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Quand le fait religieux travaille les identités

When religion works identities - discourse, practices and representations

Discours, pratiques et représentations

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Publié le jeudi 01 mars 2018

Résumé

Au centre des problématiques sociétales contemporaines, les mots « religion », « identité », « laïcité » et « sécularisation », dont les acceptions diverses et parfois antagonistes reviennent inlassablement dans les débats, ne cessent d’interroger le chercheur·e. Souvent instrumentalisé, leur usage dans les débats publics est souvent basé sur des conceptions anhistoriques et essentialistes, comme si ces termes désignaient en soi des réalités empiriques. L’objectif de cette journée d’étude consacrée aux discours, pratiques, et subjectivités des acteurs religieux est de rassembler les étudiant·e·s et jeunes chercheur·e·s (doctorant·e·s, jeunes docteur·e·s, post-doctorant·e·s) en sciences humaines et sociales et de susciter des réflexions et analyses pluridisciplinaires. En valorisant la pluralité des approches, des époques et des aires culturelles, il s’agira d’interroger aussi bien les discours et pratiques que de réfléchir aux formes d’appartenances et d’identifications, collectives et individuelles, privées et publiques, qui en découlent.

Annonce

Journée d’étude des jeunes chercheur·e·s du CéSor du vendredi 29 juin 2018

Argumentaire

Au centre des problématiques sociétales contemporaines, les mots « religion », « identité », « laïcité » et « sécularisation », dont les acceptions diverses et parfois antagonistes reviennent inlassablement dans les débats, ne cessent d’interroger le chercheur.e. Souvent instrumentalisé, leur usage dans les débats publics est souvent basé sur des conceptions anhistoriques et essentialistes, comme si ces termes désignaient en soi des réalités empiriques. L’objectif de cette journée d’étude consacrée aux discours, pratiques, et subjectivités des acteurs religieux est de rassembler les étudiant.e.s et jeunes chercheur.e.s (doctorant.e.s, jeunes docteur.e.s, post-doctorant.e.s) en sciences humaines et sociales et de susciter des réflexions et analyses pluridisciplinaires. En valorisant la pluralité des approches, des époques et des aires culturelles, il s’agira d’interroger aussi bien les discours et pratiques que de réfléchir aux formes d’appartenances et d’identifications, collectives et individuelles, privées et publiques, qui en découlent.

Longtemps perçue comme inéluctable, l’idée d’un « désenchantement du monde » (Weber, 1917 ; Gauchet, 1985), engendrée par le « rêve moderniste » (Geschiere, 2007), est appréhendée comme la prise de distance à l’égard de la pratique religieuse et des croyances. Or, la revitalisation des grands monothéismes (Hervieu-Léger, 1990) et l’essor de nouvelles formes de religiosités conduisent à repenser les catégories et cadres d’analyse ainsi que les conceptions du croire et du faire croire (Piette, 1999 ; Aubin-Boltanski et al. 2014). Les bouleversements géopolitiques auxquels nous assistons, marqués systématiquement par le pluralisme et pouvant certes s’expliquer par divers facteurs sociaux-culturels, économiques et politiques, donnent aussi à voir la manière dont la religion, source de tensions à l’échelle mondiale, travaille les questions identitaires. En effet, des exemples tirés de l’actualité plus ou moins récente font ainsi apparaitre des interactions entre pluralisme, sécularisation(s) et mécanismes de constructions identitaires, qu’il s’agisse de défendre sa propre spécificité ou une unité culturelle, d’établir des connexions diasporiques et transnationales en fonction des affinités et/ou des alliances dogmatiques, de développer des revendications ou de faire entendre une voix. Évoquons par exemple, les « printemps arabes » (2011), l’usage et l’instrumentalisation des « racines chrétiennes » en Europe, ainsi que les tensions inter et intraconfessionnelles et conflits ethnico-religieux dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne, notamment. La prolifération des religions missionnaires (évangéliques et (néo)pentecôtistes), des « nouvelles spiritualités » (New-Age, néopaganisme et chamanisme), des cultes syncrétiques (type Bwiti fang du Gabon), des Églises prophétiques (harristes, kimbanguistes) et des cultes afro-brésiliens ou afro-cubains, qui transforme fondamentalement les paysages socioreligieux, est également basée sur une constellation de sous-ensembles fondés sur des polarités identitaires diverses.

