InicioIgnorance, pouvoir et santé : la production des savoirs médicaux au prisme des rapports de domination

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Ignorance, pouvoir et santé : la production des savoirs médicaux au prisme des rapports de domination

Ignorance, power and health: the production of medical knowledge through the prism of power relations

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Publicado el martes 28 de mayo de 2019

Resumen

Ce colloque interdisciplinaire et international porte sur la production de l'ignorance, à partir d'études empiriques sur la thématique de la santé au prisme des rapports sociaux de domination. Il a pour objectif de montrer la richesse et la pertinence de l’étude de la production de l’ignorance pour penser les rapports de pouvoir à l’œuvre dans les mondes de la santé et de la médecine, grâce à la présentation de travaux partant de différents ancrages disciplinaires. C’est la diversité des manifestations de l’ignorance qui nous intéresse ici pour penser ses implications pour les corps et les sexualités : volontaire, organisationnelle, structurelle, ordinaire, etc. La priorité est donnée aux approches sociologiques, anthropologiques et historiques, mais nous accueillerons aussi des propositions émanant de la géographie, la science politique et la santé publique.

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21-22 octobre 2019 (MSH Paris Nord)

Présentation

Les mobilisations féministes des années 1970 ont représenté un mouvement politique de lutte et d'émancipation, mais aussi un mouvement épistémologique de critique des savoirs établis et de production de nouveaux savoirs. Les mouvements féministes ont porté une attention particulière aux questions liées au corps et à la santé, telles que les violences sexuelles, la contraception, l'avortement, le plaisir, mais aussi la contrainte à l’hétérosexualité. La mise au jour de l'interdépendance entre savoir et politique a entraîné une remise en cause des cadres légitimes de la production des connaissances, en revalorisant l'expérience corporelle et émotionnelle des sujets historiquement dominés.

Le mouvement pour la santé des femmes (Women's Health Movement) est emblématique de cette démarche critique, avec une volonté de démocratiser des savoirs médicaux existants mais aussi de renverser l'asymétrie épistémique qui caractérise la relation médicale, en revendiquant la possibilité de créer des savoirs et de l'expertise sur nos corps et nos vies. L'ouvrage Our Bodies Ourselves se présente ainsi comme contenant « un matériau réel sur nos corps et sur nous-mêmes qui n'est pas disponible ailleurs » et comme voulant « présenter ce matériau d'une nouvelle manière : une manière honnête, humaine et puissante de penser à nous et à nos vies » (Boston Women's Health Book Collective, 1973 : 2). Le mouvement pour la santé des femmes et ses prolongements dans la sphère académique ont cherché à dévoiler les façons dont les corps des femmes ont pu être ignorés et certaines réalités invisibilisées, à montrer que des savoirs ont pu être interdits ou appropriés par des groupes dominants, à revendiquer des savoirs perdus et à en créer de nouveaux (e.g. Ehrenreich et English, 1973).

C'est en ce sens que la philosophe féministe Nancy Tuana estime que les « épistémologies de l'ignorance font souvent partie intégrante des mouvements de résistance » (Tuana, 2006 : 2). Ainsi, les réflexions politiques issues de mouvements de contestation (féministes, antiracistes, anti-validistes, LGBT, etc.) ont théorisé les processus de connaissance et d’ignorance à l'œuvre dans les rapports sociaux de domination, mais aussi dans la production de leurs propres savoirs, en pointant notamment du doigt l'ignorance des privilèges associés à la blanchité, à la masculinité, à l’hétérosexualité ou à la validité. Ces réflexions critiques ont également dénoncé l’effacement des voix des « subalternes » de l’écriture de l’histoire, comme de la scène politique, culturelle et sociale.

Comment les apports de ces mouvements politiques ont-ils été traduits et prolongés dans la recherche académique ?

