AccueilAmérique latine transfrontalière

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Amérique latine transfrontalière

América latina transfronteriza

Crossing borders and Latin America

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Publié le jeudi 11 juin 2020

Résumé

Nous souhaiterions réfléchir lors de ce colloque sur l’Amérique latine transfrontalière autant du point de vue des échanges et des apports mutuels, littéraires et artistiques, que des enjeux concernant les différents facteurs (culturels, géopolitiques, environnementaux, économiques) ayant une incidence dans la construction-destruction de murs et le contrôle des flux (personnes, capital, marchandises).

Annonce

23 septembre 2021 (Université Savoie Mont Blanc, Chambéry)

15 novembre 2021 (Université du Littoral Côte d’Opale, Boulogne-sur-Mer)

Argumentaire

Le transfrontalier est devenu un thème central dans les études littéraires et la réflexion historique qui témoignent d’une profusion et d’une diversité d’approches dépassant les limites disciplinaires, ce qui soulève, selon Tapia (2017), la question de la polysémie de concepts tels que frontalier ou transfrontalier. Selon Grégory Hamez, « nous parlerons de transfrontalier uniquement pour qualifier des relations entre acteurs situés de part et d’autre d’une frontière, poursuivant un objectif commun, et dont les retombées concernent les deux côtés de la frontière » (2004).

Après l’essor de l’ouverture des frontières et la globalisation, depuis quelques années, le retour au renforcement des frontières s’accentue ; il se traduit non seulement par le recours à la construction de murs, mais aussi par une augmentation du contrôle des flux. Bernal-Meza (2019) considère que le retour au protectionnisme et à l’unilatéralisme est le résultat de la crise de l’ordre libéral et de la globalisation, qui est bien exprimée par l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, aux États-Unis. En suivant Jessop (2001), Dilla et Breton définissent les Régions Transfrontalières (RTF) comme des systèmes spatio-temporels multidimensionnels et multiscalaires comprenant des territoires contigus sous juridictions nationales différentes.

Ces territoires, par leur configuration, constituent des zones franches d’échanges et d’activités commerciales de toutes sortes, légales et illégales. Dilla et Breton (2018) soulignent l’opposition entre desfronterización (associée au contact) et refronterización (relative à la séparation) qui caractérise les régions transfrontalières en Amérique latine, mais ils estiment que cette approche binaire est limitée. Ils affirment que les frontières latino-américaines éprouvent une augmentation du flux de personnes, de capital et de marchandises. Ces régions, pour Dilla et Breton « sont multidimensionnelles dans la mesure où dans leur formation et leur développement jouent des facteurs divers (culturels, géopolitiques, environnementaux, économiques) », dont les facteurs économiques, disent-ils, exercent une détermination de dernière instance.

Nous souhaiterions réfléchir lors de ce colloque sur l’Amérique latine transfrontalière autant du point de vue des échanges et des apports mutuels, littéraires et artistiques, que des enjeux concernant les différents facteurs (culturels, géopolitiques, environnementaux, économiques) ayant une incidence dans la construction-destruction de murs et le contrôle des flux (personnes, capital, marchandises).

Dans une optique transdisciplinaire et afin de croiser les approches, les littéraires, les spécialistes en arts visuels (peinture, cinéma, photographie, etc.) et en arts de la scène, les civilisationnistes, les spécialistes de communication, du droit, d’histoire, de sociologie, de sciences politiques, sont invités à proposer une communication. L’invitation est également ouverte aux étudiants de Master 2 souhaitant proposer une première communication afin d’encourager l’implication et la participation des étudiants de Master dans la recherche.

Ce projet est organisé conjointement par deux chercheurs des laboratoires UR H.L.L.I. 4030 et LLSETI, respectivement des universités du Littoral Côte d’Opale et Savoie Mont Blanc. Dans un souci de coopération et de cohérence, les travaux se tiendront sous la forme de deux journées d’étude prévues le 23 septembre 2021 à l’Université Savoie Mont Blanc (Chambéry) et le 15 novembre 2021 à l’Université du Littoral Côte d’Opale (Boulogne-sur-Mer).

