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Le renouveau de la biographie

The revival of biography

Des approches plurielles et innovantes en histoire et en histoire de l'art

Plural and innovative approaches in history and in the history of art

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Publié le mardi 29 octobre 2019

Résumé

En histoire de l'art, la tradition biographique est à l'origine même de la discipline, mais en histoire, la biographie a longtemps été dénigrée. La biographie connut pourtant son heure de gloire auprès des historiens jusqu'au succès de l'intégration des autres sciences sociales (sociologie et économie, par exemple) au sein de cette discipline qu'est l'histoire, dans l'optique de lui conférer une plus grande scientificité. La biographie, néanmoins, a connu depuis un renouveau grâce aux choix d'historiens de lui appliquer, à elle aussi, des méthodes scientifiques innovantes et de lui apporter à son tour des thèmes et outils issus d'autres disciplines. Cette Journée d’Étude, à partir d'exemples concrets, vise à faire le point de ce renouveau, à donner des exemples de nouvelles manière d'écrire une ou des biographie(s) et à cerner ses évolutions possibles.

Annonce

Argumentaire

La biographie, longtemps vecteur privilégié de la transmission des connaissances en histoire et genre fondateur de l’histoire de l’art, fit néanmoins l'objet d'un dénigrement au sein même de ces deux disciplines. Le succès que connut la méthode défendue par l’École des Annales auprès des universitaires dès les années 1920 eut une répercussion majeure sur l'écriture de l'histoire (ou faudrait-il dire des histoires ?) des XIXe et XXe siècles : elle permit d’introduire le fait social au cœur des réflexions, privilégiant notamment l’étude des rapports et des modes de production dans la compréhension d'une société et/ou d'une époque. Selon le postulat de cette École, il serait moins pertinent, pour comprendre une époque ou une société passée, d'étudier un destin particulier car cela serait désormais dépassé par une nouvelle approche socio-économique d'une ou des société(s) dans leur ensemble – c'est-à-dire holiste. L’École des Annales ayant depuis connu une postérité féconde, l'histoire particulière des rois et des reines, des « grands hommes », a fait l'objet d'un certain mépris. Cette manière de faire de l'histoire, « par le haut », fut jugée moins scientifique parce que trop souvent hagiographique – voire propagandiste – et parfois fondée sur des anecdotes apocryphes, mais aussi identifiée – à tort – à l’histoire événementielle, considérée comme dépassée. Restée populaire parmi les écrivains et auprès du public, la biographie devint l’apanage des littéraires, des journalistes ou encore des historiens amateurs. Leur intention pose alors le problème de l’objectivité d’un tel discours et de sa légitimité dans un contexte qui faisait des masses sociales le sujet d’étude principal de l'histoire comprise par les universitaires. Pourtant, le destin personnel d’un artiste ou d’un artisan, d’un paysan ou d’un ouvrier, celui de n’importe quel Homme, n’est-il pas tout aussi révélateur d’un milieu que peut l’être le groupe duquel il provient ?

C’est précisément cette interrogation qui, depuis, encouragea de nouvelles méthodes de recherches, de nouveaux paradigmes, et firent revenir la biographie, d'un nouveau genre certes, sur le devant de la scène scientifique. L’historien Jean-François Sirinelli, par exemple, écrivit : « Si un interdit implicite a largement touché l'approche biographique, ces temps sont heureusement révolus, tant il est vrai qu'une telle approche, loin d'être réductrice, permet au contraire de balayer large : s'y lisent en filigrane les enjeux politiques d'une époque, les routes possibles qui s'ouvrent au choix individuel, les paramètres qui pèsent sur ce choix1 ». C’est précisément ce qui fonde la microhistoire qui, réagissant au modèle structuraliste, privilégie l’individu à la masse, et ce, qu’il soit inconnu ou pas de la « Grande Histoire »2. Cette nouvelle biographie, qui devient alors un outil de la prosopographie, permet de reconstituer une « microhistoire globale », dans laquelle la question de la représentativité n’est plus un problème, bien qu’elle parte d'un individu. Ainsi, l’étude d’un individu au sein de la population s’associe à celle d’une population dans son ensemble et permet de comprendre en quoi un Homme peut être à la fois représentatif d’habitudes communes, qu’exceptionnel. Il convient alors d’éviter deux écueils : limiter l’étude à une approche comparative d’un cas par rapport au tout ou aboutir au simple regroupement de biographies qui ne deviendraient, mises les unes à la suite des autres, qu’une succession d’histoires particulières. Dans cette logique, les liens qui unissent ces personnes à un ensemble (institution, courant, etc) et déterminent des trajectoires individuelles et/ou collectives, la transmission des savoirs et techniques – ainsi que des modèles –, sont aujourd’hui abordés en histoire de l’art à travers la question essentielle des réseaux.

La biographie ainsi comprise devient alors un genre nécessairement pluridisciplinaire et constitue un support privilégié pour questionner ce cloisonnement disciplinaire, l’autonomie de chaque spécialité et les outils à disposition de chacun. L’ambition de cette journée d’étude est de faire le bilan afin de savoir où nous en sommes aujourd’hui : comment écrit-on une biographie – en histoire, en histoire de l’art mais aussi dans d’autres disciplines –, quels sont les outils à notre disposition, comment les utiliser, et enfin quels en sont les enjeux actuels. Les jeunes chercheurs et/ou les plus expérimentés ayant été confrontés à ces questionnements aux cours de leurs recherches (de manière directe ou indirecte), et dont l’objet d’étude est compris entre le XVIIIe et le XXe siècles, sont encouragés à prendre part au dialogue. Enfin, bien que les sciences humaines et sociales soient au cœur de ces réflexions, il est tout à fait envisageable d’ouvrir le débat à d’autres disciplines afin de saisir ce renouveau de manière plus large.

