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L'invention de l'Histoire

The invention of History

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Publié le vendredi 10 mars 2017

Résumé

Si l'inflation narrative « ruine la crédibilité narrative » que reste-t-il, comme se le demandait Walter Benjamin dans « Le Narrateur », de « notre faculté à échanger nos expériences » et comment révéler « ce qu'il y a de réel dans le réel », comme le nommait Pasolini dans  Les Cendres de Gramsci ? Si les principes de la fable, comme mise en fiction et transmission du réel, sont dominants dans les usages médiatiques, publicitaires et politiques, comme « communication narrative » et puissance de persuasion, de quelle marge dispose le théâtre pour faire advenir, mettre en jeu ou à distance un « fond commun » en apparence épuisé?...Face à cette confusion entre réel « virtualisé » et fabulation poétique, il semble fécond d'interroger dans un premier temps l'état de la fable contemporaine au regard de la relation qu'elle entretient avec l'Histoire... Comment s'écrit l'Histoire ? Y a-t-il nécessité de fiction ? Dans quel temps historique sommes-nous ?

Annonce

Présentation

Cette première journée souhaite créer les conditions d'une mise à l'étude collective afin d'ouvrir un cycle de réflexion au long cours. Voilà pourquoi nous souhaitonsconstituer un groupe actif d’échange et de recherche sur la problématique qui est la nôtre. Pour ce faire et afin d'être au plus proche de ce qu'une « mise à l'étude » signifie, nous souhaitons expérimenter la création d'une bibliothèque partagée. Partant de la nécessité de remettre en commun des fondamentaux afin d'en rediscuter les principes, ce corpus collectif composé d'extraits de textes choisis par chaque participant donnera lieu à deux temps distincts :

Si l'inflation narrative « ruine la crédibilité narrative » (Salmon 2014(1)), que reste-t-il, comme se le demandait Walter Benjamin dans « Le Narrateur », de « notre faculté à échanger nos expériences » et comment révéler « ce qu'il y a de réel dans le réel », comme le nommait Pasolini dans  Les Cendres de Gramsci ?

(1)Conférence de Christian Salmon, dans le cadre du cycle « Fiction Littéraire contre Storytelling », Labex Obvil, Université Paris-Sorbonne, Maison de la poésie, Paris, Janvier 2014.

Si les principes de la fable, comme mise en fiction et transmission du réel, sont dominants dans les usages médiatiques, publicitaires et politiques, comme « communication narrative » et puissance de persuasion, de quelle marge dispose le théâtre pour faire advenir, mettre en jeu ou à distance un « fond commun » en apparence épuisé(2)?  Quel type de fable apparaît ou est en devenir sur les scènes contemporaines, si l'on considère la fable comme ce « fond commun » dans lequel serait puisé un sujet et comme un assemblage d'actions dramatiques ?

(2)Jean-Pierre Sarrazac , Fable (crise de la), p. 77, In. Lexique du drame moderne et contemporain, Sous la direction de J-P. Sarrazac, assisté de C. Naugrette, H. Kuntz, M. Losco et D. Lescot. Circé/Poche, 2010.


Jean-Pierre Ryngaert(3) souligne combien le caractère de la fable est mobile, selon les époques et les contextes d’écriture dans lesquels il s’inscrit, suggéranten creux la difficulté sinon l’impossibilité de lui donner une définition précise (qui serait donc forcément restrictive). Pourtant, et peut-être de par cette mobilité, la fabrication de la fable nous interpelle aujourd’hui comme mise en fiction et transmission potentielle du réel. 

(3)Jean-Pierre Ryngaert, Introduction à l’analyse du Théâtre, Paris, Bordas 1991.

Face à cette confusion entre réel « virtualisé » et fabulation poétique, il semble fécond d'interroger dans un premier temps l'état de la fable contemporaine au regard de la relation qu'elle entretient avec l'Histoire. De l'étude du temps historique à la mutation des formes de « mises en intrigues », le dialogue complexe entre la fable poétique et l'historicité contemporaine semble porteur en tant que possibilité de penser les nouvelles formes de narrativités contemporaines.

Comment s'écrit l'Histoire ? Y a-t-il nécessité de fiction ? Dans quel temps historique sommes-nous ? 
 
Selon une triple perspective génétique, poétique et politique il s'agira ici d'interroger le rapport que la fable théâtrale- qu'elle soit épopée, drame, satire, performance, documentaire – entretient avec l'Histoire, comme invention, uchronie, utopie, dystopie, et les conditions littéraires et esthétiques de cette relation.

Il est recommandé d’élaborer une réflexion de matériaux artistiques.

Les propositions devront s'inscrire dans l'un des deux axes suivants : 

  • Production de la fable : si l'on considère la fable dans l'ambivalence de ses deux acceptions : 1. Comme matériau antérieur à la composition, 2. Comme structure narrative de l'histoire (Pavis, 2004(4)), ses mécanismes de production sont à interroger, dans une société où, comme le formule Jean-Pierre Sarrazac, « les mythes, l'oralité paraissent épuisés et où la réserve de faits mémorables semble au plus bas? »(5). C'est donc ce fond a priori commun et mythique dans lequel serait puisé un sujet et l'agencement des actions qui façonnent la fable, qu'il s'agit ici de mettre en perspective et en dialogue afin de voir apparaître - grâce à l'étude de ses aspects formels et de ses mécanismes de production - les « conditions sociales de production et d'utilisation de la langue » (Bourdieu)(6), dans les dispositifs dramatiques et esthétiques d'écriture. De son effacement narratif à sa « fabuleuse » apparition, des usages documentaires à la ré-écriture fictionnelle de l'Histoire, des écritures collectives à la comparution  de témoins, quels sont les dispositifs narratifs à l'oeuvre dans la production et la composition de la fable contemporaine et quelle expérience collective et critique cela suppose ? Comment, le temps historique et le temps « rituel » du théâtre se rencontrent, entrent en conflit voire se confondent ? L'écriture de la fable est-elle soumise à un délai historique dans le traitement des faits ? Y a-t-il une éthique du délai ou la possibilité d'une chronique dans un temps dit réel ?Si nous nous situons dans « une trêve de l'histoire » comme nous le dit Alain Badiou(7), dans un « monde intervallaire », en quoi la fable, comme fiction et comme agencement causal, peut laisser entrevoir un devenir historique, un réel qui advient, cet impossible du réel qui pourrait alors exister ?

