AccueilGenre, égalité de droit et inégalités de fait. Discrimination indirecte et transversale

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Genre, égalité de droit et inégalités de fait. Discrimination indirecte et transversale

Gender, equality in law and de facto inequalities. Indirect and transversal discrimination

Les dispositifs, entre sphère professionnelle et sphère familiale

Available systems between the professional and family spheres

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Publié le mercredi 08 novembre 2017

Résumé

L’objectif de ce colloque est double. Il s’agit d’une part de mettre en discussion les recherches récentes menées dans une perspective de genre dans les différentes disciplines des sciences humaines et sociales sur les questions travaillées dans l’axe 3 du programme GEDI, et d’autre part, d’ouvrir la réflexion sur les projets de recherche sur le genre, à l’Université de Nantes, pour les années à venir. Les recherches menées dans l’axe 3 du programme GEDI « Égalité de droit, inégalités de fait : travail, emploi, territoires, politiques publiques » se sont attachées principalement à la question des discriminations indirectes, en considérant que, malgré la proclamation de l’égalité de droit entre les hommes et les femmes par les systèmes juridiques des différents pays occidentaux, la persistance des inégalités de fait était constatée dans de nombreux domaines, à la fois en termes de pouvoir, de ressources économiques, et de reconnaissance sociale. C’est ainsi principalement la « discrimination indirecte », ou même « systémique », saisie en termes de processus, qui a été envisagée par les différentes enquêtes de terrain de l’axe.

Annonce

Argumentaire

L’objectif de ce colloque est double. Il s’agit d’une part de mettre en discussion les recherches récentes menées dans une perspective de genre dans les différentes disciplines des sciences humaines et sociales sur les questions travaillées dans l’axe 3 du programme GEDI, et d’autre part, d’ouvrir la réflexion sur les projets de recherche sur le genre, à l’Université de Nantes, pour les années à venir.

Les recherches menées dans l’axe 3 du programme GEDI « Égalité de droit, inégalités de fait : travail, emploi, territoires, politiques publiques » se sont attachées principalement à la question des discriminations indirectes, en considérant que, malgré la proclamation de l’égalité de droit entre les hommes et les femmes par les systèmes juridiques des différents pays occidentaux, la persistance des inégalités de fait était constatée dans de nombreux domaines, à la fois en termes de pouvoir, de ressources économiques, et de reconnaissance sociale. C’est ainsi principalement la « discrimination indirecte », ou même « systémique » (Lanquetin, 2005 ; Burri, 2011), saisie en termes de processus, qui a été envisagée par les différentes enquêtes de terrain de l’axe. Elles se sont focalisées particulièrement sur la frontière et l’articulation entre sphère publique et sphère privée dont l’ensemble des recherches antérieures ont montré l’importance en matière d’égalité de genre.

Ainsi par exemple, alors que les politiques publiques d’égalité ciblent le plus souvent la dimension publique des discriminations de genre, les recherches sur les violences à l’égard des femmes (ENVEFF, 2000 ; Jaspard, 2001 ; Lieber, 2008, Debauche et al., 2017) ont montré que, en France comme dans les autres sociétés occidentales, c’est dans la sphère privée que se situent les principaux risques de déploiement d’une violence dont les répercussions sont nombreuses pour les femmes, que ce soit dans leur vie privée, ou dans la sphère publique, en termes d’accès au logement, à l’emploi, ou plus largement, de liberté et d’autonomie. De même, dans le domaine du travail et de l’emploi, les politiques visant l’égalité, notamment salariale, se heurtent de façon récurrente à la problématique de la « conciliation » entre vie privée et vie professionnelle, dont on sait à quel point elle est réductrice (Lapeyre et Le Feuvre, 2004), mais dont la charge reste, quoi qu’il en soit, socialement attribuée aux femmes (Aliaga, 2005 ; Gregory et Milner, 2006 ; Le Bihan-Youinou et Martin C., 2006 ; Davoine et Erhel, 2007 ; Boyer et Nicolas, 2008 ). Ces constats posent la question des types de dispositifs et plus largement, des moyens dont disposent les pouvoirs publics, ou les différents acteurs et actrices, individuels ou collectifs, aux différentes échelles territoriales, pour lutter contre des inégalités inscrites non seulement dans l’espace public, mais aussi dans l’intimité de la vie familiale.

