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Architecture des milieux hyper-conditionnés

The architecture of hyper-conditional environments

Cahiers de la recherche architecturale, urbaine et paysagère

Cahiers de la recherche architecturale, urbaine et paysagère journal - architecture, urban and regional planning

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Veröffentlicht am Donnerstag, 07. März 2019

Zusammenfassung

Longtemps reléguées dans les champs des sciences de la construction, les techniques de conditionnement – ventilation, climatisation, illumination, sonorisation, odorisation – ont pris une place décisive dans la production architecturale et urbaine contemporaine. Elles sont pleinement à l’œuvre dans l’architecture commerciale qui promeut le marketing expérientiel et sensoriel. Elles se développent à travers les règlementations qui répondent aux enjeux de la maîtrise de l’énergie dans les bâtiments et instaurent de nouvelles régulations des flux entre architecture et environnement. Elles sont rendues nécessaires dans les climats inhospitaliers (tropiques, déserts, pôles), dans certains espaces sous contraintes (lieux de soins, de spectacles, de conservation, d’activités spécifiques) ou dans les milieux extrêmes (architectures sous-marines, souterraines, extraterrestres). Elles posent bien évidemment la question de notre relation à l’environnement et aux milieux que nous habitons, aux flux d’énergie et de matières et aux technologies visibles et invisibles qui gouvernent nos espaces de vie.

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Présentation

Longtemps reléguées dans les champs des sciences de la construction, les techniques de conditionnement – ventilation, climatisation, illumination, sonorisation, odorisation – ont pris une place décisive dans la production architecturale et urbaine contemporaine. Elles sont pleinement à l’œuvre dans l’architecture commerciale qui promeut le marketing expérientiel et sensoriel. Elles se développent à travers les règlementations qui répondent aux enjeux de la maîtrise de l’énergie dans les bâtiments et instaurent de nouvelles régulations des flux entre architecture et environnement. Elles sont rendues nécessaires dans les climats inhospitaliers (tropiques, déserts, pôles), dans certains espaces sous contraintes (lieux de soins, de spectacles, de conservation, d’activités spécifiques) ou dans les milieux extrêmes (architectures sous-marines, souterraines, extraterrestres). Elles posent bien évidemment la question de notre relation à l’environnement et aux milieux que nous habitons, aux flux d’énergie et de matières et aux technologies visibles et invisibles qui gouvernent nos espaces de vie.

Discutées dès les années 1930 par L. Mumford[1], analysées après-guerre par S. Giedion[2] ou R. Banham[3] et largement étudiées depuis[4], les techniques de conditionnement de l’architecture ont pris possession de nombreux aspects des environnements habités. L’air est conditionné en température et humidité, désodorisé voire potentiellement imprégné de substances aux effets régis par une psycho-chimie en devenir[5]. La lumière dite naturelle, largement anthropisée par le filtrage de produits verriers de plus en plus complexes, est modulée jour et nuit par des dispositifs d’éclairage artificiels aux effets parfois saisissants[6]. Les bruits de l’environnement et des activités humaines se mêlent aux signaux informatifs, récréatifs ou publicitaires diffusés dans des bulles sonores individuelles et collectives aux limites floues. L’apparence visuelle même du monde est désormais conditionnée par les écrans et projections de toutes sortes et l’avènement de la réalité dite augmentée.

La mise en œuvre convergente des techniques de conditionnement dans la production contemporaine de l’espace habité conduit à ce que nous désignons dans cet appel comme des milieux « hyper-conditionnés ». En dernière limite, les espaces qui en résultent n’offrent plus de prise avec l’environnement (naturel, urbain) dans lequel ils sont plongés. Décontextualisés, ils se définissent alors par la rupture qu’ils imposent avec les conditions prévalant alentour. Hermétiques, ils s’appréhendent exclusivement de l’intérieur, à travers l’immersion et l’expérience personnelle ou collective, les rendant réfractaires aux modalités de représentation classiques par le plan, le dessin ou la photographie. Le récit d’expérience ou les tableaux d’indicateurs biostatistiques (températures, niveaux sonores, lumineux, chimie de l’air, flux) deviennent finalement les outils de description les plus solides, mais aussi les plus ambigus, de tels espaces.

