie récente a considérablement enrichi nos connaissances en analysant les formes de sociabilité. Les études sur les années 1790, en particulier, ont montré que l’innovation démocratique tenait au moins autant aux nouvelles pratiques qu’aux idées disséminées par les sociétés d’artisans telles que la London Corresponding Society. Les liens entre idéologie, pratique et conséquences politiques sont pourtant loin d’être univoques, comme en témoigne l’exemple des associations loyalistes qui se développent pour contrer la menace jacobine : ces associations porteuses d’une idéologie conservatrice ont paradoxalement participé à la politisation du petit peuple qu’elles cherchaient à éviter. Il est temps, aujourd’hui, de replacer ces interrogations dans le temps long de ce qu’on appelait naguère the Age of Reform, ou, en contexte européen, the Age of Revolution, pour étudier les héritages et les ruptures entre formes de sociabilité démocratiques ou du moins démocratisées. Dans le cadre de l’axe « Puissance du mode mineur » du laboratoire CLIMAS, on s’interrogera en particulier sur la force de proposition, d’exemple, de dissémination que peuvent constituer des groupes « mineurs », extra-parlementaires, et volontairement ou involontairement exclus des processus de décision officiels : comment ces groupes ont-ils utilisé leur position minoritaire ? ont-ils cherché à établir des sociabilités alternatives ou exclusives, ou au contraire à sortir de la minorité et à influencer les formes « majeures » de la représentation politique ?

Les associations, laboratoires de la démocratie ?

  • Théorie et pratique: En quoi ces sociétés ont-elles constitué des laboratoires de la démocratie (locale, nationale, sectorielle, religieuse…), par leur idéologie et/ou par leurs pratiques ? Comment ont-elles théorisé, expérimenté ou refusé des pratiques acceptées aujourd’hui comme typiques de la démocratie (vote au suffrage universel, bulletin secret) ? Ont-elles mis en place d’autres pratiques démocratiques, comme la rotation des fonctions exécutives ou le tirage au sort ? Y a-t-il cohérence ou contradiction entre l’idéologie et la pratique ?
  • Ouverture et entre-soi : dans quelle mesure ces formes de sociabilité permettaient-elles une participation politique étendue au-delà des détenteurs du droit de vote (en terme de genre, de classe, d’affiliation religieuse) ? Comment justifiait-on l’inclusion ou l’exclusion de certains groupes ?
  • Ordre et désordre : comment ces sociétés gèrent-elles le conflit, le dissensus ? Comment concilient-elles mobilisation de masse et ordre public ? Cautionnent-elles la violence, ou cherchent-elles à la contenir ?
  • Héritages et transmissions : Les formes de sociabilité s’inspirent-elles d’institutions déjà existantes : conseils ecclésiastiques, loges maçonniques, clubs… ? Comment s’opèrent les transmissions géographique, inter-générationnelles ou d’un secteur socio-politique à un autre ?

Toutes ces interrogations doivent prendre en compte le contexte politique et en particulier l’attitude, répressive ou conciliante, des autorités, induisant des stratégies (démocratiques ou non) d’adaptation, de résistance ou de subversion.

Le modèle parlementaire et ses alternatives

  • Quel lien ces sociétés entretiennent-elles avec les institutions officielles, et en particulier le Parlement de Westminster?
  • Discours des sociétés sur le Parlement : S'inspirent-elles de ses procédures, de son vocabulaire, ou s'en démarquent-elles? Se veulent être des alternatives au Parlement, des compléments, des sources de proposition, des groupes de pression? Cherchent-elles à donner l’exemple et à mettre en pratique des idéaux qu’elles voudraient voir appliqués au Parlement ou dans d’autres institutions publiques ?
  • Britannicité et exemples étrangers : Ces sociétés s’inspirent-elles de modèles britanniques et/ou étrangers (Révolution française, démocratie américaine…) ? Y a-t-il des spécificités locales, régionales (Angleterre, Ecosse, Pays de Galles, Irlande) ?
  • Discours sur ces sociétés : Sont-elles saluées comme des alternatives salutaires ou critiquées comme usurpatrices des prérogatives ou des fonctions réservées au Parlement?