(4)Pavis, Patrice, « Fable », In. Dictionnaire du théâtre, Armand Colin, 2004.

(5)Jean-Pierre Sarrazac , Fable (crise de la), p. 77, In. Lexique du drame moderne et contemporain, Sous la direction de J-P. Sarrazac, assisté de C. Naugrette, H. Kuntz, M. Losco et D. Lescot. Circé/Poche, 2010.

(6)Pierre Bourdieu, Ce que parler veut dire - l'économie des échanges linguistiques, Editions Fayard 1982.

(7)Alain Badiou, A la recherche du réel perdu, Fayard, 2015.

  • Théâtre et Histoire : Si certains ont annoncé la fin de l'Histoire (Fukuyama), ou la fin des temps héroïques et sans céder à priori à  cette logique d'interruption, il est utile de s'interroger sur le paradigme idéologique de la rupture qui sous tend le champ de la fabrique de l'Histoire. Comment donc les écritures contemporaines s’approprient ou s'émancipent-elles des « faits sociaux et historiques» ? Qu’en est-il aujourd’hui du mythe au théâtre, qu’il soit théogonique, cosmogonique, étiologique, mythe eschatologique ou moral ? Que traduit la représentation ou réécriture d’un fait historique et que construit-elle au sein de notre société ? Qu’en est-il des spectacles contemporains qui pour reprendre l’expression de Michel Vinaver se situent dans une « navette mythique », c’est-à-dire qui effectuent « un va-et-vient entre l’actualité (ce territoire indistinct, morcelé, sans repère) et l’ordre du monde tel qu’il est dit dans les mythes anciens(8)».  Quel type d’Imago Mundi (Maquette du monde), comme le nomme Mircea Eliade, cela convoque? Sommes-nous dans la commémoration, au sens où l’entend Pierre Nora lorsqu’il dénonce « l’obsession commémorative » dans Les Lieux de mémoire(9)où il souligne que les commémorations deviennent parfois plus importantes que les événements eux-mêmes ? Ou s’agit-il de recréation, « re-enactment » ? La structure mythique peut-elle servir encore de repère au spectateur? 

(8)Michel Vinaver, Mémoire sur mes travaux, Ecrits sur le théâtre 2, Paris, l’Arche, 1998, p. 67-71.

(9)Nora, Pierre (1992), Les Lieux de mémoire, T. 3, Les France, 3. De l’archive à l’emblème, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque des idées », p. 4687.

Modalités de soummission

Si vous souhaitez participer à ces premiers temps de travail en commun, nous vous demandons donc de bien vouloir nous faire parvenir un extrait de texte qui vous semble fondamental au regard de la problématique que nous posons et de votre propre communication (texte fictionnel ou théorique au choix). Votre proposition de communication sera alors accompagnée de cet extrait de texte choisi en prenant soin de nous envoyer l'extrait découpé, titré, et référencé (3000 signes maximum). Une fois votre communication sélectionnée, votre proposition de texte viendra s'ajouter à notre bibliothèque partagée et sera mise en voix et en débat lors des deux temps cités plus haut.

Les propositions (titre, résumé en français de 2000 signes) ainsi qu’une brève notice bio-bibliographique

sont à envoyer par mail en format.doc ou. pdf

jusqu’au 30 avril 2017

à l’adresse suivante :  lafable2017@gmail.com
Après la sélection, les candidats recevront une notification avant le 30 juin 2017.

Comité scientifique

  • Marjorie Bertin, Docteur en Etudes Théâtrales IRET (Institut de Recherche en Etudes Théâtrales), Paris 3. Sorbonne Nouvelle.
  • Caroline Masini Doctorante en Etudes Théâtrales, IRET (Institut de Recherche en Etudes Théâtrales), Paris 3. Sorbonne Nouvelle. 

Calendrier

  • 10 Juillet 2017 – Journées de l'IRET / Festival d'Avignon : Première « ouverture » de la bibliothèque partagée. Mise en voix et en débat par des invités choisis de ce corpus en construction.
  • 20 Octobre 2017 : Une Journée d'Études proposée par le Groupe de recherche sur la poétique du drame moderne et contemporain - Membre de l'IRET - Institut de Recherche en Études ThéâtralesUniversité Paris 3 Sorbonne-Nouvelle. Dans le cadre du cycle de recherche « Politique de la fable contemporaine » #1 « L'invention de l'Histoire »

Catégories

Lieux

  • Université Sorbonne Nouvelle
    Paris, France (75)

Dates

  • dimanche 30 avril 2017

Mots-clés

  • histoire, fable, représentation, mythe, invention

Contacts

  • caroline Masini
    courriel : carozini [at] hotmail [dot] com

Source de l'information

  • caroline Masini
    courriel : carozini [at] hotmail [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« L'invention de l'Histoire », Appel à contribution, Calenda, Publié le vendredi 10 mars 2017, https://doi.org/10.58079/x6t

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