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La place des émotions dans le travail socio-éducatif

The role of emotions in socio-educative work

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Publié le mercredi 07 juin 2017

Résumé

Ce numéro thématique de la revue Sociétés et jeunesses en difficulté propose d’explorer le travail éducatif auprès des enfants, adolescents et familles en difficultés sous le prisme des sensibilités et des émotions. Plus précisément, ce numéro cherche à montrer que cette prise en compte du sensible et des émotions permet d’enrichir la compréhension et la pratique du travail socio-éducatif. Dans ce but et à des fins de pluridisciplinarité (sociologie, psychologie, sciences de l’éducation…), les sensibilités et la place des émotions dans le travail socio-éducatif pourront être explorées à partir d’approches méthodologiques variées.

Annonce

Argumentaire

Depuis quelques décennies, nous assistons à un retour du « sensible » dans les sciences humaines et sociales (Barbier, 1994), voire à ce que certains nomment un « tournant émotionnel » ou « affectif » (Clough & Halley, 2007) ou encore ce qui, en psychologie, est régulièrement qualifié de « révolution affective ».

Par exemple, la sociologie s’affirme parfois aussi comme une science du sujet (en tant qu’acteur social et politique) et de la singularité (Bertucci, 2007). Des courants diversifiés, allant des approches compréhensives au style pragmatique, en passant par l’ethnométhodologie et la démarche clinique, forment une science du sujet qui cible l’expérience vécue, l’implication des acteurs et leur « for intérieur » pour mieux saisir la dimension existentielle des rapports sociaux (De Gaulejac, 2007). La sociologie s’intéresse ainsi aux émotions et aux sensibilités des individus et à leurs conséquences.

Dans le même mouvement, la psychologie cognitive et les neurosciences ont intégré, depuis les années 80-90, les processus émotionnels au sein de leurs modèles, participant au dépassement du « mythe des passions » selon lequel les émotions n’agiraient que comme des perturbateurs de la rationalité (Deluermoz, Fureix, Mazurel, & Oualdi, 2013). Par exemple, les travaux sur l’intelligence émotionnelle puis sur les compétences émotionnelles et la régulation émotionnelle reconnaissent le rôle fonctionnel des émotions et de leur expression dans un grand nombre de contextes sociaux.

Plus récemment mais faisant suite à ce changement de regard sur les émotions, la sociologie du travail, la clinique de l’activité, la psychologie sociale, les sciences de l’éducation, les sciences politiques ou encore les sciences juridiques ont porté une attention toute particulière aux émotions ou aux sensibilités. La question des sensibilités et des émotions, plus qu’un objet, se constitue alors comme un véritable champ de recherche.

De récents travaux[1] ont montré que les sensibilités et les émotions, même si elles sont au cœur de la relation éducative, sont rendues invisibles, passées sous silence et sanctionnées dans les milieux professionnels. Ceci peut s’expliquer par les « règles d’exhibition » (Ekman, 1972), les « normes émotionnelles » ou les « règles des sentiments » (Hochschild, 2003), qui obligent à nier la place des émotions dans la construction des identités professionnelles. Alors qu’il est demandé explicitement aux intervenants socio-éducatifs d’être dans une « neutralité affective » et une « maîtrise des affects » (Boujut, 2005), on attend d’eux, de façon paradoxale, qu’ils travaillent avec « ce qu’ils sont » (savoir-être, empathie, aptitude relationnelle...) et qu’ils créent du lien. Part conséquent, on constate que la dimension émotionnelle du travail des intervenants est peu mise en réflexion, ni au sein des équipes, ni dans les formations professionnelles.Nous faisons pourtant l’hypothèse que le « travail émotionnel » (Hochschild, 2003) réalisé dans l’intervention auprès des enfants et adolescents est un ressort puissant de la professionnalité et que ce « travail » ne se limite pas à une suppression des émotions. Cette hypothèse invite à dépasser l’idée reçue selon laquelle les émotions sont subies et doivent autant que possible être neutralisées au sein du travail socio-éducatif, afin de conserver une forme d’objectivité.

Empruntant cette voie, ce numéro thématique de la revue Sociétés et jeunesses en difficulté propose d’explorer le travail éducatif auprès des enfants, adolescents et familles en difficultés sous le prisme des sensibilités et des émotions. Plus précisément, ce numéro cherche à montrer que cette prise en compte du sensible et des émotions permet d’enrichir la compréhension et la pratique du travail socio-éducatif.

Dans ce but et à des fins de pluridisciplinarité (sociologie, psychologie, sciences de l’éducation…), les sensibilités et la place des émotions dans le travail socio-éducatif pourront être explorées à partir d’approches méthodologiques variées. Conformément au projet éditorial de la revue, il est demandé de proposer des articles originaux, fondés sur des données de recherches empiriques et n’ayant pas déjà fait l’objet d’une publication dans des revues, ouvrages ou actes de colloques. Les chercheurs de toutes les disciplines sont invités à contribuer. Les articles ou expériences étrangères sont les bienvenus.

Il est possible de partir d’au moins quatre entrées :

 1/ Les émotions au sein de la relation éducative

 2/ La place des émotions dans la construction des rapports de travail

 3/ La place des émotions dans le contenu des formations et dans les politiques publiques

 4/ La place des émotions dans les enquêtes relatives au travail socio-éducatif et dans les relations enquêteurs/enquêtés

Calendrier prévisionnel

 - Les propositions d’articles (une page au maximum, précisant le contexte, le cadre, la méthodologie, les résultats) sont à envoyer pour le 10 juillet 2017 à :

 mael.virat@justice.fr ; lenzi.catherine@ireis.org ; helene.cheronnet@justice.fr

- Commande aux auteurs en juillet/août 2017

- Réception des articles complets (25 000 à 70 000 signes, bibliographie et annexes comprises, rédigés en français) au 1 octobre 2017

- Expertises et échanges avec les auteurs entre novembre 2017 et avril 2018

Coordination

Mael Virat et Catherine Lenzi


[1] Lenzi C., Pény B., (dir.), L’ordre éducatif recomposé. L’art de la prudence dans l’accompagnement des mineurs sous-main de justice, rapport remis à la Mission de Recherche Droit et Justice en décembre 2015.

Lieux

  • 16, rue du Curoir
    Roubaix, France (59100)

Dates

  • lundi 10 juillet 2017

Mots-clés

  • émotion, sensibilité, travail social, éducation, jeune en difficulté, famille

Contacts

  • Hélène Cheronnet
    courriel : helene [dot] cheronnet [at] justice [dot] fr

Source de l'information

  • Service de la recherche et de la documentation ENPJJ
    courriel : recherche [dot] enpjj-roubaix [at] justice [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« La place des émotions dans le travail socio-éducatif », Appel à contribution, Calenda, Publié le mercredi 07 juin 2017, https://doi.org/10.58079/xso

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