La réflexion s’articulera autour de quelques thématiques concrètes.

Le 23 septembre 2021 se tiendra à Chambéry la journée : Amérique latine transfrontalière : enjeux politiques et socioéconomiques

Nous nous proposons d’étudier depuis une perspective multidisciplinaire les relations transfrontalières – entre les pays d’Amérique latine et/ou avec l’Amérique du Nord ou l’Europe –, politiques, économiques, sociales et environnementales, dans la région sur la période contemporaine (XXe – XXIe).

Voici quelques pistes sur lesquelles portera la réflexion de cette première journée :

Défis et conflits environnementaux

De quelle manière s’établit la coopération des pays pour la protection sociale et environnementale de la forêt amazonienne ? Quelles politiques sont mises en place pour ou contre le développement des activités agroindustrielles, d’élevage et minières en Amazonie ? Comment résoudre les conflits entre pays à propos de l’exploitation des ressources naturelles, énergétiques ou autres, se trouvant dans des zones limitrophes ?

Enjeux migratoires 

Comment les pays de la région font face aux différents enjeux migratoires ? Quel a été l’impact de la migration vénézuélienne et quelles ont été les réactions des pays voisins ? Quelle est la situation des caravanes migratoires d’Amérique Centrale et comment a évolué la politique migratoire mexicaine ? Quels types de liens existent entre la communauté hispano-américaine aux États-Unis et l’Amérique latine ?

Accords de coopération interrégionaux 

Quels objectifs (circulation de personnes, capital, marchandises) se proposent d’atteindre ces accords ? Ont-ils jusqu’alors porté leurs fruits ? Comment se constituent les groupes et les alliances politiques, ainsi que les blocs économiques dans la région et quelle a été leur efficacité ? Quelles stratégies communes sont mises en place en matière de droits de l’homme, de lutte contre la violence ou le trafic de drogue ?

Le 15 novembre 2021 se tiendra à Boulogne-sur-Mer la journée : Amérique latine transfrontalière : dialogues artistiques et échanges littéraires

Pour Joëlle Cauville, on parle de littérature transfrontalière pour désigner une littérature « dont les thèmes dépassent les barrières géographiques, culturelles ou linguistiques » (2013). Comment se manifestent donc dans le monde latino-américain ces échanges littéraires et, plus largement, ces dialogues artistiques ?

Représenter le transfrontalier : arts visuels et littérature

Les auteurs latino-américains, exilés aux États-Unis, contribuent à la création d’une littérature chicana au sujet de laquelle Roberto Sánchez Benítez a écrit que « Por ello, el concepto de ‘transfronterizo’ o ‘transfronterización’ pretende ir más allá de las estrechas limitaciones de nociones con fuerte carga nacionalista para incluir la movilidad, transformación y redefinición de zonas, espacios y comunidades a partir de la carga cultural, histórica, socioeconómica, de clase, raza y género » (2018). C’est le cas, par exemple, des représentations des mouvements migratoires contemporains, notamment ceux en provenance de l’Amérique Centrale et qui traversent le Mexique pour aller vers les États-Unis. Quelles sont les caractéristiques de cette littérature et quels en sont les auteurs les plus représentatifs ? Qu’en est-il par exemple de la production littéraire transfrontalière dans l’aire andine ?

