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Les écologies du numérique

Ecology and the digitial world

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Publié le vendredi 23 juin 2017

Résumé

L’enjeu fondamental de ce colloque international est d’interroger les conditions et les modalités d’une approche « écologique » du numérique à travers les pratiques contemporaines du design. Il repose sur l’idée que l’écologie est irréductible à l’étude et à la protection de la nature, et qu’elle doit par conséquent se comprendre au sens large comme une approche relationnelle, dynamique et complexe pouvant s’appliquer aux milieux artificiels et en particulier au milieu numérique devenu aujourd’hui le milieu associé de nos existences.

Annonce

Argumentaire

Le colloque international « Les écologies du numérique » est organisé par l’École Supérieure d’Art et de Design d’Orléans. Il constitue l’événement inaugural des activités de l’Unité de Recherche ÉCOLAB (labellisée par le Ministère de la Culture et de la Communication) spécialisée dans l’étude et l’expérimentation des questions écologiques et numériques dans le domaine du design.

L’enjeu fondamental du colloque international « Les écologies du numérique » est d’interroger les conditions et les modalités d’une approche « écologique » du numérique à travers les pratiques contemporaines du design. Il repose sur l’idée que l’écologie est irréductible à l’étude et à la protection de la nature, et qu’elle doit par conséquent se comprendre au sens large comme une approche relationnelle, dynamique et complexe pouvant s’appliquer aux milieux artificiels et en particulier au milieu numérique devenu aujourd’hui le milieu associé de nos existences.

À ce titre, l’élargissement de l’écologie appliquée au numérique n’est pas une naturalisation de la technique qui ferait des objets numériques des êtres autonomes vivant au sein d’écosystèmes isolés de la toxicité des conditions industrielles de leur production, de la dépense énergétique considérable de leur utilisation et des effets nocifs de leur destruction. Ce n’est pas non plus une manière de fonder la sortie de la crise écologique sur le développement exclusif des technologies numériques, selon un technicisme naïf qui rechargerait le mythe moderne du progrès dans la « société de la connaissance » grâce à la puissance de calcul, de simulation et de réticulation de la rationalité computationnelle, et cela en dépit de la transformation du savoir en marchandise, de l’accroissement du travail gratuit et de la généralisation du contrôle individuel et collectif qu’elle instaure par le traitement automatisé des « big data ». Au contraire, il est question d’opérer une véritable critique de la (post- ou hyper-)modernité numérique, à la suite de penseurs comme Bateson, Simondon, Illich, Guattari, Berque et Stiegler. Car ces penseurs ont en effet montré la pertinence d’une écologie générale pour dépasser les alternatives classiques entre naturalisme et humanisme, humanisme et technicisme, humanisme et écologisme, lesquelles limitent aussi bien la compréhension de la complexité de la crise écologique que la réussite des mesures proposées pour la résoudre.

Selon cette perspective « généraliste », il s’agit donc de pluraliser l’écologie ou d’en déployer plusieurs niveaux et dimensions dans l’étude, la critique et la création au sein du milieu numérique de nos existences. Plus précisément, en tant que le numérique tend désormais à transformer l’ensemble des relations entre la Terre et les êtres humains, entre les humains et les artefacts et entre les humains eux-mêmes, il nous semble décisif de questionner l’impact écologique du numérique aussi bien sur le plan matériel que psychique, social que culturel, éthique que politique. C’est selon une telle approche multimensionnelle et systémique que le design pourrait ainsi aider à comprendre ce qu’implique le numérique dans l’ensemble du processus de création et poser les bases d’un dépassement de l’opposition entre écologisme militant (design radical) et mensonge publicitaire (« green washing »), selon une voie critique cependant irréductible à l’écodesign développé par l’industrie à la fin des années 1990. Car cette démarche se focalise uniquement sur les objets (l’analyse de leur cycle de vie, les normes de conception à leur appliquer et la déontologie écologique à adopter), sans remettre en question les principes de l’économie industrielle ni intégrer les dimensions « immatérielles » que sont les représentations, les images, les symboles, que le design prend en charge et qui participent directement de la prise de conscience de la crise écologique et du passage à l’acte des utilisateurs. Le design graphique est à cet égard d’une importance considérable. Si ses conditions écologiques de conception et de diffusion sont encore trop peu étudiées, le design graphique s’avère par ailleurs particulièrement important pour développer une écologie du savoir capable de réduire les effets nocifs du capitalisme cognitif et de l’économie de l’attention à travers l’expérimentation critique des modalités de mise en forme et de diffusion du savoir (design éditorial), des relations homme-machine et machine-machine (design interactif), de l’interopérabilité et de la transmédialité (design computationnel).

