AccueilPenser la politique par « gros temps » : R. Aron au XXIe siècle

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Penser la politique par « gros temps » : R. Aron au XXIe siècle

Thinking politics through "heavy weather" - R. Aron in the 21st century

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Publié le mardi 07 février 2017

Résumé

Ce colloque international entend souligner la fécondité de la pensée aronienne pour aborder certaines questions majeures en science politique, et plus généralement pour penser la politique par « gros temps ». Durant ce colloque à vocation pluridisciplinaire, on se propose d’explorer l'apport et l'actualité de la pensée aronienne relativement aux quatre principaux domaines investis par Raymond Aron, une demi-journée de débats étant réservée à chacun de ces domaines: 1) Sociologie politique 2) La philosophie et la théorie politiques, 3) Les relations internationales, 4) L'épistémologie et la science du politique.

Annonce

École des hautes études en sciences sociales / 22-23 Juin 2017

Argumentaire

Né en 1905 et disparu en 1983, Raymond Aron a élaboré son œuvre en prise directe avec l’histoire politique tourmentée du XXe siècle. Il a contribué de manière décisive au développement de la science politique, devenant rapidement l’un des « classiques » de la discipline. Néanmoins, par un curieux paradoxe, il est aujourd’hui, surtout en France, plus souvent cité que lu. De nombreuses dimensions de son œuvre demeurent encore largement inexplorées. Les raisons de cette relégation sont multiples et complexes, mais il est clair que beaucoup de philosophes, de sociologues et de politistes considèrent que son travail a été rendu obsolète par les évolutions politiques des trois dernières décennies.

Cependant, plusieurs ouvrages – notamment un Companion to Raymond Aron publié en 2015 chez Palgrave Macmillan – et numéros de revues récents témoignent à la fois de la permanence des études aroniennes et du renouvellement générationnel qu’elles connaissent actuellement. De plus, l’actualité, voire l’urgence politique des thèmes qu’Aron a traités – les transformations de la guerre et de la paix, la fragilité des démocraties, la crise des sociétés industrielles, le rôle des idéologies et des passions politiques, etc. – jette une lumière nouvelle sur son œuvre, qu’on a estimé un peu vite dépassée une fois le Mur de Berlin tombé et la Guerre froide terminée.

Ce colloque international entend souligner la fécondité de la pensée aronienne pour aborder certaines questions majeures en science politique, et plus généralement pour penser la politique par « gros temps ». Loin d’être « inactuel », Aron se révèle un guide précieux, tant sur le plan épistémologique que théorique, pour questionner notre époque et les concepts dont nous disposons pour l’analyser. Une lecture, approfondie et à nouveaux frais, d’Aron peut ainsi nous aider à rendre la réalité politique plus intelligible, l’une des tâches premières des sciences humaines et sociales. Ainsi, ce colloque voudrait tester l’hypothèse selon laquelle cette pensée politique constitue une boussole pouvant aider à s’orienter, en ce début du XXIe siècle, dans un monde qui, loin d’être débarrassé de l’anarchie internationale, se caractérise à la fois par l’entropie démocratique et la montée en puissance de ce que Pierre Hassner nomme les « démocratures ».

Durant ce colloque à vocation pluridisciplinaire, on se propose d’évaluer la pertinence de cette hypothèse relativement aux quatre principaux domaines investis par Raymond Aron, une demi-journée de débats étant réservée à chacun de ces domaines :

1/ la sociologie politique

Les propositions pourraient ici s’intéresser à sa méthodologie, à sa critique de Durkheim et plus généralement du positivisme, à son rapport complexe et évolutif à Weber, ou encore à la question de sa filiation avec « l’école politique » de la sociologie française (Montesquieu, Tocqueville et Halévy). Elles pourraient également porter sur ses rapports avec différentes traditions nationales comme la sociologie américaine (Dahl, Wright Mills, Bell, etc.), la sociologie allemande (Weber, Mannheim, Elias, etc.) ou l’école italienne (Pareto, Mosca, Michels, etc.). Elles pourraient enfin envisager ses apports à certains domaines de la sociologie politique, telles l’analyse des classes sociales, l’étude des élites, celle des régimes politiques, ou plus globalement son approche comparée des sociétés industrielles – y compris sa réflexion sur les « désillusions du progrès ».

