Nombreux sont les travaux de recherche qui ont montré que les multiples crises contemporaines rendent nécessaire des changements rapides et profonds. Ces mêmes travaux rendent plus cruel un autre constat, celui d’une incapacité collective à imposer les modalités d’un habiter terrestre viable, juste et convivial. Que faire face aux inégalités qui se reproduisent sans s’amenuiser ? Quelles seraient les modalités d’action les plus efficientes et urgentes pour lesquelles se mobiliser et amorcer les changements politiques, économiques, socio-environnementaux nécessaires ? Ce colloque explore les modalités selon lesquelles la recherche traite de l'ordinaire : points de vue, types d’approches et de construction méthodologique, expérimentations pratiques et sensibles etc. Il vise également à explorer la portée politique de cet ordinaire rendu visible.

Argumentaire scientifique

Nombreux sont les travaux de recherche – menés au Ladyss ou ailleurs – qui ont montré que les multiples crises contemporaines rendent nécessaire des changements rapides et profonds. Ces mêmes travaux rendent plus cruel un autre constat, celui d’une incapacité collective à imposer les modalités d’un habiter terrestre viable, juste et convivial. Que faire face aux inégalités qui se reproduisent sans s’amenuiser ? Quelles seraient les modalités d’action les plus efficientes et urgentes pour lesquelles se mobiliser et amorcer les changements politiques, économiques, socio-environnementaux nécessaires ?

Que faire face au rouleau compresseur néolibéral, à tendance nationaliste et autoritaire, qui s’est imposé aux quatre coins de la planète ? Ces questions habitent chercheuses et chercheurs du Ladyss et nombre d’entre-eux pensent qu’elles ne peuvent pas être prises de front seulement dans leur globalité et leur dimension surplombante. Elles supposent de saisir dans chacun des champs de recherche les « formes ordinaires » de la « vie ordinaire ».

Le Ladyss, invite à un colloque interdisciplinaire consacré aux « Puissances de l’ordinaire », centré sur la capacité d’agir des vivants ordinaires qui s’exerce dans des situations ordinaires. L’ordinaire recouvre ici de multiples dimensions ; il peut renvoyer à des éléments vécus, des éléments peu visibles, courants, communs, banals, et non à du spectaculaire, de l’événementiel extra-ordinaire, à « des formes d’exception ». S’intéresser scientifiquement à l’ordinaire dans son potentiel créateur revient donc à regarder comment les transformation sociales, environnementales et économiques s’incarnent dans des réalités concrètes, des mobilisations sans prétention et non des perspectives visant à fonder un

« nouvel ordre », un nouveau programme politique, un nouveau régime économique ou climatique. Articulé autour de quatre sessions plénières, ce colloque explore les modalités selon lesquelles la recherche traite de l'ordinaire : points de vue, types d’approches et de construction méthodologique, expérimentations pratiques et sensibles etc. Il vise également à explorer la portée politique de cet ordinaire rendu visible.

Participation

La participation au colloque est gratuite, l’inscription est obligatoire. Merci de vous inscrire ici Contact : umr7533-colloqueordinaire2022@cnrs.fr

Lieu : Salle panoramique de la MSH Paris Nord, 20 Av. George Sand, 93210 St-Denis la Plaine

Programme

18 octobre 2022

matin 9H30 - Introduction générale. L'ordinaire dans la démarche du LADYSS Nathalie Blanc (Géographe), Thomas Lamarche (Economiste)

10h15 - Session 1 : Histoires de l'ordinaire

Les SHS connaissent un regain d’intérêt pour l’ordinaire, après une histoire évènementielle consacrée aux grands personnages et moments extraordinaires ; s’est formée une histoire attachée à restituer les vies ordinaires de personnes inconnues, disparues. L’accent est mis sur le rôle des institutions, des normes mais aussi sur le régime macro dans le façonnement de la vie des personnes. La longue durée est également interrogée au prisme des crises environnementales. L'ordinaire des existences reste toutefois relégué à l'arrière-plan. Persiste ainsi une domination de certaines grandeurs, dans l'espace médiatique. Celles-ci s’imposent dans les représentations, les pratiques sociales et la distribution des revenus, mais aussi dans le regard que portent les SHS sur le monde.  Ce biais du grand, du visible n'est pas sans conséquence sur ce que nous disons du monde.