La compréhension de la manière dont les techniques d’hyper-conditionnement des milieux impactent la conception que nous avons de l’architecture, les compétences des architectes et des autres concepteurs, et les mécanismes de production d’espace sont l’objet du présent dossier thématique. Trois angles d’analyse sont proposés.

L’expérience de l’espace hyper-conditionné

Le premier s’intéresse à l’expérience des milieux hyper-conditionnés, entre ravissement et rejet, saisissement et apeurement, dépaysement et familiarité. La caractérisation de cette expérience soulève des questions liées aux nouvelles esthétiques atmosphériques[7] désormais indissociables des galeries marchandes et des espaces de la mobilité (aéroports, gares), des lieux festifs ou sportifs, de certains espaces de travail ou de logement. Se posent également de nouvelles questions sur les limites du corps humain au regard du confinement, de la saturation sensorielle, des « sensations dérangeantes »[8] ou de l’expérience du passage d’un conditionnement à un autre (du bureau à la galerie commerciale, des transports au chez-soi). On peut mettre en débat l’hypothèse d’une désensibilisation des habitants éventuellement concomitante à la standardisation des ambiances et à l’homogénéisation d’un confort normalisé[9]. Les articles attendus ici s’appuieront sur des études de cas d’espaces hyper-conditionnés à travers le monde ou sur des installations qui en reproduisent temporairement les caractéristiques[10].

Faire de l’architecture à l’ère du conditionnement

Il s’agit ici de comprendre comment les techniques du conditionnement renouvellent les manières de concevoir l’architecture et plus particulièrement les modes de représentation, d’évaluation ou d’expérimentation des espaces conditionnés ou reconditionnés. On s’intéressera notamment aux relations entre les architectes et leurs partenaires des diverses sciences et techniques qui concourent au conditionnement de l’espace[11], de l’ingénierie thermique ou acoustique à la psychologie environnementale, de la simulation numérique à l’expérimentation psychophysique, et aux nouveaux métiers émergeant dans ces articulations. La prise de conscience écologique contemporaine soulève par ailleurs la question de l’évolution des techniques de conditionnement – entre low-tech et high-tech – et des rapports entre architecture, technologies et normes. On pourra parallèlement s’intéresser aux imaginaires du conditionnement qui traversent les pratiques de l’architecture et leurs expressions littéraires ou cinématographiques par exemple. Des articles à portée sociotechnique partant de situations de projets construits ou de propositions fictionnelles sont attendus ici.

L’hyper-conditionnement comme emprise

Le dernier angle d’analyse intéresse les mises en œuvre du conditionnement, ses potentialités d’emprise sur les corps et les esprits, la vulnérabilité qui en résulte et les manipulations potentielles qui lui sont liées. Longtemps canalisé au sein des approches hygiénistes, productivistes[12] ou marchandes[13], le conditionnement de l’architecture s’inscrit désormais dans la perspective du « capitalisme émotionnel »[14] et prend place dans les lieux de vie les plus ordinaires. Il faut alors questionner ses modes d’emprise et ses effets sur les usages, et s’interroger parallèlement sur de nouvelles relations entre architecture, environnement et paysage. Sont attendus ici des articles basés sur des approches socio-anthropologiques, historiques ou politiques du conditionnement, du reconditionnement ou du déconditionnement de l’architecture.

Modalités de transmission des propositions d’articles

Les propositions d’articles seront envoyées par mail

avant le 21 juin 2019

au secrétariat de rédaction des Cahiers de la recherche architecturale, urbaine et paysagère :

secretariat-craup@culture.gouv.fr

Pour plus d’informations, contacter Aude Clavel au 06 10 55 11 36

Les articles ne doivent pas excéder 50 000 caractères, espaces compris.

Langues acceptées : français, anglais.

Les articles doivent être accompagnés de :

1 notice biobibliographique entre 5 à 10 lignes (nom et prénom du ou des auteur(s), statut professionnel et/ou titres, rattachement institutionnel éventuel, thèmes de recherche, dernières publications, adresse électronique).

