Announcement
Coordination scientifique
- Elena Chamorro, Aix-Marseille Université
- Crystel Pinçonnat, Aix-Marseille Université
Argumentaire
Depuis leur émergence à la faveur des mouvements de lutte pour les droits des personnes handicapées aux États-Unis et en Grande Bretagne des années 60-70, les disability studies ont contribué à considérablement modifier l’approche du handicap. Fondées dans les années 1980, elles s’accompagnent d’une véritable révolution épistémologique, qui consiste à changer de paradigme. Depuis le XIXe siècle, ce qu’il convient d’appeler le « modèle médical » a alimenté une lecture du handicap en termes de manque ou de perte par rapport à la « norme » – un corps valide et une intelligence que l’on qualifiera de « neurotypique[1] ». S’opposant à cette approche, les disability studies ont mis en avant la dimension fondamentalement politique et sociale du handicap. Pour elles, « le handicap désigne une situation collective d’oppression subie par ceux qui ne peuvent jouer les jeux de la performance individuelle[2] ». Produit par un certain type d’organisations sociales et des environnements inadéquats à l’accueil de tous, il engendre l’exclusion d’une partie de la population considérée comme « atypique ». En ce sens, si les disability studies vont de pair avec une critique radicale de l’approche médicale du handicap et du caractère hégémonique de son discours pour définir et catégoriser des sujets non-normatifs, elles supposent également des positionnements spécifiques. Ce que l’on appelle la lutte anti-validiste, par exemple, « se caractérise par l’appartenance à un groupe en lutte pour son autonomie[3]».
Longtemps, le handicap a été confiné dans des champs éditoriaux spécialisés. En 2016 encore, Henri-Jacques Stiker[4] notait le faible nombre de revues généralistes (il pensait au Débat, à Commentaires, aux Temps modernes) ayant consacré un numéro spécial, voire quelques articles ponctuels à la question. C’est aujourd’hui la volonté d’Amnis de participer au débat sur le handicap. Il s’agit d’une question qui exige une approche à la fois relationnelle et transversale, optique qui recoupe la vocation première d’Amnis de faire dialoguer les disciplines autour d’un même objet. En effet, outre le fait que la question traverse les sciences sociales, elle a également pour principale caractéristique de se trouver au croisement[5] de problématiques diverses : au croisement de l’individuel et du social (le handicap relève certes d’une construction sociale, d’un cadre idéologique, mais il constitue aussi une expérience individuelle), au croisement des disciplines (sociologie, anthropologie, droit, histoire, philosophie, esthétique, études littéraires et cinématographiques), au croisement d’identités plurielles définies, de façon intersectionnelle, à partir de notions comme le genre, la classe sociale, la race et l’orientation sexuelle, au croisement de problématiques contemporaines (parmi lesquels les droits civiques, le féminisme, le spécisme, le validisme), et au croisement de la recherche et du militantisme (on retiendra le slogan des Anglo-Américains – « Nothing about us, without us », « rien sur nous sans nous »). Face à un tel objet, il est nécessaire de décloisonner les disciplines et de tenter de réduire le morcellement des approches. C’est du moins la visée d’Amnis dans ce numéro, qui demeure toutefois fidèle aux champs de recherche traditionnels de la revue : les sociétés européennes et américaines des XIXe au XXIe siècles.
En 2001, l’historien Douglas C. Baynton écrivait : « le handicap est partout dans l’histoire, pour peu qu’on l’y cherche, mais manifestement absent de celle que nous écrivons[6] ». Pour contrer cette tendance, c’est à une subversion de l’approche historiographique traditionnelle qu’incite ce nouveau numéro d’Amnis. Il s’agit de donner une position centrale à ce qui fut longtemps dans les marges, en situation de liminalité. En adoptant une approche handie[7], riche de ce qu’il convient d’appeler des « savoirs situés[8] », on pourra, d’une part, développer un autre regard sur notre environnement et, d’autre part, augmenter les connaissances communes concernant la question.