Dans ce colloque, il en va donc non seulement de ce que le numérique fait au design mais surtout de ce que le design peut faire du numérique et au numérique pour qu’il puisse être moins destructeur pour la nature comme pour l’esprit, pour les choses comme pour les milieux sans lesquels il n’y a pas de création possible ni d’existence digne et vertueuse pour le collectif humain.

Pour initier cette première réflexion sur les « écologies du numérique » dans le domaine du design, plusieurs axes sont proposés sans qu’ils ne soient considérés comme isolés les uns des autres puisqu’ils sont corrélés dans les faits et doivent être pensés en synergie. C’est la compréhension de l’effet de leur interaction qui est finalement visé, mais leur distinction permet de montrer que chaque axe définit un écosystème spécifique qui mérite une étude particulière par la complexité qu’il révèle déjà. Chaque axe présente donc une série de thématiques que le colloque pourra investir et interroger par la voie conceptuelle et par la voie pratique de la création en design.

1) Écologie matérielle : ressources, risques et alternatives

L’écologie matérielle concerne plusieurs aspects propres aux pratiques de design, qu’elles soient des pratiques de design produit ou des pratiques de design graphique. Elle met en relation l’exploitation des ressources, la dépense d’énergie, le stockage et les déchets produits par l’ensemble du cycle de vie des produits comme des flux de données. La perception du risque écologique a transformé les méthodes de conception et de production, tout comme elle implique une nouvelle manière d’interroger les usages en incitant à élaborer des alternatives ; elle appelle aussi une interrogation sur les modes de représentation du risque pour le designer et pour l’usager.

  •  produits : extraction et transformation des ressources (terres rares, métaux précieux, plastiques) ; énergie d’alimentation et de stockage pour l’utilisation ; stockage des données ; traitement et élimination des déchets.
  •  infrastructures : réseaux électriques, optiques, hertziens et satellitaires pour le transport d’énergie et de données ; data centers et climatisation
  •  méthodes : écoconception ; écomatériaux ; recyclage ; économie circulaire ; Technologies Numériques de l’Information et de la Communication « vertes »

2) Écologie psychique : capture de l’esprit et design du savoir

L’écologie psychique concerne l’effet du numérique sur les esprits humains, lequel transforme la perception, l’apprentissage, l’attention, la connaissance, mais aussi l’identité et la présence, donc l’ensemble de la personnalité des individus comme des groupes. Le design graphique est particulièrement impliqué dans ses problématiques par la conception des interfaces, par le design d’information et la visualisation de données, par les usages interactifs et transmédiaux des interfaces, par les nouveaux modes éditoriaux.

  •  perception : interaction entre numérique et sensibilité (synaptogenèse et organogenèse) ; perception instrumentée ; perception augmentée (VR)
  •  apprentissage : image et langage ; simulation ; supports interactifs d’apprentissage ; serious games
  •  attention : attention profonde et hyperstimulation affective ; économie vs écologie de l’attention ; exploitation du désir (playbor)
  •  connaissance : signal, information, connaissance ; design informationnel ; lecture analogique vs lecture numérique ; machines à lire, à traduire, à interpréter ; automates algorithmiques ; hypertextualité ; hypericonicité ; participation ; connaissance contributive (wiki)
  •  identité : traçabilité des comportements off line et on line ; externalisation de l’identité (identité déclarée, agissante et calculée) ; identités multiples (avatars, hétéronymat, vol d’identité)
  •  présence : mobilité et présence ubiquitaire

3) Écologie sociale : transformations de l’identité et des échanges

L’écologie sociale concerne la transformation des relations interindividuelles et les nouveaux modes d’insertion, de référencement, d’appartenance, d’amitié et d’échange engendrés par la nouvelle socialité numérique. Il est autant question des nouvelles formes de rencontre, d’alliance, d’appariement, de dialogue, de collaboration que des nouvelles formes de contrôle, de dissociation, d’affrontement, d’exclusion et d’isolement ou encore des nouvelles formes de travail et d’économie.

