AccueilArchéologie de la guerre : de la fouille à l'écriture de l'histoire

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Archéologie de la guerre : de la fouille à l'écriture de l'histoire

The archaeology of war - from excavations to the writing of history

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Publié le mercredi 11 octobre 2017

Résumé

La Bibliothèque nationale de France organise entre octobre 2017 et juin 2018 un cycle de conférences consacré aux différents aspects de l’archéologie de la guerre, toutes périodes confondues. Le cycle s’ouvre par l’exposition Inrap sur l’archéologie de la Grande Guerre, sur le site François Mitterrand de la Bibliothèque nationale de France et l’intervention de Gilles Prilaux dressant un panorama synthétique de l’apport de ces fouilles. En ces temps de commémoration, l’archéologie de la Grande Guerre, qui a longtemps fait polémique, constituera l’horizon-repère à partir duquel le cycle nous amènera à réfléchir, en amont et en aval, sur l’archéologie de guerre en général, depuis l’Antiquité jusqu’à la seconde guerre mondiale.

Annonce

Programme

Mercredi 11 octobre 2017 18h30

  • Gilles Prilaux, Ingénieur de recherche, directeur adjoint scientifique et technique à l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) Hauts-de-France

L’archéologie de la Grande Guerre

Les interventions archéologiques menées dans le Nord et dans l’Est de la France font souvent ressurgir les cicatrices du sol générées par les combats de la guerre 1914/1918. Ces stigmates, particulièrement nombreux, se comptent par centaines de milliers : trous d’obus, tranchées, boyaux, abris de fortune, dépotoirs, munitions de tous calibres, mais aussi restes des 700 000 combattants encore fossilisés sur le champ de bataille. Ces témoignages directs de cette boucherie sans nom se révèlent sous des formes variées ; ici les restes d’un corps enseveli et grêlés de shrapnell; là une jambe arrachée abandonnée dans un trou d’obus, jusqu’à des ensembles plus complexes qui font écho à l’état d’esprit du soldat face à l’horreur des combats. Cette conférence propose de faire un point sur l’état des lieux sur cette période à travers le regard de l’archéologie de terrain que reste-t-il aujourd’hui dans le sol et comment l’interpréter ?

Mercredi 22 novembre 2017 18h30

  • Bérangère Redon, Chargée de recherche au CNRS, UMR 5189 HiSoMA (Histoire et Sources des Mondes Antiques), directrice de la MAFDO

Les fouilles de fortins du désert oriental en Égypte

Créée en 1994 par Hélène Cuvigny, la mission archéologique française du désert Oriental explore une région en marge de l’Égypte, située à l’interface entre la vallée du Nil et la mer Rouge. Le but de la mission est d’étudier l’occupation humaine du désert Oriental, l’exploitation de ses ressources, le développement de ses infrastructures (routes, fortins, stations) aux époques ptolémaïque (331-30 av. J.-C.) et romaine (30 av. J.-C.-IVe s. ap. J.-C.), en se concentrant d’une part sur l’exploitation des carrières et mines de la région, et d’autre part sur l’aménagement et la surveillance des grandes pistes caravanières qui traversaient le désert jusqu’aux ports de Bérénice et Myos Hormos. Une dizaine de forts, extrêmement bien préservés, ont été explorés. Ils ont livré un matériel exceptionnel, dont plusieurs milliers d’ostraca. Ces découvertes renseignent l’historien sur la vie quotidienne de la petite société des fortins, qui ont accueilli une population mêlée et complexe, composée de soldats et de civils, de femmes et d’hommes, et même d’enfants, d’origine très diverses.

Mercredi 20 décembre 2017 18h30

  • Jean-Christophe Couvenhes, Maître de conférence d’Histoire grecque, Université Paris-Sorbonne (Paris IV), UMR 8210 AnHiMA (Anthropologie et Histoire des Mondes Antiques)

Archéologie de la bataille de Sellasie (222 av. J.-C.) : entre sources antiques et réalités du terrain

La bataille de Sellasie (222 av. J.-C.) mit fin aux espoirs de  redressement de l’État spartiate par son roi Cléomène III. Cette bataille est restée célèbre grâce à l’historien Polybe et à Plutarque. En
position de force défensive, sur son territoire, Cléomène est  néanmoins défait par les troupes du roi de Macédoine Antigone Dôsôn, près de la localité périèque de Sellasie, à quelques kilomètres au nord-est de Sparte ; il doit s’enfuir en Égypte. Entre 1828 et 1833, lors de la guerre d’indépendance grecque, l’expédition de Morée passe par Sellasie. Emile Le Puillon de Boblaye (Paris-Strasbourg, 1835) y consacre une page, tentant d’articuler les textes au terrain. Tout au long des XIXe et XXe siècles, des voyageurs puis des  archéologues de toutes nationalités reviennent sur le champ de bataille et sur les textes : Leake, Ross, Jochmus, Kromayer, Sotiriadis, Delbrück, Pritchett, Morgan, etc. Aujourd’hui encore, Sellasie reste un point d’observation intéressant pour comprendre les enjeux méthodologiques de la reconstitution d’une bataille antique.