 Si l’articulation des questions religieuses et identitaires se pose avec une acuité particulière dans les sociétés contemporaines (Lamine, 2004), les débats qu’elle engendre ne sont pourtant pas propres à celles-ci. Ils ont traversé les époques et les générations, même si leur évocation semble aujourd’hui parfaitement banalisée. Les transformations et les évolutions des sociétés peuvent être analysées au prisme des identités, négociant un espace entre tradition religieuse et passé d’une part, dynamiques présentes et (re)définitions nouvelles d’autre part. On pourrait tout aussi bien citer comme exemples, dans une perspective plus historique, les croisades du Moyen-Âge, les conversions religieuses (spontanées ou forcées) des temps modernes, les missions catholiques aux xviet xviisiècles ainsi que celles des Églises issues de la Réforme au xviiisiècle et en particulier à la fin du xixsiècle… autant d’exemples qui donnent à voir les tensions et contradictions qui se nouent dans l’articulation entre « identité » et « appartenance religieuse ».

Comment et de quelles manières le religieux travaille-il les identités ? Comment les discours, les pratiques, les représentations religieuses et spirituelles (re)définissent-ils les contours des identités nationales, ethniques, de classe, de genres et/ou de sexualités ? Quelles sont les dynamiques sociales - individuelles et collectives - à l’œuvre ? Quels engagements et mobilisations donnent-ils à voir ?

Il s’agit là de pistes d’analyse non exhaustives, applicables à toutes les périodes historiques et à des champs d’investigation pluriels (la classe, le genre, l’« ethnico-racial », l’orientation sexuelle, etc.), sur des terrains sans exclusive géographique, à partir desquels penser l’articulation entre questions religieuses et mécanismes de constructions identitaires.

Modalités pratiques d'envoi des propositions

Lors de cette journée d’étude nous aurons l’occasion de mettre en commun et de confronter nos savoirs théoriques, nos corpus et données empiriques. Les propositions de communication se feront sous la forme d’un résumé de 300 à 500 mots et sont à envoyer par courriel 

au plus tard le 30 mars 2018 

à l’adresse suivante : jedoctorantcesor@gmail.com

Elles comporteront un titre, cinq mots-clés, une brève présentation de l’auteur.e et doivent idéalement s’articuler autour de l’un des deux axes suivants :

  1. Pluralisme religieux et mécanismes de constructions identitaires
  2. Engagements et mobilisations

Comité d’organisation

  • Pamela Millet-Mouity (CéSor-EHESS) pamela.laureine@ehess.fr
  • Emilie Denis (CéSor-EHESS) emiliewd@gmail.com
  • Sarah Barthélemy(CéSorEHESS) sarah.barthelemy@uclouvain.be
  • Sara Clamor (CéSor-EHESS) saraclamor@gmail.com
  • Nadia Achehboun (CéSor-EHESS) nadia1achehboun@yahoo.fr
  • Ophélie Parent (CéSor-EHESS) ophelie.parent@yahoo.fr

Comité scientifique

Le comité scientifique est composé de :

  • Nathalie Luca (Anthropologue, Directrice de recherche au CNRS, CéSor-EHESS) ,
  • Pierre-Antoine Fabre, (Historien, Directeur d’études, CéSor-EHESS),
  • Pamela Millet-Mouity (Doctorante au CéSor-EHESS),
  • Emilie Denis (Doctorante au CéSor-EHESS),
  • Sarah Barthélémy (Doctorante au CéSor-EHESS),
  • Sara Clamor (Doctorante au CéSor-EHESS),
  • Nadia Ahcheboun (Doctorante au CéSor-EHESS),
  • Ophélie Parent (Doctorante au CéSor-EHESS)