Ce numéro intitulé « Du handicap aux variations humaines » fait écho par son titre au souci des disabilities studies de se départir de la pensée du handicap comme stigmate, pour le considérer dans un vaste champ qui embrasse toutes les formes de diversités corporelle, sensorielle et cognitive au sein de la communauté humaine. Le sous-titre, « Récits anciens, nouveaux récits » cherche, quant à lui, à préciser la perspective adoptée. Le mot « récit » est ici à entendre au sens large. Pour l’expliciter, on s’appuiera sur l’article de Jasmine Harris « The Aesthetics of Disability »[9]. L’autrice y montre en quoi, aux États-Unis, l’intégration est devenue le maître-mot qui oriente toutes les politiques du handicap. Cette notion d’intégration est nourrie par un récit – lui-même généré par les travaux de chercheurs en sciences sociales – qui considèrent que, du point de vue cognitif, ce qu’ils nomment le « contact intergroupe » est un remède efficace contre la ségrégation. La fréquentation de membres d’une minorité permettrait, au sein du groupe dominant, de contrecarrer les stéréotypes négatifs et de lutter contre l’ignorance. Si ce récit sur la nature cognitive du préjugé a, dans un premier temps, formaté la législation sur les droits civiques concernant la question raciale, il s’est ensuite déplacé et s’est appliqué à la question du handicap. Or, comme le défendent certains chercheurs, ce récit relève plus de l’hypothèse que de la théorie, il est loin d’être systématiquement exact. De fait, des études récentes ont montré que, concernant le handicap, les choses sont plus compliquées que ne le professe le récit classique : « Tout comme l’intégration raciale, l’intégration physique d’élèves avec des handicaps dans des écoles de quartier a globalement abouti au partage d’un espace physique plutôt qu’à l’inclusion[10] ».
Il s’agira donc à travers les notions de « récits anciens » et de « nouveaux récits » de mettre en avant les préconceptions idéologiques qui alimentent et formatent historiquement les différents discours sur le handicap.
- De la représentation du handicap. Handicap et empowerment. On pourra considérer, par exemple, les autobiographies et fictions qui adoptent un point de vue handi (Hoje Eu Quero Voltar Sozinho [2014] du Brésilien Daniel Ribeiro ainsi que la mini-série argentine Metro Veinte de Rosario Perazolo et Belén Poncio).
- La crip[11] culture et ses manifestations
Modalités de soumission
Les propositions d’article (30 lignes) pourront être rédigées en français, en anglais ou en espagnol. Elles devront être envoyées avec un Curriculum Vitae de l’auteur à l’adresse suivante : amnis@revues.org.
avant le 15 décembre 2022.
Les articles acceptés seront à remettre le 15 juin 2023 au plus tard. Après avoir été soumis au comité scientifique de la revue et à deux rapporteurs externes, les articles seront publiés sur le site de la revue dans le courant de l’année 2023.
Comité scientifique
- Angel Alcalde, University of Melbourne, Australie, Histoire.
- Óscar Álvarez Gila, Universidad del País Vasco, (Vitoria), Espagne, Histoire.
- Sylvie Aprile, Université de Paris-Ouest Nanterre, France, Histoire.
- Avner Ben-Amos, Université de Tel-Aviv, Israël, Histoire.
- Zoraida Carandell, Université de Paris-Ouest Nanterre, France, Littérature et culture espagnoles.
- Martine Chalvet, Aix Marseille Université, France, Histoire.
- Paulo Bernardo Ferreira Vaz, Universidad Federal de minas Gerais, (Belo Horizonte), Brésil, Communication Sociale.
- Alec G Hargreaves, Florida State University (Tallahassee), Director Winthrop-King Institute for Contemporary French and Francophone Studies, Etats-Unis, Littérature française et études francophones.
- Pierre-Cyrille Hautcœur, EHESS, École des Hautes Etudes en Sciences Sociales (Paris), France, Sciences Economiques.
- Jérôme Jamin, Université de Liège, Belgique, Sciences politiques.
- Gerd Krumeich, Université de Düsseldorf, Allemagne, Histoire.
- Stéphane Michonneau, Université de Lille, France, Histoire.
- Ellen McCracken, UCSB, (University of California Santa Barbara), Etats-Unis, Littérature et etudes culturelles latino-américaines.
- Mónica Moreno Seco, Universidad de Alicante, Espagne, Histoire.
- Edilma Osorio Pérez Flor, Facultad de Estudios Ambientales y Rurales, Pontificia Universidad Javeriana, Colombie, Sociologie, Anthropologie.
- Maitane Ostolaza, Université Paris Sorbonne, France, Civilisation espagnole.
- Manuelle Peloille, Université d’Angers, France, Civilisation espagnole.
- Alejandro M. Rabinovich, Consejo Nacional de Investigaciones Científicas y Técnicas (CONICET), Universidad Nacional de La Pampa (UNLPam), Argentine, Histoire.
- Mario Ranalletti, Instituto de estudios históricos, Universidad Nacional de Tres de Febrero, Argentine, Histoire.
- Jean-Robert Raviot, Université de Nanterre (Paris X), France, Civilisation russe.
- Philippe Schaffhauser, Centro de Estudios Rurales. Colegio de Michoacán, Mexique, Sociologie et anthropologie sociale et culturelle.
- Pierre Schoentjes, Université de Gand, Belgique, Littérature française.
- Leonard V. Smith, Oberlin College (Ohio), Etats-Unis, Histoire.