Quel est l’objectif des créations artistiques nées de l’expérience transfrontalière et de la migration ? Pensons, par exemple, pour ce qui est des arts visuels transfrontaliers, aux fresques chicanas du sud des États-Unis ou aux fresques cubaines de Miami. En ce qui concerne le cinéma, le réalisateur mexicain Luis Váldez réfléchit pour sa part à la thématique du chicano dans son film de 1981 Fiebre latina, tandis que, du côté de la littérature, des anthologies mettent elles aussi en avant l’aspect transfrontalier : citons l’anthologie élaborée par Carmina Estrada, Transfronterizas (2020), qui compile des œuvres de 38 poétesses se mouvant d’un pays à un autre, comme des poétesses argentines au Paraguay, des Centraméricaines au Mexique ou des Caribéennes aux États-Unis. Quelles représentations sont données dans ces créations artistiques de l’expérience transfrontalière ?

Écritures migrantes : du transfrontalier au transcontinental

L’élaboration d’une littérature dépassant le transfrontalier et se situant dans le cadre d’une littérature monde, selon le concept de Véronique Porra (2010), mérite également une réflexion. L’étude de la création littéraire de Haïtiens au Chili entrerait ainsi pleinement dans ce cadre, tout comme celle des auteurs latino-américains ayant séjourné ou vécu en France et ayant adopté la langue française comme langue de production littéraire, ainsi que la diffusion de la littérature latino-américaine par le biais de traductions. Comment les auteurs retracent-ils par l’écrit leur expérience transcontinentale ? Comment se met en place à travers ces écritures cette « poétique de la relation » comme la prône Édouard Glissant (1990) ?

Une étude d’autres types d’échanges culturels et artistiques transcontinentaux pourrait également être envisagée : comment cela se manifeste-t-il dans la création musicale latino-américaine ? Quelles grandes figures du monde latino-américain ont favorisé la reconnaissance de genres musicaux latino-américains en Europe ?

Écritures bilingues transfrontalières

Si le Quechua est utilisé de nos jours comme langue d’écriture comme, par exemple, dans la poésie du Bolivien Jesús Lara ou dans le roman du Péruvien Pablo Landeo Muñoz intitulé Aqupampa (2016), qu’en est-il de façon plus large des langues indiennes transfrontalières adoptées comme langue d’écriture littéraire en Amérique latine ?  Dans quelle mesure l’écriture en langue indienne est-elle particulièrement adaptée à la revendication et à la défense d’idéaux et valeurs ? Quels objectifs poursuivent les auteurs défendant les langues indiennes comme langues d’expression littéraire ?

Ces quelques pistes ne sont pas limitatives et d’autres sont envisageables.

Les propositions de communication prendront en compte les rapports entre différents pays de l’Amérique latine et/ou les États-Unis et l’Europe à partir des problématiques indiquées dans le présent appel.

Modalités de contribution

Nous vous demandons d’envoyer vos propositions de communication obligatoirement aux deux adresses mél suivantes : Benoit.Santini@univ-littoral.fr et julio.zarate@univ-smb.fr en précisant :

  1. Titre de la communication
  2. Résumé (10 lignes environ) et 5 mots-clés
  3. Nom et prénom de l’auteur
  4. Grade et université de rattachement
  5. Fiche académique de l’auteur (5-10 lignes)

Date limite d’envoi de propositions de participation : 10 octobre 2020

Évaluation des propositions et réponse du Comité organisateur : 20 octobre 2020.

Langues de communication : français et espagnol

La publication d’un ouvrage collectif suite au colloque est prévue.

Organisateurs

  • Benoît Santini, UR H.L.L.I. 4030, Université du Littoral Côte d’Opale
  • Julio Zárate, LLSETI, Université Savoie Mont Blanc