Certains dispositifs ont été élaborés dans un objectif explicite d’égalité, il semble donc important d’évaluer les effets de leur mise en oeuvre. Mais d’autres ont pu viser des objectifs très différents, tout en ayant un fort impact en termes de genre. Par exemple, les politiques de prise en charge des personnes âgées dépendantes n’ont pas été conçues dans un objectif d’égalité hommes-femmes. Mais étant donnés les inégalités de genre existantes aux âges élevés (plus de femmes plus âgées, plus souvent isolées, plus dépendantes, et disposant de moins de ressources économiques) et les modes d’investissement différents dans la solidarité familiale des plus jeunes, ces politiques ne peuvent manquer d’avoir des effets sur la situation respective des un.e.s et des autres. Les différentes sessions du colloque s’intéresseront donc à ces différents types de dispositifs, en considérant l’impact de leur mise en œuvre effective sur l’inégalité de genre, quel que soit leur but affiché.

Du fait de leur socialisation différenciée, les acteurs et actrices sociaux eux.elles-mêmes tendent à se conformer plus ou moins à des normes de genre qui traversent les différentes dimensions de leur vie sociale, tant en public qu’en privé. Ils et elles usent aussi, plus ou moins, des différents dispositifs institutionnels mis à leur disposition par les pouvoirs publics ou par des organisations privées. Il s’agit donc aussi d’observer et de comprendre les effets de « réflexivité institutionnelle » (Goffman, 2002[1977]), et de décrire comment hommes et femmes infléchissent, ou pas, la « discrimination systémique » inscrite dans les institutions structurant la vie sociale. Plusieurs enquêtes menées par les chercheur.e.s de l’axe 3 de GEDI ont permis de repérer des processus à l’œuvre dans la reproduction, ou au contraire dans le contournement, de la domination de genre. Par exemple, les trajectoires biographiques de salarié.e.s et de dirigeant.e.s de deux entreprises familiales ont été analysées, faisant apparaître l’articulation des normes liées au monde du travail et à la sphère privée familiale. Ce sont aussi les pratiques de GRH de plusieurs collectivités locales qui ont pu être observées.

Ce colloque, organisé sur 2 jours (16-17 novembre 2017) ne permettra pas de traiter l’ensemble de ces questions. Mais il ambitionne d’éclairer la question des « dispositifs » produits par les politiques publiques ou par des acteurs privés, en focalisant sur plusieurs recherches récentes menées dans le cadre de l’axe 3 du programme GEDI, ou par des chercheur.e.s invité.e.s, en rapport avec l’(in)égalité de genre. Il s’agira également d’opérer un retour réflexif sur les questions méthodologiques et conceptuelles soulevées par ces recherches. Quatre sessions seront organisées : une première session portera sur les dispositifs, apparemment « neutres », élaborés sans visée explicite d’égalité de genre et montrera leurs effets en termes de genre ; la deuxième session interrogera l’impact en la matière de divers dispositifs conçus explicitement dans un objectif d’égalité ; la troisième session élargira la perspective en questionnant la manière dont les acteurs et actrices sociales perçoivent, utilisent et sont influencé.e.s, ou non, par divers types de dispositifs et/ou par les normes sociales ; enfin, une dernière session, portant plus particulièrement sur les dispositifs liés aux technologies numériques présentera des recherches sur les effets de ces dernières en termes d’égalité de genre et devra permettre aussi d’esquisser des pistes de recherche sur le genre dans les sociétés de l’information.