- Taline Ter Minassian, INALCO, (Paris), France, Histoire.
- Dominic Thomas, UCLA, (University of California Los Angeles), Etats-Unis, études culturelles et politiques des mondes francophones.
- Amarela Varela Huerta, Academia de Comunicación y Cultura, Universidad Autónoma de la Ciudad de México, Mexique, Sociologie.
- Luis Veres, Universidad de Valencia, Espagne, Littérature latino-américaine.
Notes
[1] Terme créé par la communauté autistique et désormais utilisé par les militants de la neurodiversité et la communauté scientifique, pour désigner toute personne ayant un fonctionnement neurologique considéré comme la norme, et ne présentant pas de condition neurologique particulière.
[2] Pierre Dufour, « Être public, être privé : l’expérience d’hommes en fauteuil roulant », Anastasia Meidani et al., La santé : du public à l’intime, Presses de l’EHESP, « Recherche, santé, social », 2015, p. 55-67, p. 57.
[3] Zig Blanquer et Pierre Dufour, « Sexualités et handicaps : les terres promises d’un bonheur conforme », Empan, vol. 2, n° 86, p. 55-61, p. 58.
[4] Henri-Jacques Stiker, « Pour une recherche renouvelée sur le handicap », La nouvelle revue de l’adaptation et de la scolarisation, vol. 3, n° 75, 2016, p. 11-17.
[5] Nous reprenons l’idée à Henri-Jacques Stiker, ibid.
[6] Douglas C. Bayton, « Disability and the Justification of Inequality in American History », Paul K. Longmore and Lauri Umanski (dir.), The New Disability History, 2001, p. 52 ; document en ligne : https://courses.washington.edu/intro2ds/Readings/Baynton.pdf, page consultée le 28 mars 2022.
[7] L’adjectif « handi », essentiellement revendiqué par les militants de l’anti-validisme, s’emploie quelle que soit la nature du handicap.
[8] L’expression est une traduction de l’anglais « situated knowledge ». Elle a initialement été utilisée par les chercheuses féministes nord-américaines qui ont conceptualisé la théorie féministe du « positionnement », théorie qui remet en cause le dogme de la neutralité scientifique et considère « le privilège épistémique » que constitue l’expérience féminine, en tant que source de savoir (cf. Nancy Hartsock, « The feminist Standpoint. Developing the Ground for a Specifically Feminist Historical Materialism », Sandra Harding [dir.], Feminism and Methodology, Social Science Issues, Bloomington & Indianapolis, Indianan University Press & Open University Pres, 1987).
[9] Jasmine E. Harris, « The Aesthetics of Disability », Columbia Law Review, mai 2019, vol. 119, n° 4, p. 895-972, p. 906 ; disponible en ligne : https://columbialawreview.org/content/the-aesthetics-of-disability/, page consultee le 23 mars 2022.
[10] Jasmine E. Harris, « The Aesthetics of Disability », art. cité, p. 913.
[11] Chez les militants revendiquant cet appellatif, le terme crip (abréviation de l’anglais cripple, « infirme ») relève d’un retournement du stigmate. L’identité crip « renvoie à trois exigences : une valorisation des capacités, volontiers négligées, de la communauté crip dans sa diversité ; une critique approfondie du monde sexiste, hétéro-normatif, raciste et classiste ; une position explicite de solidarité envers d’autres groupes marginalisés (les femmes, les queers, les personnes discriminées pour des raisons « raciales » et les pauvres en général), tout en reconnaissant la particularité de l’identité crip ». (Roberto Domingo Toledo, « Aux États-Unis, les plus marginaux mettent le centre aux marges », Charles Gardou, Le Handicap et ses empreintes culturelles, Paris : Érès, « Connaissances de la diversité », 2016, p. 99-116, p. 111).
Editors
- Elena Chamorro, Aix-Marseille Université
- Crystel Pinçonnat, Aix-Marseille Université
Argument
Since its emergence in the 1980s as a consequence of the disability rights movement in the United States and Great Britain (1960s-1970s), the field of disability studies has contributed to a considerable evolution in the approach to disability. It has been accompanied by a true epistemological revolution, which has consisted in changing the paradigm. Since the 19th century, the ‘medical model’ has driven an interpretation of disability that centres on a lack or loss in relation to the ‘norm’ – a non-disabled body and intelligence described as ‘neurotypical[1]’. Countering this approach, disability studies has highlighted the fundamentally political and social dimensions of disability: ‘disability refers to a collective situation of oppression affecting those who cannot Generated by a certain type of social organisation and environments that are not fully accessible, the ‘medical model’ results in the exclusion of a whole section of the population considered to be ‘atypical’. In this sense, while disability studies involves a radical critique of the medical approach to disability and the hegemonic nature of its discourse to define and categorise non-normative subjects, it also implies specific positionings. The so-called anti-ableist struggle, for example, ‘is characterised by belonging to a group struggling for autonomy’[3].
