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Corps et dépendances

Bodies and dependencies

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Publié le mercredi 01 mars 2017

Résumé

La notion de dépendance en relation au corps, relation qui constitue le fond commun de toute expérience humaine, mérite d'être repensée et de faire l'objet d'une réflexion qui puisse s'ouvrir à une série de questions actuelles, touchant à différentes disciplines. Si dans son sens ordinaire cette notion semble renvoyer à toute une série de conditions négatives, elle mérite une approche plus approfondie qui prenne en compte la multiplicité de(s) dimensions. L'objectif est donc d'interroger la notion de dépendance en mettant en dialogue plusieurs perspectives, disciplines et méthodologie. Cela dans le but d'ouvrir des pistes de réflexion inédites et des nouvelles approches à la question.

Annonce

Argumentaire

La relation que l'être humain entretien avec son propre corps est toujours marquée par un rapport de dépendance qui est à la fois instrumental et constitutif (Marzano M. 2007). En effet, il ne s'agit pas d'une relation univoque, mais d'un rapport double dans lequel l'homme est muni d'un corps tout en l'étant. L'homme a un corps et en même temps est un corps, ce qui signifie qu'il utilise son corps comme un instrument (condition de possibilité d'habiter le monde), tout en se vivant soi-même comme corporéité (instance de vérification immédiate de son existence) (Marcel G. 1968). En tant que personne incarnée, sans son corps l'être humain ne pourrait pas exister, ni entrer en relation avec le monde (Merleau-Ponty M. 1945). En même temps, ce corps dont l'homme dépend est inscrit dans la caducité du monde charnel, liant l'homme à la nécessité des besoins corporels. Aucun corps ne peut survivre et perdurer hors d'un rapport de dépendance envers un environnement où puiser les ressources de son soutien (Plessner H. 1978). Cependant, ce rapport de dépendance ontologique déborde la simple dimension biologique. Dans cette double conjoncture entre être et avoir un corps, vivre et survivre n'ont pas la même signification (Hersch J. 2008). Ne coïncidant pas avec lui-même, l'être humain est toujours obligé de donner une forme à sa propre existence, en s'exposant aux désirs et passions. De Platon à Lacan, l'existence humaine a été décrite comme traversée par un manque constitutif qui caractérise toute tension désirante et qui pousse l'homme à chercher hors de soi les moyens qui lui permettraient de se combler, afin de pallier à sa propre finitude. C'est dans cette exposition au manque, à la précarité et à la dépendance corporelle, que les bases de l'interdépendance réciproque se poseraient pour constituer le terrain partagé de l'égalité entre les êtres humain (Butler J. 2010). Cependant, ces différentes dimensions de dépendance constitutive sont souvent évacuées de nos réflexions quotidiennes, surtout lorsque l'on a tendance à surévaluer la notion d'autonomie en terme d'expression d'une volonté libre, voire toute puissante, opposée à la dépendance (Marzano M. 2006). Tout individu devrait donc revendiquer son autonomie et cela dans l'idée d'être un sujet indépendant, comblé, auto-fondé et dépourvu de toute vulnérabilité ontologique (Laplantine F. 2010). Dans cette perspective, la notion de dépendance en relation au corps, relation qui constitue le fond commun de toute expérience humaine, mérite d'être repensée et de faire l'objet d'une réflexion qui puisse s'ouvrir à une série de questions actuelles, touchant à différentes disciplines.

Axes thématiques

Dans le but d'orienter et de cerner la réflexion autour de cet objet très vaste, quatre axes non exhaustifs ni exclusifs sont proposés :

  1. La question de la dépendance à la fois constitutive et instrumentale de l'être humain par rapport au corps qu'il est et qu'il a et qui, en même temps, lui permet d'habiter le monde tout en le liant à ses besoins primaires, à sa vulnérabilité et à sa caducité : comment articuler ce rapport de dépendance surtout à une époque où le corps, sa santé et sa valorisation semblent être devenus un fin en soi ? Le rapport de notre corps à des techniques de plus en plus sophistiquées qui permettent d'améliorer ses conditions de vie, ainsi que de le « restaurer » ou de le « parfaire », est-il une forme de dépendance ?

