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Évaluation des mécanismes régionaux de prévention et de gestion des crises

The evaluation of regional prevention and crisis management mechanisms

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Publicado segunda, 11 de maio de 2020

Resumo

La question de l’efficience de l’architecture de paix et de sécurité en Afrique, fondée sur des compromis régionaux co-construits, se pose avec acuité. Un regard critique croisé est donc nécessaire. Il s’agit, pour les spécialistes des sciences sociales et humaines de l’espace CAMES, de proposer un état des lieux global - ce que Pierre Bourdieu nomme, un « œil sociologique » - de ces mécanismes ; procéder au décryptage des différentes situations potentiellement conflictuelles ou conflictuelles en Afrique ; analyser le traitement de celles-ci par les mécanismes de prévention et de gestion des crises ; et, au regard des défis du monde actuel, dégager des pistes pour l’innovation du régime africain de paix et de sécurité, appropriables par les acteurs.

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Argumentaire

L’Afrique indépendante, convaincue des risques ou des effets néfastes des crises sur le développement du continent, ne cesse de créer, d’inventer et d’imaginer des mécanismes pour les prévenir, les gérer et les régler. Historiquement, ce fut à la faveur de la création de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) en mai 1963, à Addis-Abeba, en Ethiopie, que l’Afrique instaura le principe du « règlement pacifique des différends, par voie de négociations, de médiation, de réconciliation et d’arbitrage ». Au cours de son évolution, cette institution se montra impuissante face à la récurrence des crises interétatiques, manifestes à travers les coups d’Etat (Ghana, 1966 et 1979), les guerres civiles (Nigéria, 1967-1970, Rwanda, 1994) et interétatiques (Cameroun-Nigeria, Ethiopie-Erythrée). Les Communautés économiques régionales, engluées dans ces crises, ont intégré, progressivement, le principe «  paix et sécurité » dans leurs objectifs d’intégration.

En Afrique occidentale, ont été ainsi créés au sein des instances communautaires économiques que sont la Communauté Economique de l’Afrique de l’Ouest (CEAO) et la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Accord de non-Agression et de Défense (ANAD), signé le 09 juin 1977et le Protocole de non-Agression (PNA), signé le 22 avril 1978 à Lagos, au Nigéria. Ces mécanismes visaient le non recours à la menace par les pays membres et le non-usage de la force pour le règlement des crises et conflits dans la région.

En Afrique centrale, l’Organisation de promotion, de maintien et de consolidation de la paix et de la sécurité dénommée « Conseil de Paix et de la Sécurité de l’Afrique Centrale (COPAX), signée en février 1993 à Yaoundé, au Cameroun, voit le jour. Elle est complétée par le Pacte de non-Agression, conclu à Libreville, au Gabon, en septembre 1993 et le Pacte d’Assistance Mutuelle entre les Etats membres de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC), signé le 25 février 2000, à Malabo, en Guinée Equatoriale.

En Afrique australe, en raison de l’opposition de l’ensemble des Etats à la politique de ségrégation raciale de l’Afrique du Sud, pays pivot de cette région, il a fallu attendre l’abolition de l’apartheid (juin 1991) dans ce pays pour qu’un mécanisme de prévention, de gestion et de règlement des crises englobant tous les Etats, voit véritablement le jour. Aussi, est créé en août 1992, l’Organisation sur la politique de défense et la sécurité, entrée en vigueur après mai 1994. C’est un organe de diplomatie préventive et de gestion des conflits au sein de l’instance communautaire de développement de l’Afrique australe, la Southern African Dévelopement- Community (SADC).

Prenant la relève de l’OUA, l’Union Africaine (UA) au cours de sa première conférence au sommet, tenue du 9 au 10 juillet 2002, à Durban en Afrique du Sud se montre plus sensible aux questions de paix et de sécurité, véritables obstacles au développement de l’Afrique. Elle crée à l’échelle continentale, un instrument chargé de la prévention et de la gestion des crises. C’est le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union Africaine. Il se présente comme un système de sécurité collective et d’alerte rapide. Entré en vigueur en décembre 2003, il s’appuie sur un système continental d’alerte chargé de collecter les informations sur les situations de crise, un Groupe de sages, etc. L’UA a ainsi formalisé la volonté des Chefs d’État non seulement de doter le Continent de mécanismes et d'instruments de prévention et/ou de résolution des conflits en cours, mais aussi de « prévenir l'émergence de nouveaux conflits, ou tout au moins d'alléger leur impact » grâce à une triple logique : alerte rapide, diplomatie préventive et, le cas échéant, intervention multiforme dans les États membres concernés.