For a long time, the question of disability was confined to specialist editorial fields. As recently as 2016, Stiker[4] commented that only a small number of French generalist journals (he was thinking of Le Débat, Commentaire, Les Temps modernes) had devoted a special issue or even just a few one-off articles to the subject. With this new issue, Amnis seeks to contribute to the debate on disability. Because it demands an approach that is both relational and interdisciplinary, the subject fits well with Amnis’s primary purpose of encouraging dialogue between different disciplines. Indeed, in addition to the fact that the question extends across all the social sciences, its primary characteristic is its situation at the intersection[5] of various problematics. It lies at the interface of the individual and the social (disability is certainly a social construct, an ideological framework, but it is also an individual experience), of different disciplines (sociology, anthropology, law, history, philosophy, aesthetics, literary and film studies), of plural identities defined in an intersectional way based on notions such as gender, social class, race and sexual orientation, of contemporary problematics (including civil rights, feminism, speciesism, ableism) and of research and activism (remember the slogan ‘Nothing about us without us’). Confronted with such a research object, it is essential to decompartmentalise the disciplines and to try to reduce the fragmentation of approaches. This is at least what Amnis aims to do in this new issue while remaining faithful to the journal’s traditional research fields, namely European and American societies from the 19th to the 21st centuries.
In 2001, the historian Baynton wrote: ‘Disability is everywhere in history, once you begin looking for it, but conspicuously absent in the histories we write[6]’. To reverse this trend, this issue of Amnis encourages a subversion of the traditional historiographical approach by relocating what was for a long time situated on the margins, in a state of liminality, to a central position. By adopting a disabled perspective that is rich in ‘situated knowledge[7]’, we will be able, on the one hand, to develop a different viewpoint on our environment and, on the other, to increase our collective knowledge on the question of disability.
The title of this issue, ‘From disability to human variation’, reflects the concern of disability studies to move away from thinking of disability as a stigma and to consider it within a vast field that embraces all forms of bodily, sensory and cognitive diversity within the human community. The subtitle, ‘Old narratives, new narratives’, seeks to clarify the perspective adopted. The word ‘narrative’ is to be understood here in the broad sense. To elucidate this, we refer to Harris’s article ‘The Aesthetics of Disability[8]’, which shows how ‘integration’ has become the watchword orienting all disability policies in the United States. This notion of integration is driven by a narrative generated by the work of social scientists, who consider what they call ‘intergroup contact’ to be an effective solution from a cognitive point of view to the problem of segregation. It holds that negative stereotyping and ignorance can be counteracted within a dominant group through association with members of a minority group. This narrative on the cognitive nature of prejudice was originally mobilised to shape civil rights legislation on the race issue but subsequently migrated to the question of disability. However, as some researchers argue, it is more hypothetical than theoretical and is far from being systematically true. In fact, recent studies have shown that the ‘integration’ situation is more complicated with regard to disability than the classical narrative claims: ‘Similar to racial integration, the physical integration of students with disabilities in neighborhood schools largely resulted in shared physical place rather than inclusion[9]’.
Through the notions of ‘old narratives’ and ‘new narratives’, the aim is therefore to highlight the ideological preconceptions that have historically driven and shaped the different discourses on disability.
In order to address the question from a broad spectrum, papers should focus on the following areas:
- Disabilities, struggles and social movements (from exclusion to ‘nothing about us without us’)
- Disability policies (national and/or transnational historical approaches)
- Disabled bodies and ideological constructs
- Disability and identity, a category to be understood in an intersectional way
- The representation of disability. Disability and empowerment. Consider, for example, autobiographies and fictions that adopt a disabled perspective (The Way He Looks [2014] by Brazilian Daniel Ribeiro, the Argentinean mini-series 4 Feet High by Rosario Perazolo and Belén Poncio).
- The crip[10] culture and its manifestations
Submission guidelines
Proposals for articles (30 lines) can be written in French, English or Spanish. They should be submitted (with a Curriculum Vitae) to the following address: amnis@revues.org.
before 15 December 2022.
Accepted articles must be received by 15 June 2023 at the latest. Following submission to the journal’s scientific committee and two external reviewers, the articles will be published on the journal’s website in 2023.
Scientific committee
- Angel Alcalde, University of Melbourne, Australie, Histoire.
- Óscar Álvarez Gila, Universidad del País Vasco, (Vitoria), Espagne, Histoire.
- Sylvie Aprile, Université de Paris-Ouest Nanterre, France, Histoire.
- Avner Ben-Amos, Université de Tel-Aviv, Israël, Histoire.
