La peine, comme l’affirme Durkheim, est une « réaction passionnelle », elle présente une dimension expressive et affective. Mais comment les émotions sont-elles perçues et interprétées par la justice ? Dans quelle mesure interviennent-elles dans la procédure judiciaire ? D’un côté, on a des raisons de penser que la colère, le dégoût, la haine ou le mépris n’ont guère leur place au sein de la sphère judiciaire, mais, d’un autre côté, certains modèles de justice restaurative insistent sur le rôle déterminant des affects, et notamment de la « honte réintégrative », dans la résolution des conflits... Ce séminaire a pour objectif d’engager une réflexion sur la place et la fonction des affects dans l’ordre juridique. 

Présentation

Les émotions sont le plus souvent conçues comme des phénomènes qui altèrent l’impartialité du jugement, parasitent la délibération, interfèrent avec l’interprétation des normes juridiques et qui, en conséquence, devraient être expulsées en dehors du cadre judiciaire. Cependant, les juges peuvent être amenés à appréhender les affects dans une perspective normative, par exemple, lorsqu’il s’agit de se prononcer sur la responsabilité d’une personne ayant commis une infraction ou d’évaluer les préjudices subis par des victimes. La justice focalise incontestablement tout un ensemble d’émotions, celles des personnes directement concernées par l’infraction mais aussi des sentiments disséminés dans le corps social et qui trouvent une résonance dans l’institution pénale. La peine, comme l’affirme Durkheim, est une « réaction passionnelle », elle présente une dimension expressive et affective. Mais comment les émotions sont-elles perçues et interprétées par la justice ? Dans quelle mesure interviennent-elles dans la procédure judiciaire ? D’un côté, on a des raisons de penser que la colère, le dégoût, la haine ou le mépris n’ont guère leur place au sein de la sphère judiciaire, mais, d’un autre côté, certains modèles de justice restaurative insistent sur le rôle déterminant des affects, et notamment de la « honte réintégrative », dans la résolution des conflits. Les débats récents autour de la honte, des shame penalties ou sur les discours de haine révèlent toute la difficulté à intégrer les émotions dans une théorie de la justice. S’il convient de dépasser l’opposition entre les passions et la rationalité du droit, il faut se demander si les émotions ne présentent pas des vertus permettant de parvenir à des décisions plus justes et à une autre manière de rendre justice. Partant des travaux de Martha Nussbaum mais aussi des recherches contemporaines sur la valeur des émotions, ce séminaire a pour objectif d’engager une réflexion sur la place et la fonction des affects dans l’ordre juridique.

Programme

Séminaire du Collège international de philosophie 2017-2018

Philosophie pénale

Organisateur : Christophe Béal

Jeudi 22 mars

18h30-20h30, Lycée Henri IV, 23 rue Clovis, 75005 Paris :

• Christophe Béal (CIPh) : La honte et la justice pénale

Jeudi 5 avril

18h30-20h30, Lycée Henri IV, 23 rue Clovis, 75005 Paris :

• Philippe Blanc (Tours) : Compassion et sens de la justice chez Martha Nussbaum

Jeudi 3 mai

18h30-20h30, Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR), 25 rue de la Montagne Sainte Geneviève, 75005 Paris :

• Christiane Besnier (Université Paris Nanterre) : Les émotions dans le procès pénal : France, États-Unis
  

Jeudi 24 mai

18h30-20h30, Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR), 25 rue de la Montagne Sainte Geneviève, 75005 Paris :

• Fanny Élisabeth Rollet (Paris 1 Panthéon Sorbonne) : Du rôle des émotions dans quelques excuses
  

Inscription ouverte une semaine avant aux liens ci-dessous :

Jeu 22 mars : https://form.jotformeu.com/CIPhFormulaires/beal_christophe_2018_03_22

Jeu 5 avr : https://form.jotformeu.com/CIPhFormulaires/beal_christophe_2018_04_05

Jeu 3 mai : https://form.jotformeu.com/CIPhFormulaires/beal_christophe_2018_05_03

Jeu 24 mai : https://form.jotformeu.com/CIPhFormulaires/beal_christophe_2018_05_24