Página inicialDevenirs de(s) villes nouvelles dans les Suds

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Devenirs de(s) villes nouvelles dans les Suds

The future of new towns in the South

Appel à contributions pour la revue « Les Cahiers d'Outre-Mer »

Les Cahiers d'Outre-Mer journal calls for contributions

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Publicado quarta, 03 de abril de 2019

Resumo

Le phénomène « ville nouvelle » n'est pas l'apanage des Nords. L'année prochaine, Brasilia fêtera ses soixantes années d'inauguration. Lors du « Davos du désert » (2017), l'Arabie Saoudite annonçait le projet de Neom, situé en bordure de la mer Rouge. Au fil du temps, cet outil d'aménagement du territoire et urbain s'est diffusé sur l'ensemble des continents, dans une variété de contextes nationaux : Chine (Jiading, Songjiang), Inde (Chandigarh, Gurgaon), Kazakhstan (Astana), Côte d'Ivoire (Yamoussoukro), Nigéria (Abuja), Myanmar (Naypyidaw), Vénézuela (Ciudad Caribia), Algérie (Boughezoul, El Menea), Maroc (Tamansourt, Chrafate), Egypte (6 Octobre, 15 Mai) , Emirats Arabes Unis (Masdar), Russie (Akademia), Angola (Nova cidade Kilamba), Corée du Sud (Sondgdo), Pologne (Nowa Huta).

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Argumentaire

Le phénomène "ville nouvelle" n'est pas l'apanage des Nords. L'année prochaine, Brasilia fêtera ses soixantes années d'inauguration. Lors du "Davos du désert" (2017), l'Arabie Saoudite annonçait le projet de Neom, situé en bordure de la mer Rouge. Au fil du temps, cet outil d'aménagement du territoire et urbain s'est diffusé sur l'ensemble des continents, dans une variété de contextes nationaux : Chine (Jiading, Songjiang), Inde (Chandigarh, Gurgaon), Kazakhstan (Astana), Côte d'Ivoire (Yamoussoukro), Nigéria (Abuja), Myanmar (Naypyidaw), Vénézuela (Ciudad Caribia), Algérie (Boughezoul, El Menea), Maroc (Tamansourt, Chrafate), Egypte (6 Octobre, 15 Mai) , Emirats Arabes Unis (Masdar), Russie (Akademia), Angola (Nova cidade Kilamba), Corée du Sud (Sondgdo), Pologne (Nowa Huta). La liste, non-exhaustive – il faudrait plus d'une page pour énumérer les seules centaines de projets chinois –, est toutefois représentative d'une forte circulation des modèles de villes nouvelles à l'échelle mondiale : autrement dit, d'une mondialisation de la new town à travers les pratiques professionnelles de l'aménagement et de l'urbanisme.

La pluralité vaut selon les fonctions assignées : rééquilibrage territorial à l'échelle nationale /internationale (nouvelles capitales), et/ou à l'échelle régionale/locale (villes nouvelles d'aménagement métropolitain). Le gradient de territorialisation des projets est tout autant variable : situé dans des temporalités de conception, de réification ou encore d'appropriation socio-spatiale plus ou moins avancée. Outre leur forte charge symbolique – archétype de "l'imaginaire bâtisseur"(Ostrowetsky, 1983) – et performative, ces projets ont en commun de s'inscrire dans des régimes politiques volontaristes – autoritaires pour une majorité –. On peut relever aussi trois sortes de générations de projets : les villes nouvelles keynesiennes, relevant essentiellement d'un effort redistributif de l'Etat ; les villes nouvelles libérales, qui ouvrent la maîtrise d'ouvrage du projet au contrat privé ; les villes nouvelles néolibérales qui ouvrent la maitrise d'ouvrage du projet au contrat privé et à la financiarisation, le tout appuyé sur un marketing écologisant soutenu. Pour reprendre l'exemple chinois, les villes satellites érigées dans les années 1970 selon un modèle de planification soviétique offrent peu à la comparaison avec celles planifiées dans les périphéries de Shangai et Pékin, labellisées du sceau du sustainable/smart development au milieu des années 2000 (Henriot, 2015).