- Zoraida Carandell, Université de Paris-Ouest Nanterre, France, Littérature et culture espagnoles.
- Martine Chalvet, Aix Marseille Université, France, Histoire.
- Paulo Bernardo Ferreira Vaz, Universidad Federal de minas Gerais, (Belo Horizonte), Brésil, Communication Sociale.
- Alec G Hargreaves, Florida State University (Tallahassee), Director Winthrop-King Institute for Contemporary French and Francophone Studies, Etats-Unis, Littérature française et études francophones.
- Pierre-Cyrille Hautcœur, EHESS, École des Hautes Etudes en Sciences Sociales (Paris), France, Sciences Economiques.
- Jérôme Jamin, Université de Liège, Belgique, Sciences politiques.
- Gerd Krumeich, Université de Düsseldorf, Allemagne, Histoire.
- Stéphane Michonneau, Université de Lille, France, Histoire.
- Ellen McCracken, UCSB, (University of California Santa Barbara), Etats-Unis, Littérature et etudes culturelles latino-américaines.
- Mónica Moreno Seco, Universidad de Alicante, Espagne, Histoire.
- Edilma Osorio Pérez Flor, Facultad de Estudios Ambientales y Rurales, Pontificia Universidad Javeriana, Colombie, Sociologie, Anthropologie.
- Maitane Ostolaza, Université Paris Sorbonne, France, Civilisation espagnole.
- Manuelle Peloille, Université d’Angers, France, Civilisation espagnole.
- Alejandro M. Rabinovich, Consejo Nacional de Investigaciones Científicas y Técnicas (CONICET), Universidad Nacional de La Pampa (UNLPam), Argentine, Histoire.
- Mario Ranalletti, Instituto de estudios históricos, Universidad Nacional de Tres de Febrero, Argentine, Histoire.
- Jean-Robert Raviot, Université de Nanterre (Paris X), France, Civilisation russe.
- Philippe Schaffhauser, Centro de Estudios Rurales. Colegio de Michoacán, Mexique, Sociologie et anthropologie sociale et culturelle.
- Pierre Schoentjes, Université de Gand, Belgique, Littérature française.
- Leonard V. Smith, Oberlin College (Ohio), Etats-Unis, Histoire.
- Taline Ter Minassian, INALCO, (Paris), France, Histoire.
- Dominic Thomas, UCLA, (University of California Los Angeles), Etats-Unis, études culturelles et politiques des mondes francophones.
- Amarela Varela Huerta, Academia de Comunicación y Cultura, Universidad Autónoma de la Ciudad de México, Mexique, Sociologie.
- Luis Veres, Universidad de Valencia, Espagne, Littérature latino-américaine.
Notes
[1] This term was coined by the autistic community and is now used by neurodiversity activists and the scientific community to refer to any person with neurological functioning that is considered to be the norm and who does not have a specific neurological condition.
[2] Pierre Dufour, ‘Être public, être privé: l’expérience d’hommes en fauteuil roulant’, Anastasia Meidani et al., La santé: du public à l’intime, Presses de l’EHESP, ‘Recherche, santé, social’, 2015, p. 55-67, p. 57. Unless otherwise indicated, all quotations from French sources have been translated into English.
[3] Zig Blanquer and Pierre Dufour, ‘Sexualités et handicaps: les terres promises d’un bonheur conforme’, Empan, vol. 2, no 86, p. 55-61, p. 58.
[4] Henri-Jacques Stiker, ‘Pour une recherche renouvelée sur le handicap’, La nouvelle revue de l’adaptation et de la scolarisation, vol. 3, no 75, 2016, p. 11-17.
[5] We have taken this idea from Stiker, ibid.
[6] Douglas C. Baynton, ‘Disability and the Justification of Inequality in American History’, Paul K. Longmore and Lauri Umanski (ed.), The New Disability History, 2001, p. 52; document available online: https://courses.washington.edu/intro2ds/Readings/Baynton.pdf, accessed 28 March 2022.
[7] This expression was first used by North American feminist researchers who conceptualised the feminist theory of ‘situatedness’, which challenges the dogma of scientific neutrality and considers the ‘epistemic privilege’ of female experience as a source of knowledge (see Nancy Hartsock, ‘The Feminist Standpoint: Developing the Ground for a Specifically Feminist Historical Materialism’, Sandra Harding [ed.], Feminism and Methodology, Social Science Issues, Bloomington & Indianapolis, Indiana University Press & Open University Press, 1987).
[8] Jasmine E. Harris, ‘The Aesthetics of Disability’, Columbia Law Review, May 2019, vol. 119, no 4, p. 895-972, p. 906; available online: https://columbialawreview.org/content/the-aesthetics-of-disability/, accessed 23 March 2022.
