AccueilRadicalisations et radicalismes dans les pays de la Région méditerranéenne

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Radicalisations et radicalismes dans les pays de la Région méditerranéenne

Radicalisation and radicalism in countries of the Mediterranean region

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Publié le mercredi 08 février 2017

Résumé

L'École du journalisme de Nice en partenariat avec le Centre d’études et de recherche en droit administratif, constitutionnel, financier et fiscal de L'université de Nice Sophia Antipolis, avec le soutien du Conseil régional provence Alpes Côte d'Azur, organise un symposium sur le thème médias et radicalisation. Cette manifestation déroulera le vendredi 24 et samedi 25 mars 2017. Elle a pour objectif de confronter les analyses sur le phénomène des radicalismes depuis les trois dernières décennies et de questionner le rôle des médias dans les processus de radicalisation et dans la construction de contre-discours.

Annonce

Argumentaire

Ce colloque qui se déroulera le vendredi 24 et samedi 25 mars 2017 a pour objectif de confronter les analyses sur le phénomène des radicalismes depuis les trois dernières décennies. Il privilégie une démarche transdisciplinaire nécessaire à une bonne appréhension des phénomènes de radicalisation et de violence politique.

Il s'agira de déconstruire cette notion plurielle de radicalisation en examinant les champs sémantiques depuis lesquels elle est convoquée, tout en questionnant les homologies et les ressemblances qui concernent le phénomène dans différents pays méditerranéens.

A titre d’exemple, citons Charles E. Allen qui définit la radicalisation comme un « processus d'adoption d'une croyance extrémiste impliquant la volonté d'utiliser, de soutenir, ou de faciliter la violence comme méthode de changement de la société ». Cette définition qui associe processus de radicalisation aux méthodes d'actions violentes, exclut l’action d’une simple emprise sectaire. En mettant l’accent sur le fait que le radicalisme vise un changement social ou politique, elle inclut alors un large spectre d’extrémismes.

Dans l’espace public français, le terme de radicalisation fait irruption en mars 2012, à partir de l'affaire Merah. Aussi, les médias ont-ils eu un rôle important dans la diffusion d'une utilisation réductrice de la notion de radicalisation. Celle-ci est aujourd’hui synonyme d'islamisme.

Pourtant, l'Italie des années 1980 a été confrontée à la radicalisation au sens défini plus haut. En effet, le pays a subi les actions violentes du « terrorisme rouge » et du « terrorisme noir ». À la même période, l'Espagne a connu également un contexte particulièrement violent avec le séparatisme basque.

De l'autre côté de la Méditerranée, plusieurs pays ont été le théâtre de mouvement radicaux allant jusqu'au terrorisme. De 1975 à 1989, le Liban vit une situation de guerre dont les conséquences se manifestent en Europe avec notamment les attentats de la rue de Rosiers à Paris ou encore l'enlèvement de journalistes occidentaux. À la même période, l'Algérie connait la montée du mouvement islamiste incarné par le Front Islamique du Salut. Un mouvement contestataire radical qui fera 200 000 victimes civiles et qui aura des incidences en Europe et notamment en France (comme par ex. le détournement de l'airbus AF8649, attentat du RER B).

Plus récemment, depuis 2010, les processus de changement politique engagés en Tunisie et en Libye mettent ces pays face à des contestations islamistes violentes.

Les journalistes professionnels sont des acteurs prépondérants dans la médiatisation de ces phénomènes des radicalisations. Outre leur rôle prioritaire d'informer, ils ont également pour fonction de leur donner du sens. Ils ont donc un rôle structurant dans les espaces publics en étant à la fois médiateurs et modérateurs.

Indéniablement, l’outil médiatique est au centre des problématiques de radicalisation mais pas uniquement. En effet, les médias ont une triple fonction dans la situation troublée que connaissent les sociétés méditerranéennes. Premièrement, comme ont pu le mettre en exergue plusieurs recherches, les médias jouent un rôle important dans le processus de radicalisation.