Éléments de bibliographie

  • Aliaga C. (2005), "Conciliation entre vie professionnelle et vie familiale : des écarts entre les femmes et les hommes", Statistiques en bref, n°4-2005.
  • Bereni L., Chappe V.-A. (2011), "La discrimination, de la qualification juridique à l'outil sociologique", Politix, n°94, pp.7-34
  • Boyer D., Nicolas M. (2008), "La conciliation dans les entreprises : une mise en œuvre sexuée ?" Recherches et Prévisions, n°87.
  • Burri S. (2011), "La conciliation de la vie professionnelle, privée et familiale. L'approche juridique de l'Union européenne", in Les discriminations entre les femmes et les hommes. Presses de Sciences Po, Milewski et Périvier (dir), pp. 253-280.
  • Davoine L., Erhel C. (2007), "La qualité de l’emploi en Europe : une approche comparative et
  • dynamique", Economie et statistique, n°410.
  • Debauche A., Lebugle A., Brown E. et al. (2017), « Enquête Virage et premiers résultats sur les violences sexuelles », Document de travail, n° 29, Ined
  • Fassin E., Halperin J-L., Discriminations : Pratiques, savoirs, politiques, La documentation française, (2008).
  • Gregory A., Milner S. (2006), "Les entreprises et la conciliation de la vie professionnelle et de la vie familiale - Vers le modèle du « père au travail » ?" Recherches et Prévisions, n°85.
  • Jaspard M. (2001), "Nommer et compter les violences envers les femmes : une première enquête nationale en France", Population et sociétés, n°364.
  • Lanquetin, Marie-Thérèse (2005), « 11. Discrimination », Femmes, genre et sociétés. L'état des savoirs, Maruani (dir). La Découverte, pp. 85-93.
  • Lapeyre N., Le Feuvre N. (2004), "Concilier l'inconciliable ? Le rapport des femmes à la notion de "conciliation travail-famille" dans les professions libérales en France", Nouvelles Questions Féministes, n°23-3, pp.42-58.
  • Le Bihan-Youinou B., Martin C. (2006), "Travailler et prendre soin d'un parent âgé dépendant", Travail, Genre et Sociétés, n°16, pp.77-96.
  • Lieber M. (2008), Genre, violences et espaces publics. La vulnérabilité des femmes en question., Paris, Les Presses de Sciences Po.
  • Marry C., Bereni L., Jacquemart A., Pochic S. et Revillard A. (2017), Le plafond de verre et l’Etat, la construction des inégalités de genre dans la fonction publique, Paris, Armand Colin.
  • Mercat-Bruns M. (2010), "Égalité salariale, discriminations individuelles et systémiques. Un éclairage de la jurisprudence américaine", Revue de l'OFCE, n°114, pp.213-236.
  • Poché C. (2007), Du temps pour ses enfants - La conciliation vie familiale, vie professionnelle, vie sociale, Nantes, Conseil économique et social des Pays de la Loire.
  • Ringelheim J., Herman G., Rea A. (dir) (2015), Politiques antidiscriminatoires, de Boeck.

Programme

Jeudi 16 novembre

9h- 9h30 : Accueil

9h30 – 10h : Introduction

  • Françoise Le Fichant, Vice-Présidente Ressources Humaines, Université de Nantes
  • Annie Dussuet, Sociologie, Université de Nantes : Les recherches dans l’axe 3 du programme GEDI

10h – 13h Session 1 : Des dispositifs « neutres » ?

De façon apparemment paradoxale, on s’intéressera dans cette session à des politiques publiques et des dispositifs a priori « neutres », c’est à dire indifférents à la question de l’égalité de genre. On observera ainsi comment certains dispositifs mis en place en France ou à l’étranger dans une toute autre perspective que celle de l’égalité, peuvent avoir des effets, positifs ou négatifs, sur cette dernière à travers les modalités de leur mise en œuvre.

  • Clémence Ledoux, Sciences politiques, Nantes : Les dispositifs socio-fiscaux pour les services aux personnes, des instruments aveugles aux inégalités ?
  • Olivier Giraud, Sciences politiques, CNAM-Paris : Entre aveuglement et cynisme : pourquoi les dispositifs d’aide et de rémunération des aidant.e.s sont-ils gender-blind ?
  • Lydia-Maria Ouart, Socio-anthropologie, WZB, Berlin : Quelles conséquences de la marchandisation des soins à domicile aux personnes âgées en Allemagne ? (communication présentée en anglais)
  • Christel Chaineaud, Droit, Bordeaux : La protection sociale du veuvage : d'un droit discriminant à un droit égalitaire?

13h -14h30 : Pause déjeuner

14h30- 17h30 - Session 2 : Quel impact sur l’égalité de la mise en œuvre des dispositifs visant l’égalité ?

Il s’agira ici, en retraçant les modalités de mise en œuvre de quelques exemples de dispositifs visant explicitement l’égalité, d’en mesurer les effets, souhaités ou non, visibles ou non. On s’intéressera donc non seulement aux effets directs, mais aussi indirects, de ces dispositifs, essentiellement dans le domaine professionnel, en soulignant  les impensés qui les sous-tendent. La question de la méthodologie à déployer pour appréhender ces phénomènes sera également posée.

