AccueilL'Empire, figure(s) du pouvoir

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L'Empire, figure(s) du pouvoir

The Empire - figures of power

Discours, représentations et usages

Discourse, representations and uses

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Publié le mardi 02 mai 2017

Résumé

L'empire et le pouvoir sont deux concepts qui s'éclairent mutuellement. Cette relation implique de tenir compte de multiples dimensions, notamment les discours, représentations et usages qui participent du phénomène impérial : d'une part, en replaçant l’idée d’empire entre la légitimation et la critique du pouvoir ; d'autre part, en resituant l’empire parmi les autres figures de la domination. Après une première journée d'étude internationale, le 7 avril 2015, ce second événement a pour objet d'élargir et d'approfondir les recherches sur l'empire.

Annonce

Nous invitons tout-e chercheur-se intéressé-e par le sujet à proposer un projet de communication. Ce deuxième événement organisé par le Réseau Pyrallis est prévu les 18 et 19 janvier 2018.

Argumentaire

L’Empire, en tant que forme d’organisation de la politique et du politique, manifeste de façon éclatante un système d’institution, de régulation et d’expression du pouvoir. Pour séduisante qu’elle paraisse a priori, cette affirmation masque la complexité des phénomènes en jeu. De l’Imperium latin à l’impérialisme, le terme Empire et ses dérivés ont toujours été attachés à cette notion de pouvoir. Or, loin d’être un et monolithique, le pouvoir est pluriel et revêt une vaste multiplicité de formes et de sens. D’autre part, cette affirmation relève du discours qui, en tant que tel, est révélateur d’une représentation de ce que peut être l’Empire dans l’imaginaire collectif. L’Empire pose d’immenses difficultés à qui tente d’en déterminer une définition complète, stable et unanimement admise, à l’aide de critères fiables. Qu’il s’agisse de caractérisations, de comparaisons entre des exemples historiques ou bien de réflexions in abstracto, la raison de ces difficultés ne réside peut-être pas dans les réalités et les dynamiques impériales décrites mais dans leurs désignations elles-mêmes.

L’examen des différents critères révèle l’Empire davantage comme une figure discursive que comme un objet matériel. Avoir recours à ce vocable implique donc un certain nombre de présupposés, de valeurs, de représentations et d’enjeux. De plus, cet ensemble discursif trouve à s’appliquer en face d’une certaine configuration des relations de pouvoir et des conflits pour la légitimité des prises de parole et de décision au sein d’un groupe social plus ou moins large (une communauté intellectuelle, un groupe militant, un système politique…). Il donne lieu, également, à toute une panoplie de productions artistiques accréditant ou dénonçant les acteurs politiques qui s’en réclament. En mobilisant des mythes, il permet de forger des imaginaires collectifs et d’agréger autour d’un projet des acteurs aux intérêts distincts, par exemple par la diffusion d’oeuvres, de représentations et de récits qui renforcent son hégémonie. Il constitue par conséquent une ressource et un élément de légitimation : dans la fabrication des normes juridiques, dans l’imposition de modèles et d’idéologies, dans l’élaboration et la diffusion d’un cadre normatif.

Afin de saisir des réalités irréductibles aux seuls discours, on est en droit de penser que le mot « Empire » ne se limite pas à sa seule dimension utilitaire. En effet, il suscite des résistances, cristallise des luttes de sens, suggère des hiérarchies sociales, comporte des chausse-trapes sémantiques et fait l’objet d’investissements affectifs et identitaires divers. Ce lien au politique fait de l’Empire un référent à la fois insaisissable et complexe. Les recherches actuelles, et plus particulièrement les approches critiques, permettent de renouveler les études sur l’objet « Empire » et ses aspects connexes en les considérant sous l’angle des normes et des valeurs plutôt que des faits. Cela dépasse les stricts aspects de domination du centre sur les périphéries et de volonté expansionniste. C’est la raison pour laquelle il semble intéressant d’interroger l’Empire de manière pluridisciplinaire à partir des discours, représentations et usages dont il fait l’objet, par des acteurs centraux, périphériques voire marginaux ainsi qu’au travers de la recherche conduite sur l’Empire. Il s’agira donc pour chaque communication de construire une réflexion propre sur l’Empire sur la base de recherches empiriques ou/et théoriques, lesquelles pourront s’inscrire dans l’un des deux axes suivants ou proposer un angle d’approche original.

Organisé par les membres du séminaire Aujourd’hui l’Empire, cet événement est ouvert à toutes les disciplines des sciences humaines et sociales. Cette rencontre s’inscrit dans la continuité des activités du séminaire lancé en janvier 2014 et de la première journée organisée le 7 avril 2015.

Axe 1 : L’idée d’Empire entre légitimation et critique du pouvoir.