L’évolution des outils de l’information et de la communication, le développement et la démocratisation du web rendent incontrôlable la diffusion des idéologies intégristes et radicales. Celles-ci sont très prégnantes chez des personnes particulièrement vulnérables comme les enfants ou les adolescents.

Deuxièmement, même s’ils représentent l’un des vecteurs centraux de la montée des extrémismes religieux et politiques, les médias sont également des outils indispensables de la lutte contre les amalgames, d’éveil à la citoyenneté et à la liberté d’expression.

Troisièmement, les médias interviennent dans la diffusion d’information notamment à l’occasion de tragiques actualités comme par exemple la série d’attentats survenus sur le territoire français.

Dans leur activité professionnelle, les journalistes sont confrontés à des dilemmes qui se posent avec une acuité particulière : comment remplir son devoir d’informer sans porter atteinte à la sécurité de l’État et au maintien de l’ordre public ? Comment parler de l’actualité sans diffuser des images dramatiques et ainsi porter atteinte à la dignité de la personne humaine ?

A l’occasion de la 10ème édition des Assises du Journalisme et de l’Information, Christophe Deloire constate que « les journalistes sont pris en étau entre d’une part les terroristes et la mondialisation de la violence. Et d’autre part les États, qui peuvent instrumentaliser le terrorisme pour porter atteinte à la liberté d’information. »

Le colloque proposé se déroulera sur deux journées. L'objectif de la première est de définir un cadre d’analyse pertinent à travers les axes ci-après en mobilisant les travaux de jeunes chercheurs des deux rives de la Méditerranée. Une fois le cadre posé, la seconde journée, réservée aux professionnels des médias, aura pour but de réfléchir à la mise en place d’outils permettant aux journalistes une meilleure appréhension du phénomène des radicalisations en Méditerranée.

Axes thématiques

- Axe 1/Radicalisations : concepts et enjeux

L’objectif de ce premier axe d’analyse est de poser le cadre général de la réflexion. Il s'agira de décortiquer la notion de radicalisation. L’examen de cette notion servira à situer les processus de radicalisation dans le contexte des pays européens et méditerranéens, à montrer leurs portées, à mettre en exergue leurs différentes manifestations historiques. L’analyse des différents types de radicalisation (radicalisation sociale, radicalisation politique, radicalisation cultuelle) permettra de mieux cerner le phénomène à l’œuvre et de situer l’islamisme. L'objectif est de démontrer que l’islamisme représente une idéologie à part entière qui porte un projet totalitaire. Il s'agira d'expliquer la genèse de cette idéologie pour la dissocier de la religion. Nous cernerons les spécificités de l’idéologie islamiste pour tenter de comprendre les raisons et les supports par lesquels celle-ci prolifère dans l’ensemble des pays de la région méditerranéenne.

- Axe 2/ Radicalisations : processus et discours

L’objectif de ce deuxième axe est d’étudier les différents profils, parcours et processus de radicalisation. Une analyse des trajectoires individuelles permettra de mettre en exergue la complexité d’un phénomène qui nécessite de s’affranchir des approches réductionnistes fondées sur des déterminismes sociologiques, culturels ou socioéconomiques. De la même manière, nous écarterons certains préconçus tels que la présence de troubles psychologiques ou psychiatriques chez les individus radicalisés. Il s’agira d’étudier les signes discursifs (victimisme, complotisme, antisémitisme…), les ressorts mentaux et idéologiques, ainsi que les outils de la propagande qui viennent nourrir le processus de radicalisation. Il sera aussi question d'analyser la façon dont les discours de propagande utilisent et transforment les situations objectives de discrimination et de racisme pour mettre les individus en situation de rupture et nourrir chez eux des ressentiments haineux. Véritable « poison », ces discours s’insinuent dans la société pour nourrir la haine de l’altérité et produire ainsi des fractures faisant monter les radicalismes de tous bords. 