Il nous semble que c'est principalement en philosophie que se sont développées les études de l'ignorance au prisme des rapports sociaux de domination. On peut ainsi mentionner le numéro de la revue de philosophie féministe Hypathia consacré aux « épistémologies féministes de l’ignorance », dirigé par Nancy Tuana et Sharon Sullivan en 2006. Elles se donnent pour but de remédier au manque de littérature sur ce sujet, et d’affirmer le potentiel émancipateur de l’approche en termes d'ignorance pour les mouvements sociaux, prolongeant ainsi les épistémologies féministes du positionnement (Haraway, 1988 ; Harding, 1991 ; Hartsock, 1983 ; Hill Collins, 1986) qui ne thématisaient pas l’ignorance en tant que telle.

Les rapports sociaux de race ont aussi fait l'objet d'analyse en termes de production de l'ignorance par le philosophe Charles W. Mills, qui théorise ce qu'il nomme « l'ignorance blanche », dans un ouvrage collectif consacré à l'articulation entre race et épistémologies de l'ignorance (Sullivan et Tuana (dir.) 2007). Ces épistémologies nous permettent de « penser le caractère productif ou constitutif de l'inaction et de l'ignorance dans la formation de la conscience des dominants » (Cervulle, 2012 : 45) et de problématiser le caractère politique et situé de l’ignorance, en décrivant les différentes significations qu’elle prend selon les contextes et les rapports de pouvoir ou de résistance ainsi (re)produits.

L’ensemble de ces mobilisations a plus généralement pointé la nécessité d’étudier l’ignorance en tant que phénomène social, au même titre que la production de savoir. Les épistémologies féministes et intersectionnelles de l’ignorance rejoignent en ce sens un courant plus large de recherches portant sur la fabrique culturelle de l’ignorance, notamment en histoire des sciences. Robert Proctor et Londa Schiebinger dirigent ainsi en 2008 un ouvrage collectif sur « l’agnotologie ». Ce livre se veut programmatique pour la constitution d’un champ de recherche à part entière. Les contributeur·ice·s insistent sur la nécessité épistémique et politique de cette approche et problématisent l’ignorance non pas comme une absence (que la science viendrait combler), mais plutôt comme un travail de production, de maintien et d’effacement par des structures et des contextes traversés par des rapports de pouvoir. Nancy Tuana y affirme que « l’ignorance, loin d’être un simple manque de connaissance que la bonne science doit bannir, est mieux comprise comme une pratique soutenue par des causes sociales aussi complexes que celles impliquées dans les pratiques de connaissance » (Tuana, 2008 : 108-109). Les travaux en sciences sociales sur l’ignorance se sont depuis largement diversifiés, comme en témoignent l’ouvrage The Anthropology of Ignorance: an Ethnographic Approach (2012) et le Routledge International Handbook of Ignorance Studies (2015) qui attirent davantage l’attention sur la dimension ordinaire et quotidienne de l’ignorance. Nous souhaitons nous inscrire dans la continuité de ces approches mais sur les thématiques précises de la médecine et de la santé.

Du point de vue de la médecine et de la santé, de nombreux travaux empiriques ont également développé le lien entre savoirs existants et production d’ignorance, mais sans nécessairement mettre au cœur de leur investigation la reproduction ce faisant de rapports sociaux de domination. Sans prétendre à l'exhaustivité, nous pouvons diviser ces travaux en deux ensembles.

Un premier ensemble montre la place intrinsèque de l’ignorance dans la production des savoirs dits scientifiques, au titre desquels figurent les savoirs médicaux. Ces travaux rejoignent l’incitation à ne pas considérer l’ignorance comme une déviance mais plutôt comme un fait régulier et structurant de la vie scientifique et sociale.

Dans la pratique scientifique même, par les décisions qui sont prises, les techniques et les outils qui sont employés, l’ignorance est constamment produite et reproduite. Dans leur étude des pratiques de classification, Bowker et Star montrent par exemple que la manière de produire des classifications valorise certains points de vue et en silencie d’autres (Bowker et Star, 1999). Certains travaux prônent d’ailleurs l’abandon de l’utopie de la neutralité et l’omniscience, pour adopter une « responsabilité épistémique », consciente et transparente quant à ces dimensions (Michael, 2015).

