AccueilLumières sacrées, lumières profanes

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Lumières sacrées, lumières profanes

Sacred light, profane light

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Publié le jeudi 21 novembre 2019

Résumé

Dans le domaine de la peinture, la dialectique du sacré et du profane connaît à l’orée du XVIIe siècle une reformulation radicale avec la « rupture lumineuse » du caravagisme.  L’« obscure clarté » de ces œuvres, dans lesquelles lumière et ombre s’opposent tout en dialoguant, entretient des liens complexes avec la réflexion sur le christianisme véhiculée par la Réforme et la Contre-Réforme. Artistes et théoriciens des deux courants ont inclus ces variables visuelles dans un discours sur la représentation du visible et de l’invisible. Le pouvoir métaphorique de la peinture dans la révélation de l’invisible à travers la figuration du visible devient une thématique récurrente au XVIIe siècle et valorise la nature fondamentalement ambivalente de la pratique artistique.

Annonce

Argumentaire

« O intellect, toi qui mesures tout avec justesse, dis-moi si par hasard la lumière est Dieu lui-même, puisque rien n’est plus obscur et lumineux à la fois. »Marsile Ficin, Quid sit lumen ?

« Auprès de cette grotte sombre Où l’on respire un air si doux, L’onde lutte avec les cailloux Et la lumière avec que l’ombre »Tristan L’Hermite, Le Promenoir des deux amants.

La dialectique de la lumière et de l’ombre est, dès l’Antiquité, associée non seulement à la représentation, mais aussi à l’origine de la création artistique et de la réflexion sur l’Art (mythe de la Caverne, mythe de Callirrhoé). Les diverses problématiques véhiculées par ces mythes sont discutées par les penseurs, auteurs et artistes de la première modernité. Si Marsile Ficin insiste sur le lien entre lumière, intellect et sacralité et ouvre la voie à une « luminologie » néo-platonicienne extrêmement féconde pour les arts renaissants, la thématique lumineuse peut aussi s’unir, comme dans la poésie de Tristan L’Hermite, à celle de l’amour profane.

Nous avons pris le parti de placer la problématique de la lumière au cœur des changements - théoriques, scientifiques, techniques et pratiques – qui caractérisent l’époque moderne. Dans le domaine de la peinture, la dialectique du sacré et du profane connaît à l’orée du XVIIe siècle une reformulation radicale avec la «rupture lumineuse» du caravagisme. Selon un nouveau régime de la lumière, aussi étranger à l’esprit de la Renaissance que le devient alors dans le domaine musical la seconda prattica de Monteverdi, lui-même auteur d’un Orfeo à la croisée de deux mondes lumineux, lechiaroscuro des toiles de Caravage permet à la fois de souligner la triviale – mais visible – imperfection de la matière et d’y faire poindre le mystère divin qui la sous-tend. Cette nouvelle conception lumineuse, éminemment oxymorique, est fondatrice de tout un pan de la peinture du XVIIe siècle (Caravagesques néerlandais, Rembrandt, Georges de La Tour...), comme du développement innovant que connaît la gravure, notamment à l’eau- forte (Rembrandt, Callot) et en manière noire (Ribera).

L’« obscure clarté » de ces œuvres, dans lesquelles lumière et ombre s’opposent tout en dialoguant, entretient des liens complexes avec la réflexion sur le christianisme véhiculée par la Réforme et la Contre-Réforme. Artistes et théoriciens des deux courants ont inclus ces variables visuelles dans un discours sur la représentation du visible et de l’invisible. Le pouvoir métaphorique de la peinture dans la révélation de l’invisible à travers la figuration du visible devient une thématique récurrente au XVIIe siècle et valorise la nature fondamentalement ambivalente de la pratique artistique.

Il ne s’agira pas de réduire la problématique lumineuse à la seule question du ténébrisme. Les livres d’emblèmes, les théories scientifiques sur la lumière, l’apparition de l’éclairage public, les débats entre les poussinistes et les rubénistes – partisans du dessin et partisans de la couleur- sont autant d’éléments qui, à divers niveaux, modifient entre les XVIIe et XVIIIe siècles le rapport à la lumière et questionnent sa fonction dans l’articulation entre le profane et le sacré.

Selon quelles modalités la lumière parvient-elle à faire dialoguer ces deux mondes? Quels sont les apports caractéristiques du XVIIe siècle en la matière? Quelle est la nature de la métamorphose que ce siècle opère dans la problématique lumineuse? Quelles en sont, d’une part les origines, d’autre part les conséquences à plus long terme ? S’agit-il d’un phénomène uniforme en Europe ? Quel impact a-t-il sur l’Art ou la pratique artistique du siècle suivant ?

