AccueilMasculinités non-hégémoniques

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Masculinités non-hégémoniques

Non-hegemonic masculinities - ambiguous and plural configurations

Des configurations ambigües et plurielles

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Publié le mardi 21 mars 2017

Résumé

Le colloque débutera le 15 mai autour d’une présentation magistrale qui posera les bases théoriques et les enjeux socio-politiques qui se trouvent derrière le genre, et plus particulièrement autour de la question des masculinités. L’intervention sera suivie le lendemain par une journée composée d’une conférence abordant l’étude des masculinités depuis une approche intersectionnelle, ainsi que de trois sessions thématiques, privilégiant chacune un angle de vue lié à des questions centrales dans la construction genrée des individus dans nos sociétés contemporaines.

Annonce

Argumentaire

Les recherches sur les masculinités, font partie d’un champ d’étude qui ne cesse de croître depuis une trentaine d’années partout dans le monde. S’insérant pleinement dans la lignée des études de genre et des études sur la sexualité, elles participent à l’enrichissement des réflexions sur les rapports sociaux de sexe. Si les études de genre ont démontré la multiplicité des formes de féminités et de masculinités, il faut néanmoins dépasser une approche essentiellement typologique afin de mieux comprendre la construction du genre en tant que dynamique sociale et processus relationnel (Connell, 1995). En ce sens, Raewyn Connell a développé depuis le début des années 1980 sa théorie sur la masculinité hégémonique et les différentes relations au sein des masculinités, soulevant la question des relations de pouvoir comme vecteur d’une dialectique constante au sein des relations de genre. Cette approche relationnelle permet de comprendre la complexité et l’ambigüité des processus en œuvre dans la formation des configurations de genre.

Que nous apporte encore aujourd’hui ce cadre théorique et comment est-il mobilisé et réapproprié par la communauté scientifique ? Sous l’intitulé Masculinités non-hégémoniques : des configurations plurielles et ambiguës, ce colloque se concentrera sur la question des différentes masculinités dans nos sociétés, en s’attachant principalement aux figures non-hégémoniques (subordonnées, complices et/ou marginales) et aux relations qu’elles entretiennent avec l’hégémonie. Si les masculinités peuvent également être utiles pour appréhender les expériences des « femmes », ce colloque se concentrera particulièrement sur les expériences des « hommes ». L’objectif sera de travailler sur les nouvelles perspectives proposées par des chercheur.e.s qui, au départ de différentes méthodologies, questionnent les représentations des masculinités et leurs expériences subjectives. Les masculinités ne posent pas les mêmes questions aux disciplines qui les interrogent ; quels sont les terrains d’entente et les constructions communes qui peuvent être trouvés ? Une approche interdisciplinaire sera privilégiée et chaque session sera composée d’intervenant.e.s provenant de disciplines variées (la sociologie, l’anthropologie, l’histoire et la psychologie sociale) afin d’encourager le dialogue et d’approfondir nos regards.

Le colloque débutera le 15 mai autour d’une présentation magistrale qui posera les bases théoriques et les enjeux socio-politiques qui se trouvent derrière le genre, et plus particulièrement autour de la question des masculinités. L’intervention sera suivie le lendemain par une journée composée d’une conférence abordant l’étude des masculinités depuis une approche intersectionnelle, ainsi que de trois sessions thématiques, privilégiant chacune un angle de vue lié à des questions centrales dans la construction genrée des individus dans nos sociétés contemporaines.

La première session, intitulée « Expériences du corps et de sexualité au-delà de l’hétéronormativité » se concentrera sur la matérialité avec laquelle se construisent nos pratiques et expériences sexuées. Pour Raewynn Connell l’idée qu’il existe une « masculinité réelle », à savoir une image de l’homme « naturel » hétérosexuel et profondément masculin qui est généralement comprise comme provenant du corps des « hommes », est fortement ancrée dans nos sociétés (Connell, 1995 : 45). Il s’agira de bousculer cette croyance hétéronormative en interrogeant l’expérience que les personnes ont de leur corps et de leur sexualité. La session mettra en avant leurs conceptions variées de la masculinité, et illustrera comment cette pluralité est articulée dans les relations au sein des différents types de masculinités.

