AccueilÉcole et pédagogie en Italie et en France de la fin du XIXe siècle à la seconde guerre mondiale : confrontations

AccueilÉcole et pédagogie en Italie et en France de la fin du XIXe siècle à la seconde guerre mondiale : confrontations

École et pédagogie en Italie et en France de la fin du XIXe siècle à la seconde guerre mondiale : confrontations

School and teaching methods in Italy and France from the late 19th century to WWII - confrontations

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Publié le jeudi 12 octobre 2017

Résumé

L’idée de confronter et de comparer le développement des système scolaires et éducatifs ainsi que les débats pédagogiques en Italie et en France, depuis la fin du XIXe siècle jusqu’à la seconde guerre mondiale, naît avant tout du constat selon lequel un travail approfondi de ce type n’a jamais été effectué jusqu’ici. Il s’agit donc de combler une lacune pour le moins étonnante, en particulier au regard des importantes affinités et des liens substantiels qui unissent les deux pays d’un point de vue historique et culturel – et ceci de façon encore plus marquée dans la période considérée.

Annonce

Argumentaire

L’année 1870 est une date fondamentale, tout autant dans l’histoire de l’unité nationale italienne avec la prise de Rome que dans l’histoire française, après la défaite contre la Prusse, l’écroulement de l’Empire, la tragédie de la Commune de Paris et la naissance de la Troisième République. Après cette date, si l’on considère les questions institutionnelles comme les itinéraires théoriques liés à l’éducation dans les deux pays, des traits communs non négligeables semblent affleurer, comme par exemple l’impact des idéologies et des forces d’inspiration laïques et radicales (et de la franc- maçonnerie) dans l’approche et l’organisation des politiques liées à l’instruction publique, tout du moins jusqu’à la Première Guerre mondiale.

Autour de la question de la circulation des idées, ensuite, on peut relever l’influence et l’impulsion qu’exercèrent, au tournant du XXe siècle, tout d’abord le positivisme, puis la renaissance de l’idéalisme et le spiritualisme (mais aussi le conventionnalisme, ou la pensée de personnalités telles que Georges Sorel) sur les milieux philosophiques italiens, un contexte qui justifie l’étude de ces échanges intellectuels sur les études pédagogiques. Des perspectives de recherches similaires, tout aussi intéressantes et prometteuses, peuvent être observées dans la période de l’entre-deux guerres. Pour une première approche de cette thématique complexe seront tout d’abord adoptés les trois angles suivants :

  • Ecole et politique (institution, partis, idéologies) dans l’histoire de l’Italie et de la France,
  • Les pédagogies nouvelles en Italie et en France
  • La formation artistique et l’éducation esthétique dans les écoles italiennes et françaises.

Organisés en collaboration entre l’Université de Nice Sophia Antipolis (Christel Taillibert) et l’Université de l’Aquila (Marco Antonio d’Arcangeli), ces séminaires se dérouleront dans les deux villes, rassemblant des chercheurs français et italiens travaillant sur ces questions.

Programme des séances

Vendredi 3 février 2017

(Nice)

  • « Education et construction symbolique de la nation »

Jeudi 11 mai 2017

(L’Aquila)

  • « Le rôle des femmes dans la pensée éducative »

Jeudi 19 octobre 2017

(Nice)

« Débats sur la laïcité en France et en Italie :conséquences sur la sphère éducative »

  • 14h00 – Marco Antonio D’Arcangeli (Università degli Studi dell’Aquila) / Christel Taillibert (UNS/ LIRCES) : Propos introductifs
  • 14h15 – Henri Pena-Ruiz (IEP de Paris) : « Ecole et laïcité en France : les moments fondateurs »

Si la monarchie de l’Ancien Régime, fondée sur le principe d’honneur entendu comme respect du rang, nécessite l’intériorisation d’une logique de soumission à la hiérarchie, la république démocratique, qui met en jeu l’amour des lois et de l’égalité, confère un rôle essentiel à l’éducation, comme l’a initialement mis en évidence Montesquieu. Condorcet, chargé par la Révolution Française de concevoir une école publique propre à promouvoir les principes de la République, va concevoir l’école publique comme une institution d’instruction destinée à promouvoir l’autonomie de jugement des futurs citoyens et par là même la force de la République, fondée sur la détermination de ses citoyens à la défendre. Avec Jules Ferry, la réalisation institutionnelle du projet de Condorcet va déboucher sur la mise en œuvre d’une déontologie laïque des enseignants et d’une attitude de retenue laïque des élèves. Il s’agit en effet de préserver le lieu et le temps de l’école de tout groupe de pression non par attitude liberticide, mais par souci de la sérénité et de l’indépendance du processus d’émancipation intellectuelle et culturelle mené à bien par l’Ecole.