Cette cristallisation sécuritaire s'est, en fait, enracinée dans un double cadre, à savoir : d'une part, les dispositions du système de sécurité et de paix de l'Organisation des Nations Unies (ONU), notamment les chapitres VII et VIII de sa Charte, par lesquels sont traduites les modes d'application du Régime international de sécurité et de paix ; d'autre part, la décision prise par le Conseil de sécurité, à la fin de la guerre froide, de « décentraliser la paix » (cf. Agenda pour la paix de 1992) par une concession de nouvelles responsabilités aux organisations régionales et sous-régionales. L’objectif étant de sortir de l'interventionnisme tous azimuts du Conseil de sécurité et des grandes puissances, mais aussi de l'entreprise volontariste « menée sous la conduite bienveillante de personnalités remarquables à titre d’initiative personnelle à caractère bénévole ou à titre de mandant formellement octroyé par des institutions agréées au plan national ou international » (A. Barke, 2005).

Le principe de leur évaluation périodique est à situer dans le sillage des traditionnelles interpellations de divers fora et réunions au sommet des institutions interafricaines intéressés par la réalisation d'une cybernétique de paix et de sécurité sur le Continent. Il en a été ainsi du Sommet annuel des Chefs d’État de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), tenu à Accra (Ghana), en janvier 2005, qui avait requis un bilan de la mise en œuvre du Mécanisme de Prévention, de Gestion, de Règlement des Conflits, de Maintien de la Paix et de la Sécurité de la Communauté ; du 7e Forum de Tana sur la Sécurité et la Paix, organisé en 2018, à Baher Dar (Éthiopie), autour de la question de « l'Evaluation des capacités africaines de gestion des conflits », ou encore du Sommet de l'Union Africaine tenu à Addis-Abeba (Ethiopie), les 9 et 10 février 2020, sur le thème : « Faire taire les armes d'ici 2020 » - en anglais Silencing the Guns by 2020) -, induit par l’Agenda 2063.

A  la fin des années 1990, une première série d'évaluations avait démontré qu'en dépit des médiations entreprises et du nombre d'agences inter-États habilitées à traiter les questions de sécurité, le nombre, la durée et l'intensité des conflits n'avaient jamais baissé de façon substantielle. En plus, il a été observé que la délégation projetée de certaines responsabilités du Conseil de sécurité n'avait donné que des résultats mitigés (P. G. Okoth, 2000). Ce qui avait conforté la nécessité d'une approche plus régionale de la prévention et de la gestion des crises en Afrique.

Depuis quelques temps, on constate qu’en dépit de l’existence de ces multiples instruments de prévention, de gestion et de règlement des crises, l’Afrique demeure toujours en proie à de nombreux fléaux humains et naturels. Ainsi, entre 1990 et 2000, elle comptait vingt (20) foyers de conflits armés et guerres, huit (08) zones de crises alimentaires et onze (11) zones de concentration de personnes réfugiées ou déplacées (Le Monde Diplomatique, 2000, p. 67).

Les crises liées à la problématique électorale interpellent particulièrement. La tendance affirmée est que nombre de systèmes électoraux – dont les desseins fondamentaux sont la consolidation de la paix par la légitimation du pouvoir, la sécurisation des communautés déchirées par des conflits, l'aide à la démocratisation des États – se sont transformés, paradoxalement, en modes de production constante de crises : contestation du pouvoir, émeutes, révoltes sociales ; lesquelles dégénèrent généralement en rébellions, séditions, putschs, guerres séparatistes, guerres civiles...  Au fil du temps, plusieurs de ces crises sont devenues de véritables révélateurs de l'incapacité des États africains à mobiliser les cadres institutionnels iréniques sur lesquels repose l’AAPS.

Dans ces conditions, la question de l’efficience de l’architecture de paix et de sécurité en Afrique, fondée sur des compromis régionaux co-construits, se pose avec acuité. Un regard critique croisé est donc nécessaire. Il s’agit, pour les spécialistes des sciences sociales et humaines de l’espace CAMES, de proposer un état des lieux global - ce que Pierre Bourdieu nomme, un « œil sociologique » - de ces mécanismes ; procéder au décryptage des différentes situations potentiellement conflictuelles ou conflictuelles en Afrique ; analyser le traitement de celles-ci par les mécanismes de prévention et de gestion des crises ; et, au regard des défis du monde actuel, dégager des pistes pour l’innovation du régime africain de paix et de sécurité, appropriables par les acteurs.