Sans nécessairement mobiliser le terme d’ignorance, d’autres travaux empiriques en histoire des sciences ainsi qu’en science and technology studies ont réfuté l’idée d’une science « pure », en expliquant la formation de connaissances scientifiques, leur réussite ou leur rejet, par des facteurs sociaux et culturels. Le programme fort de Bloor, Barnes et Henry (1996) propose ainsi de traiter de manière symétrique les théories scientifiques, qu’elles soient considérées comme « vraies » ou « fausses » afin de comprendre les conditions de leur véridiction.

Ces réflexions rejoignent un autre champ particulièrement fertile en matière d’études empiriques de la production de l’ignorance, prenant pour objet les scandales environnementaux et sanitaires.

Premièrement développé autour de l’étude de stratégies volontaires, montrant comment « les industries et/ou les États cherchent à contrôler la production et la circulation de connaissances scientifiques sur les effets […] délétères d’activités et de produits » (Jas, 2015 : 33), ce champ est aujourd’hui prolongé par des analyses y adjoignant des formes involontaires et systémiques de fabrication et de maintien dans l’ignorance de risques environnementaux et sanitaires.

Sont ainsi mis en évidence différents mécanismes qui peuvent nourrir la réflexion des liens entre ignorance et santé : l’instrumentalisation des controverses scientifiques pour produire et entretenir le « doute » (Oreskes, Conway, 2010 ; Proctor, 2012) ; la manière dont des instruments de mesure et de recherche, ainsi que des modes d’organisations, orientent les manières de voir – et de ne pas voir – certains dangers (Frickel, Vincent, 2007 ; Kleinman, Suryanarayanan, 2013) ; la mise en évidence de certaines « situations dans lesquelles des savoirs potentiellement disponibles pour l’action ne sont pas utilisés » (Dedieu, Jouzel, 2015 : 106) mais plutôt « domestiqués » pour ne pas mettre en péril les principes d’existence et de légitimité des institutions concernées.

Dans le champ francophone récent, on citera notamment les travaux sur les perturbateurs endocriniens (Jas et Gaudillière, 2016 ; Fillon et Torny, 2016), les produits phytosanitaires (Dedieu, Jouzel, 2015), le nucléaire (Topçu, 2013), souvent en lien avec les maladies professionnelles (Thebaud-Mony, 2000 ; Jouzel, Dedieu, 2013 ; Marichalar, 2017).

Tous ces travaux ont une dimension critique et certains prennent en compte les rapports sociaux de domination. Les approches des STS ont ainsi prodigué des outils utiles à la critique féministe, pour questionner les conditions de production de savoir sur la différence des sexes, ainsi que les biais androcentrés dans la formulation d’expériences, le langage employé et l’analyse de résultats (Subramaniam, 2009). Les analyses des risques sanitaires, notamment au travail, ont également montré la manière dont certains instruments contribuaient à invisibiliser la souffrance des femmes en milieu professionnel (Messing, 2000 ; Avril, Marichalar, 2016) ou à dépolitiser la question de la santé au travail en privant les organisations syndicales de moyens d’action sur ces questions (Counil, Henry, 2016).

Cependant, ces approches n’investiguent pas toujours explicitement le lien entre leurs résultats et la reproduction des systèmes de domination, invitant à un dialogue plus poussé entre les épistémologies féministes et intersectionnelles de l’ignorance, et les travaux empiriques portant sur la médecine et la santé. 

Problématisation et propositions de communication

Ce colloque se propose donc de prolonger le dialogue entre les épistémologies de l’ignorance critiques des rapports de domination et les recherches empiriques sur la santé et de la médecine. Comment l’imbrication des mécanismes de production de l’ignorance et des rapports de pouvoir façonne-t-elle les corps, les sexualités et les subjectivités ?

