AccueilHiéros, hiérophanie, hiéroglossie

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Hiéros, hiérophanie, hiéroglossie

Hieros, Hierophania, Hieroglossia

Visions, voix, signes, signification

Visions, Voices, Signs, Signification

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Publié le jeudi 16 février 2023

Résumé

Les organisateurs de la conférence Hiéros, hiérophanie, hiéroglossie invitent leurs collègues en sciences humaines à soumettre des propositions de communication susceptibles d’élucider les principes herméneutiques et sémiotiques qui étaient en jeu dans les idées que les peuples des temps anciens et des cultures non occidentales se faisaient des langues qu’ils parlaient. Nous sommes particulièrement intéressés par les propositions qui examinent les croyances selon lesquelles, sous une forme ou une autre, le langage serait « un don des dieux aux hommes ».

Annonce

Texte de cadrage

L’Égypte ancienne, l’Inde védique, la Chine de la dynastie Shang, les Hellènes à l’époque d’Homère, les Celtes, les Aztèques et d’autres cultures partout dans le monde croyaient tous que leur langue avait été conçue et forgée pour eux par des actants autres-que-mortel. Inutile de signaler à quel point le contraste est frappant avec la « science du langage » de notre époque moderne religieusement post-religieuse.

Pour nous, il est absurde, voire suspect de prendre au sérieux l’idée que le langage serait autre chose qu’un outil conçu par homo symbolicus afin de pouvoir interagir de manière pragmatique et productive avec d’autres membres de son espèce. Et pourtant cet avis est problématique. D’abord parce que les « racines » de toutes les langues que l’on utilise pour discréditer les anciens mythes sur la « glottogonie » sont elles-mêmes le produit du genre de mythologies que l’on souhaite exorciser de toute discussion sur le langage. Deuxièmement, le postulat selon lequel il y aurait quelque chose d’« arriéré » ou de « superstitieux » dans ces exemples « exotiques » de spéculation sur l’origine du langage est aujourd’hui, et à juste titre, considéré comme le corollaire « savant » d’une attitude « colonialiste » envers la « mentalité primitive ». Troisièmement, de nombreuses voix faisant autorité dans les domaines de la sémiotique et de la théorie littéraire font régulièrement appel à des agents et actants « supra-rationnels » pour fournir à leur théorisation ce qui ne peut l’être en se fiant à une analyse « raisonnée » de l’origine de la langue, de son pouvoir signifiant et de ce qu’il est.

Perplexes face à tout cela, les organisateurs du colloque 2023 recherchent des contributions de collègues capables d’élucider pour leurs pairs pourquoi certaines communautés ont cru qu’il était parfaitement logique de soutenir que leur langage était un « don des dieux aux mortels ». Quel sens peut-il y avoir de prendre au sérieux une telle idée ? Quelles techniques divinatoires furent impliquées dans l’appréhension de ce qui était considéré comme « le Sacré » ? Sous quelles formes sa rencontre se révéla-t-elle ? Quelle ingéniosité herméneutique fut utilisée pour interpréter ce que laissait entendre ce Sacré ? Quelle ingénierie sémiotique fut déployée pour forger ces interprétations en signes, en significations et en langage ? Quel fut le raisonnement à l’œuvre dans la présomption selon laquelle le divin lui-même serait une propriété vivante, respirante et résonante du langage et que ses mots constituants encodent, médiatisent et révèlent quelque chose de « sublime » ou « transcendant » à propos de leurs denotata ?

Si nous soulevons ces questions, ce n’est ni pour faire l’éloge des systèmes de croyances « traditionnelles », ni en faire l’apologie. Pas plus qu’il ne l’est d’être une récrimination des points de vue sur la nature, la vocation et la finalité des mots et du langage qui répudient l’idée que « le mystique » ou « le surnaturel » ont droit de cité dans l’analyse. Non, ce qui nous intéresse réellement, c’est d’enrichir et de varier les acceptations et les applications habituelles de la linguistique, la sémiotique et la philosophie du langage en explorant ce qui pourrait être significatif et méritoire dans les théories soutenant que le langage est une « émanation » de puissances autres-que-mortelles – comme, par exemple, de Gaia ou l’un de ses équivalents.

Bien entendu, l’avis des indologues, orientalistes, arabisants, spécialistes des études indigènes sur ce que l’on peut dire de tout cela serait très apprécié. Idem pour les collègues issus de l’ethnolinguistique, la théorie littéraire, l’écosémiotique, la poétique comparée, la philologie et des domaines voisins. Mais ce n’est pas tout. Nous voulons en savoir plus sur la façon dont des doxas obsolètes sur les origines divines de la parole peuvent être repensées à nouveaux frais et renaître sous des formes et dans des endroits où l’on s’attendrait le moins à les trouver. Ce serait notamment le cas pour ce qui est des théories de penseurs avant-gardistes ostensiblement « athées » tels que Blanchot, Foucault, Derrida, Lacan et d’artistes novateurs comme Hölderlin, Mallarmé, Baudelaire, Artaud, Joyce, Eliot, etc.