  • Amy Mazur, Sciences Politiques, Washington, L'égalité de genre en pratique / Gender Equality Policy in Practice : enjeux analytiques pour la démocratie
  • Gwenaëlle Perrier, Sociologie, Paris 13, L’objectif d’égalité des sexes dans la mise en œuvre des politiques d’emploi
  • Anne-Françoise Bender, Sciences de Gestion, CNAM Paris, Modalités et effets de la loi Copé-Zimmermann sur la présence des femmes dans les conseils d'administration : premiers bilans
  • Sophie Rouault, Sciences Politiques, Brême, Gouverner l’égalité professionnelle par les quotas ? Analyse comparative du design d’un instrument d’action publique réputé coercitif

Vendredi 17 novembre

9h- 12h - Session 3 : Mettre en évidence des processus discriminatoires invisibles : constats et questions méthodologiques

Cette session s’attachera à la manière dont on peut mettre à jour des processus d’invisibilisation-visibilisation des activités des femmes et de légitimation de l’inégalité. On tentera ainsi de faire apparaître la manière dont les normes sociales attachées au genre se traduisent par des inégalités de fait. Les questions de l’articulation entre sphère publique et sphère privée et des carrières/biographies, ainsi que de l’ancrage territorial seront particulièrement observées.

  • Paulette Robic, Sciences de Gestion, Nantes :Les trajectoires de femmes dans les entreprises familiales : ambivalence entre devoir et pouvoir
  • Erika Flahault, Sociologie, Le Mans : Donner à voir les usages sexués de l’espace public en milieu rural par l’image : un défi méthodologique 
  • Eve Lamendour, Sciences de gestion, La Rochelle : Entre fiction et réalité : les représentations des femmes dans les organisations à travers les séries TV 
  • Nicole Dufournaud, Histoire, EHESS-Paris - Université Versailles Saint Quentin : Rendre visibles les femmes : des outils numériques ?

12h- 13h30 : Pause déjeuner 

13h30 - 16h - Session 4 : Ouverture : Genre et société de l’information

Présidence : Pascale Kuntz, informatique, chargée de mission à l’égalité, Université de Nantes

Cette session ouvrira sur des problématiques et des terrains non explorés jusqu’ici par les chercheur.e.s de l’axe 3, mais qui ont émergé au cours de leurs investigations et semblent particulièrement heuristiques. On posera en particulier la question des transformations sociales liées à la société de l’information, qui traversent les différentes dimensions de la vie sociale et, par là, doivent aussi être envisagées en termes de genre. La dimension méthodologique sera également évoquée dans cette session.

  • Cécile Favre, Informatique, Lyon 2, Les quotas pour l’égalité en questions : des chiffres, des débats, des actes et des vécus ! - Retour sur une enquête préliminaire dans l’enseignement supérieur et la recherche dans le domaine de l’informatique
  • Chantal Morley, Systèmes d’information, Telecom Paris, Genre et Technologies de l’information : un cadre pour construire l’inclusion des femmes 
  • Annie Dussuet, Sociologie, Nantes : Les objets connectés : quel impact sur les conditions de travail des femmes dans les services médico-sociaux ? 

Pendant la durée du colloque, affichage de l’exposition « Femmes et numérique » dans le Hall de la MSH.

Comité scientifique et d’organisation

  • Annie Dussuet,
  • Erika Flahault,
  • Pascale Kuntz,
  • Clémence Ledoux,
  • Paulette Robic.

Contact :annie.dussuet@univ-nantes.fr

Lieux

  • Maison des Sciences de l'Homme Ange-Guépin - 5, allée Jacques Berque
    Nantes, France (44)

Dates

  • jeudi 16 novembre 2017
  • vendredi 17 novembre 2017

Fichiers attachés

Mots-clés

  • discrimination, travail, famille, dispositifs

Contacts

  • Annie Dussuet
    courriel : Annie [dot] Dussuet [at] univ-nantes [dot] fr

Source de l'information

  • Érika Flahault
    courriel : Erika [dot] Flahault [at] univ-lemans [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Genre, égalité de droit et inégalités de fait. Discrimination indirecte et transversale », Colloque, Calenda, Publié le mercredi 08 novembre 2017, https://doi.org/10.58079/yrn

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