Cet appel à publication pour les Cahiers d'Outre-Mer concerne un numéro spécial sur les devenirs des villes nouvelles dans les Suds. Cette thématique résonne en partie avec deux parutions collectives récentes. Un numéro des Cahiers d'EMAM s'intéresse aux politiques de villes nouvelles au Maghreb (Signoles, 2017). Un volume de Géocarrefour porte sur les trajectoires et les ajustements des politiques urbaines dans les Suds (Bertrand, 2015). Il s'agit d'élargir la zone d'étude aux Suds et de préciser la tématique de recherche sur les politiques de villes nouvelles. Par politiques de villes nouvelles, il est entendu des politiques volontaristes d'aménagement du territoire, planifiant et réalisant des entités urbaines autonomes. Cela exclut les villes-champignons, les grands quartiers construits en périphérie de villes prééxistantes ou les villes nouvelles monovalentes (Chaline, 1996), accompagnant le secteur minier, industriel ou touristique. Sont hors-champ temporel les villes nouvelles des périodes antiques, médiévales et coloniales.

Appliquée à un objet, la notion de devenir renvoie à sa transformation – non à un simple déplacement – par rapport à un état antérieur, de départ. Par ailleurs, elle renvoie au résultat de cette dynamique, inscrite dans l'épaisseur du temps long. Ainsi seront privilégiées les analyses relatives à des cas territorialement ancrés, offrant une prise de distance temporelle, favorable à une approche diachronique. L'article de Roussel et Rochefort, (1990), sur les dynamiques à l'oeuvre dans l'espace urbain de Brasilia, constitue une approche scientifique particulièrement intéressante. Après 30 ans d'inauguration de la nouvelle capitale fédérale – long à l'échelle des temps urbains –, les auteurs, grâce à un jeu d'échelles imparable, montrent les bouleversements connus par le projet hyper volontariste de Kubitschek, du fait des contingences et des imprévus. Ils montrent comment la confrontation de politiques, de stratégies et de tactiques d'acteurs concourt à dé(re)tourner une planification urbaine des plus travaillée et autoritaire. Il donnent à voir l'espace politique avec une précision chirurgicale à l'échelle métropolitaine, même si la classification peut-être maladroite : un habitant de quartier précaire peut lui aussi élaborer des statégies spatiales et non se restreindre à des tactiques... –. L'analyse apparaît autant féconde que celle, radicale-pragmatique mais devenue classique, fondée sur l'angle du décalage entre : projets/réalités, idé(a)el/réel, discours/réalités, espace projeté/vécu, virtuel/concret, réalisations projetées/effectives, etc.

Entre les deux pôles de cette approche binaire efficace, de nombreuses territorialités de villes nouvelles peuvent se succéder ou bien coexister dans un même espace. Plus que les divergences/similitudes entre un état initial et un état finalisé, ce sont les différentes étapes, c'est à dire les phases de transformation, d'évolution, d'adaptation du projet qui nous intéressent, ainsi que leurs motifs. Peut-on évoquer une évolutivité consubtantielle à l'urbanisme/aménagement de grand/méga projet ? Comment est-elle anticipée par les porteurs et les maîtres d'ouvrage des villes nouvelles ? Quelles sont les parts de crédits perdues suite à ces retournements de situation ? La qualification de "nouvelle ville" (Dewaele, 2016), pour désigner des projets indiens de villes nouvelles (Gurgaon, Navi Mumbai) ayant connu différents cycles de développement, est aussi illustrative de la démarche envisagée pour ce numéro des Cahiers d'Outre-Mer. A l'aune des villes nouvelles dans les Suds, il s'agit de saisir les évolutions, les ajustements relatifs aux conceptions, et aux gouvernances de projets (Ballout, 2017) à l'oeuvre dans l'action publique aménagiste et urbaine contemporaine. On mettra en lumière les "inflexions de la planification" (Dewaele, 2018) avec des indicateurs potentiels tels que les changements de paradigmes de l'action urbaine, les évolutions d'échelles d'interventions et celles des niveaux d'investissement des acteurs.

