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Penser avec les discontinuités en géographie

Thinking Geography through Discontinuities

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Publié le mercredi 03 janvier 2018

Résumé

La discontinuité occupe une place paradoxale dans la géographie : elle n’est pas érigée en concept fondamental/central de la discipline – à la différence de l’espace, l’échelle, le lieu, le paysage ou le territoire – ni même en champ d’étude interdisciplinaire favorisant le dialogue avec d'autres disciplines. On lui préfère habituellement des notions comme la limite, la frontière ou encore la fragmentation. L’organisation de ce colloque a pour objectif de prolonger, d’approfondir et d’élargir les recherches entreprises, mais aussi d'évaluer l’apport d’une réflexion sur et par – ou mieux avec – les discontinuités à la géographie actuelle. En quoi et à quelle condition, la discontinuité est-elle un concept pertinent pour la pensée géographique contemporaine ?

Annonce

Argumentaire

La discontinuité occupe une place paradoxale dans la géographie : elle n’est pas érigée en concept fondamental/central de la discipline – à la différence de l’espace, l’échelle, le lieu, le paysage ou le territoire – ni même en champ d’étude interdisciplinaire favorisant le dialogue avec d'autres disciplines. On lui préfère habituellement des notions comme la limite, la frontière ou encore la fragmentation. Celles-ci fonctionnent comme autant de déclinaisons dans des champs distincts (biogéographie, géographie politique, géographie urbaine...) de cette catégorie qui pourtant parait les subsumer.

Dès 1969, Roger Brunet affirme cependant que l’espace est avant tout discontinu. Ce faisant, il contribue non seulement à renouveler le regard que la communauté scientifique des géographes francophones porte sur l’espace, mais il place la discontinuité au principe du renouvellement d’une approche géographique tant régionale que générale. La discontinuité est alors reconnue comme une catégorie de la connaissance géographique à travers laquelle les géographes opèrent et élaborent une pensée spatiale du monde ou mieux une pensée du monde en espaces, en le découpant en entités distinctes et différenciées, et en appréhendant l’ensemble de leurs rapports fonctionnels (Hubert, 1993). Toute une réflexion fine et outillée est menée sur les discontinuités à partir de la recherche d'indicateurs pertinents, des formes et des processus qu'elles génèrent, des interactions entre elles et avec d'autres systèmes spatiaux. Le questionnement sur les discontinuités est ainsi indissociable de celui sur l'utilisation de la notion de système en géographie, et de l'objectif de modélisation de l'espace. Dès lors, des chercheur.e.s associé.e.s à cette approche, qualifiée d'analyse spatiale ou d'analyse systémique, s’intéresseront aux discontinuités en géographie physique et humaine jusqu’à tenter de les construire, cette fois, en objet disciplinaire central. C’est le cas notamment de Jean-Christophe Gay (1995, 2016), de Claude Grasland (1997), de Jean-Christophe François (1998), de Patrick Picouet et Jean-Pierre Renard (2010).

A ce jour, à l’exception du colloque pionnier organisé à Tours en 2002 (Alexandre et Genin, 2008), aucune manifestation d’envergure n’a été consacrée à la discontinuité, en géographie. Hommage consacré aux travaux du biogéographe Michel Lecompte, ce colloque [“Continu et discontinu dans l'espace géographique” tenu à la Maison des Sciences de la Ville de Tours les 13 et 14 novembre 2002. http://books.openedition.org/pufr/2357] a été l’occasion d’interroger la discontinuité en relation avec la continuité et de l’instaurer en outil d’un programme d’articulation des sciences de la nature et des sciences sociales, et plus particulièrement de la géographie physique et de la géographie humaine. Le potentiel heuristique ainsi que la construction de ce concept constituent un enjeu, à la fois théorique et épistémologique, pour la discipline, mais aussi pédagogique, au vu du succès des croquis, modèles et chorèmes dans l'enseignement de la géographie.

