AccueilForêt, arts et culture

AccueilForêt, arts et culture

Forêt, arts et culture

The forest, arts and culture

Critiques et utopies

Criticism and utopia

*  *  *

Publié le vendredi 01 décembre 2017

Résumé

Après « L’épreuve des sens » en 2016, puis « L’esprit des lieux » au début de cette année, le Groupe d’histoire des forêts françaises entend clôturer sa trilogie « Forêt, arts et culture » en scrutant les critiques et utopies exprimées par les ambiances et sensibilités forestières. Les séances précédentes ont permis de baliser la diversité de mise en scène de la forêt dans des sociétés très diverses et de mettre en évidence les enjeux cachés de sa présence dans une œuvre. Il s’agit cette fois de révéler les mutations sociétales et les engagements politiques qui en font l’arrière-plan.

Annonce

Argumentaire

Derrière la présence de la forêt dans les arts se pose la question du devenir du monde : de manière explicite, plus discrète voire implicite, elles énoncent une critique sociale, incitent à imaginer un monde autre, meilleur, parfois en évolution, ou appellent à se retirer dans le désert. Il peut y avoir le regret d’un état révolu, une invitation au retrait, à l’isolement dans la « nature », l’attente d’une société nouvelle, voire l’appel à l’action en faveur d’un changement du modèle politique. Vers quelles formes de société ces productions culturelles engagent-elles à tendre ? Quels nouveaux rapports sociaux, quelle cohabitation avec les espèces non-humaines suggèrent-elles ?

De même, c’est en s’adossant à un modèle de société que le forestier décide, par un plan de gestion, des interventions sylvicoles qui orientent et encadrent le devenir d’une forêt. À quels enjeux sociétaux renvoient les réponses apportées par les choix en matière d’aménagement forestier ?

Cette journée d’études fait le pari que dans certaines créations, artistiques ou non, les présences forestières sont moins propositions en faveur d’un nouveau traitement de la nature que tentatives de reformation de la culture.

Raconter, figurer et offrir une forêt aux sens, c’est se situer par rapport à la société, souvent la critiquer, et parfois suggérer, fût-ce de manière symbolique, ou en contre-point, une vision du monde, rêvée, souhaitée ou utopiste. Que la forêt soit un lieu propice au retrait du monde comme il est possible de l’envisager dans le cas du Perceval de Chrétien de Troyes ou du soldat perdu dans le tableau du « Chasseur dans la forêt » de Caspar David Friedrich, qu’elle soit emblème d’un acte de résistance ou proposition d’un modèle de société comme invite à le concevoir Le baron perché d’Italo Calvino, de réponse à une délitescence sociétale comme dans le Walden de Thoreau et plus récemment avec les deux héroïnes de Dans la forêt de Jean Hegland, que sa disparition soit la condition d’un ordre nouveau sous la plume de Rabelais ou l’indice d’un mal sociétal dans les animations d’Hayao Miyazaki, sa présence renvoie à l’analyse d’un ordonnancement du monde.

La question dépasse les réflexions du retour à la nature qui, sous la plume de J.-J. Rousseau, H. D. Thoreau ou E. Reclus, a été vu comme l’incarnation d’un équilibre politique et humaniste dont les sociétés occidentales devraient s’inspirer. Elle s’adresse également aux sociétés agraire, féodale, industrielle ou post industrielle : quels sont les modèles proposés, dans les différentes époques, et dans des lieux variés ? Ces modèles peuvent être mis en situation, relever d’une vision planétaire, parfois, mais aussi s’appliquer à des approches très locales. Elle concerne aussi les propriétaires et institutions qui gèrent des forêts. Au-delà des divergences techniques (sylvicoles) ou économiques (gestion de coûts et des risques, investissement pour des recettes futures), faire le choix d’une futaie régulière ou irrégulière, d’espèces ou de modes de culture garants d’une récolte à court terme ou à plus long terme, d’une régénération naturelle ou artificielle révèle ce que chaque époque retient comme principes du bien faire. Les modèles sociétaux qui en forment l’arrière-plan méritent d’être interrogés.

Explicites ou implicites, la critique sociale et l’utopie sont souvent présentes dans ces propositions forestières. À quelles analyses, à quels retraits, à quels changements ou à quelles visions de la société renvoie le point de vue adopté par l’artiste, l’écrivain, le cinéaste ou l’aménagiste ? Quel diagnostic pose-t-il ? Quelles solutions, quelles actions suggère-t-il ? Il peut s’exprimer selon deux postures opposées :  le mode du rejet, qui conduit à se retirer du monde, ou au contraire l’activisme politique, avec une intention progressiste ou réparatrice.

