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Expérimenter l’ambiance par l’architecture

Experimenting on ambiance with architecture

Revue Ambiances

Ambiances Journal

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Publié le jeudi 14 décembre 2017

Résumé

Comment la recherche sur les ambiances architecturales et urbaines peut-elle se saisir de l’expérimentation ? Comment des phénomènes d’ambiance peuvent être approfondis ou découverts par le biais d’expérimentations spatiales ou comment ces expérimentations peuvent-elles être construites ou pensées sur la base d’hypothèses relatives aux ambiances ? Souvent présentée comme support de l’innovation tant technique, qu’esthétique ou sociale, quel type d’expérimentation peut faire avancer la construction de connaissances, la production d’artefacts ou la mise en mouvement de processus de transformations architecturales et urbaines susceptibles de favoriser, d’entraîner ou de modifier des ambiances habitées ?

Annonce

Argumentaire

Expérimenter l’ambiance par l’architecture

Si la notion expérimentale et la conduite d’expériences particulières peuvent être appliquées à un grand nombre de processus de recherche, il convient d’en examiner la pertinence au regard de l’architecture et de la configuration d’ambiances. Nous interrogeons dans ce numéro l’expérimentation des ambiances, ou par les ambiances, au sens où il ne s’agit pas seulement de décrire des situations existantes ou données comme telles (pouvant inclure aussi un certain type d’expérience) mais de mettre en place des modalités de « faire l’ambiance » pour tirer des éléments d’ordre théorique, méthodologique ou technique. Il s’agit en ce sens de confronter les concepts et outils fondamentaux en amont du projet proprement dit en approchant celui-ci partiellement, voire en dehors de ses cadres normatifs stricts. Comment la recherche sur les ambiances architecturales et urbaines peut-elle se saisir de l’expérimentation ? Comment des phénomènes d’ambiance peuvent être approfondis ou découverts par le biais d’expérimentations spatiales ou comment ces expérimentations peuvent-elles être construites ou pensées sur la base d’hypothèses relatives aux ambiances ? Souvent présentée comme support de l’innovation tant technique, qu’esthétique ou sociale, quel type d’expérimentation peut faire avancer la construction de connaissances, la production d’artefacts ou la mise en mouvement de processus de transformations architecturales et urbaines susceptibles de favoriser, d’entraîner ou de modifier des ambiances habitées ?

La notion d’expérimentation : des sciences de la nature à l’architecture

Il est admis que la science moderne doit son apparition à la méthode expérimentale particulièrement au sein des sciences de la nature. Répétable et soumise à vérification l’expérience scientifique, intentionnelle et active, permet selon un protocole défini de recueillir des données sur un domaine d'étude, et de confronter un modèle théorique aux faits. Observer consiste à constater un phénomène, expérimenter consiste à modifier consciemment les conditions d’un phénomène afin de mettre en valeur certains aspects prédits en théorie. L’extension d’une telle méthode expérimentale issue de disciplines ayant pour objet le monde naturel n’est pas sans poser question mais présente l’intérêt d’introduire une dimension délibérément active et transformatrice dans le processus de recherche sur le domaine étudié. Ainsi, dans le champ de l’architecture la notion d’expérimentation peut prendre tout son sens à condition de définir les conditions et les enjeux de l’expérience et le type de résultats recueillis. S’il ne s’agit pas de se conformer strictement aux méthodes de la science moderne (souvent conduite en laboratoire et dont certains biais ont été critiqués par Bruno Latour), il s’agit de montrer comment des phénomènes d’ambiance peuvent être approfondis ou découverts par le biais d’expérimentations spatiales et matérielles ou comment des expérimentations architecturales peuvent être construites sur la base d’hypothèses relatives aux ambiances.