Plusieurs champs de réflexion et de véridiction (théorique, empirique et prospectif) se dégagent :

  • conceptuel (examen des paradigmes, des concepts – prise en compte des éléments structurels, accélérateurs et déclencheurs des conflits -, des doctrines, des méthodes d'intellection, de l'état de la question) ;
  • processuel (examen des dynamiques de construction des architectures de paix et de sécurité) ;
  • normatif (analyse des textes fondateurs, réglementaires, opératiques de divers régimes de sécurité à l'échelon régional ou communautaire) ;
  • institutionnel (analyse de l'organisation, du fonctionnement, des ressources, des acteurs des mécanismes de prévention et de gestion des crises, des interfaces avec divers partenaires) ;
  • empirique et opératique (analyse des contextes et des situations crisogènes, de la pertinence et de l’adéquation des mécanismes, de leur mise en œuvre, des obstacles rencontrés, des résultats atteints) ;
  • coopératif (analyse de la coopération régionale et internationale en matière de paix et sécurité) ;
  • et prospectif (examen des modalités de renforcement des capacités des mécanismes de prévention et de gestion des crises et, si possible, prise en compte de mécanismes non conventionnels et des nouveaux enjeux sécuritaires tels que l’environnement).

Axes de recherche.

Approche théorique (état de l’art sur les mécanismes de prévention et de gestion des crises en Afrique)

Approches épistémologique, sémiotique et méthodologique des mécanismes de prévention et de gestion des crises en Afrique (étude des paradigmes, des théories, des doctrines, indicateurs des situations potentiellement conflictuelles, des méthodes d'analyse, de l’état de la question).

Approche empirique

2.1. Analyse de la pratique des architectures de prévention et de gestion des crises électorales et post-électorales en Afrique

2.1.1 Analyses des contextes électoraux, des situations de crises et des pratiques des mécanismes de prévention et de gestion des conflits à l'échelon régional ;

2.1.2. Analyses des contextes électoraux, des situations de crises et des pratiques des mécanismes de prévention et de gestion des conflits à l'échelon communautaire (CER). 

2.2 Analyse des processus de construction des architectures de prévention et de gestion des crises en Afrique)

2.2.1. Analyse des processus de construction des mécanismes de prévention et de gestion des crises à l'échelon régional ;

2.2.2. Analyse des processus de construction des mécanismes de prévention et de gestion des crises à l’échelle nationale

2.2.3. Analyse des processus de construction des mécanismes de prévention et de gestion des crises à l'échelon communautaire (CER).

2.3. Coopération, interdépendances et interactions

2.3.1. L'appui international (ONU, partenaires) aux initiatives de construction des mécanismes de prévention et de gestion des crises à l'échelon régional (OUA/UA) et communautaire (CER) ;

2.3.2. Les interventions des Nations unies et des partenaires internationaux dans les initiatives de prévention et gestion des crises en Afrique ;

2.3.3. Les interactions entre l’UA, les CER et les États africains dans les domaines de la prévention et de la gestion des crises.

3. Approche prospectiviste (renforcement des capacités et réformes)

3.1. Le renforcement des capacités des mécanismes régionaux de prévention et de gestion des crises ;

3.2. La nouvelle vision de l'Union Africaine en matière de prévention et de gestion des crises ;

3.3. Les mécanismes non conventionnels (notamment traditionnels) de prévention et de gestion des crises en Afrique :

3.4. Les enjeux sécuritaires transnationaux (cas de l’environnement) et les mécanismes nouveaux.

Envoi des contributions

Les propositions de contributions, accompagnées d’une notice bio-bliographique, sont à envoyer aux adresses suivantes : oumarou371@hotmail.com ; ben.guessan@yahoo.fr; jfow2012@gmail.com 

Le texte complet de la contribution, d’une longueur maximale de 60 000 signes ou 10 000 mots (espaces, notes et bibliographie compris), est rédigé suivant les critères NORCAMES en vigueur

au plus tard le 30 juin 2020

Calendrier

  • Notification acceptation ou refus le 30 Juillet 2020
  • Réception des articles complets le15 Octobre 2020
  • Retour des évaluations le 15 Novembre 2020
  • Envoi des articles corrigés et mis aux normes 15 Décembre
  • Parution : 2021

 Modalités de sélection

Évaluation des propositions en double aveugle. Les textes complets seront également soumis à évaluation.