Bibliographie indicative

  • Aubin-Boltanski E., Lamine A-S. et Luca N (dir.)., Croire en actes. Distance, intensité ou excès ?, L’harmattan, coll. « Religion en questions », Paris, 2014.
  • Baudérot J., Laïcité 1905-2005, entre passion et raison, Seuil, coll. La couleur des idées, Paris, 2004.
  • Béraud C. et Portier P., Métamorphoses catholiques. Acteurs, enjeux et mobilisations depuis le mariage pour tous, Éditions Maison des sciences de l’homme, Paris, 2015.
  • Bethmont R. et Gross M. (dir.), Homosexualité et traditions monothéistes. Vers la fin d’un antagonisme ?, Labor et Fides, Genève, 2017.
  • Brubaker R., « Au-delà de L’“identité” », in Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 139, septembre 2001, pp. 66-85.
  • Cabanel P., Histoire des protestants en France, XVIe-XXIe siècle, Fayard, Paris, 2012
  • Campbell H. A. (dir.), Digital Religion : Understanding Religious Practice in New Media Worlds, Taylor & Francis, New York, 2012.
  • Capone S., La quête de l’Afrique dans le candomblé. Pouvoir et tradition au Brésil, Éditions Karthala, Paris, 1999.
  • Chanson P., Droz Y. Gez Y. et Soares E. (dir), Mobilité religieuse. Retours croisés des Afriques aux Amériques, Éditions Karthala, Paris, 2014
  • Clifford J., The Predicament of culture : twentieth-century ethnography, literature and art, Harvard university press, Cambridge, 1988.
  • Cople Jaher F., The Jews and the nation, revolution, emancipation, state formation, and the liberal paradigm in America and France, Princeton University Press, 2002.
  • Davie G., The sociology of religion. A critical agenda, Sage, London, 2013.
  • Fancello S. et Mary A., Chrétiens africains en Europe. Prophétismes, pentecôtismes et politique des nations, Éditions Karthala, coll. « Religions contemporaines », Paris, 2010.
  • Férrié J-N., La religion de la vie quotidienne chez les Marocains. Rites, règles et routine, Éditions Karthala, Paris, 2004.  
  • Hall S., Identités et cultures. Politiques des Cultural Studies [2007], Éditions Amsterdam, Paris, 2008.
  • Hermon-Belot R., Aux sources de l’idée laïque. Révolution et pluralité religieuse, Odile Jacob, Paris 2015.
  • Hervieu-Léger D., La religion en mouvement : le pèlerin et le converti, Flammarion, Paris,1999.
  • Honneth A., Kampf um Anerkennung (La lutte pour la reconnaissance) [1992], Édition du Cerf, Paris, 2000.
  • Holder G. et Sow M. (dir), L’Afrique des laïcités. États, religion et pouvoirs au sud du Sahara, Éditions Tombouctou, Algérie, 2013.
  • Houseman M., « Penser les rituels New Age et Néo-païens. Néo-ritualisations et construction des identifications collectives », octobre 2008, Montpellier, France.
  • Gribaudi M., « Échelles, pertinence, configuration », in Revel J. (dir), Jeux d’échelles. La microanalyse à l’expérience, Le Seuil, Paris, 1996.
  • Lalouette J., La libre-pensée en France, 1848-1940, A. Michel, Paris, 1997.
  • Lamine A-S., La cohabitation des dieux. Pluralité religieuse et laïcité, Paris, PUF, coll. « Le lien social », Paris, 2004.
  • Lévi-Strauss C., L’identité. Séminaire interdisciplinaire, Grasset, Paris, 1977.
  • Liogier R., Souci de soi, conscience du monde. Vers une religion globale ?, Armand Colin, Paris, 2012
  • « L’Islam au-delà des catégories », Cahiers d’études africaines, n° 206/207, 2012.
  • Martin D-C.(dir), L’identité en jeux. Pouvoirs, identifications, mobilisations, Éditions Karthala, Paris, 2010.
  • Millet-Mouity P. et Madore F. (dir.), Les acteurs religieux africains à l’ère du numérique, Émulations, n° 24, 2017.
  • Miran-Guyon, M., Guerres mystiques en Côte d’Ivoire. Religion, patriotisme, violence (2002-2013), Éditions Karthala, coll. « Religions contemporaines », Paris, 2015.
  • Seck A., Kaag M., Guèye C. et Fall A.(dir), États, sociétés et islam au Sénégal. Un air de nouveau temps ?, Éditions Karthala, Paris, 2015.
  • Tonda J., Le souverain moderne. Le corps du pouvoir en Afrique centrale (Congo, Gabon), Éditions Karthala, Paris, 2005.
  • Valensi L., Ces étrangers familiers, Musulmans en Europe (XVIe-XVIIIe siècles), Rivages et Payot, Paris, 2012.
  • Zwilling A-L. (dir.), Minorités religieuses, religions minoritaires dans l’espace public, Presses universitaires de Strasbourg,Strasbourg,2014.

Lieux

  • EHESS, Salle Lombard - 96 boulevard Raspail
    Paris, France (75006)

Dates

  • vendredi 30 mars 2018

Mots-clés

  • fait religieux, identité, discours, pratiques, représentations, géopolitique, conflits, minorités, guerres, ethnico-religieux, genre, ethnico-racial

Contacts

  • Pamela Millet-Mouity
    courriel : millet [dot] pamela [at] yahoo [dot] fr
  • Emilie Denis
    courriel : emiliewd [at] gmail [dot] com

Source de l'information

  • Pamela Millet-Mouity
    courriel : millet [dot] pamela [at] yahoo [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Quand le fait religieux travaille les identités », Appel à contribution, Calenda, Publié le jeudi 01 mars 2018, https://doi.org/10.58079/zot

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