Expérimenter pour sentir

Partant précisément de ce que l’ambiance recouvre de spécifique, l’expérience est un élément fondamental de celle-ci puisqu’il s’agit de remettre l’éprouver au centre de notre attention, de soumettre l’objet à une épreuve corporelle et sensible située, contextualisée.
Avec la notion d’expérimentation vient s’ajouter l’idée de mettre intentionnellement à l’épreuve une situation ou un objet en modifiant, transformant ou limitant les conditions d’un phénomène pour créer des conditions particulières permettant de tester cette situation ou de la modifier en retour.
L’expérimentation est entendue alors comme une expérience instrumentée par la mise à l’épreuve d’ un objet matériel constitué et un protocole d’évaluation (enquêtes, mesures, observations) permettant de reformuler certains attendus, mais aussi de révéler l’inattendu.
En raison de ce caractère spéculatif, l'expérience comporte un degré d’indétermination plus important qu’en d’autres types d’actions téléologiques (projets, programmes, etc.) qui visent un but en réduisant les paramètres incertains. La dimension exploratoire d’un processus de recherche expérimental est essentielle dans la mesure où cette part d’incertitude, d’essais, d’effets inattendus, d’erreurs et de corrections peut être mise à profit dans un processus de recherche. Dans le champ de l’architecture et dans le domaine de l’aménagement de l’espace, comme dans celui de l’art, l’idée d’expérimentation ne renvoie donc pas à un schéma cause – conséquence fondatrice de la recherche scientifique moderne, dans lequel le recueil de données sur un domaine d'étude, et la confrontation du modèle théorique aux faits portant sur une liaison cause-conséquence est le principe essentiel d’expériences orientées par une hypothèse de travail. Dans le domaine des ambiances, qui interroge des dimensions quantitatives et qualitatives à la fois, l’expérimentation interroge autant le test ou la mise à l’épreuve d’intentions d’ambiance initiales sensibles que les processus de leur mise en œuvre effectrice.

Nous faisons ainsi appel à des articles basés sur des travaux dans lesquels une forme d’expérimentation de nature architecturale et/ou urbaine est entreprise de manière à éclairer et à partager des résultats autour d’une question d’ambiance, qu’elle soit théorique, instrumentale, sociale, pédagogique ou créative. Nous attendons des auteurs qu’ils soient particulièrement attentifs aux conditions mêmes d’expérience : contextualisation, échelle spatiale de travail, durée d’investigation, type d’évaluation, instrumentation et méthodologies croisées, résultats obtenus, voici autant de questions posées à toute expérimentation qui apporterait des éléments à la question des ambiances architecturales et urbaines. Les protocoles d’expérimentation sont alors à approcher avec précision car il n’y a d’expérimentation que lorsque le protocole de celle-ci est clairement identifié et suivi. La question des protocoles expérimentaux soulève celle des méthodes et des innovations méthodologiques mises en œuvre dans ces processus de recherche.

Les articles peuvent se poser à différents niveaux, comme par exemple :

Expérimentations de dispositifs « ambiants » et prototypes particuliers

Si l’on connaît les expérimentations de type purement constructives on connaît moins celles qui se baseraient sur des qualités ou critères d’ambiances que ce soit dans le cadre de la conception ou de la construction de prototypes soumis à l’expérience, ou de processus de research by design. La mise à l’épreuve d’un dispositif selon un protocole défini caractérise la notion d’expérimentation et peut porter sur des aspects différents : le processus de design, la réception, l’évaluation. On s’intéressera aux différentes phases d’expérimentation : la préparation qui suppose une anticipation et une délimitation claire du champ exploré (à quelle échelle et dans quel contexte se réalise l’expérience ?)., l’expérimentation elle-même qui interpelle la nature et le processus de celle-ci, l’évaluation qui interroge les modalités et les domaines de validité de l’expérience et son renouvellement (sur quelle durée et selon quelles modalités ?).

Pédagogie expérimentale et transmission des valeurs d’ambiances

En termes pédagogiques et de transmission : comment l’expérimentation s’introduit-elle dans les modes d’enseignements des ambiances en architecture ? Ainsi, certaines pratiques d’enseignement de l’architecture voit dans une pratique expérimentale la possibilité de passer de l’objet représenté à une matérialité construite qu’il est possible d’évaluer et de soumettre à l’épreuve du corps en mouvement et à des facteurs d’ambiances (lumière, chaleur, son…). Cette valeur « pédagogique » de l’expérience peut être interrogée en terme de transmission de valeurs d’ambiance aux acteurs : comment expérimenter un objet pour en évaluer les potentialités d’ambiances ?

Architecture innovante expérimentale

S’il ne s’agit pas d’examiner un courant innovant ainsi que pourrait se définir une « architecture expérimentale » à l’instar d’une musique ou d’un art se revendiquant comme expérimental, les articles pourront s’appuyer sur certaines pratiques de l’architecture et de l’aménagement urbain reposant sur une part d’expérience et d’innovation. Ces pratiques peuvent contribuer à l’avancée et à des innovations spatiales ou constructives, qui méritent une évaluation de leur impact sur la définition d’ambiances spécifiques au regard des ressentis, des perceptions comme des actions et reconfigurations qu’il sont susceptibles d’entraîner ou d’infléchir au contact de l’usage.

