AccueilJournée doctorale du Centre de recherche sur les civilisations de l'Asie orientale

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Journée doctorale du Centre de recherche sur les civilisations de l'Asie orientale

Eastern Asia civilisation doctoral research day at the Centre de recherche sur les civilisations de l'Asie orientale

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Publié le mercredi 25 octobre 2017

Résumé

La IVe journée doctorale du Centre de recherche sur les civilisations de l'Asie orientale se tiendra le jeudi 9 novembre à la Maison de l'Asie à Paris (75016). Les aires culturelles concernées sont celles de la Chine, du Japon et du Viêt-Nam.

Annonce

Programme

10h00 – 10h15 : Introduction

Session 1 : Littératures modernes et contemporaines 

Discutants : Daniel Struve et Xu Shuang

  • 10h15 – 11h00 Anna Maria Cavalletti - Voyageurs chinois face au défi de la modernité : entre fascination et mépris

Au cours des dernières décennies de la dynastie Qing (1644-1911), la présence occidentale en Chine fait surgir un profond questionnement autour d’un nouvel ordre du monde au sein duquel la Chine n’est plus au centre. Ainsi, des voyageurs chinois, volontairement ou par contrainte, prirent la route vers l’Occident afin de mieux connaître cette réalité qui remettait en question le système de l’empire et de la société chinoise. Ces voyages marquèrent-ils le cheminement chinois vers la modernité ? Quel type de réflexion sur la Chine la découverte de villes, institutions, nouveautés technologiques et mode de vie de l’Occident révèle-t-elle ? A travers la lecture de quelques passages du Lúndūn yǔ bālí rìjì 伦敦与巴黎日记, Journal de Londres et de Paris de Guo Songtao 郭嵩 焘 (1818-1891), du Xīyáng zázhì 西洋杂志, Carnet de notes sur l’Occident de Li Shuchang 黎庶昌 (1837-1896) et du Guǐ mǎo lǚxíng jì 癸卯旅行记, Récit du voyage de 1903 de Shan Shili 单士厘 (1856-1943), femme voyageuse, nous examinerons les différentes approches et réactions des voyageurs chinois face à la société occidentale. Nous verrons ainsi par quels éléments ils sont attirés et ceux qu’ils méprisent. Cela nous permettra aussi de reconstruire le scénario complexe dans lequel s’inscrit le parcours chinois vers la modernité et vers la prise de conscience de son identité comme une nation, et un peuple, parmi d’autres.

  • 11h00 – 11h45 Junxian Liu - Gu Cheng 顾城 (1956 - 1993) : « Chercher la lumière avec ses yeux noirs »

Gu Cheng, né à Pékin, est le fils du poète Gu Gong. Il n’avait que dix ans lorsque la Révolution culturelle a éclaté. D’après son témoignage dans Gu Cheng zhesi lu 顾城哲思录, Pensées philosophiques de Gu Cheng, il a été impressionné par la violence des Gardes rouges et des groupes révolutionnaires. Par la suite, il suit son père, envoyé dans la campagne de la province du Shandong. Il y restera cinq ans sans être scolarisé. Il commence dès cette époque à écrire de la poésie et se fera connaître au tournant des années quatre-vingt comme l’un des représentants du courant de la « poésie obscure » après être revenu à Pékin. En 1987, il est invité en Europe et aux USA. En 1988, il enseigne la littérature chinoise classique en Nouvelle Zélande. En 1992, il effectue un nouveau voyage en Europe et aux USA. Il se suicide en Nouvelle Zélande après avoir tué sa femme Xie Ye 谢烨 en 1993, qui a aussi écrit des poèmes et des essais touchants. La violence de la Révolution culturelle a-t- elle laissé des traces dans sa poésie ? La création poétique précoce du poète adolescent à la campagne est-elle une fuite dans l’utopie ? En tant que poète déjà reconnu en Chine, pourquoi a-t- il décidé de s’installer dans une île et d’être la seule personne qui refuse d’apprendre l’anglais ? Plusieurs poètes et écrivains chinois de sa génération lui ont rendu visite sur l’île ; quelles sont les impressions qu’il a laissées à ses confrères ? Gu Cheng n’est pas le seul poète qui ait fui la mainmise du Parti communiste, quels sont les destins de ces rebelles ?