La production de l’ignorance n’est pas toujours liée à des systèmes d’oppression mais l’oppression fonctionne presque toujours à travers l’ignorance, c’est pourquoi nous sommes intéressées par des analyses des différents rapports de domination au prisme de la production de l’ignorance : genre, classe, race, âge, handicap, etc.

Nous pouvons soulever les questionnements suivants : Qui profite de la connaissance et qui profite de l’ignorance ? Qui en fait les frais ? Par quels mécanismes certaines catégories de population sont-elles discursivement et pratiquement construites comme ignorantes ? Comment la production de l'ignorance configure-t-elle des rapports de domination et de résistance ? En quoi la fabrication discursive ou matérielle de sujets ignorants constitue-t-elle un outil privilégié de la reproduction des inégalités et des rapports de domination ?

Les propositions de communication pourront s’inspirer de la typologie proposée par Nancy Tuana (2006) des manifestations et des rouages de la production de l’ignorance, qu’illustrent les résultats de plusieurs études existantes prenant pour objet le lien entre production des (non)savoirs médicaux et rapports de pouvoir.

Elle distingue :

L’ignorance consciente, mais entretenue par l’indifférence de savoir (« knowing that we do not know but not caring to know »)

Nous pouvons citer ici comme exemple les travaux portant sur l’absence de recherches et de savoirs sur la contraception orale masculine (Oudshoorn, 2003), la fibromyalgie (Barker, 2005), le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), l’endométriose, ou la migraine (Kempner, 2014). Scott Frickel et al. (2010) proposent ainsi le concept de « undone science » pour désigner les domaines de recherche qui sont insuffisamment financés ou généralement ignorés. Nous pourrons nous interroger sur les contestations dont cette indifférence dans le champ scientifique ou médical peut faire l’objet.

L’ignorance « ignorée » en raison d’un système de savoirs, de croyances et d’intérêts empêchant la conceptualisation même de ces connaissances (« we do not even know that we don’t know »)

Par exemple, les recherches de Nancy Tuana ainsi que de Lisa Jean Moore and Adele E. Clarke permettent d’historiciser l’absence d’une véritable compréhension de la structure clitoridienne et de l’orgasme féminin (Tuana 2006 ; Moore, Clarke, 1995).

L’ignorance activement produite et maintenue pour répondre à des intérêts sécuritaires, politiques, ou économiques (« they do not want us to know »)

Cette définition correspond à la production volontaire d’ignorance ou à des mécanismes plus subtils, comme la gestion de savoirs dits « inconfortables » (Rayner, 2012 ; Heimer, 2012) pour ne pas en tirer de conséquences pratiques trop dommageables pour des intérêts autres que sanitaires. Nous pouvons penser aux débats publics récents autour du glyphosate, des perturbateurs endocriniens, ou des maladies professionnelles. Nous pouvons les prolonger par une analyse des rapports de force au sein de ces controverses, en mobilisant notamment la notion « d’épidémiologie populaire » (Brown, 1992), heuristique pour questionner les tensions entre expertise profane et expertise professionnelle profondément façonnées par les rapports sociaux de classe, de race et de genre.

L’ignorance volontaire caractérisée par une volonté de ne pas savoir (« willful ignorance »)

Nous pouvons penser ici à l’ignorance des dominant·e·s vis à vis du racisme ou du sexisme qu'ils et elles contribuent à reproduire, non comme un simple aveuglement dû à leur position sociale privilégiée, mais comme le produit d’un véritable travail d’acquisition et d'entretien (Sullivan, Tuana, 2007 ; Mills, 2007).

L’ignorance produite par la construction d’identités désavantagées sur le plan épistémique (« ignorance produced by the construction of epistemically disadvantaged identities »)

Cette catégorie est en lien direct avec celle « volontaire » des dominant·e·s. Les individus et les groupes construits comme indignes de confiance sont présentés comme des sujets non-sachants, à travers une délégitimation de leurs savoirs en raison de leurs modes d’expression ou de leur caractère inconfortable, comme l’ont notamment montré les travaux sur l’éthique du care (Gilligan, 1982).