Henri Pena-Ruiz est Maître de conférences à l’IEP de Paris. Agrégé de l’Université, Docteur en philosophie, il est un ancien membre de la commission Stasi sur l’application du principe de laïcité dans la République. Il est, entre autres, l’auteur de Dieu et Marianne : philosophie de la laïcité (1999), La Laïcité pour l’égalité (2001), Qu’est-ce que la laïcité ? (2003), Histoire de la laïcité, genèse d’un idéal (2005).

  • 15h00 – Carmen Betti (Università di Firenze) : « De Porta Pia aux accords du Latran : croissance et déclin de la laïcité à l’école »

L’enseignement de la religion à l’école fut, en Italie, au centre de nombreux débats, et fut caractérisé, depuis le Risorgimento jusqu’au fascisme, par une instabilité récurrente, offrant un véritable sismographe du niveau de laïcité. Pendant le gouvernement de Giolitti, le thème de la laïcité et en particulier celui de l’abolition de l’enseignement religieux, a constitué le cœur de la lutte entreprise par les forces démocrates-sociales, contre les forces liées des modérés, laïcs comme catholiques. Cette présentation approfondira la nature de ces débats, jusqu’à la signature des Accords du Latran en 1929.

Enseignant-chercheur retraitée de l’Université de Florence, Carmen Betti est spécialisée dans l’Histoire de la Pédagogie. Elle est l’auteur de nombreux ouvrages sur le sujet, parmi lesquels La religione a scuola fra obbligo e facoltatività (1989), Sapienza e timor di Dio. La religione a scuola nel nostro secolo (1992)… Elle a récemment codirigé l’ouvrage Educazione, laicità e democrazia. Tra le pagine di Antonio Santoni Rugiu (1994).

  • 15h45 – Pascal Laborderie (Université de Reims Champagne Ardenne) : « Cinéma éducateur et laïcité dans l’entre-deux-guerres en France »

Dans l’entre-deux-guerres en France, un réseau d’éducation sanitaire par le cinéma se constitue sous le nom de cinéma éducateur laïque. Animé par les instituteurs de l’école laïque et orchestré par la Ligue de l’enseignement, ce cinéma se développe en raison du travail conjoint des associations et des parlementaires, qui appartiennent au monde de l’éducation populaire laïque. De ce point de vue, les films de Jean Benoît-Lévy constituent les fers de lance d’un cinéma qui, tout en menant une action éducative, participe d’une propagande républicaine et prépare l’avènement du Front populaire. Après avoir décrit et expliqué l’émergence de ce réseau, nous reviendrons sur la définition sociopolitique que peut y prendre la notion de laïcité. Enfin, nous étudierons plus dans le détail une des idées défendues dans ce contexte : l’évolution de la place de la femme dans la société.

Pascal Laborderie est maître de conférences en Sciences de l’Information et de la Communication et membre du Centre d’Études et de Recherches sur les Emplois et les Professionnalisations (EA 4692 - CÉREP) à l’Université de Reims Champagne-Ardenne. Historien du cinéma éducatif, il a publié de nombreux ouvrages et articles sur l’histoire de l’éducation populaire par le cinéma.

  • 16h30 – Antonia Criscenti (Université de Catania) : « Liberté d’enseignement et sciences de l’éducation : la polémique Quinet/Michelet et le positivisme italien »

L’intérêt que représente ce débat se justifie en raison de sa brûlante actualité : l’intervention de l’Etat en faveur des écoles privées, les variations de l’opinion publique entre le choix du privé ou du public dans le secteur éducatif, la montée en puissance des projets politiques de renouvellement du système scolaire… La querelle sur l’égalité des chances, prise à son origine, peut offrir des espaces de réflexion utiles pour constituer une synthèse des controverses culturelles et éducatives de l’époque. La polémique sur la liberté de l’enseignement, lancée par Edgar Quinet et Jules Michelet, voit s’opposer les arguments de ceux qui soutiennent la laïcité, comme essentielle à la démocratie, dans un sens plus anti-jésuite qu’anti-chrétienne, et ceux qui, au contraire, proposent le retour à l’hégémonie doctrinale des Jésuites.

