Página inicialMalbouffe et mauvaises pratiques alimentaires de l'Antiquité à nos jours

Página inicialMalbouffe et mauvaises pratiques alimentaires de l'Antiquité à nos jours

Malbouffe et mauvaises pratiques alimentaires de l'Antiquité à nos jours

Junk Food and Poor Food Habits from Antiquity to the Present Days

*  *  *

Publicado quinta, 23 de janeiro de 2020

Resumo

Le Centre d'histoire espaces et cultures (CHEC, université Clermont-Auvergne), en partenariat avec l'université Bordeaux-Montaigne ainsi que la fondation Nestlé-France, organise en novembre 2020 un colloque international sur la malbouffe et les mauvaises pratiques alimentaires de l'Antiquité à nos jours. Il s'agira d'appréhender et comprendre les effets des mauvaises pratiques alimentaires sur les individus, les sociétés ou l'environnement sur le temps long. Ainsi, le concept de malbouffe, relativement récent, sera étudié et interrogé à différentes périodes et dans différents espaces afin d'en mesurer l'opérabilité depuis l'Antiquité.

Anúncio

3-4 novembre 2020 – Clermont Ferrand

Argumentaire

Manger sainement est probablement l’une des préoccupations majeures de nos sociétés contemporaines et la thématique fait régulièrement la une des médias en tous genres. La nourriture y devient alors facilement le support d’un discours militant, qui vise à promouvoir la nécessité d’une alimentation la plus saine possible et à ausculter les séquelles des mauvaises pratiques alimentaires et de la malbouffe, faisant ainsi se croiser enjeux sociaux, environnementaux et sanitaires.

Ce terme de « malbouffe » émerge en France à la fin des années 1970 [de Rosnay, 1979], équivalent de l’expression anglaise junk food, apparue aux États-Unis dans les années 1950 [Lasky, 1977]. Il fait alors référence à une nourriture considérée comme mauvaise, tant sur le plan diététique que sanitaire (aliments trop riches en sucre, en sel, en graisse, en additifs, trop transformés et trop pauvres en apports nutritifs). Ces pratiques alimentaires, liées à l’intensification de la production industrielle et à la restauration rapide, sont accusées de provoquer des pathologies diverses (obésité, maladies cardio-vasculaires, diabète par exemple) et d’avoir des impacts environnementaux majeurs. Les pouvoir publics prennent alors des mesures pour sensibiliser les populations à l’importance d’une alimentation saine et équilibrée (« Stratégie mondiale pour l'alimentation » de l’OMS), à l’intérêt de renouer avec le goût (« Semaine du goût » en France) ou, plus récemment, à l’importance de la consommation de produits locaux (« Farmers’ Market Promotion Program » aux États-Unis ou « Projets alimentaires territoriaux » pour les cantines scolaires en France). Il s’agit donc clairement d’un concept marqué chronologiquement, ancré dans la société de consommation et ses spécificités de la seconde moitié du XXe siècle.

Pourtant, si les modalités et canaux d’informations font de ce sujet une thématique ardente de nos jours, elle n’est pour autant pas une nouveauté. En effet, les mauvaises pratiques alimentaires ont toujours existé et le lien entre alimentation et santé est une question déjà présente dès l’Antiquité : dans la Grèce ancienne, la santé par l’alimentation constitue un pan fondamental dans la théorie hippocratique des humeurs alors que les moralistes en dénoncent les abus. Au Moyen Âge et à l’époque moderne, une profusion de textes, tels Le Régime de santé de l’école de Salerne (XIe-XIIe s.) ou An Essay on Regimen (George Cheyne, 1740), abondent de conseils et prescriptions pour conserver la santé par l’alimentation. Plus tard encore, la naissance de la naturopathie à la fin du XIXe siècle témoigne de l’importance accordée aux aliments dans les considérations médicales, tandis que le mouvement végétarien contemporain s’articule autour des mêmes principes diététiques, popularisés et appliqués par John Harvey Kellogg (1852-1943) dans le dernier quart du siècle. Enfin, dans la France des années 1950-1960, l’Association française pour la recherche de l'alimentation normale, fondée en 1952 par des médecins et biologistes, veille à propager des idéaux qualitatifs alimentaires, autour notamment du souhait d’imposer des normes de production et de commercialisation.