Comité scientifique et de lecture

  • Kokou Folly Lolowou Hetcheli (Université de Lomé),
  • Georice Berthin Madebe (Institut de Recherche en Sciences Humaines-Libreville),
  • Médard Ndoutorlengar (Université de Sarh), 
  • Jean-François Owaye (Université Omar Bongo),
  • Amadou Oumarou (Université Abdou Moumouni de Niamey),
  • Guessan Kouadio (Université d’Abomey-Calavi),
  • Yvon Ndongo-Ibara (Université Marien Ngouabi-Brazzaville),
  • Sèdagban Hygin Faust (Université d’Abomey-Calavi),
  • Sylvain C. Anignikin (Université d’Abomey-Calavi),
  • Serge Loungou (Université Omar Bongo),
  • Yves Komi N’Kegbe Foga Tublu (Université de Lomé),
  • Rogatien Makpehou Tossou (Université d’Abomey-Calavi),
  • Cisse Chikouna (Université Félix Houphouet-Boigny),
  • Bamba Abdoulaye (Université Houphouet-Boigny),
  • Nassirou Bako-Arifari (Université d’Abomey-Calavi),
  • Hygin F. Kakaï (Université d’Abomey-Calavi)

Bibliographie indicative

ADAMOU Barke, 2005, Mécanismes de prévention et de résolution des conflits en régime de démocratie, conditions optimales et obstacles, Ethiopiques numéro 75, littérature, philosophie et art, 2ème semestre.

Afrique contemporaine, 1996, « L'Afrique face aux conflits », sld. Jean du Bois de Gaudusson et Michel Gaud, Paris, la Documentation Française.

ANGO ELLA, Paul (dir.), 2001, La prévention des conflits en Afrique centrale, Paris, Karthala.

BALANCIE Jean-Marc et LA GRANGE, Arnaud de (dir.), 2005, Les Nouveaux Mondes rebelles, Paris, éd. Michalon.

BARRY Mamadou Aliou, 1997, La prévention des conflits en Afrique de l'ouest : mythes ou réalités, Ed. Karthala.

BAUWENS Werner, REYCHELER Luc, 1994, The art of conflict prevention, (ed.), Londres, Brassey’s.

BONIFACE Pascal & VEDERINE Hubert, 2009 - Atlas des crises et conflits, Paris, A. Colin & Fayard.

KADER Bitié Abdoul, 2016. L’approche contemporaine de la prévention des conflits en Afrique. Thèse de Droit. Sous la direction du Professeur Anne-Marie Tour Nepiche, Université de Bordeaux.

LE MONDE DIPLOMATIQUE, 2000, L’Atlas 2000 des conflits, Paris, Le Monde Diplomatique.

Mbow Lat Soucabé, 2017, Géopolitique. Une grammaire pour comprendre les crises et les conflits. Dakar, Presses universitaires de Dakar

MPOUANDO Jean-Pierre, 2018, Les limites de l’Union Africaine dans la Résolution des conflits. Compétence, institutions et opérations, Paris, L’Harmattan.

MWAYILA TSHIYEMBE, MAYELE BUKASA, 1989, L’Afrique face à ses problèmes de sécurité et de défense, Dakar, Présence Africaine.

SECRETARIAT GENERAL DE LA DEFENSE, 1993, L'Afrique subsaharienne. Sécurité, stabilité, développement, Paris, SGDN.

TEDOM (F.A.), 2008, Enjeux géostratégiques et conflits politiques en Afrique noire, Paris, L’Harmattan.

 

Locais

  • Université Omar Bongo
    Libreville, Gabão

Datas

  • terça, 30 de junho de 2020

Ficheiros anexos

Palavras-chave

  • évaluation, conflit, crise, paix, Afrique

Contactos

  • Jean-François OWAYE
    courriel : jfow2012 [at] gmail [dot] com
  • Joseph TSIGBE
    courriel : hommage [dot] naga [at] gmail [dot] com

Fonte da informação

  • Joseph TSIGBE
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« Évaluation des mécanismes régionaux de prévention et de gestion des crises », Chamada de trabalhos, Calenda, Publicado segunda, 11 de maio de 2020, https://doi.org/10.58079/14wh

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