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Participation, coopération et collaboration dans les secteurs culturels

Participation, cooperation and collaboration in the cultural sectors

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Publié le mercredi 18 octobre 2017

Résumé

Dans la continuité de la première journée d’étude du réseau des jeunes chercheur·e·s du labortaoire d'excellence « Industries culturelles et création artistique » (ICCA), cette deuxième édition propose un espace de discussion et de réflexion autour, cette fois-ci, des notions de participation, de coopération et de collaboration, elles-mêmes au cœur de l’organisation du réseau. Son objectif est de permettre aux jeunes chercheur·e·s de se retrouver et de questionner un sujet transversal, tant au niveau des disciplines et des méthodologies dans lesquelles ils s’inscrivent, que des secteurs étudiés, et de poursuivre les collaborations entre jeunes chercheur·e·s.

Annonce

Argumentaire

Les secteurs culturels sont des mondes où les relations de travail de type coopératif ou collaboratif se recomposent sans cesse. Ces dernières s’opèrent dans des solutions organisationnelles variées allant de formes éphémères bénévoles, à des entreprises dominantes des industries culturelles, les majors. Dans ces économies par projet, les artistes se construisent un réseau de pairs et de diverses catégories d’acteurs intervenant dans la production artistique (intermédiaire, programmateur, journaliste…) (Menger 2005 ; Lizé, Naudier et Roueff 2011). Pour Becker, les mondes de l’art s’organisent en « réseaux de coopération » qui concourent collectivement à la production de l’art (Becker 1988). Si les différentes formes d’interactions au cœur du processus de création ne sont pas nouvelles, il semble que le numérique en reconfigure les modalités. C’est tout du moins l’une des questions que nous pourrons nous poser dans le cadre de cette journée. Les projets culturels sont donc le fruit d’interactions, d’échanges entre différents acteurs dans le processus créatif. Au-delà des interactions entre « professionnels », les œuvres existent par leur rencontre avec le public. Aussi est-il légitime de se demander de quelle manière les publics intègrent cette chaîne d’interactions. Quelles en sont les formes et comment doit-on les qualifier ? S’agit-il en effet de formes participatives, coopératives, collaboratives ?

 Ces différentes notions semblent proches. « Participer », du latin participare, signifie « prendre part à », « coopérer » est issu d’operari, fabriquer avec ses mains, et par extension, cum operari, co-opérer, c’est donc travailler à plusieurs, œuvrer ensemble dans un même but. Enfin, « collaborer »provientdu latin laborare (travailler) qui signifie travailler ensemble. Si coopérer et collaborer font référence explicitement au travail, la participation appelle à une réflexion plus vaste sur les formes possibles de « prendre part à ». Ces notions induisent donc des différences d’engagement dans le processus de création. Pour Brigitte Chapelain (2017), « dans la coopération, on partage une production ou une création, mais dans la collaboration, on partage les processus qui ont conduit à celle-ci […] la coopération est considérée comme le partage du résultat, chacun des participants réalisant une étape sans s’intéresser obligatoirement à la chaîne de travail constituée par les autres, alors que dans la collaboration, ce sont les façons de faire, de s’organiser et d’apprendre que l’on partage ». Dès lors, comment se construisent et déconstruisent les formes de participation, coopération, collaboration ? Quels en sont les ressorts, les facteurs de succès ou d’échec ? À quels enjeux répondent ces interactions ? Cette journée propose d’avoir une vue transversale sur l’ensemble des secteurs culturels et des relations qui s’établissent entre créateurs, intermédiaires et publics au sein d’un ou de plusieurs de ces secteurs. Les propositions pourront s’inscrire dans un ou plusieurs des axes de réflexion suivants.

Axes thématiques

Axe 1 - La création dans les secteurs culturels : quels acteurs ? Quelles relations ?