Fort logiquement, tous ces courants, quelles que soient les époques, se sont inquiétés de certaines mauvaises pratiques ou de la consommation de mauvais produits alimentaires, considérés comme néfastes pour la santé. Regroupés en France sous le néologisme « malbouffe » depuis le tournant des années 1980 puis popularisé dans les années 2000 [Bové et Dufour, 2000 ; Jaillette, 2000], ces aliments ou pratiques nuisibles sont eux aussi déjà très présents dans les écrits des médecins du XXe siècle, des hygiénistes du XIXe siècle, des législateurs de l’époque moderne ou des médecins-philosophes antiques.

Or, bien que la problématique soit abondamment investie par la presse, les émissions télévisées, les ouvrages médicaux ou grands publics depuis plus de trente ans, il s’agit d’un sujet encore relativement peu exploré collectivement et internationalement par les sciences humaines en général et l’histoire en particulier.  Chez les historiens, l’histoire de l’alimentation et des pratiques alimentaires [Flandrin et Montarani, 1996 ; Kiple and Ornelas, 2000 ; de Ferrière et Williot, 2008 ; Meyzie, 2005 ; Quellier, 2010 ; Parasecoli et Scholliers, 2012] connait un vif succès depuis une vingtaine d’années. Des thèmes comme ceux de la sécurité et de la qualité alimentaire [Stanziani, 2005], des peurs alimentaires [Ferrières, 2002], des liens entre santé et alimentation [Audoin-Rouzeau et Sabban, 2007], de la nourriture au temps des empires [Laudan, 2013] ou des emballages alimentaires [Hachez-Leory, 2019] ont permis d’aborder l’étude des pratiques alimentaires sous des prismes originaux. Mais la question plus spécifique de la malbouffe – et, pour s’inscrire de manière plus exacte dans une perspective diachronique, celles des mauvaises pratiques alimentaires – reste encore largement à explorer, non seulement par les historiens, mais également par les autres sciences humaines.

L’entreprise est d’autant plus ardue et pertinente qu’il s’agit là d’un objet particulièrement fluctuant dans l’espace et dans le temps, ce qui en rend l’analyse dans le temps long fort complexe. Ce que l’on considère aujourd’hui comme une mauvaise pratique alimentaire n’a en effet rien à voir avec ce que l’on considérait comme mauvais dans l’Antiquité, au Moyen Âge, à l’époque moderne ou au début de la période contemporaine. Cette notion est en effet un miroir culturel, économique et social des sociétés considérées, qu’il conviendra de définir et de contextualiser pour mieux en comprendre les évolutions. Elle permettra également de réfléchir et d’interroger la question des modèles alimentaires normatifs, ainsi que des injonctions morales définissant le « bon » et le « mauvais », concepts là aussi très fluctuants dans le temps et selon les environnements (culturels, sociaux, religieux, géographiques, etc.)

L’objectif de cette manifestation scientifique est donc d’interroger la notion de malbouffe et d’étudier les mauvaises pratiques alimentaires sur le temps long, en mettant en évidence leurs permanences et leurs mutations, mais également leur conceptualisation et leurs concordances/dissemblances à différentes périodes. La perception au fil du temps de ce qui correspond ou non au principe de mauvaises pratiques alimentaires sera ainsi au cœur de notre propos et à cet égard, quatre grands axes pourront être abordés :