Comité scientifique

  • Dante Barrientos Tecún, Aix-Marseille Université
  • Emma Bell, Université Savoie Mont Blanc
  • Karim Benmiloud, Université Paul Valéry Montpellier
  • Raúl Caplán, Université Grenoble Alpes
  • Alvar de la Llosa, Université Lyon 2
  • Erich Fisbach, Université d’Angers
  • Paul-Henri Giraud, Université Lille 3
  • Elsa Guardiola, Université Sorbonne Nouvelle
  • Sandra Hernández, Université Lyon 2
  • Fernando Moreno, Université de Poitiers
  • Michael Murphy, Université du Littoral Côte d’Opale
  • Jean-Louis Podvin, Université du Littoral Côte d’Opale
  • Cécile Quintana, Université de Poitiers
  • Marc Rolland, Université du Littoral Côte d’Opale
  • Eric Roulet, Université du Littoral Côte d’Opale
  • Jean-Marie Ruiz, Université Savoie Mont Blanc
  • Magda Sepúlveda, Pontificia Universidad Católica de Chile
  • Modesta Suárez, Université Toulouse-Jean Jaurès
  • Marta Inés Waldegaray, Université de Reims Champagne-Ardenne

Bibliographie indicative

  • AUGÉ, M. Non-lieux introduction à une anthropologie de la surmodernité. Paris : Seuil, 1992.
  • BERNAL-MEZA, R. “América Latina frente a un cambio de época”. Si Somos Americanos. Revista de Estudios Transfronterizos, n° 19 (1), 2019, pp. 85-109.
  • CARROUE, L. Géographie de la mondialisation. Paris : Armand Colin, 2002.
  • CAUVILLE, J. « Jean-Marie-Gustave Le Clézio: 'Le schizophrène intercontinental' ou 'Le nomade au service de l'imaginaire' ? », in : W. Francis, C et VIAU, R. Trajectoires et dérives de la littérature-monde: Poétiques de la relation et du divers dans les espaces francophones. Amsterdam, New York : Éditions Rodopi, 2013, pp. 302-317.
  • CLAVAL, P. « Limites et barrières culturelles » in : CARROUE, L. et al. Limites et discontinuités en géographie. Paris : SEDES, 2003, pp. 82-94.
  • DILLA, H., BRETON, I. « Las regiones transfronterizas en América Latina », Polis, n° 51, 2018. URL : http://journals.openedition.org/polis/16089
  • FOUCHER, M. L'obsession des frontières. Paris : Perrin, 2012.
  • FOUCHER, M. Les frontières. Paris : CNRS, 2020.
  • GLISSANT, É. Poétique de la relation. Poétique III. Paris : Gallimard, 1990.
  • GUICHONNET, P., RAFFESTIN, C. Géographie des frontières. Paris : PUF, 1974
  • HAMEZ, G. Du transfrontalier au transnational : Approche géographique. L’exemple de la frontière franco-belge. Thèse de Doctorat de l’Université Panthéon-Sorbonne - Paris I, 2004.
  • PORRA, V. « Malaise dans la littérature-monde (en français) : de la reprise des discours aux paradoxes de l’énonciation », Recherches & Travaux, n° 76, 2010, pp. 109-129.
  • RAFFESTIN, C. « Autour de la fonction sociale de la frontière ». Espace et sociétés, n° 70-71, 1993, pp. 157-164.
  • RAFFESTIN, C. « Éléments pour une théorie de la frontière ». Diogène, n° 134, 1986, pp. 3-21.
  • SÁNCHEZ BENÍTEZ, R. Cruxi-ficciones Siete escrituras transfronterizas. México: Universidad Autónoma de Ciudad Juárez, 2018.
  • TAPIA, M. “Las fronteras, la movilidad y lo transfronterizo: Reflexiones para un debate”. Estudios Fronterizos, n° 18 (37), 2017, pp. 61-80.

Dates

  • samedi 10 octobre 2020

Mots-clés

  • amérique latine, transfrontalier, migration, art, littérature

Contacts

  • Benoît Santini
    courriel : Benoit [dot] Santini [at] univ-littoral [dot] fr
  • JULIO ZARATE
    courriel : julio [dot] zarate [at] univ-smb [dot] fr

Source de l'information

  • JULIO ZARATE
    courriel : julio [dot] zarate [at] univ-smb [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Amérique latine transfrontalière », Appel à contribution, Calenda, Publié le jeudi 11 juin 2020, https://doi.org/10.58079/150b

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