  • 11h45 – 12h30 Fumiko Sugie - Rupture et narration : une réflexion sur la littérature issue de la catastrophe du 11 mars 2011 à travers les romans de Saeki Kazumi et de Furukawa Hideo

La triple catastrophe de 2011 au Japon, par son effet de choc et de rupture, a profondément modifié notre rapport au temps. Certains romans, dont non seulement la narration mais aussi la rédaction, chevauchent les deux périodes antérieure et ultérieure au 11 mars, et portent cette rupture au sein de leur écriture. C’est le cas de Kaerenu ie, La Maison où je ne peux plus retourner de Saeki Kazumi (né en 1959), résidant à Sendai, et de Dogmother de Furukawa Hideo (né en 1966), originaire de Fukushima. Si Saeki a directement vécu le changement dans sa vie quotidienne, scène principale de son roman, Furukawa s’est très vite rendu dans le Tôhoku, considérant comme son devoir de répondre à l’inimaginable par l’imagination. Comme s’ils ne pouvaient pas empêcher la catastrophe d’aspirer leur univers romanesque, avant même de se poser la question de la légitimité d’écrire sur ce sujet. Cela exprime l’importance de l’impact de l’événement et l’enchevêtrement complexe entre la vie et l’œuvre. La comparaison de leurs romans, encore peu étudiés et inédits en français, nous permettra d’observer les déchirures inscrites dans la continuité du récit, et les moments problématiques où la catastrophe naturelle, dans sa cause, évolue progressivement vers une catastrophe humaine et inouïe aux conséquences interminables. Malgré leur style très différent, les œuvres de Saeki et de Furukawa ont un motif commun caractérisé par un mouvement circulaire de retour et de retournement, dont nous allons essayer de montrer ici le sens symbolique et la portée éthique.

12h30 – 14h00 Pause déjeuner

Session 2 : Culture matérielle

Discutants : Annick Horiuchi et Philippe Papin

  • 14h00 – 14h45 Soizik Bechetoille - La reconstruction au Japon, le cas du Heian Jingū 平安神宮

Pour comprendre le phénomène de reconstruction au Japon, il est nécessaire de se poser au préalable la question de la nature des vestiges architecturaux. La construction bois permet, lorsqu’un bâtiment n’est plus utilisé, d’être démonté, reconstruit, démantelé, partiellement réutilisé, détruit ou abandonné… Avec le temps, il va se dégrader et disparaître complètement par pourrissement. Les traces qui restent alors, enfouies dans le sol de ces bâtiments, sont extrêmement fragiles. Nous présenterons ici la construction de l’actuel sanctuaire d’Heian en 1895 pour la commémoration du 1100e anniversaire de l’établissement de la capitale à Heian, aujourd’hui Kyoto. Il s’agissait d’une commande censée reproduire, en parti, le Daigokuden’in (Complexe de la salle d’audience du Palais Imperial) pour la quatrième « Exposition industrielle nationale » 内国勧業博覧会Naikoku kangyô hakurankai[1]. Cette reproduction à une échelle réduite (5/8) du Daigokuden大極殿 (pavillon de l’extrême suprême) du Palais impérial de Heiankyō 平安京 (794), l’ancienne Kyoto, a été construit selon les plans de Itō Chūta伊東忠太 (1867-1954). Le statut de ce bâtiment n’est donc pas strictement une reconstruction au sens où cela a été précédemment défini, pourtant, cet exemple est une bonne introduction au problème même de la reconstruction car il pose les principes de la transmission de forme dans l’architecture japonaise.

  • 14h45 – 15h30 Clémence Le Meur - Reconstitution du système d’organisation social de la culture de Đông Sơn : potentiel informatif d’un corpus d’artéfacts en bronze 

L’âge du Fer (500 av. J.-C. - 500 apr. J.-C.), en Asie du Sud-Est, est une période de bouleversements socio-économiques qui se traduit par l’expansion du nombre de biens manufacturés et l’émergence de centres de pouvoir régionaux hiérarchisés. La différenciation sociale est plus marquée, l’acquisition de ces biens de valeur sert à assoir l’autorité d’une catégorie réduite de la population. Au Vietnam, une entité géographique et humaine se distingue au nord : la culture de Đông Sơn. Cette culture archéologique est connue par son mobilier en bronze, notamment par ses grands tambours. Il existe des tambours miniatures répliques de leurs grands modèles, comportant une forme et des décors similaires. Ils sont également issus de contextes funéraires. Contrairement à leurs grands modèles, ils sont circonscrits au nord du Vietnam et sont moins nombreux. Leur usage est donc différent, une des questions sera pour moi de préciser leur fonction. L’analyse intrinsèque des objets permettra de déterminer la source du minerai et comment ces objets sont fabriqués. Nous nous intéresserons donc à l’économie de ce groupe humain, mais aussi à son organisation sociale, par les informations tirées du contexte de découverte, en tentant de déterminer la place des artisans et pour qui étaient destinées ces pièces prestigieuses. L’influence de l’Empire Han sera à prendre en considération, car dès 111 av. EC, la région nord de l’actuel Vietnam en faisait partie.