Les axes à privilégier seront définis en lien avec les problématiques suivantes

  • De nouvelles approches historiographiques : l'exemple de la microhistoire ou de la prosopographie, et l'apport de différentes disciplines, etc.
  • L'ouverture et l'accès à des sources inédites : la centralité des documents de première main, concourant à plus d'objectivité et de factualité, et l'utilisation d'archives inédites, contribuent grandement au renouveau de la biographie.
  • L'apport d'outils issus d'autres sciences humaines et sociales : dépassant l'histoire événementielle, dans la lignée de l’École des Annales, la biographie a su s'approprier les méthodes de la sociologie, de l'économie, de la psychologie, ainsi que d'autres disciplines.
  • Des thématiques innovantes : les personnes étudiées, ne sont plus seulement des figures politiques, militaires ou religieuses, mais peuvent appartenir à tous les milieux sociaux et culturel (ex : les domestiques3), voire être « inconnues »4, et n'avoir a priori laissé aucune trace dans l'Histoire. De plus, la biographie évolue vers l'étude de fragments de vie -d'une manière non-linéaire parfois- croisés avec ceux d'autres contemporains (vie quotidienne et familiale ; question de l'identité, de l'héritage ou de la mémoire).
  • Liste d'axes non-exhaustive : il s'agit là d'indications, des propositions d'interventions traitant du renouveau de la biographie, de sa définition et des différentes approches et/ou outils – toutes disciplines confondues – à notre disposition pour s’inscrire dans ce renouveau.

Modalités pratiques 

ruiz.caroline.if@gmail.com en précisant en objet « JE Renouveau biographie ». Les communications, d’une vingtaine de minutes, seront données en français. Une publication des interventions sous forme d’article est envisagée.

Date de la Journée d’Étude : lundi 2 décembre 2019

Date limite d'envoi des propositions d'intervention : jeudi 31 octobre 2019

Lieu : Université Toulouse-Jean Jaurès, Nouvelle Maison de la Recherche, Salle E 412

Laboratoire : FRAMESPA (UMR 5136 : CNRS et Université Toulouse-Jean Jaurès), Thématique 3

Comité d’organisation

  • Romain VON DEYEN (Doctorant en Histoire, Université Toulouse-Jean Jaurès, Laboratoire FRAMESPA)
  • Caroline RUIZ (Doctorante en histoire de l’art, Université Toulouse-Jean Jaurès, Laboratoire FRAMESPA)

Comité scientifique

  • Pascal JULIEN (Professeur d'histoire de l'art, Université Toulouse-Jean Jaurès, Laboratoire FRAMESPA)
  • Alexandre MARAL (Conservateur général du Musée national du château de Versailles et de Trianon, Directeur du Centre de recherches du château de Versailles)
  • Jean-Marc OLIVIER (Professeur d'histoire contemporaine, Université Toulouse-Jean Jaurès, Laboratoire FRAMESPA
  • Anne PERRIN KHELISSA (Maître de conférences en histoire de l'art, Université Toulouse-Jean Jaurès, Laboratoire FRAMESPA)
  • Natalie PETITEAU (Professeure d'histoire contemporaine, Avignon Université, Laboratoire Culture et Communication)
  • Émilie ROFFIDAL (Chargée de recherche au CNRS en histoire de l’art, Laboratoire FRAMESPA)
  • Fabienne SARTRE (Maître de conférences en histoire de l'art, Université Paul-Valéry-Montpellier 3, Laboratoire IRCL)
  • Adriana SÉNARD-KIERNAN (Maître de conférences en histoire de l’art, Université Toulouse Jean-Jaurès, Laboratoire FRAMESPA)
  • Jean VIGREUX (Professeur d'histoire contemporaine, Université de Bourgogne, Centre George Chevrier)
  • Sylvie VABRE (Maître de conférences en histoire contemporaine, Université Toulouse-Jean Jaurès, Laboratoire FRAMESPA)

Notes

1SIRINELLI (Jean-François), « Avant-propos », Dictionnaire de la vie politique française au XXe siècle, PUF, Paris, 1995, p. VI.

2GINZBURG (Carlo), Il formaggio e i vermi. Il cosmo di un mugnaio del Cinquecento [Le fromage et les vers. L'univers d'un meunier du XVIe siècle], Giulio Einaudi editore, Turin, 1976.

3 XAYSONGKHAM (Stéphane), La maison du cardinal Armand Gaston de Rohan : officiers, domestiques et courtisans dans l'entourage du prince-évêque au château de Saverne (1704-1749), Société Savante d'Alsace, Strasbourg, 2014.

4 CORBIN (Alain), Le Monde retrouvé de Louis-François Pinagot : sur les traces d'un inconnu (1798-1876), Paris, Flammarion, Paris,1998.

Lieux

  • Nouvelle Maison de la Recherche, Salle E 412 - Université Toulouse-Jean Jaurès
    Toulouse, France (31)

Dates

  • jeudi 31 octobre 2019

Mots-clés

  • biographie, monographie, pluridisciplinarité, historiographie, microhistoire, prosopographie

Contacts

  • Romain VON DEYEN
    courriel : romain [dot] von-deyen [at] univ-tlse2 [dot] fr
  • Caroline RUIZ
    courriel : ruiz [dot] caroline [dot] if [at] gmail [dot] com

Source de l'information

  • Romain VON DEYEN
    courriel : romain [dot] von-deyen [at] univ-tlse2 [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Le renouveau de la biographie », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 29 octobre 2019, https://doi.org/10.58079/13ui

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