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Naissances en Amérique latine

Births in Latin America

Los nacimientos en América Latina

Changements normatifs et pratiques sociales

Changes in practices and social norms

Cambios normativos y prácticas sociales

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Publié le jeudi 16 février 2017

Résumé

Don de dieu accepté sans planification par une large majorité, la naissance d’un enfant est devenue un événement moins fréquent dans la vie des latino-américain-e-s. Cette transition démographique de la fécondité s’est accompagnée d’une médicalisation croissante de la vie reproductive : planification familiale et contraception, suivi des grossesses et des accouchements, aide à la conception. Les évolutions des comportements, des normes sociales et biomédicales qui les fondent, ainsi que celles des politiques sociales, familiales, démographiques, entraînent un renouvellement des problématiques sociétales et de recherche liées à la naissance d’un enfant et à la fécondité.

Annonce

Coordination

Dossier coordonné par Carole Brugeilles (université Paris-Nanterre, Cresspa-GTM) et Françoise Lestage (université Paris-Diderot, Urmis).

Argumentaire

Projet de dossier

En Amérique Latine, les évolutions sociales et économiques, parfois associées à des politiques encourageant la limitation des naissances, ont entraîné une rapide transition démographique de la fécondité [Guzmán et al., 2006 ; Cosio-Zavala, 1994]. Dans les années 1980, cinq pays seulement enregistraient un nombre moyen d’enfants par femme inférieur à trois. En 2015, ce sont les pays où les femmes ont en moyenne trois enfants ou plus qui deviennent rares : on en recense quatre. Don de dieu accepté sans planification par une large majorité, la naissance d’un enfant est devenue un événement moins fréquent dans la vie des latino-américain-e-s. Cette transition démographique de la fécondité s’est accompagnée d’une médicalisation croissante de la vie reproductive : planification familiale et contraception, suivi des grossesses et des accouchements, aide à la conception. Les évolutions des comportements, des normes sociales et biomédicales qui les fondent, ainsi que celles des politiques sociales, familiales, démographiques, entraînent un renouvellement des problématiques sociétales et de recherche liées à la naissance d’un enfant et à la fécondité.

Planification des naissances et entrée en parentalité

Si la fécondité a fortement diminué, peut-on pour autant conclure à une réelle planification des naissances, associée à un projet parental, c’est-à-dire à une représentation nouvelle de la parentalité et des circonstances jugées socialement adéquates à l’accueil d’un bébé ? Dans cette logique, l’arrivée du premier enfant intervient souvent à la fin d’un processus jalonné par la fin des études, la décohabitation du foyer parental, le premier emploi ou la première union. On attend une bonne situation économique et environnementale, un « bon partenaire », jugé digne d’être parent de son enfant. Dès lors, comment les naissances – du premier enfant, puis des suivants – s’inscrivent-elles aujourd’hui dans les trajectoires de vie des latino-américain-e-s ? À quelles représentations et normes contraceptives, biomédicales ou sociales répondent-elles ? Quels effets produisent les différences sociales, ethniques ou nationales ?

La naissance planifiée d’un enfant met ses parents face à de nouvelles formes de responsabilités, car ils sont alors dans l’obligation de lui témoigner de l’amour et d’assurer son épanouissement physique et affectif. La maîtrise de la fécondité va ainsi de pair avec de nouvelles injonctions concernant le rôle de « bonne mère », disponible et aimante [Bajos et Ferrand, 2004]. La place de la paternité et sa signification évoluent aussi [Rojas, 2014]. Comment se redessinent les représentations et les normes encadrant la maternité et la paternité dans le contexte de baisse rapide de la fécondité ?

Normes et pratiques contraceptives, interruption volontaire de grossesse

En Amérique latine, la baisse de la fécondité est associée à une diffusion massive de la contraception moderne. L’augmentation de la prévalence contraceptive s’est accompagnée de la formation de normes contraceptives relatives au calendrier des pratiques et à la prescription des différentes méthodes. D’une part, la planification des naissances peut entraîner la modification des trajectoires de formation de la famille, en permettant une sexualité préconjugale dépourvue du risque de grossesse non désirée et un temps de vie conjugale sans enfants en début d’union. Il s’agit alors de documenter les relations entre sexualité, union et procréation, en analysant les synergies entre les normes médicales et les normes sociales encadrant la sexualité et la procréation. D’autre part, comprendre les comportements contraceptifs et l’élaboration des normes qui les sous-tendent pousse à revenir sur les processus d’acceptation, ou de refus, de l’utilisation des méthodes contraceptives à l’échelle des femmes et dans la relation avec leur conjoint. Cela suppose d’analyser l’offre médicale de contraception, définie par des conditions matérielles (infrastructures et dotation en moyens et personnel) et par des normes biomédicales. Dans de nombreux pays, celles-ci ont contribué à une radicalisation de la médicalisation de la vie reproductive, avec un emploi croissant de la stérilisation féminine.