[9] Jasmine E. Harris, ‘The Aesthetics of Disability’, op. cit., p. 913.
[10] For activists reclaiming this appellative, the term ‘crip’ (short for ‘cripple’) reverses the stigma. The crip identity ‘comprises three requirements: a valorisation of the often overlooked capacities of the crip community in all its diversity; an in-depth critique of the sexist, heteronormative, racist and classist world; and an explicit position of solidarity with other marginalised groups (women, queers, people who are racially discriminated and poor people in general), while acknowledging the particularity of the crip identity’. (Roberto Domingo Toledo, ‘Aux États-Unis, les plus marginaux mettent le centre aux marges’, Charles Gardou, Le Handicap et ses empreintes culturelles, Paris: Érès, ‘Connaissances de la diversité’, 2016, p. 99-116, p. 111).
Editors
- Elena Chamorro, Aix-Marseille Université
- Crystel Pinçonnat, Aix-Marseille Université
Argumentos
Desde su aparición en los años 1980, impulsados por el movimiento por los derechos de las personas con discapacidad en Estados Unidos y Gran Bretaña (años 60-70), los disability studies han contribuido a un cambio considerable en el enfoque de la discapacidad, constituyendo una verdadera revolución epistemológica que ha consistido en un cambio de paradigma. Desde el siglo XIX, el llamado « modelo médico » ha alimentado una lectura de la discapacidad en términos de carencia o pérdida en relación con la « norma »: un cuerpo válido y una inteligencia que se describe como « neurotípica »[1]. Frente a este enfoque, los disability studies han defendido la dimensión fundamentalmente política y social de la discapacidad. En su óptica, « la discapacidad designa una situación colectiva de opresión padecida por quienes no pueden participar en el juego del rendimiento individual »[2]. Producida por un determinado tipo de organización social y por entornos inadecuados para incluir a todos, la discapacidad lleva a la exclusión de una parte de la población considerada como « atípica ». En este sentido, si bien los disability studies suponen una crítica radical del enfoque médico de la discapacidad y del carácter hegemónico de su discurso para definir y categorizar a los sujetos no normativos, también implican posiciones específicas. La llamada lucha anticapacitista, por ejemplo, « se caracteriza por la pertenencia a un grupo en lucha por su autonomía »[3].
Durante mucho tiempo, la discapacidad se ha visto relegada a ámbitos editoriales especializados. Aún en 2016, Henri-Jacques Stiker[4] señalaba el escaso número de revistas generalistas (se refería a Le Débat, Commentaires, Les Temps modernes) que le habían dedicado un número especial, o incluso algunos artículos puntuales, al tema. Hoy, el deseo de Amnis es participar en el debate sobre la discapacidad. Es ésta una cuestión que requiere un enfoque relacional y transversal, perspectiva que corresponde a la vocación primordial de Amnis de crear un diálogo entre disciplinas en torno a un mismo objeto. En efecto, además de que la cuestión recorre las ciencias sociales, su principal característica reside en que se encuentra en la encrucijada[5] entre varias problemáticas: en la intersección entre lo individual y lo social (la discapacidad es ciertamente una construcción social, un marco ideológico, pero es también una experiencia individual), en la intersección entre disciplinas (sociología, antropología, derecho, historia, filosofía, estética, estudios literarios y cinematográficos), en la intersección entre identidades plurales definidas, de manera interseccional, a partir de nociones como el género, la clase social, la raza y la orientación sexual. En la encrucijada de problemas contemporáneos (incluidos los derechos civiles, el feminismo, el especismo, el capacitismo) y en la encrucijada entre la investigación y el activismo (recuérdese el lema angloamericano « Nada sobre nosotros, sin nosotros »). Ante tal objeto, es necesario descompartimentar las disciplinas y tratar de reducir la fragmentación de los enfoques. Éste es al menos el objetivo de Amnis en este número, que no obstante se mantiene fiel a los campos de investigación tradicionales de la revista: las sociedades europeas y americanas de los siglos XIX al XXI.
En 2001, el historiador Douglas C. Baynton escribía: « la discapacidad está por todas partes en la historia, por poco que se la busque, pero brilla por su ausencia en la historia que estamos escribiendo »[6]. Para contrarrestar esta tendencia, este nuevo número de Amnis llama a una subversión del enfoque historiográfico tradicional y a dar una posición central a lo que durante mucho tiempo ha estado en los márgenes, en una situación de liminalidad. Adoptando un enfoque disca[7], con los aportes de lo que se ha dado en llamar « conocimiento situado »[8], podremos a la vez desarrollar una visión diferente de nuestro entorno y aumentar el conocimiento común sobre el tema.