2 résumés en français et en anglais.

5 mots clefs en français et en anglais.

Notes

[1] Mumford, Lewis. 1934. Technics and civilization. New York, Harcourt-Brace.

[2] Giedion, Sigfried. 1948. Mechanization takes command: a contribution to anonymous history. New York, Oxford University Press.

[3] Banham, Reyner. 1969. Architecture of the Well-Tempered Environment. Chicago, University of Chicago Press.

[4] Voir par exemple au sujet de l’air conditionné : Cooper, Gail. 1998. Air-Conditioning America: Engineers and the Controlled Environment, 1900-1960. Baltimore, John Hopkins University Press ; Ackermann, Marsha E. 2002. Cool Comfort: America's Romance With Air-Conditioning. Washington, Smithsonian Institution Press.

[5] On pense au monde dystopique décrit par Stanislas Lem dans son roman Le congrès de futurologie (1971) ou au projet Hormonorium présenté par Décosterd et Rahm en 2002 à la 8e Biennale d’architecture de Venise.

[6] Comme ceux produits par les systèmes d’éclairage de la société Coelux, faux ciels de printemps et faux soleils figés dans un éternel été méditerranéen. Cf. https://www.coelux.com

[7] Voir à ce sujet Böhme, Gernot. 2017. The Aesthetics of Atmospheres. New York, Routledge.

[8] Sennett, Richard. 2002. La Chair et la pierre. Le corps et la ville dans la civilisation occidentale. Paris, Éditions de la Passion.

[9] Voir par exemple : Shove, Elizabeth. 2003. Converging Conventions of Comfort, Cleanliness and Convenience. Journal of Consumer Policy, 26:4. DOI: 10.1023/A:1026362829781 ; Healy, Stephen. 2008. Air-conditioning and the ‘homogenization’ of people and built environments. Building Research & Information, 36:4. DOI: 10.1080/09613210802076351

[10] Comme celles proposées par exemple par Philippe Rahm.

[11] Voir par exemple : Erwine, Barbara. 2017. Creating Sensory Spaces. The Architecture of the Invisible. New York, Routledge ; Edensor, Tim & Sumartojo, Shanti. 2015. Designing Atmospheres: introduction to Special Issue. Visual Communication, 14:3. DOI: 10.1177/1470357215582305

[12] Voir par exemple : Pillon, Thierry. 2018. Les couleurs d'ambiance. L'exemple des bureaux dans les années 1950-1960. Communications, n°102. « Exercices d'ambiances. Présences, enquêtes, écritures », sous la direction de Maxime Le Calvé et Olivier Gaudin.

[13] Un sujet de recherche ouvert par les travaux de Philip Kotler au début des années 1970 (Atmospherics as a marketing tool, Journal of Retailing. 49:4, 1973) qui se poursuit dans de nombreux travaux contemporains. Voir par exemple : Healy, Stephen. 2014. Atmospheres of consumption: Shopping as involuntary vulnerability. Emotion Space and Society. 10(1). DOI: 10.1016/j.emospa.2012.10.003 ; Julmi, Christian. 2016. Conquering new frontiers in research on store atmospheres: Kinetic and synesthetic qualities. Ambiances [En ligne]. DOI: 10.4000/ambiances.723

[14] Voir l’exposition du Centre Canadien d’Architecture, Nos jours heureux. Architecture et bien-être à l’ère du capitalisme émotionnel, CCA, Montréal, du 8 mai au 13 octobre 2019.

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Daten

  • Freitag, 21. Juni 2019

Kontakt

  • Aude Clavel
    courriel : craup [dot] secretariat [at] gmail [dot] com

Informationsquelle

  • Aude Clavel
    courriel : craup [dot] secretariat [at] gmail [dot] com

Lizenz

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Zitierhinweise

« Architecture des milieux hyper-conditionnés », Beitragsaufruf, Calenda, Veröffentlicht am Donnerstag, 07. März 2019, https://doi.org/10.58079/126j

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