Antonia Criscenti est Professeur à l’Université de Catania, en Histoire de la Pédagogie. Elle fut membre du Conseil de direction du Centre italien pour la recherche historico-éducative. Ses principaux champs de recherche sont centrés sur le débat sur l’instruction publique en France au XVIIIe et XIXe siècle et sur l’approche sociale de l’histoire de l’éducation et de la pédagogie. Parmi ses travaux récents, on peut citer : L’immaginario sociale nella tradizione della storia e della cultura europee, Bonanno, Acireale-Roma 2016 ; A proposito dell’History Manifesto. Nuove tendenze per la ricerca storico-educativa, Fondazione Nazionale “Vito Fazio-Allmayer”, Palermo 2016 (dir.); La libertà d’insegnamento nel dibattito politico della Francia post-imperiale. Edgar Quinet e Jules Michelet, (en préparation).

  • 17h15 - Discussion : France / Italie, dialogues et transferts

Lundi 23 avril 2018, 14h00-18h00

Lieu : reste inchangé

« L’instruction artistique / l’éducation esthétique : débats transalpins »

14h00 – Marco Antonio D’Arcangeli (Università degli Studi dell’Aquila)  / Christel Taillibert (Université Nice Sophia Antopolis/ LIRCES) : Propos introductifs

14h15 – Serge Milan (Université Nice Sophia Antipolis): « La pédagogie utopique des avant-gardes »

Si les avant-gardes artistiques ont valorisé l'enfance à divers degrés, c'est que celle-ci leur offrait un modèle idéal à la fois poétique, éthique et cognitif, en mesure de contribuer à leur élaboration d'un "homme nouveau". Ainsi, les artistes et poètes du Futurisme, du Cubo-futurisme, de Dada ou du Surréalisme partagent le rêve d'une nouvelle humanité tour à tour ludique et créative, joyeusement cruelle et intuitivement bricoleuse, oublieuse et poétique, savante d'analogies plutôt que de syllogismes. En retour, leurs projets pédagogiques sont à la fois fonction de cette image de l'enfance et de leur volonté violente de rupture avec l'enseignement de l'école bourgeoise : ainsi par exemple pour Palazzeschi, Balla ou Munari, ou bien encore Rodchenko et Tetriakov, sans même évoquer Tzara, Breton ou Aragon, nous nous proposons de revenir sur quelques unes de ces pédagogies avant-gardistes et d'en souligner, dans leurs spécificités respectives, les points communs et la portée à la fois utopique et critique.

Serge Lorenzo Milan est agrégé d'Italien et Maître de Conférences à l’Université Nice Sophia Antipolis en langue, littérature et civilisation italiennes. Ses publications concernent essentiellement le Futurisme et les avant-gardes européennes (cf. L’antiphilosophie du Futurisme. Propagande, idéologie et concepts dans les manifestes de l’avant-garde italienne, Lausanne, L’Âge d’Homme, 2009). Il est rédacteur de la revue électronique Les Cahiers de Narratologie.

15h00 – Stefano Lentini (Università di Catania) : « Contribution de l’art à la fabrique du consensus »

Nombreuses sont, encore aujourd’hui, les interrogations sur la nature du fascisme et en particulier sur l’existence d’une idéologie et d’une culture fasciste. Pour y répondre, il est important de prendre en considération, au-delà des institutions éducatives, quelques expressions culturelles auxquelles eut recours le régime pour construire le consensus politique, dont l’art, le cinéma, le théâtre et l’architecture : plus qu’une élaboration par le biais de théories, l’idéologie fasciste fut presque toujours exprimée « esthétiquement ». Parallèlement, à l’occasion du passage d’une « école élitiste » voulue par Gentile à une « école du travail » imaginée par Bottai, un débat particulièrement riche fut développé à propos de l’éducation artistique, tout d’abord dévolue à « l’art pur » des Lycées artistiques de Gentile, puis orientée vers « l’art appliqué » des Instituts d’art de la « Carte de l’école ».

Stefano Lentini, docteur en Fondements et méthodes des processus de formations, est chercheur en Histoire de la pédoagogie auprès du Départemnet des Sciences de la formation de l’Université de Catania. Auteur de : (avec A. Criscenti, dir), L’immaginario sociale nella tradizione della storia e della cultura europee, Bonanno Editore, Acireale- Roma, 2016 ; Lumi, arte, rivoluzione in Spagna. La «pedagogia sociale» di Francisco Goya y Lucientes, Unicopli,  Milano 2015; La rieducazione minorile negli anni del fascismo in Italia. Immagini dall'archivio dell'Istituto Luce, in «Quaderni di intercultura »,2016.