La forêt s’inscrit dans un dispositif rhétorique, quelles que soient les formes esthétiques utilisées : visuelles, auditives, olfactives, elles permettent la mise en relation avec une forêt mobilisatrice, et appellent à la mise en mouvement de la société. Le dispositif peut être narratif : sa mise en récit suppose en effet une expérience identitaire qui marque aussi bien l’idée d’appartenance que celle d’une permanence, chères à Ricoeur (1990). En tant que « storytelling » (ou art de raconter Salmon, 2007), les forêts des romans, œuvres poétiques ou cinématographiques peuvent aussi être considérées comme des mises en relation des individus avec des questions de sociétés.

Ces présences forestières dans les arts, ou dans les aménagements proposés par les professionnels, se révèlent ainsi des incitations à réfléchir et à agir sur la mise en ordre des sociétés. Elles peuvent devenir des outls de propagande pour ceux qui les créent ou les véhiculent : agents d’influence plus ou moins conscients, ils soutiennent des causes très diverses. La question dépasse les considérations écologistes et bien sûr la gestion forestière : elle concerne l’histoire culturelle dans son temps long. Partout dans le monde, la forêt peut et a pu être à toute époque l’illustration d’une situation plus générale ou un déclencheur, fonder une parabole ou devenir un symbole.

Programme

  • 9h00 : accueil des participants
  • 9h30-9h45 : Introduction, Charles Dereix, Président du GHFF
  • 9h45-10h45 : Conférence-écoute À l’écoute de la forêt : Rencontre avec Boris Jollivet

Avez-vous déjà entendu la coulée de la sève dans l’arbre ? Le tambour des araignées ?

Preneur de son, spécialiste de sons de la nature, Boris Jollivet a commencé son travail au Centre d’Étude Bioacoustique Alpin en 1995. Depuis plusieurs années, il collecte les bruits des arbres pour entendre autrement la forêt. Au-delà de la simple écoute, il propose de sentir et ressentir la forêt à travers des expériences qui peuvent avoir la forme de « cartes sonores » ou de dispositifs d’immersion sensorielle.

Séance 1 : La forêt comme critique sociale

11h00-12h30

Président de séance : Pierre Gresser

  • Diana B. Viñoles, Pr. , Université nationale de la Terre de Feu, Le Parc National de la Terre de Feu comme métaphore épistémique et espace de paix
  • Étienne Bourel, Doctorant, Université Lumière Lyon 2, Une anthropologie politique des forêts ?
  • Élias Burgel, Elève de l’ENS Ulm, Une guerre des forêts solognote : retour analytique sur le Raboliot (1925) de Maurice Genevoix

12h30-14h00 : pause déjeuner

Séance 2 : La forêt comme utopie

14h00-17h00

Présidente de séance : Micheline Hotyat

  • François Lormant, IGR, Université de Lorraine, La forêt dans le monde d’Avatar (J. Cameron, 2009) : un lieu imaginaire loin d’être totalement utopique…
  • Matouš Turek, Doctorant, Université Rennes 2 et Université de Prague, La rationalisation du mythe d’origine de la Bohême ou le défrichement d’une utopie
  • Catherine Szanto, École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-La Villette, Un Laboratoire pour une appropriation vécue du paysage : notes sur la forêt expérimentale d’Alnarp (Suède)
  • Sylvie Dallet, Pr, Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, La quête libertaire des écrivains de la forêt

En guise de conclusion… Véronique Dassié, Idemec Cnrs Université Aix-Marseille et Yves Poss, ingénieur général honoraire des ponts, des eaux et des forêts

Lieux

  • Maison de la recherche Paris Sorbonne, Amphithéâtre - 28 rue Serpente
    Paris, France (75006)

Dates

  • samedi 27 janvier 2018

Mots-clés

  • forêt, arts, culture, critique sociale, utopie, anthropologie, histoire, sciences politiques, aménagement

Contacts

  • Véronique Dassié
    courriel : veronique [dot] dassie [at] cnrs [dot] fr

Source de l'information

  • Véronique Dassié
    courriel : veronique [dot] dassie [at] cnrs [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Forêt, arts et culture », Journée d'étude, Calenda, Publié le vendredi 01 décembre 2017, https://doi.org/10.58079/yzc

Archiver cette annonce

  • Google Agenda
  • iCal
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search