Par ailleurs, le temps du retour à l'ordinaire politique des villes nouvelles constitue une autre entrée d'analyse sur laquelles nous souhaiterions recevoir des contributions. Les villes nouvelles, dans la plupart des cas, sont des projets d'aménagement si spécifiques qu'elles sont généralement labélisées sous la forme d'opérations d'intérêt national, donc de nature exceptionnelle et bénéficiant à ce titre d'avantages exceptionnels et d'une gouvernance ad hoc. Or, après un certain temps, a minima une décennie, leur gouvernement (Vadelorge, 2005) – il n'est clairement plus question de gouvernance mais de politique représentative – sort du régime politique d'exception. Il s'agit de s'intéresser aux modalités de gestion des territoires urbains de villes nouvelles, une fois que celle-ci revient aux acteurs locaux, municipaux. Observe-t-on la création de sociétés politiques locales dans le cadre de ces villes nouvelles ? Y-a-t-il concrétement un retour à une gouvernance normée ? Comment est-elle assumée, avec quelles ressources ? Dans cette approche géopolitique des villes nouvelles, il conviendra de vérifier si elles constituent le théatre de pratiques citadines innovantes et plus engagées, en partie du fait d'une diffusion internationale croissante et récente de la pensée de Lefevbre (1968), tel que cela a été observé récemment dans d'autres contextes urbains des Suds (Stadincki, 2017). Plus globalement, quelles sont les modalités de régulation des gouvernements de ces projets territoriaux si particuliers ? Quels acteurs contribuent à la gestion des services urbains notamment ?

Un troisième angle d'analyse porte sur les transformations territoriales des villes nouvelles dans les Suds, autant aux échelles micro-locales, locales, régionales, voire nationales. Quelles formes d'urbanité/centralité peut-on saisir dans ces nouveaux territoires ? Comment évoluent-elle : deviennent-elles des urbanités marginales, périphériques, émergentes, alternatives (Ballout, 2015). Plus globalement, des contributions sont attendues sur l'habiter des villes nouvelles sous l'angle du croisement entre citadinité ordinaire et extraordinaire spatial/urbanistique. Elles permettront d'éclairer l'habiter des utopies urbaines du 21e siécle (Gelézeau, 2015).Si les villes nouvelles deviennent des villes, c'est avant tout par les pratiques et les représentations de leurs habitants, c'est pourquoi une grande attention sera accordée à leurs citadin(e)s/citoyen(ne)s.

Il s'agit aussi de vérifier la qualité de ces urbanités et citadinités émergentes, de préciser la place du curseur entre banalités et extraordinaires urbains. Pour davantage saisir les représentations des habitants, nous proposons de procéder à des généalogies de l'habiter en villes nouvelles. Dans le sillage de la "fabrique plurielle" (Lakehal, 2015) des villes nouvelles, on montrera l'évolution des représentations et pratiques des habitants au gré de la territorialisation du projet, de même qu'en fonction du profil de celui qui exprime un discours : celui d'un habitant "pionnier" ne sera pas identique à celui d'un habitant "fraichement" arrivé dans une ville nouvelle connaissant un stade avancé de réalisation et d'appropriation socio-spatiale. En outre, les représentations d'un habitant pionnier sont susceptibles d'évoluer au fil d'un temps urbain moyen (10 ans). Cela renvoie à la possible reversibilité territoriale du projet .