La seconde session, « Pratiques de paternité/parentalité et normes de masculinité, exploration en marge » reviendra sur l’importance d’étudier les hommes et les masculinités dans leurs limites, ici la sphère domestique, espace traditionnellement associé au « féminin » (Hearn & Morgan, 2014; Morgan, 1992). Les quelques débats qui ont eu lieu sur le sujet ont porté sur la mise en perspective d’un type de pratiques de paternité, celles des hommes pourvoyeurs de soin, avec le modèle proposé par Connell : à quel type de masculinité faut-il les associer ? Ont-elles été absorbées par la masculinité hégémonique (Brandth & Kvande, 1998) ou sont-elles liées à la masculinité complice, parce que tout en revendiquant une parentalité égalitaire, ces pères ne se détachent pas complètement des modèles normatifs dominants (Plantin, Mansson, & Kearney, 2003)? D’autres défendent plutôt que les pères pourvoyeurs de soin voguent entre les différentes formes de masculinité et qu’il serait vain de chercher des associations univoques et définitives (Doucet, 2006). Cette session s’ancrera dans le prolongement de ces réflexions, partant d’autres types de pratiques de paternité/parentalité pour chercher à les situer par rapport aux différentes formes de masculinité.

Enfin, la dernière session « Idéaux religieux de masculinité » tentera de voir comment les masculinités sont ou ont été expérimentées au sein des religions. Indépendamment de la confession, comment les rôles et représentations des masculinités « religieuses » se réfèrent-ils au(x) modèle(s) de masculinité hégémonique qui domine(nt) dans la société séculière ? Le discours sur les rôles sexués constitue un enjeu primordial et constant pour la religion, considérée comme un des lieux clés où se défend et s’affronte l’inégale distribution du pouvoir (Woodhead, 2012). La construction d’une masculinité se révèle dès lors un moyen efficace pour établir ou contester l’autorité au sein des organisations religieuses (Delap & Morgan, 2013). Comment les hommes négocient-ils dans leurs pratiques la normalisation de leur identité religieuse, afin de contrer l’image « efféminée » des croyants (Werner, 2011) ? Y a-t-il un idéal à atteindre pour le croyant (qu’il soit père, mari, travailleur, prêtre) ? Est-ce que les masculinités se construisent sur des oppositions binaires (avec les femmes, avec les laïcs, avec les athées) ? Peut-on y retrouver des éléments de la masculinité hégémonique ? Il s’agira de pointer la coexistence et la succession dans le temps de diverses normes et pratiques des masculinités (Van Osselaer, 2009), dans un dialogue interdisciplinaire.

Programme

15 mai

Auditoire Montesquieu 01 (Place Montesquieu, 1348 Louvain-la-Neuve)

20h00-22h00 Regards sur les enjeux socio-politiques du genre dans les sociétés contemporaines

Président de séance : Jacques Marquet (Sociologue, Cirfase, UCL)

Discutante : Mara Viveros Vigoya (Anthropologue, Universidad Nacional de Colombia)

  • Conférence inaugurale, Eric Fassin (Sociologue, Université Paris VIII), Trouble dans l'hégémonie

16 mai

  • 9h00 Accueil des participant.e.s et petit-déjeuner / café-thé

9h15-9h45 Introduction de la journée

  • Accueil par Matthieu de Nanteuil, Président de l’Institut d’analyse du changement dans l’histoire et les sociétés contemporaines
  • Mot d’introduction d’Aurore François (LaRHis & Cirfase, UCL) présentant le caractère interdisciplinaire du Colloque
  • Présentation de la journée par Sarah Barthélemy (LaRHis, UCL – CéSoR, EHESS), Mathilde Van Drooghenbroeck (Cirfase-Dvlp, UCL) et Grégory Dallemagne (Cirfase, UCL)

Diffusion d’une capsule/entrevue de Raewynn Connell

9h45-10h30 Les masculinités comme objet d’étude

Présidente de séance : Mathilde Van Drooghenbroeck (Sociologue, Cirfase-Dvlp, UCL)

  • Mara Viveros Vigoya (Anthropologue, Universidad Nacional de Colombia), Les couleurs de la masculinité. Expériences et pratiques intersectionnelles

10h30-10h45 : Pause-café

10h45-12h35 Expériences du corps et de sexualité au-delà de l’hétéronormativité

Présidente de séance : Sarah Smit (Sociologue, Cirfase, UCL)

Discutant : Jacques Marquet (Sociologue, Cirfase, UCL)

  • Christophe Broqua (Anthropologue, Université Paris Ouest), Homme-femme ou homosexuel masculin ? Grandeur et misère du góor-jigéen au Sénégal
  • Arthur Vuattoux (Sociologue, INJEP / Paris 13), Masculinités des jeunes suivis par la justice pénale en France : assignation à l’hégémonie et marginalisation
  • Françoise Van Haeperen (Historienne, UCL), Ni hommes, ni femmes : les galles de la Mère des dieux dans le monde romain, revisités à la lumière des hijras de l’Inde contemporaine