Mercredi 17 janvier 2018 18h30

  • Luc Baray, Habilité à diriger des recherches, Directeur de recherche au CNRS, membre de l’UMR 6298 ArTeHiS (Archéologie, Terre, Histoire, Sociétés)

Les mercenaires celtes, entre mythes et réalités

Du Ve siècle à la fin du Ier siècle avant J.-C., de l’Afrique du Nord à la Judée en passant par la Sicile, l’Italie, la Grèce et l’Asie Mineure, des milliers de guerriers celtes ont été recrutés par les Carthaginois et les
Grecs. Guerriers étrangers, motivés par l’appât du gain et la recherche de terres où s’installer, les Celtes essaimèrent sur tous les fronts où leur savoir-faire technique et leur bravoure paraissaient indispensables. L’objet de cette conférence est de déconstruire le mythe du mercenariat celtique tel qu’il nous est donné à lire à travers les poncifs des auteurs gréco-latins, souvent repris et amplifiés par les modernes. Un retour critique aux sources antiques permet d’en présenter une autre image en cherchant notamment à toujours distinguer les statuts – mercenaire ou auxiliaire – derrière les dénominations.

Mercredi 7 février 2018 18h30

  • Cécile Sauvage, Conservateur du Patrimoine, Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (DRASSM)

Archéologie sous-marine du débarquement de Normandie

Le débarquement de Normandie a été abondamment étudié par les historiens. Depuis deux décennies, l’archéologie sous-marine contribue également à sa connaissance. Aux premières études menées par des plongeurs de la région de Caen, se sont ajoutées des campagnes menées par des équipes professionnelles américaine, canadienne, britannique puis française. Le Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (DRASSM), a pour mission l’inventaire des vestiges d’intérêt archéologique ou historique situés dans les eaux sous juridiction française. Depuis 2015, il accompagne la Région Normandie dans un projet qui vise à faire inscrire les plages du Débarquement au titre du patrimoine mondial par l’Unesco. Après une première phase de dépouillement des données déjà acquises sur les vestiges maritimes du Débarquement, le DRASSM a débuté en 2017 une campagne d’expertises in situ. La centaine de vestiges aujourd’hui connus montre l’importance de la composante maritime de l’Opération Neptune et la variété des moyens mis en oeuvre à cette occasion.

Mercredi 21 mars 2018 18h30

  • Séverine Hurard, Ingénieure de recherches à l’ Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap)

Le Fort Saint-Sébastien de Saint-Germain-en-Laye (78) : La préparation des troupes de Louis XIV à la guerre de siège (1669-1770)

Situé, à l’intérieur de la boucle de la Seine, dans la plaine alluviale dite d’Achères, le Fort Saint- Sébastien accueillit, vraisemblablement à partir de 1669 et pour quelques années seulement, les troupes dites de la « Maison du Roi », soit entre 9000 et 30 000 soldats, faisant l’apprentissage des techniques de la guerre de siège. La fouille archéologique, menée entre 2011 et 2012 sur une surface de 28 hectares, a révélé l’existence de deux ouvrages fortifiés distincts associés à leurs aires de campement. Cette lecture archéologique inédite de la préparation à la guerre de siège offre un éclairage différent, à une échelle inaccoutumée, sur la rationalisation des pratiques militaires sous Louis XIV. Elle permet de s’intéresser plus globalement à la société des gens de guerre, à laquelle appartiennent les compagnies de mousquetaires et d’examiner la réalité matérielle de cette société composite.

Mercredi 11 avril 2018 18h30

  • Benoît Pouvreau, Chercheur au Service du patrimoine culturel, Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis

Trois contributions à l’archéologie du camp de Drancy

Le classement au titre des Monuments historiques (2001) puis la première restauration engagée ont beaucoup renforcé le temps dédié à la cité de la Muette, théâtre du camp de Drancy entre 1941 et 1944. En 2009, un important corpus de graffiti d’internés fut mis au jour. Sa valorisation fut en partie articulée à un projet plus vaste de mise en réseau des lieux d’histoire de la Déportation du département. La médiation de celui-ci permit une redécouverte : l’oeuvre d’un interné connu par quelques estampes constituant, en fait, un ensemble cohérent et majeur. Dessinateur mais aussi écrivain, Georges Horan-Koiransky fut, enfin, un témoin clé documentant d’une façon unique le lieu de départ des convois de déportation en gare du Bourget-Drancy, ultime sujet de recherches autour de ce site primordial de la persécution des Juifs de France.