15h45 – Nicolas Palluau (Université d’Avignon) : « Marionnettes et éducation au XXe siècle, un état des lieux autour de l’école »

Dans l'école primaire de la IIIe République, la part marginale des marionnettes peut s'expliquer par le trouble que jette l'agitation et l'émotion des comédiens de bois semblant imiter les enfants les plus dissipés. L'institution ne peut pas fonder l'édification morale des élèves sur un tel comportement, d'autant que la création populaire du Guignol lyonnais construit sa réputation en rossant les gendarmes et en ridiculisant la justice. A côté de la mise en scène du renversement de l'ordre social, Collodi avec son Pinocchio se montre très respectueux de ces institutions. Le pantin de bois peut servir de modèle car, en face de lui, les institutions sociales de soin, d'éducation et de répression jouent leur rôle. En France c'est donc hors de l'école que les marionnettes rentrent dans l'outillage des pédagogues. Nous cherchons à comprendre comment, à partir de la décennie 1930, l'émotion et le mouvement des marionnettes servent un désir nouveau d'éducation. L'éducation nouvelle, le scoutisme et les colonies de vacances sont à regarder comme lieu de légitimation et de transformation de l'art populaire des marionnettes.

Nicolas Palluau, docteur en histoire culturelle, est chercheur associé à l’université d’Avignon Centre Norbert Elias UMR 8562 et à l’Équipe de Recherche en HIstoire Sociale de l'Éducation (ERHISE) de l’université de Genève. Ses recherches portent sur les interactions entre l’école et la culture éducative des mouvements éducatifs comme conditions de la rénovation scolaire au xxe siècle. Il a publié La Fabrique des pédagogues. Encadrer les colonies de vacances 1919-1939 (PUR, 2013) et a codirigé Louis François et les frontières scolaires. Itinéraire pédagogique d’un inspecteur général (1904-2002) (PUR, 2014) ainsi qu’une vingtaine d’articles.

16h30 – Livia Romano (Università di Palermo) : « Pratiques politiques et éducation esthétique dans le cinéma italien de l’entre-deux guerres »

Au cours du ventennio fasciste, le cinéma s’impose aux spectateurs italiens comme un dispositifs de propagande qui, à travers l’utilisation des images en mouvement, « gouverne leur regard ». Après l’avènement du sonore, à partir des années trente, la politique d’intervention du régime fasciste promeut, en effet, toute une série d’initiatives qui firent du cinéma un instrument de propagande et « l’arme la plus forte », qui travaillait l’imaginaire collectif afin de construire le consensus. Il s’agit d’une expérience d’éducation esthétique qui fit du cinéma un art populaire capable d’agir sur les opinions, les goûts, les valeurs, les attitudes, les modes de vie dans le sens de l’idéologie du régime.

Livia Romano est chercheuse en Histoire de la pédagogie à l’Université de Palerme, où elle enseigne l’Histoire de la pédagogie et l’histoire de l’école. Ses travaux portent sur l’éducation dans la famille dans les années cinquante à travers le cinéma, sur l’histoire de la formation et du travail au XIXe siècle (Don Bosco) et dans la seconde partie du XXe siècle (Adriano Olivetti), et sur les questions d’épistémologie historico-éducative. Parmi ses publications : La pedagogia di Aldo Capitini e la democrazia. Orizzonti di formazione per l'uomo nuovo, FrancoAngeli 2014; Capitini. Educazione, religione, nonviolenza, La Scuola 2016.

17h15 - Discussion : France / Italie, dialogues et transferts

Conception et organisation du séminaire

Christel Taillibert et Marco Antonio D’Arcangeli

Lieux

  • Salle du Conseil, UFR LASH - 98 boulevard Edouard Herriot
    Nice, France (06)

Dates

  • vendredi 03 février 2017
  • jeudi 11 mai 2017
  • jeudi 19 octobre 2017
  • lundi 23 avril 2018

Mots-clés

  • école, pédagogie

Contacts

  • Christel Taillibert
    courriel : christel [dot] taillibert [at] univ-cotedazur [dot] fr

Source de l'information

  • Solen Cozic
    courriel : solen [dot] cozic [at] univ-cotedazur [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« École et pédagogie en Italie et en France de la fin du XIXe siècle à la seconde guerre mondiale : confrontations », Séminaire, Calenda, Publié le jeudi 12 octobre 2017, https://doi.org/10.58079/yl5

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