Expérimentations génératives

On se réfère ici à des modalités de mise en expérience qui, dans le cadre de recherches actions déclarent générer un processus d’aménagement installant une ambiance en définissant des modalités d’échange expérimentaux entre acteurs. Certaines de ces actions visent à créer dans l’espace existant des usages renouvelés par l’adjonction de dispositifs construits et de modalités d’action, de présence, d’occupation temporaire. Leur but serait de préfigurer certains usages et d’en évaluer l’attractivité, d’installer des formes transitoires ou éphémères qui deviendraient pérennes ou plus encore, qui seraient aptes à former une dynamique d’aménagement différenciée.

Modalités de soumission

  • Articles de 30000 à 50000 signes, espaces compris et illustrés.
  • Date de réception : 1er Mars 2018

  • Premier retour aux auteurs : 2 mai
  • Publication : Octobre 2018
  • Suivez les notes aux auteurs de la revue pour la mise en forme : https://ambiances.revues.org/163
  • Envoyez vos articles à journal@ambiances.net

Coordinateur du dossier

Grégoire Chelkoff : Architecte, professeur à l'Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Grenoble, chercheur au CRESSON, UMR Ambiances Architectures Urbanités

Comité scientifique

  • Luc Adolphe, Professeur, INSA Toulouse, France
  • Niels Albertsen, Professeur, Aarhus School of Architecture, Denmark
  • Pascal Amphoux, Professeur, Ecole nationale supérieure d'architecture de Nantes, France
  • Jean-François Augoyard, Directeur de recherche honoraire, CNRS, France
  • Arnold Berleant, Professeur émérite, Long Island University, USA
  • Gernot Böhme, Professeur honoraire, Darmstadt Technical University, Germany
  • Samuel Bordreuil, Directeur de recherche, CNRS, France
  • Grégoire Chelkoff, Professeur, Ecole nationale supérieure d'architecture de Grenoble, France
  • Marc Crunelle, Professeur, Université libre de Bruxelles, Belgium
  • Claude Demers, Professeur, Université Laval, Québec, Canada
  • Cristiane Rose Duarte, Professeur, Universidade Federal do Rio do Janeiro, Brazil
  • Tonino Griffero, Professeur, Università degli Studi di Roma Tor Vergata, Italy
  • André Guillerme, Professeur honoraire, CNAM, Paris, France
  • Simon Guy, Dean, Faculty of Arts and Social Sciences, Lancaster University, United Kingdom
  • Jürgen Hasse, Professeur, Goethe University, Francfort, Germany
  • David Howes, Professeur, Concordia University, Montréal, Canada
  • Tim Ingold, Professeur, University of Aberdeen, United Kingdom
  • Helmi Järviluoma-Mäkelä, Professeur, University of Eastern Finland, Finland
  • François Laplantine, Professeur émérite, Université Lyon 2, France
  • David Le Breton, Professeur, Université de Strasbourg, France
  • Juhani Pallasmaa, Professeur émérite, Helsinki Technical University, Finland
  • Jean-Pierre Péneau, Professeur honoraire, Académie d'Architecture, Paris, France
  • Pascale Pichon, Professeur, Université Jean Monnet, Saint-Etienne, France
  • Carolina Rodriguez, Professeur, Université de Campinas, Brazil
  • Dominique Rouillard, Professeur, Ecole nationale supérieure d'architecture de Paris-Malaquais, France
  • Anne Sauvageot, Professeur, Université de Toulouse Le Mirail, France
  • Catherine Sémidor, Professeur, Ecole nationale supérieure d'architecture de Bordeaux, France
  • Jacques Teller, Professeur, Université de Liège, Belgium
  • Henry Torgue, Chercheur honoraire, CNRS, France
  • Yves Winkin, Professeur, ENS Lyon, France
  • Mirko Zardini, Directeur, Centre Canadien d'Architecture, Montréal, Canada

Dates

  • jeudi 01 mars 2018

Mots-clés

  • ambiances, expérimentation, architecture, espace urbain, prototypage, pédagogie, perception

URLS de référence

Source de l'information

  • Ignacio Requena
    courriel : journal-comite-editorial [at] ambiances [dot] net

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Expérimenter l’ambiance par l’architecture », Appel à contribution, Calenda, Publié le jeudi 14 décembre 2017, https://doi.org/10.58079/z3l

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