Ces différentes questions, non exhaustives en l’état, nous amèneront à nous situer dans des bornes chronologiques marquées par deux ruptures : d’un côté, la rupture lumineuse qu’opère Caravage avec la Renaissance, de l’autre le passage à la complexe « lumière des Lumières », marquée dans le dernier tiers du XVIIIe siècle par l’avènement d’un nouvel oxymore culturel, celui de la dualité néo-classicisme/préromantisme. Les œuvres et mouvances intellectuelles et artistiques comprises dans ces limites chronologiques donneront l’occasion d’appréhender les enchevêtrements du sacré et du profane dans la peinture. Ces jeux de superpositions visuelles et sémantiques sont particulièrement visibles dans la peinture de genre et dans les vanités néerlandaises. Nous questionnerons cette ambivalence à travers l’étude d’estampes et de gravures, d’architectures et de vitraux, de textiles ...

Programme

Mercredi 18 Décembre

  • 9h30 :  Accueil des participants et café
  • 10h00   Colette Nativel (Professeure, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne): Introduction

Peindre la lumière aux Pays-Bas

(Modérateur : Olivia Savatier)

  • 10h30  Sangmin Lee (Doctorant, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne): Lumières sur la table dressée : la nature morte monochrome au XVIIe siècle
  • 11h00  Matthieu Somon (Docteur en histoire de l’art, Université de Louvain-la-Neuve): La lumière comme outil de composition et d’exégèse chez Rembrandt

11h30 Pause

Matérialité et lumière 

(Modérateur : Olivia Savatier)

  • 11h50 Roxane Moine (Restauratrice, Atelier des estampes de la BnF): Lumière et processus de création au XVIIe siècle
  • 12h20  Romain Thomas (Maitre de conférences, Université Paris-Nanterre): Lumière et matérialité des œuvres : le cas des Provinces-Unies au XVIIe siècle  

12h50  Déjeuner

Lumières et spiritualité

(Modérateur : Léonard Pouy)

  • 14h30  David Mandrella (Docteur, IESA): Spiritualité Carmélite et Lumière
  • 15h00  Carole Fonticelli (Doctorante, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) : Lumière allégorique et lumière mystique : le cas des Marie-Madeleine néerlandaises
  • 15h30 Marta Caffiero (Doctorante, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) : Lumière évangélique et lumière proverbiale : à propos de l’Adoration des bergers (c. 1650) de Bartolomé Esteban Murillo

16h00  Pause

Historiographie du clair-obscur 

(Modérateur : Colette Nativel)

  • 16h30  Florent Libral (Docteur, Université Toulouse-Jean Jaurès) : Femmes en clair-obscur dans la poésie française (1615-1668) : entre amour sacré et amour profane
  • 17h00 Aline Smeesters (Docteure, Université Catholique de Louvain): La « fantaisie lumineuse » aux XVIe et XVIIe siècles
  • 17h30  Discussion et fin de la première journée

Jeudi 19 décembre

Lumière et spatialité

(Modérateur : Jean-Philippe Garric)

  • 10h00 : Accueil des participants et café
  • 10h30  Stéphane Castelluccio (Chargé de recherche au CNRS) :Lumière profane : s’éclairer au XVIIe et XVIIIe siècle
  • 11h00  Sarah Moine (Doctorante, Université de Leyde) : Lumière sacrée et lumière profane dans la création des vitraux de la ville de Leyde
  • 11h30  Christophe Morin (Maitre de conférence, Université de Tours) : Lumière politique dans les écuries de Condé au XVIIIe siècle

12h00   Déjeuner

Lumières de l'État

(Modérateur : Cécile Tainturier)

  • 13h30  Esther Guillaume (Doctorante, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) : « Colonne de nuée le jour, colonne de feu la nuit » : images de l’intervention divine dans les Sept Provinces de Guillaume III
  • 14h00  Nikola Piperkov (Docteur en Histoire de l’art, Chercheur associé CNRS): Mercure enlevant le voile de l’obscurantisme menaçant l’Église anglicane : une nouvelle lecture du décor de l’escalier du roi au Château de Hampton Court

14h30   Pause

Lumières et spatialités musicales

(Modérateur : Colette Nativel)

  • 14h50  Jean Duron (Chercheur, Centre de musique baroque de Versailles): Lumières des sons, lumières des timbres dans la musique et la théorie musicale du XVIIe siècle français
  • 15h20  Vincent Dorothée et Delphine Pinasa : Lumières textiles d’hier et d’aujourd’hui :     Propos croisés sur les interactions de la lumière et du costume au théâtre dans la première modernité et à l’époque contemporaine

15h50  Fin et Pot de clôture

Catégories

Lieux

  • Salle Vasari, Galerie Colbert (INHA) - 2 rue Vivienne
    Paris, France (75)

Dates

  • mercredi 18 décembre 2019
  • jeudi 19 décembre 2019

Mots-clés

  • art, art néerlandais

Contacts

  • Carole Fonticelli
    courriel : c [dot] fonticelli [at] hotmail [dot] fr

URLS de référence

Source de l'information

  • Carole Fonticelli
    courriel : c [dot] fonticelli [at] hotmail [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Lumières sacrées, lumières profanes », Journée d'étude, Calenda, Publié le jeudi 21 novembre 2019, https://doi.org/10.58079/13x7

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