2/ la philosophie et la théorie politiques

Les propositions pourraient ici s’intéresser au rapport complexe qui s’établit entre sa philosophie de l’histoire et sa philosophie politique, mais aussi à son positionnement vis-à-vis de la philosophie classique et moderne, ainsi que la théorie politique contemporaine, notamment dans ses aspects normatifs. Elles pourraient également examiner la discussion aronienne des idéologies : le marxisme, le nazisme, le fascisme, le socialisme, le libéralisme et le conservatisme. Elles pourraient encore étudier son dialogue avec différents auteurs dont il a été le contemporain (Sartre, Merleau-Ponty, Marcuse, Hayek, Schmitt, Weil, Strauss, etc.). Elles pourraient enfin questionner le rôle qu’il a joué dans le « retour de la philosophie politique », en examinant par exemple son insertion dans les débats internationaux qui s’organisent dans les années 1970 autour des travaux d’Habermas et de Rawls notamment.

3/ les relations internationales

Les propositions pourraient ici s’intéresser à la spécificité de sa méthode, à ses relations complexes avec les traditions idéaliste et réaliste, mais aussi à l’articulation de son approche « théorique » avec ses analyses de « l’histoire en train de se faire ». Elles pourraient également porter sur son dialogue avec des auteurs classiques ou contemporains – de Clausewitz à Morgenthau et Kissinger. Elles pourraient encore se concentrer sur l’apport de sa réflexion aux questions stratégiques, et tout particulièrement les questions de stratégie nucléaire, ainsi qu’aux débats sur l’Arms control et la non-prolifération. Elles pourraient enfin se pencher sur les ressources fournies par la pensée aronienne afin de penser les conflits contemporains, en examinant ses réflexions sur les guerres asymétriques ou les phénomènes de reconnaissance. En somme, il s’agirait ici de replacer la pensée d’Aron dans le cadre de l’émergence progressive de War studies à la française.

4/ l’épistémologie et la science du politique

Les propositions pourraient ici s’intéresser à sa conception du politique, à sa manière de concevoir l’étude de cet objet, à son désir de concilier approche sociologique et approche philosophique, ou encore au lien établi entre la science politique et l’espace public. Elles pourraient également revenir sur le rôle qu’Aron a joué dans l’institutionnalisation de la science politique en France, ainsi que dans son internationalisation – par son action au sein de la Revue française de science politique ainsi qu’à l’Association française de science politique, par la création des Archives européennes de sociologie, par la direction de la collection « Liberté de l’esprit », par la rédaction de nombreuses recensions consacrées à des ouvrages étrangers, et plus généralement par son insertion dans les grands débats internationaux comme celui sur la « fin des idéologies ». En un mot, elles pourraient chercher à dégager la contribution d’Aron à la construction d’une discipline politologique qui n’a jamais cessé de se questionner sur son objet, sur ses frontières et sur ses méthodes.

Il va de soi que toutes ces pistes ne sont aucunement limitatives, qu’elles ne sont données qu’à titre de suggestions, et que les organisateurs examineront avec intérêt toutes les propositions qui s’insèreront dans l’un de ces quatre axes, et ceci quel que soit l’ancrage disciplinaire ou la perspective revendiquée.

Modalités de soumission

Les propositions (500 à 800 mots) sont à envoyer aux organisateurs aux adresses suivantes :gwendalchaton@gmail.com ; giulio.deligio@gmail.com ; jvholeindre@gmail.com

Date limite pour l’envoi des propositions : 15 mars 2017.

Organisation

Ce colloque est organisé conjointement par le Centre d’Études Sociologiques et Politiques Raymond Aron (CESPRA/EHESS) et la Société des Amis de Raymond Aron.

Le comité d’organisation est composé de Gwendal Châton (Université d’Angers/Centre Jean Bodin), Giulio de Ligio (EHESS/CESPRA) et Jean-Vincent Holeindre (Université de Poitiers/CECOJI/IRSEM).

Comité scientifique

  • Elisabeth Dutartre-Michaut (EHESS/CESPRA),
  • Christian Malis (Institut d’étude sur la guerre et la paix/Paris 1),
  • Pierre Manent (EHESS/CESPRA),
  • Sophie Marcotte-Chénard (University of Toronto),
  • Philippe Raynaud (Université Paris 2),
  • Cynthia Salloum (IUE de Florence),
  • Perrine Simon-Nahum (CNRS/ENS),
  • Dominique Schnapper (EHESS/CESPRA).

Lieux

  • 106 Boulevard Raspail
    Paris, France (75)

Dates

  • mercredi 15 mars 2017

Fichiers attachés

Mots-clés

  • Raymond Aron

Contacts

  • Sophie Marcotte-Chénard
    courriel : sophie [dot] marcottechenard [at] utoronto [dot] ca

Source de l'information

  • Sophie Marcotte-Chénard
    courriel : sophie [dot] marcottechenard [at] utoronto [dot] ca

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Penser la politique par « gros temps » : R. Aron au XXIe siècle », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 07 février 2017, https://doi.org/10.58079/wun

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