  • Les produits. C’est bien évidemment le premier élément qui vient à l’esprit lorsqu’on évoque la malbouffe. Quels sont les produits – liquides ou solides – frappés par ce statut selon les lieux et les époques ? Pour quelles raisons ? Dans quelles circonstances ? Ainsi, il faudra s’interroger sur le contexte de stigmatisation de tel ou tel produit, mais également son évolution sur un temps plus ou moins long. La question des modes alimentaires, des trajectoires des produits pourra être interrogée pour comprendre ce que l’on considère comme de mauvais produits alimentaires.
  • Les pratiques. Ici se pose la question des modalités de production, de transformation, de conditionnement, d’emballage, de transport et de consommation des nourritures considérées comme malsaines, en envisageant les structures, les réseaux, les individus qui conditionnent et supportent ces pratiques depuis l’antiquité jusqu’à nos jours et dans différents espaces. L’évolution des manières de table (durée des repas, fast food, repas à emporter, repas servis dans les transports…) pourra également être prise en compte dans la mesure où elles peuvent elles aussi participer de la malbouffe. Les cadres des comportements (pratiques individuelles ou collectives) pourront eux aussi être étudiés, notamment en lien avec l’idée d’excès dont il faudra sonder les contours sur le temps long. Dans ce contexte, la notion de seuil est elle aussi fondamentale et pourrait mériter l’attention afin d’appréhender les limites de tolérance et de tempérance à diverses périodes.
  • Les discours. Au croisement des deux problématiques précédentes se trouve la manière dont le discours sur la malbouffe se construit. Celui-ci peut être positif-mélioratif ou au contraire négatif-péjoratif. Dans tous les cas, il participe pleinement à la compréhension des phénomènes historiques en jeu en cherchant à identifier ce qu’est une « nourriture malsaine » et les circuits par lesquels l’information circule. Les décalages dans l’espace, dans le temps et selon les milieux socio-professionnels de ce qui est perçu comme relevant de la malbouffe seront également au cœur du propos, tout comme les écarts entre ces discours, les préconisations et mesures qu’ils induisent. Les processus de stigmatisation pourront tout autant attirer l’attention, ainsi que ceux d’opposition (discours diététique ou gastronomique par exemple).
  • Les répercussions. Au carrefour des enjeux propres à la production et à la consommation s’impose la question des effets de la malbouffe et des mauvaises pratiques alimentaires, tant pour les personnes, que l’environnement, l’économie ou les sociétés dans leur globalité. Ici, une réflexion pourra également porter sur les solutions proposées (produits ou comportements) à ces dérèglements (pollution des sols, gestion des ressources, malnutrition, soucis de croissance, limitation du pouvoir d’achat, disparités sociales, etc.).

Propositions de communications

Les propositions pourront s’inscrire dans un ou plusieurs des axes prédéfinis ; elles pourront s’intéresser à un produit en particulier, un événement spécifique ou, au contraire, proposer une approche synthétique sur le temps long, de pratiques alimentaires stigmatisées ; elles pourront cibler n’importe quel espace géographique mondial, quelle que soit sa taille, ou proposer des comparaisons entre espaces.

Si l’histoire est la discipline privilégiée, des ouvertures pluridisciplinaires sont possibles et souhaitées, notamment vers la géographie, la sociologie, l’anthropologie, le droit, la nutrition, l’économie ou les sciences de la nature.

Une attention toute particulière sera portée aux jeunes chercheurs et chercheuses (masterants, doctorants, jeunes docteurs), ainsi qu’aux propositions provenant de l’étranger.

Les langues de travail du colloque seront le français et l’anglais.

L’organisation prendra en charge l’hébergement et les repas pour les deux jours du colloque. Nous financerons également une partie ou la totalité du trajet, dans la mesure du possible, notamment pour ceux dont les laboratoires ne peuvent pas assumer le coût total du voyage.