Pour instruire plus avant la construction conceptuelle de la discontinuité en géographie, l’EA 2468 Discontinuités organise à l’Université d’Artois un colloque disciplinaire international les 8 et 9 juin 2018 sur cette thématique qui a donné son nom au laboratoire. En effet, lorsque l’équipe se donne le nom de ‘Discontinuités’ en 2013, ses membres entérinent ainsi l’orientation progressive de leurs recherches vers les discontinuités, comme thème d’étude, cela quels que soient les approches et les référents épistémologiques qui les sous-tendent, les domaines empiriques ou les objets investis. Redéployant une orientation initiale qui privilégiait deux dimensions – politique et environnementale –, elle promeut alors une approche résolument multidimensionnelle de la discontinuité, et prend prétexte de la multiplicité des modalités d’élaboration de cette thématique pour s’en saisir réflexivement.  Ainsi tout un travail multidimensionnel sur les frontières politiques a été mené, rejoignant des réflexions associant les discontinuités aux temporalités et en envisageant les discontinuités dans leurs interactions dynamiques avec des flux et des circulations de tout type. Par ailleurs a été développée une approche plus pragmatique ou phénoménologique des discontinuités comprises comme des opérateurs spatiaux de processus, individuels ou collectifs, de construction de mondes dans différents types de registre (représentationnel, imaginaire, performatif, esthétique, etc.). Les chercheur.e.s ont aussi porté la question de la discontinuité comme opérateur de pensée dans le champ de l’épistémologie. Ils se sont d’une part, saisis des phénomènes d’hybridation disciplinaire contemporains qui questionnent le discontinuisme épistémologique, et du développement des approches trans- ou post-disciplinaires de type studies qui contestent l’épistémologie « domaniale » en SHS. Ils ont repris d’autre part, les apports critiques des épistémologies post-modernes contre le dualisme, ce schème politique de la pensée scientifique moderne. Enfin, à un autre niveau, ils interrogent la compétence de la discontinuité à fonder la distinction métathéorique entre un paradigme interactionniste (rapport fonctionnel entre des entités spatiales déjà constituées ou préformées) et un paradigme relationnel (processus dynamique d’individuation par le truchement de la relation) pour l’intelligibilité des questions spatiales ou de spatialité, en géographie contemporaine.

L’organisation de ce colloque a pour objectif de prolonger, d’approfondir et d’élargir les recherches entreprises, mais aussi d'évaluer l’apport d’une réflexion sur et par – ou mieux avec – les discontinuités à la géographie actuelle. En quoi et à quelle condition, la discontinuité est-elle un concept pertinent pour la pensée géographique contemporaine ?

Axes thématiques

Cette réflexion souhaite explorer tout particulièrement sept manières différentes d’aborder les discontinuités en géographie :

  1. La discontinuité comme forme spatiale (séparation, frontière, interface, contact, etc.) entre des entités spatiales identifiées.
  2. La discontinuité comme concrétisation localisée de phénomènes divers (crise, catastrophe, cycle, etc.).
  3. La discontinuité à l’articulation de l’espace et du temps.
  4. La discontinuité comme opérateur spatial de processus de spatialité, de construction de mondes L’histoire d’une pensée géographique sur et par la discontinuité
  5. La discontinuité comme outil (symbolique, technique) d’une pensée géographique du monde.
  6. La discontinuité comme outil d’une réflexion épistémologique portant tant sur les phénomènes trans- ou post-disciplinaires contemporains que sur le (dis)continuisme scientifique.
  7. La discontinuité au cœur de la distinction métathéorique entre interactionnisme et relationnalité en géographie.

Les propositions qui ne s’inscrivent pas dans ces approches seront examinées, dès lors qu’elles clarifient la manière dont la notion est saisie.

Modalités de soumission

Les résumés (500 mots max.) sont attendus pour le

31 janvier 2018

et un retour du comité scientifique vous parviendra le 28 février.