L’ignorance bienveillante (« loving ignorance »)

Cette forme d’ignorance admet le caractère spécifique et non partagé de certaines expériences et encourage à une approche humble de l’altérité et de la différence, en reconnaissant que des modalités d’être dépassent la sienne propre, et ne peuvent toujours être comprises depuis sa position. Cynthia Townley argumente ainsi pour une réévaluation de l’ignorance comprise comme humilité et responsabilité dans les milieux féministes (2006).

Cette typologie non exhaustive présente un intérêt certain pour (ré)appréhender une recherche sous l’angle de l’ignorance et pour s’interroger sur les intérêts des usages critiques des épistémologies de l’ignorance dans le champ de la santé.

Sans s’arrêter à l’une ou l’autre de ces catégories, nous serions particulièrement intéressées par des contributions réfléchissant sur leurs points de rencontre et d’hybridation, en investiguant par exemple les frontières entre les notions afférentes à l’ignorance et leurs inscriptions dans cette typologie, comme le non-savoir, le mensonge, l’oubli, ou la fausse conscience. L’historienne Londa Schiebinger, dans un article sur les savoirs abortifs de l’aire caribéenne (2005), a par exemple montré comment l’ignorance activement produite peut se transformer en oubli ou ignorance ignorée : les connaissances et techniques liées aux procédés abortifs n’ont jamais été transférées du « Nouveau Monde » vers l’Europe ; ignorées au 18e siècle, elles sont au 19e siècle largement oubliées.

Nous appelons surtout des contributions s’attachant à décrire les pratiques et les mécanismes par lesquels s’opère ces productions de l’ignorance, à partir de matériaux empiriques lus ou relus à l’aune de cette approche théorique.

Calendrier

  • 20 juin 2019 : Date limite de soumission des propositions (500 mots maximum)

  • 30 juillet 2019 : Sélection des communications
  • 30 septembre : Envoi d’un support de la communication pour la discussion (10 pages maximum)

Les propositions sont à envoyer à ignorancecolloque@gmail.com

Comité scientifique

  • Francesca Arena (Institut Ethique, Histoire, Humanités, Université de Genève)
  • Vincent Barras (Institut des Humanités en médecine, Université de Lausanne)
  • Elizabeth Belmas (Iris, Université Paris 13)
  • Isabelle Clair (Iris, CNRS)
  • Emilie Counil (UR5 - Mortalité, santé, épidémiologie, Ined)
  • Delphine Gardey (Institut Etudes Genre, Université de Genève)
  • Claire Grino (CIERA, Université Lyon 1)
  • Ilana Löwy (Cermes 3, CNRS)
  • Giovanni Prete (Iris, Université Paris 13)
  • Sezin Topçu (CEMS, CNRS)

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Lugares

  • 20 avenue George Sand
    La Plaine-Saint-Denis, Francia (93210)

Fecha(s)

  • jueves 20 de junio de 2019

Palabras claves

  • ignorance, santé, médecine, corps, sexualité, féminisme, genre, classe, race, pouvoir, domination, épistémologie

Contactos

  • Camille Bajeux
    courriel : camille [dot] bajeux [at] unige [dot] ch
  • Déborah Guy
    courriel : dbhguy [at] gmail [dot] com
  • Anne-Charlotte Millepied
    courriel : je [dot] endometriose [at] gmail [dot] com

Fuente de la información

  • Déborah Guy
    courriel : dbhguy [at] gmail [dot] com

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« Ignorance, pouvoir et santé : la production des savoirs médicaux au prisme des rapports de domination », Convocatoria de ponencias, Calenda, Publicado el martes 28 de mayo de 2019, https://doi.org/10.58079/12td

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