 Le développement des pratiques numériques a introduit de nouvelles formes de médiations, transformant parfois les interactions entre les créateurs eux-mêmes, mais également le rapport que le public entretient avec les œuvres et avec ceux qui les produisent. Par ailleurs, de nouvelles conditions économiques incitent les créateurs à diversifier leurs manières de produire et de développer des partenariats créatifs, comme l’illustre le recours régulier des producteurs du cinéma et de l’audiovisuel à la coproduction, souventinternationale (Forest, 2017). Mais il semblerait que coproduire ne soit plus aujourd’hui seulement l’affaire des professionnels entre eux. Les positions du producteur et du public, autrefois distinctes, tendent en effet à se confondre, soulevant ainsi la question de l’auctorialité (Mayer et Sauret, 2017). À ce titre, Jenkins (2006) estime que « la consommation est devenue un processus collectif », et constate l’essor d’une culture participative nouvelle qu’impliquerait le processus de convergence médiatique. Les communications pourront interroger ce postulat en décrivant les relations entre producteurs et publics, et même l'émergence de bien culturels produits par ces derniers. Elles pourront également s’attacher à décrire les relations entre les producteurs de biens culturels, qu’ils soient issus d’un ou plusieurs secteurs.

Axe 2 -  Les espaces de la participation, coopération, collaboration

 Cet axe propose de discuter le rôle que joue l’espace géographique, à travers les structures qui y sont présentes, dans la concrétisation des interactions entre acteurs des filières artistiques. Différents courants ont posé la question du lien entre création et territoire et ont réhabilité le rôle de l’espace physique dans le processus créatif (Guibert 2016; Cohendet, Grandadam et Simon 2009; Sagot-Duvauroux 2016). Cependant, pour Menger, les réseaux qui sont fortement ancrés géographiquement correspondent à ceux des artistes émergents qui ne parviennent pas à mobiliser un réseau au-delà du local. En cas de succès, la concentration spatiale change de signification pour le créateur, l’horizon de référence devient la communauté cosmopolite d’artistes et de professionnels réputés (Menger 2005). À partir de quel niveau de développement les acteurs peuvent-ils se détacher du territoire ? Quels sont les lieux forts des territoires où se nouent les interactions ? Comment peut-on les étudier ? Enfin, ce questionnement peut être renouvelé avec le numérique qui potentiellement permet aux acteurs de dépasser un ancrage local : comment le Web s’intègre-t-il aux réseaux locaux ?

Axe 3 - Les effets structurels des différents modes d’engagement sur l’environnement économique, culturel et social

 Les différentes formes d’engagement — participatif, coopératif et collaboratif — peuvent générer des effets au sein du secteur culturel, mais aussi, potentiellement, le dépasser vers d’autres secteurs pour pénétrer l’ensemble de la société. À l’heure où le discours sur la créativité s’introduit dans les secteurs productifs (Kogan et Andonova 2016), cet axe propose d’interroger les multiples effets de ces formes d’organisation au sein même des secteurs culturels et au-delà. Comment les évolutions se transmettent-elles à l’ensemble de la société ? Si Menger a déjà montré que les artistes constituaient les prémisses des évolutions du travail dans les sociétés capitalistes avec une flexibilité et une précarité des contrats par projet (Menger 2002), il peut s’agir, ici, d’interroger plus largement ce rapport entre secteur culturel et capitalisme. Les communications pourront porter sur l’organisation du travail, la régulation, le droit, la place des œuvres et leur valorisation économique ou symbolique — les produits culturels deviendraient-ils des biens collectifs au sein du paradigme de la collaboration (Bouquillion, Miège, Moeglin, 2013) ? —, la redistribution de la valeur économique, ou encore les nouveaux modes de production de la connaissance (Crevoisier et Jeannerat 2009). Au-delà d’une mutation du seul mode de production, ces nouvelles manières d’interagir sont-elles en mesure de remettre en cause les rapports actuels entre sphère économique et sphère socioculturelle, de réencastrer le social dans les activités économiques (Graham et Gandini 2017) ?

Modalités de soumission

Pour soumettre une communication, merci d’envoyer un résumé à l’adresse suivante rjc.labexicca@gmail.com

avant le 10 décembre 2017

selon le format suivant :

  • Les noms, prénoms et courriel de tous les co-auteurs/intervenants ;
  • Le titre de la communication ;
  • Un résumé de la communication de 400 mots maximum ;
  • 5 mots-clés ;
  • Une brève biographie incluant votre université et laboratoire de rattachement ;
  • Une bibliographie sélective.

L’acceptation des communications sera communiquée début février 2018.

Le financement des transports et/ou de l’hébergement (dans la limite d’une nuitée) pour les intervenants non franciliens pourra être envisagé.