Mercredi 23 mai 2018 18h30

L’archéologie de la Grande Guerre vue de l’est :

  • Michaël Landolt, Archéologue, Service régional de l’archéologie, Direction Régionale des Affaires Culturelles du Grand Est

L’alimentation du combattant de la Grande Guerre à travers l’’archéologie

Le développement de l’archéologie de la Première Guerre Mondiale en France depuis quelques années s’est récemment accompagné d’une définition de nouvelles problématiques d’études. Parmi celles-ci, l’étude archéologique des dépotoirs vient véritablement compléter la vision de la Grande Guerre. De nombreux éléments, issus du mobilier rejeté dans ces structures, sont à mettre en relation avec l’alimentation. L’évocation par les soldats des conditions alimentaires au front et au repos est trop souvent parcellaire et anecdotique. Ainsi, les objets et les restes alimentaires qui leurs sont liés méritent une attention particulière car ils contiennent une quantité d’informations encore sous exploitées par les historiens. Même si ces vestiges ont malheureusement souvent été délaissés, au profit des fouilleurs clandestins, les études scientifiques démontrent aujourd’hui le potentiel documentaire de ce mobilier. À partir de corpus principalement issus de Champagne-Ardenne, Lorraine et Alsace, l’alimentation des soldats allemands et français pourra être abordée. L’accent sera donné sur les spécificités de chaque belligérant à partir de quelques exemples caractéristiques (boissons,  condiments, conserves, viande…). Cette étude comparative pluridisciplinaire développera plusieurs problématiques depuis la fabrication des aliments jusqu’au rejet des restes alimentaires.

  • Stéphanie Jacquemot, Archéologue, Service régional de l’archéologie, Direction Régionale des Affaires Culturelles du Grand Est

Archéogéomorphologie de la Grande Guerre : une approche du façonnement des paysages du premier conflit mondial dans le Nord-Est de la France (champ de bataille de Verdun)

Cent ans après, les traces des combats de la Grande Guerre demeurent toujours vivaces dans les paysages du Nord-Est de la France. C’est le cas notamment en forêt de Verdun, qui a fait l’objet en 2013 d’une prospection par LiDAR aéroporté, permettant de dévoiler, sous forme d’images 3-D à haute résolution, les vestiges de guerre masqués par le manteau forestier. Menée à partir du traitement d’images et de l’analyse de terrain, une étude archéogéomorphologique des formes de relief induites par les bombardements et les aménagements du front établit une typologie et une cartographie inédites de la diversité des vestiges et de la structure du champ de bataille. Les résultats de ces travaux menés avec Rémi de Matos-Machado contribuent à affiner la connaissance du champ de bataille de Verdun.

Mercredi 13 juin 2018 18h30

  • François Cadiou, Professeur d’Histoire romaine, Université Bordeaux Montaigne, UMR 5607 Ausonius

La guerre romaine en Espagne (IIIe-Ier s. av. J.-C.) : l’historien face aux traces matérielles

L’Espagne est actuellement la région où l’archéologie militaire, en plein essor depuis plus d’une décennie, a livré les résultats les plus importants et les plus spectaculaires concernant l’époque de l’expansion romaine en Méditerranée à la fin de la République. On y compte désormais de nombreux sites identifiés comme des camps militaires ou même des champs de bataille. Chronologiquement situés entre le début de la Deuxième guerre punique et les ultimes conquêtes réalisées sous Auguste, soit sur près de deux siècles, ils ont livré des restes d’infrastructures ou du matériel qui  contribuent à alimenter des débats sur l’évolution des pratiques romaines de la guerre à cette période. À partir d’un bilan de ces découvertes récentes, la conférence proposera de réfléchir à l’usage de ces données matérielles par l’historien.

Lieux

  • salle 70, les mercredis de 18h30 à 20h, accès libre - l’entrée EST, face au 25 rue Émile Durkheim (marches) ou avenue de France (de plain-pied), à proximité de l’entrée du cinéma MK2-Bibliothèque
    Paris, France (75013)

Dates

  • mercredi 11 octobre 2017
  • mercredi 22 novembre 2017
  • mercredi 20 décembre 2017
  • mercredi 17 janvier 2018
  • mercredi 07 février 2018
  • mercredi 21 mars 2018
  • mercredi 11 avril 2018
  • mercredi 23 mai 2018
  • mercredi 13 juin 2018

Fichiers attachés

Mots-clés

  • Archéologie, guerre, antiquité, epoque moderne, première guerre mondiale, seconde guerre mondiale, egypte, espagne romaine, Grèce, France

Contacts

  • Vanessa Desclaux
    courriel : vanessa [dot] desclaux [at] bnf [dot] fr

URLS de référence

Source de l'information

  • Vanessa Desclaux
    courriel : vanessa [dot] desclaux [at] bnf [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Archéologie de la guerre : de la fouille à l'écriture de l'histoire », Cycle de conférences, Calenda, Publié le mercredi 11 octobre 2017, https://doi.org/10.58079/yii

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