  •  performance sociale et réseaux sociaux numériques
  •  marketing des communautés (community management)
  •  participation et création collective
  •  économie de l’attention et contrôle des communautés
  •  travail du consommateur ; free labor
  •  économies alternatives : économie circulaire ; économie de la fonctionnalité ; économie conviviale ; économie contributive ; économie du don et du troc

4) Écologie politique : nouvelles formes d’exploitation et de lutte

L’écologie politique examine les nouvelles formes d’exploitation et de lutte issues de la réticulation numérique des savoirs et des motivations permises par le web et les réseaux sociaux. Plus précisément, elle concerne autant la réactivation des utopies socialistes et communautaires historiques que les nouvelles formes de transfert de la production et de la responsabilité aux consommateurs, ou encore les enjeux temporels et spatiaux des luttes entre off line et on line.

  •  Mondialisation des théories critiques (post-colonial, post-féministe, post-partisan)
  •  Nouveaux militantismes
  •  Réappropriation des données personnelles
  •  Contrôle
  •  Travail gratuit
  •  Gouvernementalité algorithmique
  •  Démocratie et Internet
  •  Éthique : biocentrisme, écocentrisme, déontologie

Modalités de soumission des propositions

L’appel à communication international est ouvert aux chercheurs de toutes disciplines en sciences exactes et sciences humaines, aux designers, architectes et artistes, qu’ils soient français ou étrangers.

Les propositions doivent

  •  être rédigées en français ou en anglais
  •  présenter le résumé de l’intervention en 3000 signes maximum (espaces non compris)
  •  préciser l’axe ou les axes concerné(s) par leur intervention
  •  contenir l’affiliation institutionnelle de l’auteur de la proposition
  •  fournir les coordonnées personnelles de l’auteur (e-mail)

Calendrier de l'appel à communication

  •  Date de diffusion de l’appel à communication : 15 Juin 2017
  •  Date limite d’envoi des propositions : 22 Septembre 2017

  •  Date de sélection définitive des propositions : 9 Octobre 2017

Les propositions de communication sont à envoyer à :

  • Ludovic DUHEM – Responsable scientifique de l’ÉCOLAB lduhem@esad-orleans.fr en copie à :
  • Jacqueline FEBVRE – Directrice de l’ÉSAD ORLÉANS jfebvre@esad-orleans.fr
  • Emmanuel CYRIAQUE Éditeur, Coordinateur DVG – ÉSAD Orléans ecyriaque@esad-orleans.fr www.esad-orleans.fr

Comité scientifique

  • Jacqueline Febvre (Directrice de l’ÉSAD Orléans),
  • Ludovic Duhem (Philosophe, Responsable de la recherche – ÉSAD Orléans),
  • Emmanuel Cyriaque (Éditeur, Coordinateur DVG – ÉSAD Orléans),
  • Gunther Ludwig (Critique d’art et commissaire d’exposition, ÉSAD Orléans),
  • Caroline Kasimo-Zanhd (Designer multimedia, ÉSAD Orléans),
  • Franck Cormerais (Philosophe, Université Montaigne Bordeaux III),
  • Fabrice Flipo (Philosophe, Institut-MinesTelecom)

Lieux

  • 14, rue Dupanloup
    Orléans, France (45)

Dates

  • vendredi 22 septembre 2017

Mots-clés

  • écologie, numérique, design

Contacts

  • Ludovic Duhem
    courriel : lduhem [at] esad-orleans [dot] fr

Source de l'information

  • Ludovic Duhem
    courriel : lduhem [at] esad-orleans [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Les écologies du numérique », Appel à contribution, Calenda, Publié le vendredi 23 juin 2017, https://doi.org/10.58079/xzh

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