Nous invitons des articles sur des sujets qui peuvent inclure mais ne sont pas limités à : 

  • Des travaux originaux à caractère critiques, comparatistes ou historiques sur les théories, mythologies, folklores et traditions « glottogoniques »,
  • Des études qui éclairent (a) les techniques divinatoires impliquées dans l’appréhension de ce qui était considéré comme le Sacré, (b) les formes sous lesquelles son effulgence s’est manifestée, (c) l’ingéniosité herméneutique utilisée dans l’interprétation de ce que l’on croyait être le ‘message’ du Sacré et (d) l’ingénierie sémiotique mobilisée pour forger les interprétations de ce ‘message’ en signes, significations, savoirs et langage,
  • Des évaluations critiques des raisonnements sémiotiques qui seraient opérants dans l’idée que le langage peut encoder, médiatiser et être « sursignifié » par une signification évocatrice du « sacré », du « transcendant » ou du « sublime », 
  • Des contributions de spécialistes en ethnolinguistique et en écosémiotique qui expliquent comment les cultures « animistes » supposent que l’environnement naturel a une voix et un langage et comment le sens que communique celui-ci est « traduit » en langage humain, 
  • Comment les propriétés des signes censés être « hiéroglossiques » diffèrent de celles des signes censés être « démotiques » ou « profanes », 
  • Des études portant sur la dynamique du dialogue qui s’ensuit lorsque des conceptions hétérogènes de l’origine et caractère « sacré » de la parole se rencontrent, 
  • Des analyses de ce qui arrive à un modèle établi de parole sacrée lorsqu’il fait face à des défis à son autorité au nom de la « raison » ou de la « science » ou lorsqu’il est confronté à la pression des mutations sociétales, cultuelles ou politiques,
  • Les défis et/ou les opportunités qui se présentent aux artistes littéraires lorsque ceux-ci sont tenus de reconnaître et de respecter le caractère prétendument sacré de leur langue tout en l’utilisant de manière ‘créative’, 
  • La « déterritorialisation » des idées admises par la tradition sur les origines et le caractère sacré de la langue et sa « reterritorialisation » dans la pensée des théoriciens littéraires contemporains et dans les œuvres des artistes littéraires avant-gardistes.

Cette liste n’est qu’indicative. Chacun peut aborder la thématique comme il l’entend, à condition que le contenu traité et les conclusions tirées des analyses exécutées apportent un éclairage nouveau, fondé sur des preuves et pleinement en prise avec la thématique de la conférence.

Organisation

Le colloque, organisé par Fionn BENNETT (CIRLEP) et Karin UELTSCHI (CRIMEL), aura lieu à l’Université de Reims Champagne-Ardenne les 14 et 15 septembre 2023.

Modalités de candidature

Veuillez soumettre une proposition en anglais ou en français (250 mots maximum), ainsi qu’une courte bio-bibliographie, à l’adresse hieroglossia@univ-reims.fr,

pour le 15 avril 2023 au plus tard.

À l’issue du colloque, une sélection des communications sera prévue en vue de la publication des actes avec une maison d’édition renommée. N’hésitez pas à nous contacter si vous avez des questions avant de soumettre votre proposition. Vous pouvez également consulter notre page web temporaire à : https://hieroglossia2023.blogspot.com/

Comité scientifique

  • Ulrika MÅRTENSSON Norwegian University of Science & Technology
  • James I. PORTER University of California, Berkeley, U.S.A
  • Claude LE FUSTEC Université de Rennes II
  • Ineke SLUITER Universiteit Leiden, Pays Bas
  • Giovanni MANETTI, Università di Siena, Italie
  • Radcliffe G. EDMONDS III Bryn Mawr College, Pennsylvania, U.S.A.
  • Alexis PINCHARD Centre National de la Recherche Scientifique
  • Brian LOWREY Université de Picardie

Lieux

  • Campus Croix Rouge - Bâtiment 13 Recherche - 57 Rue Pierre Taittinger
    Reims, France (51096)

Format de l'événement

Événement hybride sur site et en ligne


Dates

  • samedi 15 avril 2023

Fichiers attachés

Mots-clés

  • langage, glossogenèse, herméneutique, sémiotique, hiéroglossie

Contacts

  • Fionn Bennett
    courriel : hieroglossia [at] univ-reims [dot] fr

Source de l'information

  • Fionn Bennett
    courriel : hieroglossia [at] univ-reims [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Hiéros, hiérophanie, hiéroglossie », Appel à contribution, Calenda, Publié le jeudi 16 février 2023, https://doi.org/10.58079/1ajy

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