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Complexité et mégadonnées dans les sciences sociales

Complexity and megadata in the social sciences

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Publié le jeudi 12 avril 2018

Résumé

Les phénomènes peu prévisibles semblent surgir de dynamiques complexes. Alors que ces « cygnes noirs » sont définis comme des données aberrantes (outliers) d’un point de vue statistique, il est intuitivement assez évident qu’avant l’éruption de chaque phénomène il a dû exister une accumulation de facteurs. La chute du mur de Berlin, la crise financière, Brexit et l’élection de Trump sont seulement les plus visibles de ces échecs de la prédiction institutionnalisée ou bien des basculement d’opinion. Le glissement de l’Europe Centrale et Orientale dans une direction conventionnellement nommée populiste et nationaliste suscite relativement peu d’attention, mais pourrait déboucher sur un événement comparable aux précédents. Qu’en Turquie le mouvement de Gezi Park ait été suivi par le « coup » reste sans explication, comme s’il s’agissait d’événements appartenant à des histoires différentes.

Annonce

Argumentaire

Le CEREFREA Villa Noël de l’Université de Bucarest et l’Université Lumière Lyon 2 organisent les 14 et 15 septembre 2018 le colloque international « Complexité et mégadonnées dans les sciences sociales ». L’événement s’inscrit dans les activités de l’axe de recherche du CEREFREA « Les sciences sociales et la société » soutenu par l’AUF en ECO et la Délégation Wallonie-Bruxelles à Bucarest et celles du projet « BIG DATA – SHS.0 », financé par la Région Auvergne-Rhône-Alpes, dans le cadre du programme « Soutien aux coopérations universitaires et scientifiques internationales 2017 ». 

Les phénomènes peu prévisibles semblent surgir de dynamiques complexes. Alors que ces « cygnes noirs » sont définis comme des données aberrantes (outliers) d’un point de vue statistique, il est intuitivement assez évident qu’avant l’éruption de chaque phénomène il a dû exister une accumulation de facteurs. La chute du mur de Berlin, la crise financière, Brexit et l’élection de Trump sont seulement les plus visibles de ces échecs de la prédiction institutionnalisée ou bien des basculement d’opinion. Le glissement de l’Europe Centrale et Orientale dans une direction conventionnellement nommée populiste et nationaliste suscite relativement peu d’attention, mais pourrait déboucher sur un événement comparable aux précédents. Qu’en Turquie le mouvement de Gezi Park ait été suivi par le « coup » reste sans explication, comme s’il s’agissait d’événements appartenant à des histoires différentes.  

Est-ce que les accumulations silencieuses de divers facteurs qui ont lieu de nos jours dans de nombreux pays, concernant l’actualité, pourraient être étudiées comme autant de possibles « œufs de cygnes noirs » ? Les modèles possibles de ces accumulations seront-ils linéaires ? Ou bien serions-nous devant des exemples de phénomènes complexes, à savoir de disproportions entre les facteurs d’entrée et de sortie, de non-linéarité, de contradictions ou de cycles-limite? Si les limitations physiques de nos capacités communicationnelles reculent de plus en plus grâce à la technologie, l’influence de quelques individus augmentera-t-elle hors mesure, alors que celle de la plupart de leurs semblables diminuera vers zéro ? Les attitudes et les opinions sont caractérisées dans le temps par un facteur de stabilité, en ce sens que certaines personnes les conservent en dépit des majorités, et que majorités et minorités changent parfois brusquement d’avis à partir d’un point de basculement (tipping point). Quand il y a unanimité ou polarité des opinions, il est plus facile de s’orienter que lorsque la sphère publique est fragmentée en une multiplicité de positions. Dans ce cas, il n’y a pas de position moyenne ou « normale ». C’est comme si on se demandait quel est le nombre moyen de livres vendus par titre, alors qu’un livre atteint le million d’exemplaires et un million d’autres ne dépassent pas le millier. 

Cette fragmentation est augmentée par  le comportement des médias sociaux et des moteurs de recherche tiennent compte des préférences de l’utilisateur, ils l’enfermeront dans la « bulle » des opinions similaires aux siennes ; il n’a plus accès aux faits et opinions qui contredisent les siens. Dans une société du « savoir hédoniste » et de la « post-vérité », le réel ne médie plus entre les finalités choisies par les groupes, ce qui mine la confiance et le consensus. 