• Suite à une communication de Nathan McClintock (Géographe), ces différentes thématiques seront discutées dans une table ronde rassemblant Cyria Emilianoff (Géographe), Irène Berthonnet (Economiste) et Catherine Neveu (Anthropologue).

après-midi 14h00

Session 2 : Représentations situées de l'ordinaire

Dans un dialogue entre disciplines et pratiques, cette session s’attachera à explorer les démarches situées qui permettent de révéler l’ordinaire, de l’identifier et d’en saisir la puissance.

• Sylvain Gouraud (artiste visuel), Olivier Bories (enseignant-chercheur, réalisateur) et Elsa Gärtner et Sébastien Blache (Agriculteur.e.s) s’appuieront sur le support de l'image, chacun à leurs manières, pour illustrer et discuter ce qui est censé relever de l’extraordinaire, de l’ordinaire et de la puissance de ce dernier.
• Leurs propositions seront ensuite mises en perspectives lors d’une discussion avec Coralie Mounet (Géographe), Vanessa Manceron (Anthropologue) et Alix levain (Anthropologue).

19 octobre 2022

matin

9h30 - Session 3 : Métrologies de l’ordinaire

Cette troisième session offre un espace de dialogue réflexif au sein et entre les disciplines en proposant de se saisir de la question de nos pratiques méthodologiques afin d’appréhender l’ordinaire dans différents contextes.

• À partir de leurs travaux et leurs terrains respectifs, Marie Bonte (Géographe), Jacqueline Descarpentries (Science de l’éducation) et Zoé Vaillant (Géographe) questionneront la recherche qualitative de ou sur l’ordinaire, en interrogeant les processus de (dé)construction de la normativité, et plus particulièrement des catégories essentialisées de « l’ordinaire » et de « l’exceptionnel ».
• Thierry Feuillet (Géographe) et Thibaud Déguilhem (Economiste) s’interrogeront sur la capacité des modèles statistiques à saisir les régularités d’un ordinaire social ou environnemental. Depuis des expériences variées, ils échangeront sur la diversité nécessaire des formes de modélisations et sur la place fondamentale des écarts à la prédiction dans cette démarche pour comprendre la structure des pratiques des populations sociales ou physiques.
• Tiago Pires Marques (Sociologue) mettra enfin « sur écoute » ces deux temps et proposera une discussion à partir des présentations réalisées relative à la question de l’articulation entre les approches qualitatives et quantitatives en SHS : une nécessité véritablement accessible ?

après-midi

14h00 - Session 4 : L’ordinaire comme levier de transformations collectives et de l’action publique

Chaque jour, des individus et des responsables associatifs ou institutionnels se fondent sur leur vécu pour tenter de transformer l’action publique dans le sens d’un meilleur partage des responsabilités et des leviers de décision, susceptible de mobiliser l’ensemble du corps social autour de projets communs. C’est ce dont témoigneront les engagements de Guillaume Dhérissard (Directeur de la coopérative Fermes de Figeac), Jean Christophe Bokika (Président de l’ONG Mbou Mon Tour, République Démocratique du Congo) et le collectif de la Maison Perchée (Association créée par et pour des personnes concernées par les troubles psychiques). Ces expériences significatives seront approfondies lors d’une table ronde réunissant Igor Babou (Science de l’information et de la communication) et un.e élu.e en charge de questions de santé.

Comité d'organisation

Colloque organisé par le Ladyss et plus particulièrement Zoé Vaillant, Thomas Lamarche, Johan Milian, Nathalie Blanc, Sarah Bortolamiol, Hervé Brédif, Aline Brochot, Denis Chartier, Thibaut Deguilhem, Jacqueline Descarpentries, Thierry Feuillet, Camille Signoretto, Anne Sourdril.