- Axe 3/ Politiques publiques de lutte contre la radicalisation

L'analyse comparative des politiques publiques mise en œuvre dans plusieurs pays méditerranéens permettra questionner leur pertinence et de mettre en avant les bonnes pratiques.

Bibliographie indicative

  • MARC SAGEMAN : Le vrai visage des terroristes. Psychologie et sociologie des acteurs du djihad, Paris, Denoël, 2005.
  • CHARLES E. ALLEN, “Threat of Islamic Radicalization to the Homeland” U.S. Senate Senate Committee on Homeland Security and Governmental Affairs March 14, 2007.
  • CAROLINE GUIBET LAFAYE, Approche critique des sociologies de la radicalisation. Forum de la DAP " Radicalisation violente, engagement et désengagement ", Oct 2016, Paris, France.
  • FARHAD KHOSROKHAVAR, Radicalisation, Paris, Editions de la MSH, 2014.
  • BILELE AININE, XAVIER CRETTIEZ, FRÉDÉRIC GROS, THOMAS LINDEMANN, Radicalisation, processus ou basculement ? Paris, Fondation Jean-Jaurès ; Éditions : Radicalités, 2016.

Modalités de soumission

Nous invitons particulièrement les jeunes chercheurs des pays de la région méditerranéenne à proposer leur communication.

Les propositions de communication ne doivent pas dépasser 5000 signes et doivent être accompagnées d’une brève bibliographie et d’un CV.

Elles doivent être acheminées par courriel ( medradicalisations@gmail.com) avant le vendredi 17 février, délai de rigueur.

Le comité scientifique évaluera votre proposition et les candidats seront informés au plus tard le 24 vendredi 2017 de la sélection ou non de leur proposition de communication. Notez que vous ne recevrez de réponse que lorsqu’une décision aura été rendue quant à votre proposition.

Calendrier

  •  Date limite du retour des propositions : vendredi 17 février 2017

  •  Date limite pour retour aux candidats : vendredi 24 février 2017

Comité scientifique

  • AMOYEL Patrick, Directeur général Association Entr’Autres, Psychanalyste, Nice.
  • BARELLI Paul, Président du Club de la Presse 06, Nice.
  • BENZAOUI Abdesselam, Professeur, Directeur de l'Ecole nationale Supérieure de journalisme et des Sciences de l'information, Alger.
  • BOSELLI Marie, Docteure en Sciences de l’Information et de la Communication, Directrice de l’École de Journalisme de Nice.
  • DEVOLUY Pierre, Journaliste, Grand-reporter, Nice.
  • HALFORD Anne-Laurence, Psychologue clinicienne, Association Entr’Autres, Nice.
  • MENDO MEYE, Étudiante Mastère de Journalisme International en École de Journalisme, Nice.
  • RICARD Alexis, Étudiant en École de Journalisme, Nice.
  • TOUAIBIA Yasmina, Docteure Science Politique, Chargée d’enseignements, Chercheur associée. Université de Nice.
  • VALLAR Christian, Doyen de la Faculté de Droit et Science Politique de Nice. Directeur du Centre d’Etudes et de Recherche en Droit Administratif, Constitutionnel, Financier et Fiscal. Université de Nice.
  • ZEHR Patrice, Président de l'Union de la Presse Francophone Monaco

Lieux

  • Faculté de Droit et de Science Politique, Centre Universitaire Méditerranéen - Avenue Doyen Louis Trotabas, 06050 Nice.
    Nice, France (06)

Dates

  • vendredi 17 février 2017

Mots-clés

  • extrémisme, média, radicalisation, radicalisme, Méditerranée, transdisciplinarité

Contacts

  • Yasmina TOUAIBIA
    courriel : touaibia [at] unice [dot] fr

Source de l'information

  • Yasmina TOUAIBIA
    courriel : touaibia [at] unice [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Radicalisations et radicalismes dans les pays de la Région méditerranéenne », Appel à contribution, Calenda, Publié le mercredi 08 février 2017, https://doi.org/10.58079/wvk

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