  2. La question, liée à la première, de la différence entre besoins, désirs et vices : ancienne question philosophique qui devrait faire l'objet d'un renouveau d'intérêt, surtout dans une société où la gestion des corps doit concilier d'une part le contrôle imposé par la rhétorique de l'efficacité productive et de l'amélioration, et d'autre part l'hédonisme qui domine la logique de la consommation visant à la satisfaction immédiate de tout désir;

  3. Dans ce sillon, un troisième axe pourrait être celui de la dépendance dans son sens d'addiction : comment expliquer la multiplication de toute une série de « dépendances » aux substances telles que les drogues, le tabac, l'alcool ou les médicaments ? Ou encore les toxicomanies sans drogue, comme l'hyperphagie boulimique, la dépendance aux sports, le jeu pathologique ou d'autres conduites compulsives ? Qu'est-ce que nous apprennent ces formes de dépendance par rapport à l'humain et à sa relation au corps du point de vue philosophique, psychologique mais aussi neurophysiologique ? À partir de quel moment un comportement de l'ordre de l'habitude ou de la ritualité, devient-il une dépendance ?

  4. Une autre dimension de la dépendance peut faire l'objet d'un quatrième axe. Il s'agit du corps dépendant qui touche à la maladie, au handicap, à la vieillesse, à toute situation où le corps nous met face à notre vulnérabilité, à notre dépendance structurelle des autres, qui semble être l'ennemi premier de la notion d'autonomie sur laquelle on a fondé l'image de l'individu contemporain. Mais autonomie et dépendance sont-elles véritablement deux notions destinées à s'exclure mutuellement ?

Modalités de soummission

L'appel à communication est adressé aux doctorants et jeunes chercheurs issus de différents domaines de recherche allant notamment des sciences humaines et sociales au domaine médical, la psychiatrie, l'addictologie, l'ergothérapie.

Les intéressés sont invités à envoyer une proposition de communication en format pdf à l'adresse andrealuigi.sagni@gmail.com

Chaque proposition doit contenir les informations suivantes :

  • nom et prénom de l'auteur ;

  • statut et rattachement institutionnel ;

  • titre de l'intervention ;

  • résumé de 500 mots maximum décrivant la problématique et la mise en contexte du sujet ;

  • bibliographie indicative.

Calendrier

Date limite pour l'envoie des propositions :

14 mai 2017.

Date de la journée: 10 octobre 2017

Lieu : Université Jean Moulin Lyon 3

Comité scientifique et d'organisation

  • Quentin Bazin, doctorant (ED 487)
  • Jean-Félix Gros, doctorant (ED 487)
  • Andrea Sagni, doctorant (ED 487)

Contact : andrealuigi.sagni@gmail.com

Références bibliographiques

  • Andrieu B., Malade encore vivant, Dijon : Ed Le Mumures 2016 ;
  • Andrieu B., Le corps capacitaire. Vers une performativité du vivant, Paris : Presse Universitaires de Paris Ouest 2017.
  • Butler J., Ce qui fait une vie, Paris:La Découverte 2010 ;
  • Haber S., L'aliénation. Vie sociale et expérience de la dépossession, Paris: Actuel Marx PUF2007 ;
  • Hersch J., L'exigence absolue de la liberté. Textes sur les droits de l'homme (1973-1995), Genève: MetisPresses ;
  • Laplantine F., Je, nous et les autres, Paris: Le Pommier2010
  • Marcel G., Être et avoir. Journal métaphysique, Paris:Aubier 1968 ;
  • Marzano M., Je consens, donc je suis..., Paris : PUF 2006 ;
  • Marzano M., La philosophie du corps, Paris: PUF2007 ;
  • Merleau-Ponty M., Phénoménologie de la perception, Paris :Gallimard 1945 ;
  • Plessner H., Die Stufen des Organishen und der Mensch, Berlin : de Gruyter 1978.
  • Ploton L., La personne âgée : son accompagnement médical et psychologique et la question de la démence, Lyon : Chronique Sociale 1990.

Lieux

  • Université Jean Moulin Lyon 3
    Lyon, France (69)

Dates

  • dimanche 14 mai 2017

Mots-clés

  • corps, dépendance, addictions, vieillissement, handicap, autonomie

Contacts

  • Andrea Sagni
    courriel : andrealuigi [dot] sagni [at] gmail [dot] com

Source de l'information

  • Andrea Sagni
    courriel : andrealuigi [dot] sagni [at] gmail [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Corps et dépendances », Appel à contribution, Calenda, Publié le mercredi 01 mars 2017, https://doi.org/10.58079/x2a

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