Comité scientifique et d’organisation

  • Anne Bessette, Doctorante, Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3 (CERLIS)
  • Caroline Creton, Doctorante, Université de Rennes 2 (PREFics), IMT Atlantique
  • Timothée Euvrard, Doctorant, Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3 (CERLIS)
  • Marion Ferrandery, Doctorante, Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3 (CEISME)
  • Sejeong Hahn, Doctorante, Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3 (IRCAV)
  • Simon Renoir, Doctorant, Université Paris 13 (LABSIC)

Informations pratiques

 La journée se déroulera le 11 avril 2018 à Paris (Maison de la Recherche, Salle Athéna).

Bibliographie indicative

Becker H. S., 1988, Les mondes de l’art, Paris, Flammarion, 379 p.

Bouquillion P., Matthews J. T., 2010, Le Web collaboratif: mutations des industries de la culture et de la communication, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 150 p.

Bouquillion P., Miège B., Moeglin P., 2013, L'industrialisation des biens symboliques. Les industries créatives en regard des industries culturelles, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 252 p.

Chapelain B., 2017, « La participation dans les écritures créatives en réseaux : de la réception à la production », Le français aujourd’hui, n° 196, p. 45-56.

Cohendet P., Grandadam D. et Simon L., 2009, « Economics and the ecology of creativity: evidence from the popular music industry », International Review of Applied Economics, vol. 23, n° 6, p. 709-722.

Creton L., Kitsopanidou K. (dir), 2016, Crowdfunding, industries culturelles et démarche participative : de nouveaux financements pour la création, Brussels, Peter Lang, 192 p.

Crevoisier O. et Jeannerat H., 2009, « Les dynamiques territoriales de connaissance : relations multilocales et ancrage régional », Revue d’économie industrielle, n° 128, p. 77-99.

Forest C. (ed.), 2017, L’internationalisation des productions cinématographiques et audiovisuelles, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 291 p.

Graham J.et Gandini A., 2017, Collaborative Production in the Creative Industries, London , University of Westminster Press, 240 p.

Guibert G., 2016, « La scène comme outil d’analyse en sociologie de la culture », L’Observatoire, la revue des politiques culturelles, 2016, n° 47, p. 17-20.

Jenkins H., 2013, Textual poachers: television fans and participatory culture, New York, Routledge, 370 p.

Jenkins H., 2006, Convergence culture: where old and new media collide, New York, New York University Press, 353 p.

Kogan A-F. et Andonova Y., 2016, De l’injonction à la créativité à sa mise en œuvre : quel parallèle entre monde de l’art et monde productif ?, Actes de colloque, Avril 2015, Nantes, 168 p.

Lizé W., Naudier D. et Roueff O., 2011, Intermédiaires du travail artistique: à la frontière de l’art et du commerce, Paris, Ministère de la culture et de la communication, 263 p.

Mayer A. et Sauret N., 2017, « L’autorité dans Anarchy. Les constructions de l’autorité et de l’auctorialité dans un dispositif de production littéraire collaborative: le cas de l’expérience transmédia Anarchy.fr », Quaderni, n° 93, p. 63-73.

Menger P-M., 2005, Les intermittents du spectacle: sociologie d’une exception, Paris, Éd. de l’École des hautes études en sciences sociales, 286 p.

Menger P-M., 2002, Portrait de l’artiste en travailleur: métamorphoses du capitalisme, Paris, Seuil, 96 p.

Sagot-Duvauroux D., 2016, « Du cluster à la scène: l’encastrement des activités artistiques dans le territoire », L’Observatoire, la revue des politiques culturelles, n° 47, p. 10-13.

Lieux

  • 4 rue des irlandais
    Paris, France (75005)

Dates

  • dimanche 10 décembre 2017

Fichiers attachés

Mots-clés

  • culture, création, interaction, réseau, territoire

Contacts

  • réseau jeunes chercheur·e·s du LabEx ICCA
    courriel : rjc [dot] labexicca [at] gmail [dot] com

Source de l'information

  • Marion Ferrandery
    courriel : marionferrandery [at] gmail [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Participation, coopération et collaboration dans les secteurs culturels », Appel à contribution, Calenda, Publié le mercredi 18 octobre 2017, https://doi.org/10.58079/yjd

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