La mondialisation favoriserait-elle les chances d’apparition des phénomènes rares et inattendus ? Quantité de thèmes nouveaux entrent et sortent de l’attention publique chaque mois ; y aurait-il une « figure dans le tapis » dans cette fluctuation que l’on s’est plu à croire aléatoire ? Quelles sont les valeurs qui rallient le plus de monde dans diverses sociétés, quel rapport y a-t-il entre elles, comment changent-elles, comment veut-on influencer leur changement ? Quelle est la tectonique profonde de ces vagues ? On ne pouvait pas espérer de répondre à ce genre de questions avant l’époque des mégadonnées (big data). 

On a calculé qu’en 2025 la quantité de données en ligne sera de plus d’un trillion de gigabytes, dont 20 % auront une importance critique pour notre existence quotidienne. Extraire des connaissances à partir de cette masse d’informations brutes pose un nombre important de problèmes épistémiques, méthodologiques, éthiques et juridiques. Le défi peut être intimidant et susciter une réaction de rejet ou de contestation radicale au nom des traditions disciplinaires. Mais si les instabilités de l’avenir, qui semblent au moins aussi menaçantes que les désastres du dernier siècle, peuvent être scrutées en sondant ces mégadonnées, les sciences sociales seront à la hauteur de leur mission. 

Notre colloque se propose d’approcher, sans exclusivité, les questions suivantes :

  • Comment décrire et cartographier la typologie des mégadonnées plus ou moins accessibles ?
  • Quels types de questions est-il le plus urgent de poser aux grands corpus ?
  • Quelles méthodes de découverte, production et diffusion des connaissances peut-on employer pour les divers médias ? 
  • Quel impact peuvent avoir les mégadonnées sur nos pratiques de recherche ?
  • Quel impact la circulation et le commerce de ces données auront-ils sur la perception des valeurs de la démocratie, sur la vie quotidienne, sur les pratiques éducationnelles et les services médico-sociaux ? 
  • Comment les mégadonnnées changent-elles la politique as usual, les stratégies des candidats et les politiques sociales ? 
  • Peut-on améliorer la compréhension des événements historiques à l’aide des fouilles automatiques dans de vastes corpus de documents ?
  • Comment peut-on profiter des mégadonnées pour accroître l’interactivité des processus éducatifs ? 
  • Quels problèmes éthiques pose l’accès aux données médicales et comment définir un optimum normatif ? Par exemple, quelle influence peut avoir l’accès aux grands dépôts institutionnels de données sur la recherche médicale ?
  • En histoire culturelle et en world history, comment employer les méthodes de traitement des données massives de manière pertinente ? 
  • En histoire littéraire, l’étude des genres, des courants et des groupes peuvent-elle profiter des nouvelles méthodes issues de la science des données ? 

Calendrier

15 mai 2018 : soumission d’un résumé d’environ 350-400 mots en français aux adresses : simona.necula@villanoel.ro et larissa.luica@villanoel.ro. Les propositions doivent être accompagnées des noms, affiliations et adresses e-mail de tous les auteurs.

  • 1er juin 2018 : notification des résultats
  • 1er  octobre 2018 : appel à publication d’articles qui feront l’objet d’une procédure de sélection spécifique.

Comité scientifique

  • Fadila BENTAYEB, Université Lumière Lyon 2
  • Omar BOUSSAID, Université Lumière Lyon 2
  • Liviu Petrisor DINU, Université de Bucarest
  • Dana POPESCU-JOURDY, Université Lumière Lyon 2
  • Ioan PÂNZARU, Université de Bucarest
  • Cristina VERTAN, Université de Hambourg
  • Roxana TROFIN, Université « Politehnica » de Bucarest
  • Vincent WERTZ, Université Catholique de Louvain

Comité d’organisation

  • Larissa LUICA, Université de Bucarest
  • Simona NECULA, Université de Bucarest
  • Isabelle SANYAS, Université Lumière Lyon 2

Lieux

  • Villa Noël - 6 rue Emile Zola
    Bucarest, Roumanie (011847)

Dates

  • mardi 15 mai 2018

Mots-clés

  • mégadonnée, sciences cognitives, bases de données, fouille, pratique de recherche

Contacts

  • Larissa Luica
    courriel : larissa [dot] luica [at] unibuc [dot] ro
  • Simona Necula
    courriel : simona [dot] necula [at] villanoel [dot] ro

URLS de référence

Source de l'information

  • Larissa Luica
    courriel : larissa [dot] luica [at] unibuc [dot] ro

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Complexité et mégadonnées dans les sciences sociales », Appel à contribution, Calenda, Publié le jeudi 12 avril 2018, https://doi.org/10.58079/100q

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