El título de este número « De la discapacidad a la variación humana », se hace eco del empeño de los Disability Studies por dejar de pensar la discapacidad como un estigma y considerarla como parte de un amplio campo que abarca todas las formas de diversidad corporal, sensorial y cognitiva dentro de la comunidad humana. El subtítulo, « Viejos y nuevos relatos », pretende aclarar la perspectiva adoptada. El término « relato » debe entenderse aquí en un sentido amplio. Para aclararlo, nos basaremos en el artículo de Jasmine Harris « The Aesthetics of Disability »[9]. En él, la autora muestra cómo, en Estados Unidos, la integración se ha convertido en la clave que guía todas las políticas sobre discapacidad. Esta noción de integración se alimenta de un relato - generado a su vez por los trabajos de los científicos sociales - que consideran que, desde un punto de vista cognitivo, lo que han denominado « contacto intergrupal » es un remedio eficaz contra la segregación. El trato con miembros de un grupo minoritario permitiría contrarrestar los estereotipos negativos y luchar contra la ignorancia del grupo dominante. Si bien este relato de la naturaleza cognitiva de los prejuicios condicionó inicialmente la legislación de derechos civiles en relación con la cuestión racial, posteriormente se ha desplazado y se ha aplicado al tema de la discapacidad. Ahora bien, como sostienen algunos investigadores, este relato es más una hipótesis que una teoría, y está lejos de ser sistemáticamente preciso. De hecho, estudios recientes han demostrado que, en lo que respecta a la discapacidad, las cosas son más complicadas de lo que profesa el relato clásico: « Al igual que la integración racial, la integración física de alumnos con discapacidad en las escuelas ordinarias ha llevado generalmente a compartir un espacio físico sin por ello lograr la inclusión »[10].
A través de las nociones de « viejos y nuevos relatos », el objetivo es poner de manifiesto las preconcepciones ideológicas que históricamente alimentan y dan forma a los diferentes discursos sobre la discapacidad.
Se abordará la cuestión considerando un amplio espectro y privilegiando los siguientes ejes:
- Discapacidad, luchas y movimientos sociales (de la exclusión al « nada para nosotros sin nosotros »).
- Políticas de discapacidad (enfoques históricos nacionales y/o transnacionales).
- Cuerpos discapacitados y construcciones ideológicas.
- Discapacidad e identidad, una categoría que debe entenderse de forma interseccional.
- Sobre la representación de la discapacidad. Discapacidad y empoderamiento. Podríamos considerar, por ejemplo, las autobiografías y ficciones que adoptan un punto de vista disca (Hoje Eu Quero Voltar Sozinho [2014] del brasileño Daniel Ribeiro así como la miniserie argentina Metro Veinte de Rosario Perazolo y Belén Poncio).
- La cultura crip[11] y sus manifestaciones.
Modalidades de proposiciones de ponencias
Las propuestas de artículo (30 líneas) pueden ser redactadas en francés, inglés o español. Deberán ser enviadas con un Curriculum Vitae del autor a la siguiente dirección: amnis@revues.org.
antes del 15 de Diciembre de 2022.
Tras la aceptación del proyecto, los artículos se entregarán a más tardar el 15 de junio de 2023. Una vez revisados por dos evaluadores externos y aceptados por el comité científico de la revista, los artículos se publicarán en la página web de la revista en el transcurso del año 2023.
Comité científico
- Angel Alcalde, University of Melbourne, Australie, Histoire.
- Óscar Álvarez Gila, Universidad del País Vasco, (Vitoria), Espagne, Histoire.
- Sylvie Aprile, Université de Paris-Ouest Nanterre, France, Histoire.
- Avner Ben-Amos, Université de Tel-Aviv, Israël, Histoire.
- Zoraida Carandell, Université de Paris-Ouest Nanterre, France, Littérature et culture espagnoles.
- Martine Chalvet, Aix Marseille Université, France, Histoire.
- Paulo Bernardo Ferreira Vaz, Universidad Federal de minas Gerais, (Belo Horizonte), Brésil, Communication Sociale.
- Alec G Hargreaves, Florida State University (Tallahassee), Director Winthrop-King Institute for Contemporary French and Francophone Studies, Etats-Unis, Littérature française et études francophones.
- Pierre-Cyrille Hautcœur, EHESS, École des Hautes Etudes en Sciences Sociales (Paris), France, Sciences Economiques.
- Jérôme Jamin, Université de Liège, Belgique, Sciences politiques.
- Gerd Krumeich, Université de Düsseldorf, Allemagne, Histoire.
- Stéphane Michonneau, Université de Lille, France, Histoire.
- Ellen McCracken, UCSB, (University of California Santa Barbara), Etats-Unis, Littérature et etudes culturelles latino-américaines.
- Mónica Moreno Seco, Universidad de Alicante, Espagne, Histoire.