Temps d’échange 11h45-12h05

12h35-13h30 : Lunch

13h30-15h20 Pratiques de paternité/parentalité et normes de masculinité, exploration en marge

Présidente de séance : Síle O’Dorchai (Economiste, ULB)

Discutante : Laura Merla (Sociologue, Cirfase, UCL)

  • Séverine Mayol (Sociologue, Université Paris Descartes) Intervention sociale et paternité sans domicile : l’hégémonie masculine en pratique ?
  • Alain Ducousso-Lacaze (Psychanalyste et psychologue clinicien, Université de Poitiers) Figures de paternités gays
  • Martine Gross (Sociologue, EHESS), Bérengère Rubio (Psychologue, IFSTTAR, Versailles) et Olivier Vecho (Psychologue, Université Paris Nanterre) Devenir père par GPA : paternité, parentalité et lien biologique

Temps d’échange 14h50-15h10

15h20 – 15h45 : Pause-café

15h45-17h30 Idéaux religieux de masculinité

Présidente de séance : Sarah Barthélemy (Historienne, LaRHis, UCL – CéSoR, EHESS)

Discutante Jean-Pascal Gay (Historien, RSCS, UCL)

  • Stefan Meysman et Jonas Roelens (Historiens, Université de Gand) Masculinités, moralités et discursivités pré-modernes. Le modèle Connell face aux sources médiévales et modernes des Pays-Bas méridionaux
  • Béatrice de Gasquet (Sociologue, Université Paris Diderot) Quelles masculinités produisent les synagogues ?
  • Maïté Maskens (Anthropologue, Université Libre de Bruxelles) La production pentecôtiste de masculinités vertueuses à Bruxelles

Temps d’échange 17h10-17h30

17h30-18h00 Conclusions et clôture du colloque, Laura Merla (Sociologue, Cirfase, UCL) et Silvia Mostaccio (Historienne, LaRHis, UCL)

Inscription en ligne

Références

  • Brandth, B., & Kvande, E. (1998). Masculinity and child care: The reconstruction of fathering. The Sociological Review, 46 (2), 293-313.
  • Connell, R. (2014). Masculinités : enjeux sociaux de l'hégémonie, trans. M. Hagège and A. Vuattoux. Paris: Amsterdam.
  • Connell, R. (1995). Masculinities. Cambridge & Oxford: Polity Press & Blackwell Publishers.
  • Delap, L., & Morgan, S. (2013). Men, masculinities, and religious change in twentieth century Britain. New York: Palgrave Macmillan.
  • Doucet, A. (2006). Do men mother?: Fathering, care, and domestic responsibility. University of Toronto Press.
  • Hearn, J., & Morgan, D. H. J. (2014). Men, Masculinities and Social Theory (RLE Social Theory) (Vol. 46), Routledge.
  • Morgan, D. H. (1992). Discovering men (vol. 3). Taylor & Francis.
  • Plantin, L., Mansson, S.-A., & Kearney, J. (2003). Talking and doing fatherhood: On fatherhood and masculinity in Sweden and England. Fathering, 1 (1), 3.
  • Van Osselaer, T. (2009). Christening Masculinity? Catholic Action and Men in Interwar Belgium. Gender & History, 21 (2), 380–401.
  • Woodhead, L. (2012). Les différences de genre dans la pratique et la signification de la religion. in M. Della Sudda et G. Malochet (eds), Pouvoirs, genre et religions, 51-52.
  • Werner, Y. M. (2011). Christian masculinity: men and religion in Northern Europe in the 19th and 20th centuries. Louvain: Leuven University Press.

Lieux

  • Salle du conseil | auditoire Montesquieu 01, faculté ESPO - Place Montesquieu
    Louvain-la-Neuve, Belgique (1348)

Dates

  • lundi 15 mai 2017
  • mardi 16 mai 2017

Mots-clés

  • masculinité, Connell, interdisciplinarité

Contacts

  • Sarah Barthélemy
    courriel : sarah [dot] barthelemy [at] durham [dot] ac [dot] uk
  • Mathilde Van Drooghenbroeck
    courriel : mathilde [dot] vandrooghenbroeck [at] uclouvain [dot] be
  • Grégory Dallemagne
    courriel : gregory [dot] dallemagne [at] uclouvain [dot] be

Source de l'information

  • Sarah Barthélemy
    courriel : sarah [dot] barthelemy [at] durham [dot] ac [dot] uk

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Masculinités non-hégémoniques », Colloque, Calenda, Publié le mardi 21 mars 2017, https://doi.org/10.58079/x8s

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