Ils sont à envoyer à l’adresse suivante : colloquediscontinuites2018@gmail.com

Tarifs des inscriptions au colloque

90 euros. Doctorant.e.s / Postdoctorant.e.s : 40 euros.

Penser avec les discontinuités en géographie
Colloque disciplinaire international, Université d’Artois,
Laboratoire ‘Discontinuités’
Organisé les 08 et 09 juin 2018, à Maison de la recherche, Université d’Artois, Arras

Références bibliographiques

Alexandre F., Génin A. (dir.), 2008, Continu et discontinu dans l’espace géographique, Tours, Presses Universitaires François-Rabelais, 442p.

Brunet R., 1969, Les phénomènes de discontinuité en géographie, Paris, CNRS, 113p.

François J.-C., « Discontinuités territoriales et mise en évidence de systèmes spatiaux dans l’espace des collèges de l’agglomération parisienne », L'Espace géographique, 1998, 27, 14, pp. 63-75.

Gay J.-Ch., 1993, Les discontinuités spatiales, Paris, Economica, 112p.

Gay J.Ch., 2016, L’homme et les limites, Paris, Economica, 236p.

Grasland C., « L'analyse des discontinuités territoriales : l'exemple de la structure par âge des régions européennes vers 1980 », L'Espace géographique, 1997, 4, pp. 309-326.

Grasland C., François J.-Ch., « La discontinuité en géographie : origines et problèmes de recherche », L'Espace géographique, 1997, 4, entretien avec Roger BRUNET, pp. 297-308.

Hubert J.-P., 1993, La discontinuité critique. Essai sur les principes a priori de la géographie humaine, Paris, Publications de la Sorbonne, 221p.

Picouet P., Renard J.-P., « Discontinuités et mutations spatiales », Territoire en mouvement Revue de géographie et aménagement [En ligne], 1 | 2006, mis en ligne le 01 septembre 2010, consulté le 19 juin 2017.

Comité d’Organisation 

  • Laurent Gagnol
  • Jérôme Lageiste
  • Nicolas Lebrun
  • Valérie Morel
  • Camille Mortelette
  • François Moullé
  • Bernard Reitel
  • Anne Volvey

Comité scientifique

  • Anne-Laure Amilhat-Szary, Université de Grenoble Alpes
  • Boris Beaude, Ecole Polytechnique Fédéral de Lausanne
  • Alberto Capote Lama, Université de Grenade
  • Philippe Deboudt, Université de Lille
  • Jean-Christophe Gay, Université de Nice Sophia Antipolis
  • Philippe Gervais-Lambony,    Université Paris Ouest Nanterre la Défense
  • Claude Grasland, Université Paris 7 Diderot
  • Virginie Mamadouh,  Université d’Amsterdam
  • Kamala Marius, Université Bordeaux Montaigne
  • Sarah Mekdjian, Université de Grenoble Alpes
  • William Nuytens, Université d’Artois
  • Bernard Reitel, Université d’Artois
  • Estienne Rodary, IRD Nouméa
  • Christophe Sohn, Luxembourg Institute of Socio-economic Research
  • Hovig Ter Minassian, Université François Rabelais
  • Anne Volvey,   Université d’Artois
  • Anne-Gaëlle Weber,  Université d’Artois

Catégories

Lieux

  • 9 rue du Temple
    Arras, France (62)

Dates

  • mercredi 31 janvier 2018

Mots-clés

  • Discontinuité, continuités, mutations territoriales, systèmes, analyse spatiale

Contacts

  • Discontinuités Colloque
    courriel : colloquediscontinuites2018 [at] gmail [dot] com

Source de l'information

  • Camille Mortelette
    courriel : camille [dot] mortelette [at] gmail [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Penser avec les discontinuités en géographie », Appel à contribution, Calenda, Publié le mercredi 03 janvier 2018, https://doi.org/10.58079/z7b

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