- Edilma Osorio Pérez Flor, Facultad de Estudios Ambientales y Rurales, Pontificia Universidad Javeriana, Colombie, Sociologie, Anthropologie.
- Maitane Ostolaza, Université Paris Sorbonne, France, Civilisation espagnole.
- Manuelle Peloille, Université d’Angers, France, Civilisation espagnole.
- Alejandro M. Rabinovich, Consejo Nacional de Investigaciones Científicas y Técnicas (CONICET), Universidad Nacional de La Pampa (UNLPam), Argentine, Histoire.
- Mario Ranalletti, Instituto de estudios históricos, Universidad Nacional de Tres de Febrero, Argentine, Histoire.
- Jean-Robert Raviot, Université de Nanterre (Paris X), France, Civilisation russe.
- Philippe Schaffhauser, Centro de Estudios Rurales. Colegio de Michoacán, Mexique, Sociologie et anthropologie sociale et culturelle.
- Pierre Schoentjes, Université de Gand, Belgique, Littérature française.
- Leonard V. Smith, Oberlin College (Ohio), Etats-Unis, Histoire.
- Taline Ter Minassian, INALCO, (Paris), France, Histoire.
- Dominic Thomas, UCLA, (University of California Los Angeles), Etats-Unis, études culturelles et politiques des mondes francophones.
- Amarela Varela Huerta, Academia de Comunicación y Cultura, Universidad Autónoma de la Ciudad de México, Mexique, Sociologie.
- Luis Veres, Universidad de Valencia, Espagne, Littérature latino-américaine.
Notas
[1] Término forjado por la comunidad autística, utilizado ahora por los militantes de la neurodiversidad y por la comunidad científica, para designar a toda persona con un funcionamiento neurológico considerado normativo que no presenta una condición neurológica particular.
[2] Dufour, Pierre, « Être public, être privé : l’expérience d’hommes en fauteuil roulant », Anastasia Meidani et al., La santé : du public à l’intime, Presses de l’EHESP, « Recherche, santé, social », 2015, p. 55-67, p. 57.
[3] Zig Blanquer et Pierre Dufour, « Sexualités et handicaps : les terres promises d’un bonheur conforme », Empan, vol. 2, n° 86, p. 55-61, p. 58.
[4] Henri-Jacques Stiker, « Pour une recherche renouvelée sur le handicap », La nouvelle revue de l’adaptation et de la scolarisation, vol. 3, n° 75, 2016, p. 11-17.
[5] Retomamos la idea de Henri. Jacques Stiker, Ibid.
[6] Douglas C. Bayton, « Disability and the Justification of Inequality in American History », Paul K. Longmore and Lauri Umanski (dir.), The New Disability History, 2001, p. 52 ; documento online: https://courses.washington.edu/intro2ds/Readings/Baynton.pdf, página consultada el 28 de marzo de 2022.
[7] El término disca junto con otros como tullido, cojo, lisiado son utilizados por los activistas anticapacitistas para autodenoninarse.
[8] La expresión es una traducción del inglés "situated knowledge". Fue utilizada originalmente por investigadoras feministas norteamericanas que conceptualizaron la teoría feminista del "punto de vista", una teoría que cuestiona el dogma de la neutralidad científica y considera el "privilegio epistémico" de la experiencia femenina como fuente de conocimiento (cf. Nancy Hartsock, "The feminist Standpoint. Developing the Ground for a Specifically Feminist Historical Materialism", Sandra Harding [ed], Feminism and Methodology, Social Science Issues, Bloomington & Indianapolis, Indianan University Press & Open University Pres, 1987).
[9] Jasmine E. Harris, « The Aesthetics of Disability », Columbia Law Review, mai 2019, vol. 119, n° 4, p. 895-972, p. 906 ; disponible online: https://columbialawreview.org/content/the-aesthetics-of-disability/, página consutada el 23 de marzo de 2022.
[10] Jasmine E. Harris, « The Aesthetics of Disability », art. citado, p. 913.
[11] Para los activistas que reivindican este apelativo, el término crip (abreviatura de cripple) corresponde a la idea de subvertir estigma. La identidad “crip" responde a tres exigencias: una valorización de las capacidades, a menudo despreciadas, de la comunidad crip en su diversidad; una crítica profunda del mundo sexista, heteronormativo, racista y clasista; y una posición explícita de solidaridad con otros grupos marginados (mujeres, queers, discriminados racialmente y pobres en general), reconociendo la particularidad de la identidad crip". (Roberto Domingo Toledo, " Aux États-Unis, les plus marginaux mettent le centre aux marges »", Charles Gardou, Le Handicap et ses empreintes culturelles, París: Érès, "Connaissances de la diversité", 2016, pp. 99-116, p. 111).