15h30 – 16h00 Pause-café

Session 3 : Carrière officielle et faits de société

Discutants : Matthias Hayek et Alice Travers

  • 16h00 – 16h45 Alice Crowther - Faire carrière dans l’administration des terrains de chasse impériaux sous les Qing

Ce papier donnera les premiers résultats d’une étude prosopographique des principaux administrateurs des terrains de chasse impériaux de Chengde et de Shengjing pendant la période où les empereurs de la dynastie des Qing (1636 – 1911) chassaient régulièrement sur ces terrains, c’est à dire sous les règnes de Kangxi (1662 – 1722), Yongzheng (1723 – 1735), Qianlong (1736 – 1795), et Jiaqing (1796 – 1820). La gestion de ces terrains de chasse était exclusivement confiée à des mandchous et des mongols, d’abord de façon ad hoc – avec la charge d’organiser l’administration du terrain de Chengde et d’y nommer le personnel donné à des princes mongols qui étaient membres des familles influentes de la région ainsi que liés à l’empereur en tant que gendres impériaux – et après avec l’incorporation de leur administration dans le système des huit bannières, et plus tard sous le Lifanyuan 理藩院. Les administrateurs de ces terrains de chasse étaient amenés à avoir des interactions fréquentes avec l’empereur et avec son entourage proche lors de la saison automnale des chasses, dans un cadre moins formel et plus intime que celle de l’étiquette stricte de la vie de la Cour à Pékin. Puisant sur l’ensemble des informations biographiques que j’ai pu recueillir– biographies dans le Qingshi gao 清史稿, Esquisse de l’histoire officielle des Qing, mentions dans les annales véridiques et dans les archives des Qing, biographies inscrites sur pierre ou publiées dans des recueils littéraires – j’offre une analyse des origines de ces administrateurs et des trajets de leurs carrières avant et après leur nomination dans l’administration cynégétique des Qing, montrant les possibilités d’avancement et du rapprochement du pouvoir offertes, en dehors du système des examens, par ces postes.

  • 16h45 – 17h30 Sarah Vallette d’Osia - Entre domesticité et esclavage : les courtisanes et le système de prostitution licenciée dans le Japon d’Edo (XVIIe-XIXe) 

Dans le cadre du système de prostitution licenciée (公娼制度, kôshô-seido) mis en place par le gouvernement d’Edo au début du XVIIe siècle, la courtisane (遊女, yûjo) était considérée comme appartenant à la domesticité. Il s’agissait d’un « état statutaire » (身分状態, mibun-jôtai) temporaire qu’il était théoriquement possible de quitter au terme de ses années de service afin de réintégrer son statut et sa communauté d’origine. Cependant, bien que liée à son employeur par le biais d’un contrat de domesticité à durée déterminée (年季奉公契約, nenki-hôkô-keiyaku), la courtisane ne percevait qu’une très faible partie de ses gains et se voyait également confinée au sein d’un quartier réservé dont elle ne pouvait sortir librement. De la même façon, elle était forcée de travailler jusqu’à ce que sa dette, soit la somme correspondant à ses services futurs, payée d’avance à sa famille au moment de la signature du contrat, ait été entièrement remboursée. Pourtant, le gouvernement d’Edo ne semble pas avoir considéré cette forme de transaction comme du commerce d’êtres humains (人身売買, jinshin-baibai), ni le fait que les courtisanes soient privées de liberté et forcées à travailler sans percevoir de revenu comme une forme d’esclavage.

En adoptant le point de vue de l’histoire sociale et de celle des femmes, nous aimerions proposer une réflexion concernant la nature du kôshô-seido en lien avec les notions de domesticité, de jinshin-baibai et d’esclavage.

[1] En 1877, la première « Exposition industrielle nationale » se déroula à Tokyo dans le parc d’Ueno.

Catégories

Lieux

  • Grand Salon (1er étage) - 22 boulevard du Président Wilson
    Paris, France (75016)

Dates

  • jeudi 09 novembre 2017

Fichiers attachés

Mots-clés

  • Chine, Japon, Viêt-Nam, doctorant

Contacts

  • Aude Lucas
    courriel : aude [dot] lucas [dot] xz [at] icloud [dot] com
  • Emanuela Garatti
    courriel : egaratti [at] gmail [dot] com

Source de l'information

  • Aude Lucas
    courriel : aude [dot] lucas [dot] xz [at] icloud [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Journée doctorale du Centre de recherche sur les civilisations de l'Asie orientale », Journée d'étude, Calenda, Publié le mercredi 25 octobre 2017, https://doi.org/10.58079/ylv

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