Les discours de toutes formes visant à légitimer un projet impérial fabriquent et/ou instrumentalisent des mythes, créent et manipulent des imaginaires, notamment afin d’accroître l’acceptation du pouvoir au sein des populations dominées. Au moyen des discours, les idées et les symboles peuvent être mis au service du pouvoir impérial ou de l’hégémonie (par exemple : la « mission civilisatrice », la propagande de guerre, les oeuvres d’art ou les édifices architecturaux, etc.). La figure du pouvoir dans l’Empire se personnalise dans son premier dépositaire : l’Empereur ou l’Impératrice et la mise en scène dont il/elle est objet. De nombreux autres éléments constituent le centre du pouvoir de l’Empire tels que le modèle social, économique et normatif, ce qui contribue à définir un projet impérial. Toutefois, à tout discours politique s’oppose un contre-discours. De la même manière, symboles et contre-symboles peuvent être façonnés par l’expression artistique ou l’imaginaire collectif. Ainsi en est-il de l’Empire et des velléités hégémoniques de la culture impériale, lesquelles suscitent la contradiction. La dénomination-même d’Empire ne recueillant pas l’unanimité, les Empires ont toujours été contestés : critique de la légitimité et/ou de l’exercice du pouvoir, critique de sa propension à l’expansion...

Les luttes de pouvoir se manifestent par des discours, l’opposition de représentations contradictoires. Au-delà de la contestation, la négociation des espaces de pouvoir nous amène à envisager plus largement, d’une part, les relations entre administration et administrés et, d’autre part, les conflits d’autorité dans l’intégration des provinces de « l’Empire ». Par ailleurs, les enjeux liés aux sens du mot « impérialisme » révèlent des investissements idéologiques forts. De même, les processus identitaires ont joué un rôle non seulement dans la légitimation coloniale, mais aussi dans les discours anti-coloniaux et indépendantistes. La place faite aux croyances, aux mythes et aux fictions dans les représentations et discours anti-impériaux mérite également d’être examinée. Les sources de critiques pour le pouvoir sont également l’objet de représentations et de discours : tel ou tel leader ou penseur politique opposé à l’impérialisme peut être érigé en figure du pouvoir contestataire ; tel ou tel lieu de la contestation peut faire figure de symbole de résistance.

Exemples de questions :

  • Quelles sont les relations entre administration impériale et administrés ? Entre l’Empire et les sujets de l’Empire ?
  • Quels cadres faut-il mobiliser pour penser l’intégration juridique, sociale, culturelle des provinces à l’Empire ? Quel équilibre peut-on mesurer entre la domination impériale et le pluralisme des provinces impériales ?
  • Quel écart peut-il exister entre la réalité d’une structure impériale et son identité affirmée ?
  • Selon quelle architecture est organisé le pouvoir impérial ? Quels sont les acteurs prépondérants dans l’exercice de celui-ci ?
  • Quels sont les discours et les représentations autour de l’Empire dans les luttes de pouvoir ?
  • Quelle scientificité peut-on accorder au terme d’impérialisme en mesurant son apport conceptuel et ses enjeux, malgré les investissements idéologiques forts qu’il dénote ?
  • Quelles sont les représentations des lieux et des acteurs de la controverse autour de l’Empire ?
  • Quels rôles fait-on jouer aux référents identitaires avec ou contre l’Empire ? Quels usages de l’identité peut-on déceler dans les tentatives de légitimation d’un pouvoir impérial ? De quelle manière les logiques identitaires des acteurs peuvent-elles se construire contre l’Empire ?
  • Quelle place peut-on faire pour la croyance ou le mythe dans les représentations de l’Empire ? Quelle forme prend la critique de l’Empire ? Quels sont les lieux de construction et de mise en scène des représentations de l’Empire dans les arts ?
  • […]

Axe 2 : L’Empire parmi les autres figures de la domination.

La diversité des Empires historiques et la multiplicité des discours, des représentations et des usages conduisent à penser l’Empire parmi les autres figures de pouvoir. Figure de domination en tant que système de sens et d'imaginaires dégagés des structures, l’Empire acquiert en outre une dimension morale dont ne se prévalent pas toujours les autres types d’organisation politique. Si l’Empire est une figure de domination, il l’est dans les mots et les imaginaires de ceux qui contestent l’action qu’ils lui attribuent, là où d’autres ne s’accorderont pas nécessairement à cette vision tout en partageant les motifs de contestation. De la part de ceux qui le défendent, la désignation du système de domination en place et dont ils bénéficient parfois, amène à questionner la signification profondément politique de la figure de domination mobilisée. En outre, les usages et les enjeux qui sont spécifiquement liés aux pratiques impériales peuvent provoquer des modifications des représentations, dont rend compte, par exemple, l’histoire des arts libéraux. S’il apparaît problématique de corréler indistinctement l’Empire à toutes les autres figures de domination, il semble néanmoins pertinent de questionner les analogies et les liens avec les valeurs d’autres figures comme l’État, la monarchie, les sociétés commerciales, voire le patriarcat... De surcroit, se pose la question de la spécificité de l’Empire comme figure antique, pré-moderne ou moderne. En tant que figure de domination véhiculée par les imaginaires, les cultures populaires et les littératures, il appelle donc à s’interroger sur les valeurs, les connotations et les dénotations auxquelles il renvoie. À titre d’illustration, cette interrogation peut passer par l’étude de la législation pénale ou du régime des libertés individuelles et la spécificité des interactions répressives sous un régime impérial.