Modalités de participation

Les interventions peuvent prendre la forme d’études de cas particuliers (case studies) ou de réflexions théoriques ou historiographiques sur la période considérée: questions de périodisation, concepts comme agency, performance ou public sphere, apports méthodologiques (linguistic turn, étude des réseaux, analyse spatiale…).

Les propositions de communications, accompagnées d’une courte note biographique, ne dépasseront pas 300 mots. Elles sont à adresser

avant le 31 mars 2017

à :

  • Rémy Duthille, remy.duthille@u-bordeaux-montaigne.fr,
  • Magalie Fleurot - Magalie.Fleurot@u-bordeaux-montaigne.fr
  • Laurence Machet - Laurence.Machet@u-bordeaux-montaigne.fr

Les réponses seront envoyées mi-avril.

Comité scientifique

  • Mathilde Bertrand (Université Bordeaux Montaigne)
  • Valérie Capdeville (Paris 13)
  • Annick Cossic (Université de Bretagne Occidentale)
  • Richard Davis (Université Bordeaux Montaigne)
  • Rémy Duthille (Université Bordeaux Montaigne)
  • Magalie Fleurot (Université Bordeaux Montaigne)
  • Sophie Koppe (Université Bordeaux Montaigne)
  • Laurence Machet (Université Bordeaux Montaigne)

Repères bibliographiques

  • Dzelzainis, Ella, et Ruth Livesey, éd. The American experiment and the idea of democracy in British culture, 1776-1914. Farnham, UK; Burlington, VT: Ashgate, 2013.
  • Epstein, James. In practice : studies in the language and culture of popular politics in modern Britain. Stanford, CA: Stanford University Press, 2003.
  • Innes, Joanna, et Arthur Burns. Rethinking the age of Reform : Britain 1780-1850. Cambridge: Cambridge University Press, 2003.
  • Innes, Joanna, et Mark Philp. Re-Imagining Democracy in the Age of Revolutions : America, France, Britain, Ireland, 1750-1850. Oxford: Oxford University Press, 2013.
  • Kelly, J., Powell, M.J. (eds) 2010. Clubs and Societies in eighteenth-century Ireland. Four Courts Press, Dublin.
  • Mee, Jon. Conversable worlds : literature, contention, and community 1762 to 1830. Oxford: Oxford University Press, 2011.
  • Philp, Mark. Reforming Ideas in Britain: Politics and Language in the Shadow of the French Revolution, 1789-1815. Cambridge: Cambridge University Press, 2013.
  • Pickering, Paul A, et Michael T Davis. Unrespectable Radicals? Popular Politics in the Age of Reform. Aldershot, England; Burlington, VT: Ashgate, 2008.
  • Tuite, Clara, et Gillian Russell. Romantic sociability : social networks and literary culture in Britain, 1770-1840. Cambridge: Cambridge University Press, 2002.

Lieux

  • Université Bordeaux Montaigne, Domaine universitaire
    Pessac, France (33)

Dates

  • vendredi 31 mars 2017

Mots-clés

  • sociabilité, démocratie, démocratisation, club, société, pratique, parlement, agency, institution, chartisme, jacobins, radicalisme, radical, loyalisme, loyaliste, mineur

Contacts

  • Remy Duthille
    courriel : remy [dot] duthille [at] u-bordeaux-montaigne [dot] fr

Source de l'information

  • Remy Duthille
    courriel : remy [dot] duthille [at] u-bordeaux-montaigne [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Sociabilités et pratiques de la démocratie en Grande-Bretagne, 1760-1850 », Appel à contribution, Calenda, Publié le lundi 02 janvier 2017, https://doi.org/10.58079/wga

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