Pratique souvent illégale ou assujettie à des règles très strictes, l’interruption volontaire de grossesse (IVG) reste très controversée et soulève des questions éthiques et de justice sociale. La condition juridique pré-embryonnaire est défendue dans différents pays avec l’inscription du droit à la vie du fœtus dans les constitutions, alors que les IVG participent à la maîtrise de la fécondité. Quelle est sa place dans le champ de la reproduction ?

Une médicalisation renforcée des naissances

Parallèlement à la baisse de la fécondité et à la diffusion de la contraception moderne, le suivi médical des grossesses et des accouchements s’est développé. Si le sous-continent est caractérisé par une grande diversité de prises en charge du suivi, il est aussi marqué par une radicalisation de la médicalisation des accouchements avec le recours, de plus en plus fréquent, à la césarienne [Brugeilles, 2014]. Ce processus sera interrogé dans ses liens avec les pratiques contraceptives, les comportements relatifs à la fécondité et les normes biomédicales et sociales. Il s'agira de comprendre comment s’instaurent des gestions de la reproduction donnant une place importante à la chirurgie via la stérilisation et la césarienne et, paradoxalement, comment certaines populations n’ont pas accès à un minimum de prise en charge médicale de l’enfantement.

Représentations du fœtus, de l’embryon et contours de la maternité et de la paternité

Par ailleurs, dans un contexte de limitation des naissances et d’allégement de la pression démographique, la prise en considération des problèmes de stérilité s’accroît. Ceux-ci ont gagné en légitimité alors que les techniques de procréation médicalement assistée se sont développées. Les questions du « droit à l’enfant », pour des personnes ne pouvant pas procréer naturellement, ont pris de l’ampleur. La procréation médicalement assistée et la gestation pour autrui font l’objet de débats qui dépassent le cadre latino-américain et qui doivent être inscrits dans des processus globaux participant aussi de la mutation des représentations de la naissance, de la maternité et de la paternité [Lestage et Olavarria, 2014]. Les positions politiques et religieuses face à l’IVG contribuent à produire des systèmes d’abandon et de don d’enfants contrôlés par les classes dominantes [Delord, 2014 ; Durin, 2014]. Dans les mêmes pays, les techniques de reproduction assistée permettent à certains couples d’avoir des enfants, sans qu’aucune loi ne règlemente ces pratiques. Quelles conséquences ont ces législations ou absence de législation ? Quels effets sont engendrés par les nouvelles techniques reproductives sur les représentations du fœtus et de l’embryon, sur les inégalités reproductives et sociales ou sur les contours de la maternité et de la paternité ?

Les questions d’éthique sont omniprésentes dans les problématiques liées aux naissances, notamment au travers du respect des « droits reproductifs » ou de la « justice reproductive », notions utilisées par les militant-e-s, les politiques et les chercheur-e-s, pour articuler santé, droits de l’homme et inégalités sociales, de genre et ethniques.

Le dossier accueillera des propositions faisant état de problématiques qui concernent toutes les sciences sociales et humaines, dont celles qui rendent compte de la diversité des politiques des États, mais aussi des populations et de leurs différences.

Modalités de soumission

Les propositions peuvent être soumises en français, espagnol ou anglais. Elles devront contenir les informations suivantes :

  • nom, prénom ;
  • université ou laboratoire de rattachement ;
  • court CV avec adresse e-mail ;
  • titre envisagé de l’article ;
  • résumé de 1 500 signes maximum précisant le contenu du projet d’article.

La date limite de soumission des propositions d’articles est fixée au 30 avril 2017

aux adresses suivantes :

  • francoise.lestage@univ-paris-diderot.fr
  • carole.brugeilles@u-paris10.fr

Le comité de rédaction des Cahiers des Amériques latines informera de l’acceptation ou non des propositions dans un délai d’un mois.

Les articles de 45 000 signes environ (espaces, notes, bibliographie, résumés et mots-clés compris) devront être envoyés aux coordinateurs pour le 15 octobre 2017. Ils seront soumis à une double évaluation anonyme.

La publication du dossier est prévue en septembre 2018.

Merci de bien vouloir consulter les instructions aux auteur-e-s : https://cal.revues.org/2324

Les articles ne répondant pas à ces instructions ne pourront être pris en compte.

Calendrier

  • Date limite de réception des propositions d’articles : 30 avril 2017.
  • Date limite de réception des articles : 15 octobre 2017.
  • Publication prévue en septembre 2018.

Dates

  • dimanche 30 avril 2017

Mots-clés

  • naissance, grossesse, médecine, biomédecine, contraception, accouchement, fécondité, IVG

Contacts

  • Carole Brugeilles
    courriel : carole [dot] brugeilles [at] u-paris10 [dot] fr
  • Françoise Lestage
    courriel : francoise [dot] lestage [at] cemca [dot] org [dot] mx

URLS de référence

Source de l'information

  • Sophie Garcin
    courriel : sophie [dot] garcin [at] univ-paris3 [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Naissances en Amérique latine », Appel à contribution, Calenda, Publié le jeudi 16 février 2017, https://doi.org/10.58079/wyf

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