L’Empire, comme ensemble de structures, permet d’interroger sur la possibilité de le comparer à tout autre type d’organisation institutionnelle. Plus précisément, cela amène à analyser tout type de domination et déterminer si l’Empire impacte celle-ci ou lui donne une forme particulière. En tant que domination par la force et par la parole, l’Empire pourrait notamment impliquer de se demander si l’influence religieuse de l’Empire tolère les faits minoritaires ou non, comme le montre la lutte contre les païens et les branches du christianisme hérétique sous l’Empire carolingien. Héritier de la domination et de l’impérialisme, le concept d’hégémonie culturelle soulève même la question de l’obsolescence de l’Empire comme clé d’analyse pertinente. De façon analogue, se pose la question de l’autonomie conceptuelle de l’impérialisme comme figure de pouvoir distincte de l’Empire, car il est possible de le penser sans ce dernier. À l’inverse de l’impérialisme, pensé comme processus, l’Empire apparait comme une institution.

Exemples de questions :

  • Une typologie des Empires est-elle possible ? Une typologie des Empires peut-elle se construire uniquement sur des variations de la domination (mode de domination, sens, finalité, stabilité, durée…) ? Quels autres critères propres à l’Empire remarque-t-on ? Existe-t-il des Empires immatériels ?
  • Quelle comparaison peut être faite entre l’Empire et d’autres discours et organisations ? Quel rapport et quelle distinction peut-on établir de l’Empire à l’Etat ? Quelle relation est-elle possible entre deux empires ? La qualification d’Empire peut-elle s’appliquer aux personnes privées comme des sociétés ?
  • Quelle articulation trouve-t-on entre souveraineté et puissance dans les structures des Empires ? Un Empire sans violence est-il pensable ?
  • Quelles variations note-t-on entre Empire, impérialisme, domination, hégémonie culturelle ?
  • Comment peut-on comprendre et expliquer le pouvoir impérial ? Le critère de domination est-il le critère prépondérant de la logique impériale ?Quels sont les liens entre l’Empire et son environnement immédiat ? L’Empire est-il une forme particulière de domination ?
  • Impérialisme et Empire sont-ils devenus des termes exclusifs l’un de l’autre ?
  • L’Empire est-il toujours utile en tant qu’outil pour la recherche ? Malgré son renouveau dans la recherche, l’Empire est-il devenu obsolète pour comprendre le monde d’aujourd’hui ?
  • […]

Calendrier

Les propositions de communication, d’une longueur de 4000 signes maximum (espaces compris), sont attendues

pour le 30 juin 2017 (inclus)

accompagnées d’un court CV, à l’adresse suivante : reseau.pyrallis@gmail.com. Chaque proposition fera apparaître l’intérêt de la question de recherche envisagée, la méthode de travail employée et son inscription dans l’un des axes. Elle ne devra avoir fait l’objet d’aucune autre forme de publication. La réponse interviendra courant juillet.

Une première version écrite de la communication devra être fournie pour le 1er décembre 2017 afin de faciliter la préparation de la synthèse qui clôturera la journée. L’événement se tiendra à la Faculté de Droit et de Science Politique de l’Université de Rennes 1, les jeudi 18 et vendredi 19 janvier 2018.

Comité d’organisation

  • Yves Auffret, doctorant (Science Politique), Université de Rennes 1 ;
  • Azza Chaouch Bouraoui, doctorante (Droit public), Université de Rennes 1 ;
  • Jean-Philippe Hias, doctorant (Histoire du droit), Université de Rennes 1 ;
  • Matthieu Le Verge, doctorant (Histoire du droit), Université d’Angers ;
  • Sandrine Malet, doctorante (Droit privé), Université de Rennes 1 ;
  • Albéric Perrier, professeur certifié (Lettres et Philosophie), Lycée Théodore Monod, Le Rheu ;
  • Alexis Robin, doctorant (Histoire du droit), Université de Poitiers ;
  • Jean Roger, doctorant (Science Politique), Université de Rennes 1 ;
  • Alan Tymen, doctorant (Science Politique), Université de Rennes 1.

Le comité d'organisation est en charge de constituer un comité ad hoc qui s'occupera de la sélection des propositions de communication.

Lieux

  • Rennes, France (35)

Dates

  • vendredi 30 juin 2017

Mots-clés

  • empire, pouvoir, domination, hégémonie, puissance, impérialisme, figure, discours, représentation, usage, violence, valeurs, normes, idéologie, histoire, centre, périphérie, cosmopolis, pluridisciplinaire, critique, institution, modernité

Contacts

  • Réseau Pyrallis
    courriel : reseau [dot] pyrallis [at] gmail [dot] com

URLS de référence

Source de l'information

  • Alan Tymen
    courriel : reseau [dot] pyrallis [at] gmail [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« L'Empire, figure(s) du pouvoir », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 02 mai 2017, https://doi.org/10.58079/xen

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