Les propositions (3000 signes, en français ou en anglais) sont à envoyer

avant le 31/03/2020,

accompagnées d’un court CV, à lachaud.stephanie@wanadoo.fr, stephane.lebras@uca.fr et corinne.marache@gmail.com

Comité scientifique

  • Martin Bruegel, INRA
  • Pierre-Antoine Dessaux, U. Tours
  • Madeleine Ferrières, U. d’Avignon
  • Fabien Knittel, U. Franche-Comté
  • Caroline Lardy, UCA Clermont
  • Julie Mardon, UCA Clermont
  • Marilyn Nicoud, U. d’Avignon
  • Philippe Meyzie, U. Bordeaux-Montaigne
  • Peter Scholliers, Vrije Universiteit Bruxelles
  • Jon Stobart, Manchester Metropolitan University
  • Dimitri Tilloi-d’Ambrosi, U. Lyon Jean-Moulin

Organisation scientifique

Stéphanie Lachaud (Bordeaux-Montaigne-CEMMC), Stéphane Le Bras (UCA-CHEC) et Corinne Marache (Bordeaux-Montaigne-CEMMC)

Bibliographie indicative et sélective

Frédérique Audoin-Rouzeau, et Françoise Sabban (dir.), Un aliment sain dans un corps sain. Perspectives historiques, Tours, Presses universitaires François-Rabelais, 2007.

José Bové et François Dufour, Le monde n'est pas une marchandise : des paysans contre la malbouffe, Paris, La Découverte, 2000.

Marc de Ferrière Le Vayer et Jean-Pierre Williot, Saga de la pomme de terre, Paris, Ed. du cercle d’art, 2008.

Stella et Joël de Rosnay, La malbouffe : comment se nourrir pour mieux vivre, Paris, Ed. Olivier Orban, 1979.

Madeleine Ferrières, Histoire des peurs alimentaires : du Moyen âge à l'aube du XXe siècle, Paris, Éditions Points, 2002.

Jean-Louis Flandrin et Massimo Montanari (dir.), Histoire de l'alimentation, Paris, Fayard, 1996.

David Gentilcore, Food and Health in Early Modern Europe. Diet, Medicine and Society, 1450-1800, Londres, Bloomsbury, 2016.

Florence Hachez-Leroy, Menaces sur l’alimentation. Emballages, colorants et autres contaminants alimentaires, XIXe-XXe siècles, Tours, PUFR, 2019.

Jean-Claude Jaillette, Les dossiers noirs de la malbouffe, Paris, Albin Michel, 2000.

Kenneth F. Kiple and Kriemhild Conee Ornelas (eds.), The Cambridge World History of Food, NYC, Cambridge Univ. Press, 2000.

Michael S. Lasky, The Complete Junk Food Book, NYC, McGraw-Hill, 1977.

Rachel Laudan, Cuisine and Empire. Cooking in World History, Berkeley, Univ. of California Press, 2013.

Philippe Meyzie, L'alimentation en Europe à l'époque moderne : manger et boire, XVIe s.-XIXe s., Paris, A. Colin, 2010.

Fabio Parasecoli and Peter Scholliers, A cultural history of food, 6 volumes (Antiquity, Medieval Age, Renaissance, Early Modern Age, Age of Empire, Modern Age), London, New York, Berg, 2012.

Florent Quellier, Gourmandise : histoire d'un péché capital, Paris, A. Colin, 2010.

Alessandro Stanziani, Histoire de la qualité alimentaire, XIXe-XXe siècle, Paris, Seuil, 2005.

Locais

  • Clermont-Ferrand, França (63000)

Datas

  • terça, 31 de março de 2020

Palavras-chave

  • alimentation, malbouffe, développement durable, junk food

Contactos

  • Stéphane Le Bras
    courriel : stephane [dot] lebras [at] uca [dot] fr

Urls de referência

Fonte da informação

  • Stéphane Le Bras
    courriel : stephane [dot] lebras [at] uca [dot] fr

Licença

CC0-1.0 Este anúncio é licenciado sob os termos Creative Commons CC0 1.0 Universal.

Para citar este anúncio

« Malbouffe et mauvaises pratiques alimentaires de l'Antiquité à nos jours », Chamada de trabalhos, Calenda, Publicado quinta, 23 de janeiro de 2020, https://doi.org/10.58079/146z

Arquivar este anúncio

  • Google Agenda
  • iCal
Pesquisar OpenEdition Search

Você sera redirecionado para OpenEdition Search