Enfin, avec ce champ thématique, il est aussi question d'interroger la pertinence du gigantisme en matière de choix politique d'aménagement. L'action publique urbaine contribue-t-elle à faire, avec ce type d'échelle d'action, des territoires où il fait bon vivre ? Ne faut-il pas s'interroger sur la nécéssité d'une resdescente du gigantisme ascensionnel ? Pour une grande partie des chercheurs et praticiens de l'urbain à l'international, la ville nouvelle est devenue un tabou de l'aménagement du territoire. Les écrits très critiques et sévères à l'égard des villes nouvelles, des Nords comme des Suds, sont nombreux (Ballout, 2014). Il n'empéche que les politiques de villes nouvelles continuent à se diffuser. Une hypothèse qui expliquerait en partie la poursuite de leur diffusion est la substitution du terme new town par celui de green city ou de sustainable city. Plutot que de parler de ville nouvelle, les porteurs de projets préfèrent se réfèrer aux modèles dits de smart city ou d'ecocity, l'idée de ville nouvelle est secondaire dans le projet, même si elle est bien réelle. Ainsi, on peut se demander précisément ce que signifie habiter Astana, Songdo, Masdar, Mentougou, Waxin, etc., toutes ces villes nouvelles présentées avant tout sous les vertus du développement urbain durable ou d'une intelligence artificielle aux services de leurs habitants ? Quels effets cela a -t-il d'habiter "la ville de demain" au quotidien ? Les pratiques et représentations associées à ces villes nouvelles des Suds dernières générations sont-elles si "radieuses" ? Finalement, une ville nouvelle, qui plus est écologique et intelligente, ne tendrait-elle pas vers un projet de recyclage urbain/territorial ?

Bien entendu, toutes les propositions de publication portant sur les politiques de villes nouvelles dans les Suds, n'ayant pas fait l'objet de publication, seront étudiées en fonction de l'innovation de leur objet d'étude ou de leur angle d'analyse.

Instructions aux auteurs

Les contributions sont à envoyer à :

Jean-Marie Ballout (coordinateur du numéro), jmballout@yahoo.fr, Dr en Géographie et Aménagement de l'espace, Chercheur associé UMR GRED.

Les normes de présentation des articles sont disponible sur :https://journals.openedition.org/com/7501

Calendrier indicatif

Envoi d'un résumé et mots clés pour le 30 juin 2019 ;

Remise des textes pour le 31 décembre 2019 aux normes de la revue ;

Publication prévue en juin 2020.

Bibliographie

Interroger les gouvernances urbaines. Entre fragmentation et contrat territorial, Karthala, p. 61-86, 350 p.

L'Année du Maghreb, n°12, p. 55-74.

BALLOUT JM, 2014, Territorialisation de villes nouvelles au Maghreb, thèse de Doctorat, Université Montpellier 3, 701 p.

Géocarrefour, 90/1.

CHALINE C., 1996 (2e éd.), Les villes nouvelles dans le monde, PUF, 125 p.

Annales de Géographie, n°720/2, 116 p.

GELEZEAU V., KÖPPEN B., 2015, Habiter les utopies urbaines au XXIe siècle: deux méga-projets en construction à Songdo (Corée du Sud) et Astana (Kazakhstan), FIG, Saint-Dié.

HAUMONT N., et al., 1999, Villes nouvelles et villes traditionnelles. Une comparaison internationale, L'Harmattan, 341 p.

, 90/01, p. 27-38.

LAKEHAL A., « Rôle des habitants dans l'invention de nouvelles formes d'urbanité dans la périphérie de Constantine (Algérie). Le cas de la ville nouvelle Ali Mendjeli », in L'Année du Maghreb, n°12, p. 35-53.

LEFEBVRE H., 1968 (rééd. 2015), Le droit à la ville, Anthropos, 135 p.

OSTROWETSKY S., 1983, L'imaginaire batisseur. Les villes nouvelles françaises, 345 p.

Strates, n°5.

Les Cahiers d'EMAM, n°29, 239 p.

L'Afrique du Sahel et du Sahara à la Méditérannée, Atlande, p.178-182.

VADELORGE L., (dir.), 2005, Gouverner les villes nouvelles. Le rôle de l'Etat et des collectivités locales, Le Manuscrit, 405 p.

Categorias


Datas

  • domingo, 30 de junho de 2019

Palavras-chave

  • ville nouvelle, sud

Contactos

  • Jean-Marie Ballout
    courriel : jmballout [at] yahoo [dot] fr

Fonte da informação

  • Jean-Marie Ballout
    courriel : jmballout [at] yahoo [dot] fr

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Para citar este anúncio

« Devenirs de(s) villes nouvelles dans les Suds », Chamada de trabalhos, Calenda, Publicado quarta, 03 de abril de 2019, https://doi.org/10.58079/12e6

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